MIGRATION ET GENRE : UNE « FÉMINISATION » DE L’IMMIGRATION
Fin des années 50 : la naissance du champ de formation à destination des travailleurs immigrés
Bien que des travailleurs étrangers arrivaient déjà sur le sol français dès la fin du 19 e siècle, c’est à la fin des années 50 que les premières structures associatives de formation se sont créées afin de dispenser des cours / ateliers aux travailleurs immigrés principalement algériens. De plus, la fin de la seconde guerre mondiale marquait un tournant concernant l’éducation puisque des préconisations de l’ONU visait à « mettre l’accent sur l’éducation et le développement culturels des peuples » . Il va donc falloir attendre le début des années 60 pour que des méthodes 4 voie.nt le jour malgré qu’elles soient toujours basées sur l’apprentissage du code écrit en laissant de côté l’apprentissage de l’oral dont le besoin était pourtant bien réel.
En effet, la naissance du champ de formation s’est instaurée sur des formations en alphabétisation, c’est-à-dire destinée à des personnes ne sachant « ni lire ni écrire dans aucune langue que ce soit ». Dispensées par des bénévoles en grande majorité, « les conditions concrètes de formation restent précaires et les moniteurs peu formés » (Leclercq, 2012, p.177). Cependant, la prise en compte des besoins quotidiens et l’utilisation des « documents sociaux » que l’on peut qualifier d’ancêtres de nos documents authentiques actuels, montrent un fort intérêt, de la part des acteurs du champ, pour répondre aux spécificités du public.
Des années 90 à aujourd’hui : professionnalisation du champ de formation
C’est lors de cette décennie que la question de l’accès à l’emploi devient centrale puisqu’un niveau minimum en langue française est requis. De plus, des remises en question d’ordre idéologique font surface car depuis les premiers dispositifs crées, la formation des migrants « n’est pas considérée comme un service mais comme une mission, comme une œuvre de charité ou de solidarité », or avec l’apparition des appels d’offres, dorénavant lancées par les financeurs et non plus par les organismes de formation, elle devient un marché ponctué par la concurrence, ainsi les associations adoptent un fonctionnement relatif à celui des entreprises. Le passage de l’action militante aux appels d’offres permet au secteur de se professionnaliser. L’exigence de la part des structures de formation se situe maintenant au niveau de la maîtrise FLE car il n’est plus question de proposer des cours d’« alpha8 » comme c’était le cas auparavant mais de former des personnes « dans un contexte marqué par une hétérogénéité croissante des publics, dont une partie est davantage scolarisée » . Ainsi, une connaissance en didactique des langues devient une obligation pour les formateurs. De plus, les contenus sont de plus en plus précis et essentiellement à visée professionnelle ce qui demande une polyvalence accrue de la part des formateurs.
Des interventions didactiques
Après avoir défini les champs de formation linguistique à destination du public migrant d’un point de vue historique, nous allons dorénavant nous intéresser à ce champ de formation au niveau didactique. Quelle(s) approche(s) sont à préconiser avec ce public ? Sachant que le public migrant n’est pas homogène, existe-t-il réellement une méthodologie =adaptée à ce public ou plutôt des méthodologies ? De plus, l’évolution des pratiques a également fait évoluer la question de la langue qui n’est plus « seulement conçue comme un outil de communication mais comme une référence identitaire ». De ce fait, comment prendre en compte cette nouvelle perception de la langue dans les interventions didactiques ? Les trois approches didactiques dites « nouvelles » que nous présentons ci-dessous prennent en compte cette dimension identitaire de la langue dorénavant indissociable de la formation linguistique des adultes migrants.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : LA FORMATION LINGUISTIQUE DES MIGRANTS. GENRE, INTÉGRATION SOCIOPROFESSIONNELLE ET INTERVENTIONS DIDACTIQUES
1. PANORAMA DE LA FORMATION LINGUISTIQUE DES MIGRANTS : DE LA FIN DES ANNÉES 50 À AUJOURD’HUI
1.1.Une approche historique
1.2.Des interventions didactiques
2. MIGRATION ET GENRE : UNE « FÉMINISATION » DE L’IMMIGRATION
2.1.Être migrante en France : de la femme immigrée « invisible » au désir d’autonomisation
2.2.Genre et insertion professionnelle : du projet à la réalité
2.3.Représentations et insécurité socio-langagière : vers des pratiques de valorisation de soi
3. L’INTERCULTURALITÉ : OUTIL POUR L’INTÉGRATION
3.1.Interculturalité et didactique des langues
3.2.L’interculturalité en contexte migratoire : « penser la diversité et non la différence »
PARTIE 2 : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE. RÉFLEXIONS, CONTEXTE ET OUTILS DE RECHERCHE
1. PRÉSENTATION DE LA RECHERCHE
2. LE CONTEXTE : TERRAIN D’ENQUÊTE ET SÉLECTION DE L’ÉCHANTILLON
2.1.L’APTIRA
2.2.Le dispositif « RSA-Migrants »
2.3.Profils des stagiaires : sélection de l’échantillon de recherche
3. OUTILS DE RECHERCHE : DU CHOIX À L ‘ÉLABORATION
3.1.Entretiens semi-directifs
3.2.Observations non-participantes des activités à démarche interculturelle
3.3.Activités à démarche interculturelle.
PARTIE 3 : DÉMARCHE INTERCULTURELLE AUPRÈS DE FEMMES IMMIGRANTES. QUELS IMPACTS SUR LES REPRÉSENTATIONS ET LA VALORISATION DE L’ESTIME DE SOI ?
1. LES ALÉAS DE LA RECHERCHE
1.1.À propos des entretiens
1.2.À propos des activités à démarche interculturelle
2. ANALYSE DES ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS
2.1.Analyse thématique verticale : les représentations des femmes immigrantes sur le monde du
travail en France
2.2.Analyse thématique horizontale : l’apprentissage du français, un enjeu aux multiples facettes
3. ANALYSE DES OBSERVATIONS NON-PARTICIPANTES
3.1.Modalités des observations
3.2.Analyse thématique verticale : le taux de participation
4. DISCUSSION GÉNÉRALE
4.1.À propos des hypothèses
4.2.Observations complémentaires : vers une amélioration de la pratique enseignante
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
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