LA FLORE ET LA VEGETATION
La flore
Les principaux travaux sur la flore de la réserve de biosphère du Niokolo Koba ont essentiellement porté sur les cryptogames vasculaires et les phanérogames (Adam, 1971 ; Schneider et Sambou, 1982 ; Traoré, 1996 ; Bâ et al., 1997). Peu de données existent sur les cryptogames non vasculaires. La réserve de biosphère du Niokolo Koba qui représente moins de 5 % de la superficie du Sénégal constitue un site de haute diversité biologique ; sa flore était estimée par Adam (1971) à 1500 espèces de plantes à fleurs, soit environ 62 % des plantes à fleurs du Sénégal. Les travaux récents de Bâ et al. (1997) signalent l’existence de près de 1100 espèces réparties dans plus de 120 familles dont les plus importantes sur le plan de la diversité spécifique sont : les Poaceae (13,6 %), les Fabaceae (12,7 %), les Cyperaceae (7,2 %) et les Rubiaceae (5 %). La strate ligneuse est dominée par les Combretaceae, en particulier le genre Combretum qui est très commun. Des espèces comme Bombax costatum, Combretum glutinosum, Cordyla pinnata, Lannea acida, Pterocarpus erinaceus, Terminalia macroptera, sont très abondantes et impriment à certains endroits leur physionomie aux peuplements (MEPN, 1998). D’autres espèces comme Prosopis africana et Tamarindus indica existent en individus isolés. Du point de vue de la répartition spatiale, certaines espèces telles que Anogeissus leiocarpus (souvent sur les sols argileux), Celtis integrifolia, Pterocarpus santalinoides (le long du fleuve Gambie), Pterocarpus lucens (sur les cuirasses latéritiques) sont marquées par leur caractère localisé.
La dégradation de la végétation consécutive aux périodes de sécheresses est surtout perceptible dans les terroirs situés au nord de la réserve de la biosphère du Niokolo Koba (MEPN, 1998). Dans certaines zones du noyau de la réserve de biosphère, il est noté une disparition d’espèces végétales exigeantes en eau comme Mitragyna stipulosa, Pandanus candelabrum, Raphia gracilis et Uapaca togoensis. Une tendance à la dispersion des espèces végétales sahélo-soudaniennes vers le sud à l’image de la migration des isohyètes semble se dessiner (MEPN, 1998). En dehors de la flore locale, de nombreuses espèces ont été introduites dans la région de Tambacounda pour diverses raisons liées à l’industrie, aux besoins alimentaires, à la production de bois d’énergie, de service, aux besoins ornementaux etc.
La végétation
Les travaux de Bâ et al (1997), s’inspirant de la classification de Adam (1966), définissent deux grands types de végétation au niveau de la réserve de la biosphère du Niokolo Koba :
– les savanes situées sur les plateaux et les collines, occupant près de la moitié de la superficie de la réserve de la biosphère ;
– et les forêts.
Plusieurs variantes de savanes existent au niveau de la réserve de la biosphère du Niokolo Koba (Bâ et al, 1997) : la savane herbeuse, la savane arbustive, la savane arborée et la savane boisée. La savane herbeuse (selon Adam, 1966) est caractérisée par l’absence ou la rareté des arbres et des arbustes. Elle est souvent localisée sur les plateaux cuirassés ou bowé, mais se trouve parfois au niveau des bordures de certaines mares. Ce type de savane est dominé par les herbacées, appartenant aux familles des Poaceae, des Amaranthaceae, des Cyperaceae et des Acanthaceae. Les genres Andropogon et Pennisetum y sont les plus représentés.
La savane arbustive généralement située sur les bordures de plateaux et les pentes des collines est caractérisée par une strate herbacée continue et parsemée d’arbustes. Ces derniers sont généralement des espèces de la famille des Combretaceae comme Combretum glutinosum, C. crotonoides, C. nigricans et d’autres espèces assez caractéristiques telles que Vitex madiensis, Gardenia ternifolia, Stereospermum kunthianum, Lannea acida, Lannea velutina, Terminalia macroptera, Prosopis africana, Lonchocarpus laxiflorus, Crossopteryx febrifuga, Entada africana, Strychnos spinosa, Gardenia erubescens, Erythrina senegalensis, Securidaca longipedunculata. La savane arborée est également localisée au niveau des plateaux et des collines. Les espèces les plus fréquentes sont : Bombax costatum, Afzelia africana, Pterocarpus erinaceus et Xeroderris stuhlmanii. Ces espèces sont parfois associées à Parkia biglobosa, Burkea africana, Prosopis africana, Lophira lanceolata, Erytrophleum africanum. La savane boisée est quant à elle localisée sur les bas plateaux. Parmi les espèces caractéristiques, nous avons : Adansonia digitata, Pterocarpus erinaceus, Terminalia macroptera, Erytrophleum africanum, Bombax costatum, Lannea acida, Combretum glutinosum et Hexalobus monopetalus. La présence de lianes ligneuses telles que Cissus populnea, Baissea multiflora, Dioscorea est notée au niveau de la savane.
Deux types de forêts sont identifiés dans la réserve de la biosphère du Niokolo Koba: la forêt claire et la forêt-galerie. La forêt claire avec un recouvrement compris entre 50 et 75 % est généralement retrouvée dans les zones à sols profonds des bas plateaux et dans les vallées. On y trouve souvent des espèces ligneuses telles que : Pterocarpus erinaceus, Piliostigma thonningii et Anogeissus leiocarpus. La strate herbacée, discontinue, est composée d’espèces des genres Pennisetum (P.subangustum), Andropogon (A. pinguipes, A. tectorum), Hyparrhenia (H. archaelymandra), Schizachyrium (S. brevifolium, S. semiberbe). Les forêts-galeries sont peu représentées et se développent le long de cours d’eau. Elles sont caractérisées par l’absence de strate herbacée et par un recouvrement important de la strate ligneuse supérieure (de 80 à 90 % de recouvrement). On y note plusieurs espèces sempervirentes et beaucoup de lianes. Des espèces comme Ceiba pentandra, Pseudospondias microcarpa et Cola cordifolia y atteignent une hauteur de 20 mètres ou plus. La végétation des berges des cours d’eau est dominée par les rôniers (Borassus aethiopum). En dehors des principaux types de végétations, des groupements particuliers sont également notés dans la réserve de la biosphère du Niokolo Koba. Il s’agit des rôneraies et des bambousaies.
Les rôneraies sont caractéristiques des paysages du fleuve Gambie, du Niokolo Koba, de la Koulountou et du Niériko. Elles correspondent à des peuplements denses de rônier (Borassus aethiopum), palmier caractérisé par le renflement de son stipe et occupant les berges des cours d’eau sur des sols profonds et humides. Les fruits de Borassus aethiopum étant consommés par la faune, les éléphants ont dans le passé joué un rôle important dans la dissémination des semences de cette espèce.
Les bambousaies ou peuplements de Bambou (Oxytenanthera abyssinica) s’observent dans la plupart des types de milieu ; cependant, ils sont plus fréquents et plus denses sur les sols argilo-sableux des vallées et parfois dans les dépressions situées entre les collines. Oxytenanthera abyssinica forme des touffes de 40 à 50 tiges. Cette graminée qui peut atteindre 7 centimètres de diamètre et 13 mètres de haut meurt après la floraison qui survient lorsque les individus sont âgés de 6 à 8 ans selon les zones et les conditions stationnelles. Dans les zones de terroirs, les populations utilisent les tiges du bambou pour confectionner les « crintins » ; ces derniers sont utilisés dans la réalisation de certaines infrastructures du parc.
LA FAUNE SAUVAGE
La faune sauvage encore mal connue est représentée par une grande diversité d’espèces dans les différents biotopes de la réserve de biosphère du Niokolo koba. Les arthropodes qui constituent l’embranchement le plus important parmi les invertébrés sont représentés par une classe des insectes très diversifiée. Les mollusques comptent dix-neuf espèces dans la réserve de biosphère du Niokolo Koba. De nombreuses espèces de crustacés sont notées dans les cours d’eau et les mares. Parmi les vertébrés, les poissons sont représentés par une soixantaine d’espèces. Les amphibiens comptent au moins vingt espèces. Les reptiles sont assez bien représentés par plus de 34 espèces. Il a été recensé plus de 327 espèces d’oiseaux dont une cinquante inféodés au milieu aquatique. Les mammifères qui constituent l’une des principales attractions touristiques de la réserve de biosphère du Niokolo Koba sont représentés par au moins 70 espèces. Certaines espèces comme le babouin de Guinée (Papio papio), le cob de buffon (Kobus kob), le phacochère (Phacochoerus aethiopicus), le guib harnaché (Tragelaphus scriptus), le buffle (Syncerus caffer) sont les plus représentées. À l’inverse, d’autres espèces peu fréquentes comme l’éléphant (Loxodonta africana), l’hippotrague (Hippotragus equinus), l’élan de Derby (Taurotragus derbianus) sont notées dans la réserve de biosphère du Niokolo Koba.
POLITIQUE DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES DE LA RESERVE DE BIOSPHERE DU NIOKOLO KOBA ET CONTEXTE SOCIOECONOMIQUE
Aux objectifs de conservation sensu stricto qui avaient présidé à la création du parc national du Niokolo Koba s’est progressivement greffée une volonté d’impliquer les populations riveraines, conformément à la vocation d’une réserve de biosphère. La gestion des ressources naturelles de la réserve de biosphère du Niokolo Koba présente toutefois des difficultés liées :
– d’une part à la politique de gestion
– et d’autre part à de nombreuses pressions anthropiques provenant de la périphérie.
Profil historique de la politique de gestion des ressources naturelles de la réserve de biosphère du Niokolo Koba
Créé en 1954, le parc national du Niokolo Koba a connu trois agrandissements successifs qui ont porté sa superficie initiale de 230000 ha à 913000 ha. Les objectifs visés à travers sa vocation d’aire de conservation intégrale étaient d’une part de sauvegarder et protéger les écosystèmes et la diversité biologique et d’autre part de favoriser le tourisme de vision. Cette étape s’est accompagnée d’un déguerpissement des populations locales et de leur redéploiement dans des sites situés au niveau de la périphérie. Ce processus de la politique de gestion est marqué par une faible prise en compte des besoins des populations riveraines. En 1981, le parc national du Niokolo Koba est inscrit sur la liste des sites du Patrimoine Mondial et des réserves de la biosphère de l’UNESCO. Dans l’esprit du programme MAB de l’UNESCO, la dimension socio-économique est progressivement intégrée dans la politique de gestion. Conformément aux recommandations du troisième congrès mondial des parcs nationaux tenu à Bali (1982) et du plan d’action des réserves de la biosphère de Minsk (1984), la nouvelle stratégie de gestion des aires protégées du Sénégal, conçue par la Direction des Parcs Nationaux en 1987, fait de l’implication des populations une composante essentielle. Cette nouvelle approche s’est accompagnée d’une dynamique de coopération avec le parc national du Badiar (République de Guinée) dans l’optique de créer une réserve de biosphère transfrontalière. L’appui de divers partenaires au développement a permis à partir des années 90 de mettre en œuvre différents projets (projet FAC/FFEM, projet Niokolo Badiar, PROGEDE, Projet Rôneraies communautaires, etc.) réalisés dans le noyau et/ou dans la périphérie de la réserve de biosphère du Niokolo Koba. Dans le cadre des objectifs généraux de gestion durable des ressources naturelles, les projets ainsi mis en œuvre constituent d’importants canaux d’intervention pour :
– d’une part améliorer l’aménagement de la réserve de biosphère, doter les gestionnaires d’infrastructures et d’équipements adéquats et renforcer les capacités de gestion
– et d’autre part rendre effective la politique d’implication des populations par le biais de la promotion d’une bonne stratégie de communication, d’activités génératrices de revenus (lutte contre la pauvreté) et d’initiatives locales de conservation de la biodiversité (groupements locaux de protection de la nature).
Malgré les efforts consentis par les autorités de la réserve de biosphère du Niokolo Koba et l’appui des partenaires au développement, la nouvelle approche de gestion de cette réserve de biosphère présente des difficultés d’application. Au caractère réduit de la zone tampon (largeur d’environ un kilomètre) s’ajoute une nonprécision de l’aire d’extension de la zone périphérique. Ceci rend difficile la définition d’une zone cible d’intervention et la notion de « périphérie », d’autant plus que la zone périphérique constitue un espace supplémentaire de protection et d’expérimentation du concept de gestion durable et intégrée des ressources naturelles. Dans un contexte de régionalisation marqué par le transfert aux collectivités locales de compétences comme la gestion des ressources naturelles, la périphérie présente un statut hybride du fait qu’elle constitue une zone de « confluence » de plusieurs logiques institutionnelles ou juridiques. Par conséquent, en l’absence d’une structure de coordination des activités sectorielles, l’intervention des différents acteurs du développement dans la périphérie souffre de son manque d’efficacité.
L’inexistence d’un programme adéquat de suivi-évaluation des objectifs de gestion ne milite pas en faveur d’une bonne appréciation du degré d’atteinte des objectifs de gestion et d’une bonne connaissance du potentiel biologique existant. Cette limite s’exprime à travers deux axes essentiels : la politique d’implication des populations et la mise en place d’un canevas de suivi-évaluation périodique de l’état des ressources naturelles.
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Table des matières
I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME