La GELOSE pour quoi et par qui ?
A. ร ยซ l’otIgine ยป, ยท’a forรชt est un espace de cueillette, de chasse et de pan:ours
Sur les deux sites รฉtudiรฉs, des villages relativement anciens (plus de 100 ans), peuplรฉs majoritairement de natifs, cohabitent avec des villages ou hameaux plus rรฉcents (5 ร 40 ans) crรฉรฉs par des migrants.Dans les villages anciens, les rapports de l’homme ร la forรชt semblent avoir รฉtรฉ d’abord organisรฉs autour des droits d’usage. Dans la premiรจre moitiรฉ du siรจcle, les usages forestiers sont plus dรฉterminรฉs par des besoins domestiques que par la recherche d’argent’ : chasse, cueillette, prรฉlรจvement d’igname, de bois de feu, de bois de construction, de plantes mรฉdicinales, etc. Ces usages ont un impact relativement limitรฉ sur les formations forestiรจres et sont autorisรฉs (ou tolรฉrรฉs ?) par la lรฉgislation.Par ailleurs, le rรดle de la forรชt comme terrain de parcours est primordial, au vu de l’importance des troupeaux. Pour cet usage au moins, une certaine organisation coutumiรจre existe.La forรชt est rรฉellement un bien commun ร l’ensemble des villageois. Ceci ne veut pas dire que tous en font la mรชme utilisation, mais tous y ont les mรชmes possibilitรฉs d’accรจs. Les rรจgles qui rรฉgissent l’accรจs ร la forรชt relรจvent alors de ce qu’Alain Bertrand appelle le cc foncier de la forรชt naturelleยท’>.ยซ Le ยซ foncier de la forรชt naturelleย ยป est un foncier prรฉ-agricole, de la chasse et de la cueillette qui s’applique ร un espace mal dรฉfini, variable, et se superpose ร d’autres droits similaires au profit d’autres groupes humains ( … ). Le ยซ foncier de la forรชt naturelle ยซย , cet ensemble de droits que les villageois exercent sur l’espace de la brousse, a une histoire et fait gรฉnรฉralement rรฉfรฉrence ร une migration originelle mythique ou rรฉcente qui confรจre des droits durables.ยป (Bertrand, 1991).
La pression fonsiรฉreย augmente sous l’ell’et de plusieurs facteurs
Progressivement, les besoins. en nouvelles terres cultivables vont augmenter sous l’effet de deux facteurs principaux :
โข La population augmente (accroissement naturel et surtout forte immigration) alors que le systรจme de production reste trรจs extensif. Non seulement il ne s’intensifie pas, mais il a mรชme tendance ร s’extensifier (en l’absence d’amendements et de jachรจre, les rendements diminuent).
โข Les รฉchanges monรฉtaires augmentent, et avec eux les’ besoins en argent. De nouvelles cultures (manioc, arachide, maรฏs, โข.. ) permettent de rรฉpondre ร ces besoins en argent. Destinรฉes ร รชtre vendues et exportรฉes, ces productions assurent la cc connexion de l’activitรฉ agricole avec le marchรฉยป, et cc le besoin en surfaces agricoles sera fonction des possibilitรฉs d’รฉcoulement des produitsยป (Pรฉnelon et al., 1998).Seule la forรชt peut fournir des terres fertiles en quantitรฉ suffisante: elle devient une rรฉserve fonciรจre. L’accรจs ร la ressource (le sol) est alors rรฉgi par le fonoier forestier de l’รtat (voir Annexe 6, page 147) qui s’est appropriรฉ les cc terres vacantes et sans maรฎtre .. et ne reconnaรฎt que la mise en valeur agricole des terrains forestiers (Bertrand, 1991).
ย Le charbon donne une valeur marchande potentielle ร la forรชt
Vers le milieu des annรฉes 1970 dรฉbute la production de charbon au sud de la Rรฉserve Forestiรจre d’Ankarafantsika pour l’approvisionnement de Majunga. Pourquoi cette activitรฉ dรฉbut-t-elle dans cette zone relativement รฉloignรฉe de Majunga? .La seule chose de sรปre, c’est qu’ร cette รฉpoque les ressources forestiรจres exploitables pour la production de charbon sont abondantes dans cette zone et facilement accessibles du fait de la proximitรฉ de la RN 4. Mais pourquoi l’exploitation dรฉbute-t-elle ร cette date et non plus tรดt ou plus tard? Est-ce le rรฉsultat d’une augmentation de la demande en รฉnergie de Majunga, d’une rรฉorganisation des filiรจres (par exemple, apparition du transport par camion), de l’insuffisance des ressources forestiรจres plus proches de Majunga, … ? En l’absence d’รฉtude sur la filiรจre bois รฉnergie ร Majunga antรฉrieure ร 1989 (Bertrand, 1992), il nous est impossible de rรฉpondre avec certitude. Tentons, cependant, d’apporter quelques รฉlรฉments de rรฉponse.En faisant l’hypothรจse d’un taux d’accroissement annuel de 3 ร SOlo (le taux actuel est autour de 5%) on peut estimer la population de Majunga entre 35000 et 75000 habitants en 1975, contre environ 145000 en 1999. Faisons, de plus, l’hypothรจse qu’entre 1975 et 1999, la consommation annuelle de combustibles ligneux (bois et charbon de bois) de Majunga est proportionnelle ร sa population. On peut alors estimer que la consommation annuelle en combustibles ligneux de Majungaen 1975 variait entre 25 et 50% de sa valeur de 19991โข
Or, en 1999, prรจs de 70% des combustibles ligneux (en รฉquivalent-bois) consommรฉs ร Majunga sont prรฉlevรฉs dans un rayon de 50 km autour de la ville (source: enquรชte trafic PPIM, voir Carte 2, page 30), soit sensiblement plus que la consommation maximale de Majunga estimรฉe pour 1975. Comme, de plus, les ressources ligneuses n’ont vraisemblablement pas augmentรฉ dans cette zone cc pรฉriphรฉrique .. de Majunga depuis 1975, on peut conclure que, du point de vue des ressources ligneuses disponibles, cette zone aurait pu suffire, a fortiori, ร l’approvisionnement intรฉgral de Majunga en bois รฉnergie en 1975.Ce n’est donc probablement pas l’insuffisance des ressources ligneuses plus proches de Majunga qui a conduit ร commencer l’exploitation forestiรจre pour la production de charbon dans notre zone. Ceci ne doit pas nous surprendre, dans la mesure oรน le systรจme de production de charbon est .de type extensif, c’est-ร -dire plutรดt limitรฉ par la main-d’ลuvre que par la ressource. Rien ne dit, en effet, que la main-d’ลuvre locale de la cc zone pรฉriphรฉrique .. de Majunga, prรชte ร produire du charbon, ne soit pas devenue insuffisante pour satisfaire les besoins de Majunga autour de 1975. D’oรน le recours aux migrants.
Or il est possible que l’installation de nouveaux migrants ait รฉtรฉ plus facile dans une zone encore inhabitรฉe et inexploitรฉe qu’ร proximitรฉ de Majunga, dans des zones dรฉjร exploitรฉes par les populations locales. En effet, nos entretiens n’ont rรฉvรฉlรฉ aucun conflit majeur lors de l’installation des premiers migrants charbonniers, alors qu’une enquรชte effectuรฉe par le PPIM ร Ambalakida2, situรฉe dans cette cc zone pรฉriphรฉrique .. , a mis en รฉvidence des relations beaucoup plus conflictuelles entre villages autochtones et villages de migrants. Par ailleurs, une autre enquรชte du PPIM rรฉalisรฉe en 1999 a montrรฉ que le pourcentage des charbonniers non-originaires du village oรน se situe l’exploitation augmente avec l’รฉloignement de Majunga: il est d’environ 50% ร proximitรฉ de Majunga alors qu’il est proche de 90% sur l’ensemble du fivondronana d’Ambato-Boeni, oรน se situe notre zone d’รฉtude.
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Table des matiรจres
Rรฉsumรฉ – Summary
Remerciements – Fisaorana
Chapitre 1 Cadre de l’รฉtude, problรฉmatique et mรฉthodologieย
1. Cadre institutionnel et gรฉographique de l’รฉtude
II. Problรฉmatique: gestion locale et communautaire de ressources forestiรจres en vue d’une production durable de charbon de oois
III. Mรฉthodologie employรฉe et difficultรฉs rencontrรฉes
Chapitre 2 Les besoins en terre et l’ opporlunitรฉ crรฉรฉe par l’activitรฉ charbonniรจrt: ont profondรฉment modifiรฉ les rapports de l’homme ร laforรชt .
1. Sur lefokontany de Bemailaka, les usages forestiers sont insรฉrรฉs dans une dynamique socioรฉconomique bien particuliรจre
II. Cette dynamique n’est pas spรฉcifique ร ce site : on en retrouve les grandes lignes ailleurs en pรฉriphรฉrie de l’ Ankarafantsika
ID. Conclusion: nรฉcessitรฉ d’adapter la gestion aux รฉvolutions dรฉcrites
Chapitre 3 Quelle opporlunitรฉ pour un contrat GEWSE dans une optique de production de charbon ?ย
1. GELOSE ou NEBULOSE ? Cadre thรฉorique et lรฉgal, le point sur l’avancement de la composante
II. La GELOSE pour quoi et par qui ?
III. Les principes de la GELOSE ร rude รฉpreuve
IV. Malgrรฉ tout, des facteurs favorables
V. Bilan: un succรจs douteux
Perspectives et conclusion
1. Quelques recommandations pour un changement d’ รฉchelle
II. La nรฉcessaire redistribution des revenus de la forรชt
ID. Oรน l’on reparle des marchรฉs ruraux
IV. Conclusion
Bibliographie
Annexes
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