LA FORMATION DANS LES CENTRES SOCIO – MENAGERS DITS DE PROMOTION FEMININE

Revue critique de la littérature

      Le sujet que nous nous sommes proposés d’aborder traite implicitement de la place de la femme dans le système économique et des différentes stratégies déployées par celle-ci pour s’insérer dans le marché du travail. Cependant, sa particularité et son originalité résident dans le fait que cette étude s’intéresse précisément aux centres socio-ménagers qui semblent perdre leur hégémonie du fait de leur « non-rentabilité » économique. Ce manque d’intérêt vis-à-vis de ces centres est tel que rares sont les publications qui en ont parlé. En effet, depuis la décennie pour la femme, beaucoup de travaux scientifiques, tout comme littéraires, ont traité de la condition de la femme et de sa place dans le processus du développement. Il n’est peut-être pas excessif de dire que le thème « Femme et Développement » est à la mode, en ce sens que la question à été plusieurs fois reprise par les chercheurs et, chacun selon un aspect particulier du thème, allant de son statut social comme mère et épouse aux différentes stratégies mises en œuvre pour son émancipation sociale et professionnelle. Parmi ces travaux nous retenons deux ouvrages: Femmes sénégalaises à l’horizon 2015 de Fatou SOW4 et Les déperditions scolaires des filles: le cas de la région de Dakar de Madior SENE5. Le premier est le produit d’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs en sciences sociales, qui nous propose une étude, à la fois, diachronique et synchronique de la situation de la femme sénégalaise. Ainsi, l’évolution de son rôle et de son statut sera analysée dans trois types de sociétés, notamment les sociétés pré coloniale, coloniale et post-coloniale. Cette dernière, dans le cadre d’un projet national de développement, verra l’émergence d’une politique de prise en charge des programmes des femmes par le pouvoir politique. « Il s’agissait alors de revaloriser leur statut fortement altéré par la colonisation qui les avait tenues en marge des structures politiques et économiques ». Le mérite de cette équipe de chercheurs, dirigée par Fatou SOW, est d’avoir analysé les différentes stratégies de promotion des femmes et leur impact sur la situation de la femme sénégalaise à tous les niveaux : éducation, emploi, formation technique et professionnelle, droit politique, santé, etc. Ainsi, elle a fourni aux décideurs, chercheurs et autres personnes intéressées par la promotion de la femme, une base de données fiable et actuelle. Si Fatou SOW s’est intéressée à la condition de la femme sénégalaise en général et de son insertion socioprofessionnelle en particulier, Madior SENE se préoccupe seulement de l’éducation et de la scolarisation des femmes. En effet, ce dernier a essayé dans son étude de mettre en évidence les facteurs explicatifs de la déperdition scolaire des filles à Dakar. Pour lui, les déperditions scolaires « consistent en la diminution des performances ou des effectifs (…) et surviennent le plus souvent en période de crise et concernent les redoublements, les abandons et les exclusions.7 » Cette situation, pour ce qui est des filles, découle d’un certain nombre de facteurs, notamment les préjugés idéologiques et traditionnels qui ont longtemps privilégié le mariage des jeunes filles plutôt que leur scolarisation qui, du reste, est considérée comme vile et sans intérêt. En outre, M. SENE a eu le mérite de démontrer que l’éducation et la scolarisation sont un investissement à long terme et, par voie de conséquence, « les conditions sociales et économiques des familles influent (…) aussi sur la réussite des jeunes filles à l’école ».

Historique du Centre

      Le Centre Saint Maurice d’Angers a été créé en 1972 de la volonté conjuguée des populations environnantes et des religieuses de la congrégation Saint Charles d’Angers, envoyées en mission dans la paroisse Sainte Thérèse de Grand-Dakar qui couvre également les CA de Biscuiterie et HLM. En effet, dès l’an 1967, dans le souci de promouvoir un laïcat responsable, ces religieuses regroupaient les femmes des quartiers riverains de la paroisse, tous les après midi dans les cours de quelques maisons pour les initier à certaines activités relevant du domaine de l’économie familiale. Très vite, le besoin de locaux se fit sentir. Un centre de formation sociale et religieuse est mis sur pied dès 1970. Il sera placé sous la responsabilité d’une religieuse, assistée dans ses fonctions par des femmes et jeunes filles qui se seraient distinguées par leur dévouement au travail et leur altruisme. Il faudra attendre l’an 1980 pour que la formation se radicalise. En effet avec un effectif de 150 femmes et jeunes filles d’ethnies et de religions diverses, présentes quatre demi-journées par semaine, la formation se fait dorénavant en trois ans. Elle consiste en des cours de coupe sur mesure et couture, de tricot et crochet, de puériculture et d’hygiène entre autres. Les cours sont dispensés par une responsable laïque chargée de la formation et de huit autres monitrices bénévoles, la direction du centre étant toujours assurée par une religieuse de la congrégation. Il en sera ainsi jusque vers la fin du siècle précédent où, avec l’arrivée d’une nouvelle équipe composée d’une religieuse et de 4 monitrices, les choses vont peu à peu changer du fait aussi d’un nouveau contexte national. En effet, la mise sur pied de l’ANPF en octobre 1994 est à l’origine d’une nouvelle orientation des CPF qui la composent. Ainsi, outre la teinture et la restauration qui sont prévues, dans le but de diversifier les activités du Centre, un cours d’alphabétisation fonctionnelle verra le jour en octobre 1999.

L’insuffisance des moyens de fonctionnement

     Le Centre Saint Maurice fonctionne grâce à une équipe composée d’une sœur responsable, de sept moniteurs et de deux coordinateurs. Les quatre monitrices qui assurent la formation pratique ont été formées dans ces centres qui, compte tenu de la difficulté d’insertion des sortantes ont été sélectionnées pour assurer la formation de leurs cadettes, moyennant une indemnité mensuelle qui est en dessous du SMIG11. Par ailleurs, le Centre dispose de quelques partenaires stratégiques. En effet, outre l’YMCA et la Délégation Catholique de la Coopération (DCC) qui interviennent dans les programmes d’alphabétisation, il bénéficie de l’appui de l’ONG les Amis des enfants du Monde (AEM) dont la participation financière est d’une importance capitale, bien qu’insuffisante. Elle est secondée en cela par une ONG sœur des Etats-Unis, notamment The Christian Child Care International. De plus la modique cotisation annuelle versée en guise d’inscription par les apprenantes ne permet pas de couvrir les indemnités du personnel et d’assurer les dépenses en fourniture courante ou en équipement. De même, les apprenantes étant issues de familles de condition socioéconomique modeste dont les possibilités d’auto financement sont très limitées d’une part, et d’autre part du fait que cette formation prédispose l’apprenante à l’auto emploi et plus précisément dans le secteur informel, la capacité opérationnelle des sortantes présente toujours des difficultés. La couture tout comme la coiffure sont une entreprise qui nécessite un investissement non moins important et qui malheureusement, n’est pas très souvent à la portée de cette catégorie de femmes. Or, aucune structure, encore moins un système fiable de prise en charge et de financement de micro projets dûment élaborés par les sortantes, n’a été enregistrée dans le Centre. Hormis la récente tentative de création d’un GIE – effort d’ailleurs qui est à encourager – le Centre Saint Maurice n’a cependant pas encore élaboré une politique d’insertion professionnelle digne du nom. En outre, les filles qui fréquentent le Centre étant de plus en plus jeunes, avec une moyenne d’âge d’environ 16 ans, la non implication de leurs parents dans la vie dudit Centre constitue une réelle perte. En effet, ces filles, pour la plupart des cas, n’y viennent pas de leur propre chef ou du moins, avec une motivation professionnelle mûrie et réelle, mais plutôt de par la volonté de leurs parents (très souvent leur maman) qui, ne sachant que faire une fois qu’elles sont exclues du système scolaire, leur suggèrent de suivre cette formation, en vue de les occuper. De ce fait, nous en déduisons une délocalisation de la motivation de celles-ci vers leurs parents du fait que, vu leur âge, elles sont encore incertaines dans le choix d’un métier et de pouvoir en assumer les conséquences. Telles sont les raisons qui nous font penser que la mise sur pied d’une association des parents des apprenantes et d’une amicale des anciennes pourrait être d’un apport considérable à la formation et surtout à l’insertion professionnelle future des jeunes apprenantes.

CONCLUSION

     Du fait de son poids démographique d’une part, mais également de la crise économique d’autre part qui a fini par amener la femme dans le marché du travail pour assurer l’entretien et la survie de sa famille, sa condition, notamment son rôle et son statut social connaît de profondes mutations. De nos jours, le concept de femme au foyer est en phase de céder le pas à celui d’agent économique et de gestionnaire au même titre que les hommes, même s’il reste encore du chemin à faire. En effet, compte tenu de l’ampleur de leurs tâches reproductives, mais aussi du taux alarmant de femmes analphabètes, facteur d’une discrimination sexiste existante depuis la nuit des temps, l’univers informel constitue le secteur d’accueil de la plupart des femmes actives. Là également, elles sont confinées dans très peu de filières d’activités rémunérées qui, pour la plupart, relèvent du domaine de l’économie familiale et, où encore, elles subissent la farouche concurrence des hommes. Pour parer à cette situation, tout en voulant donner à la femme toutes les chances pour une meilleure insertion professionnelle, il urgeait de résorber son retard sur le plan scolaire, aussi bien que sur celui de la formation professionnelle ; ce qui aiderait davantage à rentabiliser les activités économiques dans lesquelles elles évoluent. Les CPF pourraient effectivement servir de relais à cette nouvelle orientation de la politique de promotion féminine au Sénégal, si l’on considère les réformes qui y sont en cours et qui ont abouti à la mise sur pied de l’ANPF. Malheureusement, du fait en grande partie de l’influence des programmes de l’IFD élaborés dès les débuts de l’indépendance, qui ont eu pour principal effet de réduire la femme à une position d’assisté dans le processus du développement, ces centres, à l’instar du centre Saint Maurice d’Angers, sont encore confrontés à d’énormes difficultés. En effet, bien que les activités qui y sont pratiquées attirent de plus en plus de femmes et de jeunes filles, l’inadaptation entre les programmes de formation de ces centres et les exigences du marché de l’emploi est encore manifeste et constitue une entrave à leur essor. A titre d’exemple, nous citons l’absence de professionnalisme et de motivation de la part des monitrices, inhérente à la politique interne de ces centres. En d’autres termes, l’absence de créativité et d’innovation chez les encadreurs, tout comme chez les apprenantes, bien que résultant du nombre limité de possibilités d’emploi que leur offre le secteur informel, occasionne leur concentration dans des filières d’activités très saturées et dans lesquelles la concurrence y est à son paroxysme ; la couture est une parfaite illustration de cette affirmation. De plus, le niveau scolaire très diversifié des apprenantes et le taux relativement important de filles non scolarisées parmi ces dernières, sans compter les difficultés que rencontrent les autorités de ces centres pour prendre en charge le recyclage et la mise à niveau des monitrices, ne facilitent pas non plus la structuration et la validité de la formation. Nous citerons, en dernier ressort, l’insuffisance de ressources financières dont souffrent lesdits centres qui, en effet, ne disposent presque d’aucune structure de financement des projets pour les sortantes. Or, ce secteur est plus favorable à l’auto emploi. En définitive, l’objectif principal de ces centres ne doit plus consister à former des personnes, en l’occurrence des filles et jeunes femmes victimes de la déperdition scolaire, mais au-delà, à promouvoir leur insertion socioprofessionnelle. Former c’est bien, mais garantir une source de revenu rentable et pérenne c’est encore mieux.

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Table des matières

Introduction
Première partie: Cadre général et méthodologique 
Chapitre I: Problématique et hypothèse de la recherche
A- Problématique
B- Objectif de la recherche
C- Approche conceptuelle
Section 1 : Revue critique de la littérature
Section 2 : Définition conceptuelle
D – Hypothèses
Chapitre II: Méthodologie de la recherche 
A- Recherche documentaire
B- Zones d’enquête
C- Technique d’échantillonnage
D – Technique d’enquête
Section 1 :l’observation directe libre
Section 2 : l’interview et l’entretien
Section 3 : le questionnaire
E – Modèle d’analyse
F – Déroulement de l’enquête et difficultés rencontrées
Deuxième partie: compte rendu d’enquête 
Chapitre III: Présentation du Centre Saint Maurice d’Angers 
A- Historique et objectifs du Centre
Section 1: Historique du Centre
Section 2: Les objectifs du Centre
B- Les activités du Centre
Section 1: Les cours pratiques
Section 2: Les cours d’alphabétisation
Section 3: Les causeries
Section 4: Les activités génératrices de revenus
C- Les difficultés du Centre
Section 1: Le manque d’infrastructure adaptée
Section 2: L’insuffisance des moyens de fonctionnement
Section 3: L’inadaptation des programmes de formation
Chapitre IV: Présentation des CA des HLM et Biscuiterie 
A- Contexte historique
B- Situation démographique
C- Situation scolaire et universitaire
Section 1: Le préscolaire
Section 2: L’élémentaire
Section 3: Le moyen/secondaire
Section 4: L’enseignement supérieur et la formation professionnelle
D- La situation économique
Troisième partie : Présentation et analyse des données 
Chapitre V : Les Caractéristiques démographiques 
A – L’âge
B – L’ethnie
C – La situation matrimoniale
D – Le lieu d’origine
Chapitre VI : Caractéristiques socioéconomiques 
A – Le niveau d’instruction
B – Le statut professionnel des parents
C – L’occupation principale et le revenu
Chapitre VII : Stratégies d’insertion socioprofessionnelle 
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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