LA FINANCE INCLUSIVE : CLE DE L’INCLUSION DES POPULATIONS VULNERABLES

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Les diverses appellations

Touchant des millions des personnes dans les pays en voie de développement (selon le BIT, l’emploi dans le secteur informel varie de 19% à 71% de l’emploi total dans des différents pays d’Afrique ; de 6% à 54% en Amérique Latine et de 10% à 71% en Asie9), le secteur informel englobe tous les secteurs d’activités.
Pour désigner le secteur informel, on utilise le terme d’ « économie informelle » dans la plupart des littératures. Une économie qui désigne le regroupement de petites activités dans le cadre d’entreprises individuelles ou familiales.
D’autres qualificatifs sont utilisés pour se référer au secteur informel, il nous incombe de survoler les principaux type. Cependant, la liste ci-après n’est pas exhaustive.
 L’économie souterraine ou clandestine
Cette appellation est due à la définition du secteur informel selon laquelle c’est l’ensemble des activités économiques qui échappent de près ou de loin au contrôle légal, fiscal et statistique de l’Etat.
L’économie clandestine regroupe trois (03) sortes d’activités à savoir : les activités générées par le travail noir, celles générées par les délits économiques et enfin les activités criminelles. Cependant, ces différentes formes présentent des points communs : l’inexistence de prélèvements obligatoires que ce soit fiscal ou social, et leur mauvaise influence sur le jeu de la libre-concurrence.
Il faut noter que la résolution de la 15è CIST stipule que l’économie informelle diffère de cette économie souterraine du fait que ces activités sont exercées en « plein soleil » et non « au clair de lune » ; les acteurs n’évitent pas délibérément de se soumettre aux obligations légales et au paiement de taxe.
 L’économie domestique ou économie familiale
La transformation des activités de service (ménage, travaux de couture, jardinage, bricolage et petite réparation), les transformations des achats alimentaires en bien de consommation et les activités de services à personne (garde des enfants, des malades et des personnes âgées et les transports des personnes) constituent les principales activités dans l’économie familiale.
Dans les PED, presque toutes les activités sont de type familial avec l’aide des conjoints et des enfants. A cet effet, l’INSEE ou Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques chiffre cette économie familiale à une somme égale au 2/3 du PIB.
 L’économie de subsistance ou économie parallèle
Ces termes sont quelquefois utilisés par certains auteurs dans leurs ouvrages et/ou dans certains débats. C’est avec la crise des années 80 que le secteur informel a pris une telle importance qu’il a fini par constituer une sorte d’économie parallèle. Cette conception de l’informel est strictement liée au fait que les activités de ce secteur génèrent un niveau de salaire très inférieur au salaire minimum légal. Ce salaire ne couvre que les besoins fondamentaux, plus particulièrement la nourriture et l’entretien. On peut aussi le qualifier d’« économie de survie » ou « économie populaire ».
 Le secteur non-structuré
Les activités ainsi que les salariés ne sont pas déclarés à l’Etat. Ce terme a été utilisé par le BIT pour traduire « Informal Sector ». Le terme a été utilisé entre 1991 et 199910.

Les origines et causes de l’informel

Genèse de la notion

Dans le cadre de la Conférence Internationale du Travail, tenue en 1969 et organisée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), la notion de secteur informel tire son origine. K. Hart11 a utilisé le terme « informel » pour la première fois lors d’une étude présentée en 1971au Ghana. L’auteur introduit un nouveau clivage entre un secteur informel considéré comme une extension du secteur traditionnel, et un secteur formel assimilable au secteur moderne. Comment le secteur informel est-il apparu ?
C’est pendant la Révolution Industrielle en Europe que date l’ « invention » du chômage : les travailleurs salariés permanents, perdant leur emploi, sont à l’origine de l’expansion du salariat. Cette situation de chômage progressivement reconnue, s’étendait aux travailleurs à domicile. Ainsi, le rapport du BIT concernant la situation de l’emploi urbain sur le Kenya en 197212 a nommé une réalité qui, non-seulement, suscite l’intérêt des experts internationaux mais qui se trouve aussi au cœur de débat à nos jours. Dès lors, le concept de l’économie informelle prend naissance.

Les causes de son émergence

Selon le rapport du BIT sur le Kenya en 1972, le secteur informel est né du constat selon lequel l’écart croissant entre l’augmentation de la population en âge de travailler et la création d’emploi dans le secteur moderne est proportionnel au chômage « apparent ». De cette constatation peut découler une première cause de l’informel : le chômage. Ainsi, la part croissante des chômeurs de l’économie moderne vient se réfugier dans ce secteur [l’informel] qui leur offre un appoint de ressources. En addition à cela, même une part des travailleurs du secteur formel exerce en parallèle des activités (« secondaires ») dans le secteur informel notamment pour y compléter leurs sources de revenus. Par conséquent, l’incapacité du secteur moderne à absorber l’augmentation [croissante] de la population est l’un des facteurs à l’origine du secteur informel. Dans la réalité, l’inadéquation entre emploi et formation accentue le phénomène.
Cependant, le phénomène de pauvreté extrême13 est le principal facteur pris en compte pour expliquer l’intensification rapide de l’informel dans les PED. En outre, nous pouvons ainsi synthétiser les origines de l’informel comme suit :
 La crise de l’économie moderne : rapport entre formation et emploi, conditions rigides du marché du travail, imperfection du marché du travail (le sous-emploi et le chômage), pression fiscale lourde, lenteur des règles administratives,…
 La pauvreté extrême : augmentation de la population,…

Les caractéristiques du secteur informel

Les types d’activités de l’informel

De la définition donnée par l’AFD pour le développement lors de sa conférence, en 2013, le secteur informel comme étant « l’ensemble de toutes les unités de production non-agricoles des ménages qui produisent au moins en partie pour le marché et/ou sans comptabilité écrite ou formelle ».14 De par cette définition du secteur informel, l’intérêt est de classer le secteur suivant deux (02) types d’informel :
 le « petit » informel lequel regroupe la majorité des acteurs de l’informel.
 le « gros » informel qui est constitué par une minorité d’acteurs mais générant des activités se chiffrant en millions d’euros.
Le secteur informel présente une gamme variée d’activités. Il nous est impossible de les identifier toutes. Cependant, on peut distinguer :
 l’informel de production : agriculture périurbaine, la menuiserie bois et métal, BTP,…
 l’informel d’art : bijouterie, sculpture, tissage, couture, broderie, maroquinerie ; cordonnerie, peinture,…
 l’informel de services : restauration populaire, transports urbains, coiffure, couture, réparation mécanique ou électrique,…
 l’informel d’échange : distribution, commerce, change,…
Selon les statisticiens, il y a lieu de distinguer les composantes du secteur informel. On distingue alors :
 le travail indépendant qui est constitué par les personnes travaillant pour leur propre compte sans employer des salariés permanents, mais employant des aides familiales et des salariaux occasionnels.
 L’auto-emploi constitué de la catégorie précédente mais y incluant les aides familiales
 Les micro-entreprises qui sont constituées par les entreprises informelles employant des salariés permanents en-dessous d’un certain seuil de taille.

Les caractéristiques de l’informel

La 15è CIST s’est préoccupée :
 à traiter les activités primaires hors du champ du secteur informel pour produire des statistiques du secteur informel hors-agriculture ;
 à exclure les activités hors marché (comme l’économie de soins qui reste en dehors du champ de la production) ;
 à inclure les activités secondaires et multiples ou pluriactivités dans le « secteur » informel.
Par conséquent, l’économie informelle est entre autres considérée comme un ensemble d’unités de production qui constituent un élément, au sein du Système de Comptabilité Nationale (SCN), du secteur institutionnel des ménages en tant qu’entreprises individuelles (définition statistique et opérationnelle du secteur informel par la CIST).
Le BIT propose sept (07) critères pour caractériser les activités de l’économie informelle :
• la facilité d’entrée sur le plan des qualifications et des capitaux à engager ;
• l’utilisation des ressources locales ;
• la propriété familiale des entreprises ;
• l’échelle restreinte des opérations ;
• l’utilisation des techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ;
• des qualifications qui s’acquièrent en dehors du système scolaire officiel ;
• des marchés où les transactions à l’abri de toute règlementation et sujets à la concurrence déloyale.
Dans l’article de synthèse du Professeur Yvon PESQUEUX15, huit (08) indicateurs sont proposés, à partir d’observations effectuées au Bangladesh, par S. Canagarajah et S. V. Sethuraman16 pour caractériser l’économie informelle, à savoir :
• un effectif d’au plus 10 personnes par entreprise ;
• la non-application des règles légales et administratives ;
• l’emploi d’aides familiales ;
• l’absence d’horaire ou de jours fixes de travail ;
• l’absence d’engagement de crédits institutionnels ;
• une formation scolaire des travailleurs inférieure à six ans ;
• dans certains cas, l’absence d’énergie mécanique et électrique ;
• le caractère ambulant ou semi-permanent de l’activité (mobilité sociale).

Le secteur informel comme facteur de résilience pour l’économie

Dans les économies en voie de développement, le secteur informel occupe une place importante, voire dominante. En effet, son importance se situe entre 50% à 75% de la production non-agricole et même parfois plus. A contrario, elle pèse entre 15% et 20% de l’activité économique dans les pays développés17. Pour l’Etat, le secteur informel est un secteur à faire disparaitre compte tenu de la concurrence déloyale au secteur formel ainsi que des déperditions en termes de recettes fiscales. Il nous incombe d’en voir les retombées tant au niveau macroéconomique qu’au niveau microéconomique.

Impacts sur le plan macroéconomique

Un manque à gagner pour l’Etat

Dans les pays en voie de développement, la question de la fiscalisation du secteur informel reste un vieux débat. Cette procédure est difficile à mettre en œuvre compte tenu des divers obstacles liés au statut des imposables et de leurs activités : il est impossible de calculer effectivement la base imposable et d’en déterminer le taux d’imposition, faute d’asymétrie d’informations (l’Etat n’a pas connaissance des informations utiles et nécessaires pour entamer la fiscalisation de l’informel ; les UPI étant non-enregistrées dans les registres officiels, par conséquent, leurs activités sont non-déclarées). Entre autres, très peu d’activités informelles [voire même aucune] sont assujetties aux impôts et taxes ; de plus, les impôts sont irrégulièrement payés avec un taux élevé de corruption.

Un échec de la régulation étatique

D’un côté, la non-fiscalisation du secteur informel reflète un échec des politiques de régulation de l’informel. Alors qu’un grand nombre d’opérateurs informels sont obligés de contribuer au budget municipal (tel est le cas des opérateurs au Ghana). La contribution de ce secteur au budget de l’Etat reste néanmoins indispensable pour augmenter ses recettes.
De l’autre, le taux d’enregistrement de ces unités dans les registres divers est très faible dans les pays en voie de développement (moins de 1% des UPI). Le non-enregistrement est surtout dû au manque d’information et la méconnaissance des procédures. En général, ces entreprises ne souffrent pas des tracasseries administratives (UEMOA, 2003).

Impacts sur le plan microéconomique

L’économie informelle étant caractérisée par le non-respect et/ou à la non application des normes de travail relatives au salaire minimum, aux horaires de travail, à la sécurité, au travail des enfants et aux autres normes sociales en rapport avec le système de santé, de retraite,…

L’emploi dans l’informel : un travail pénible et indécent

Le non-respect des normes de travail

Jacques CHARMES18, dans son ouvrage « Débat actuel sur le secteur informel »19 indique qu’il existe « un double marché composé d’un côté par un secteur protégé où les salariés bénéficient d’une couverture et d’avantages sociaux et où s’applique une législation du salaire minimum, et d’un autre côté par le secteur informel où le jeu de la concurrence permet au salaire d’atteindre un niveau d’équilibre très inférieur au salaire moyen pratiqué dans le secteur protégé : le salaire informel d’équilibre est le salaire minimum de subsistance, résultat de l’application de la loi d’airan des physiocrates ».
L’auteur met en évidence le niveau du salaire dans le secteur informel strictement inférieur au minimum (le « salaire minimum légal »), qui devrait pourtant être le salaire permettant la « subsistance » (en particulier la nourriture et l’entretien) des travailleurs. A l’opposé, le salaire dans le secteur protégé est établi au niveau d’équilibre.
Ainsi, le marché du travail dans les économies dominées par l’informel est fortement caractérisé par « une ambivalence généralisée des situations et des modes de fonctionnement, caractéristique des processus de transition et d’adaptation »20.

La non-application des autres normes sociales

La protection sociale est quasi-inexistante dans le secteur informel. Les mauvaises conditions de travail et la précarité de l’emploi viennent alourdir le secteur.
En conséquence, la précarité de ces conditions de travail est préoccupante et suscite des réflexions sur les mesures à prendre sur l’accompagnement des auteurs mais surtout de la formalisation de leurs activités.
A titre d’illustration, l’ENEMPSI 201221 [enquête menée par l’INSTAT Madagascar] a montré que cette mesure d’accompagnement et de formalisation renforce non-seulement la rentabilité des activités et la stabilisation des emplois, mais elle renforce également la sécurité sociale et le bien-être des employés du secteur. Cette enquête a montré que les chefs des Unités de Production Informelles (UPI) travaillent en moyenne 35 heures par semaine et gagnent en moyenne 57.000 Ariary lequel est de loin inférieur au salaire minimum en vigueur en 2012 (autour de 100.000 Ariary).
Outre ces conditions monétaires, les conditions d’activité présentent, elles aussi, une très grande précarité. A Madagascar, plus de huit unités de production individuelles sur dix sont abritées dans des installations de « fortune », privés d’accès aux principaux services publics tels que l’eau, l’électricité, le téléphone : 10,3% des UPI ont accès à l’eau, 8,4% à l’électricité et 8,7% au téléphone22.

Les impacts de la non-fiscalisation des activités informelles

Les revenus tirés des activités informelles pas d’atteindre le point de saturation. Rappelons que le seuil de saturation est un point de la consommation où la consommation est maximale, si l’on ajoute une unité supplémentaire, il y a désutilité. Ce phénomène est expliqué par le fait que ces revenus sont issus, pour la majorité, du « petit » informel23 où les activités ne génèrent que de petits revenus. La majorité des acteurs de l’informel l’exercent. Ces revenus suffisent uniquement que pour la subsistance. Par conséquent, les travailleurs y sont très vulnérables.
Les unités informelles n’étant pas enregistrées, elles s’acquittent partiellement de leur droit fiscal. Seulement 8% de ces unités informelles paient la patente.
En conséquence, la fourniture de services publics se voit être un échec, comme le cas de la sécurité des activités par exemple. Paradoxalement, les chefs des unités informelles choisissent délibérément de ne pas soumettre leurs activités à la fiscalisation du fait de la lenteur des démarches administratives, ou du taux élevé de l’imposition.

La prolifération du secteur informel : un trait caractéristique du sous-développement

L’économie informelle : une économie de subsistance aggravant la précarité du niveau de vie des  travailleurs

La progression de la population active est de fait supérieure au taux de croissance démographique (qui est d’environ 2,4 %) et le différentiel entre les deux s’explique, entre autres, par une forte entrée des femmes sur le marché du travail. De ce fait, on peut en conclure que la proportion des femmes exerçant dans l’informel est largement supérieure à celle des hommes. Par conséquent, le secteur informel peut être qualifié d’économie de subsistance.
Ne pouvons assumer qu’une partie des coûts viagers de reproduction de la force de travail, le surplus de main d’œuvre est obligé de se tourner vers l’informel. La complémentarité entre le secteur moderne et les unités domestiques est ici soulignée.

La concurrence déloyale dans le secteur

Le commerce parallèle a eu des effets néfastes sur le développement des secteurs agricoles et industriels locaux, en raison de la concurrence déloyale qu’il leur imposait. En outre, il a pu être (et reste) un facteur d’échec dans la mise en œuvre de politiques économiques nationales et régionales au travers du rôle des États-entrepôts qui vivent de ce commerce24.
Ces micro-entreprises étant fortement caractérisées par l’inexistence des règles identifiables, les tâches des travailleurs restent peu différenciées et sont inscrites dans des statuts complexes (rôles techniques, économiques et domestiques). Le risque d’entreprise étant très grand dans le secteur puisqu’il y a forte mortalité des entreprises informelles. En effet, le statut des personnes au travail n’est pas stable, les relations marchandes se basent uniquement sur la confiance et les relations complexes des liens personnels associant patrons et main d’œuvre.

Le secteur informel comme ultime recours dans la lutte contre la pauvreté

Le secteur informel a pris une importance considérable avec la crise des années 80 qu’il en a constitué une sorte d’économie parallèle. Les littératures économiques et thèses académiques s’accordent à affirmer que ce secteur contribue amplement à l’amortissement du chômage et du désœuvrement des jeunes et des groupes les plus vulnérables, et ce notamment dans le milieu urbain25. Ainsi, l’informel participe non-seulement à l’absorption de l’excès de main d’œuvre mais il contribue également à sa formation professionnelle.

Le secteur informel : un « amortisseur social »

Un lieu de création d’emploi

Le secteur informel représente 80% de l’emploi total et 90% des emplois nouvellement créés dans les pays à faible revenus26.
En général, ce sont les populations exclues du secteur moderne qui se réfugient dans le secteur informel. Comme il a été déjà mentionné dans le sous-chapitre de cette première partie [voir II-2-Les causes de l’informel], les défaillances du marché du travail se trouvent être les raisons principales de leur insertion dans l’informel. Ces défaillances sont principalement le chômage et le sous-emploi27.
En second lieu, l’insuffisance de revenu motive les travailleurs à exercer à la fois dans le secteur formel et dans l’informel. Leur salaire venant des emplois formels ne leur permet pas d’augmenter leur niveau de vie. Ainsi, le secteur informel constitue un lieu pour compléter les revenus des travailleurs. Leurs activités dans l’informel étant, pour la majorité, des activités où la main d’œuvre est de type familial qui ne nécessite pas de paiement de salaires (participation des conjoints et des enfants).
Enfin, l’informel constitue un lieu d’appoint de ressources pour les populations qualifiées de « vulnérables » ou « pauvres » (qui vivent en-dessous de 2$ par jour). Ces populations venant du milieu rural et incapables de trouver des emplois formels se voient obligés de recourir à l’informel. En contrepartie, le secteur leur permet de satisfaire leurs besoins fondamentaux : le besoin de se nourrir, le besoin de se vêtir, de se soigner, se déplacer, … .
Par conséquent, les opérateurs exercent dans ce secteur par nécessité : « être pauvre signifie qu’on ne peut pas se permettre d’être ouvertement au chômage et que n’importe quel emploi ou presque vaut mieux que pas d’emploi du tout »28.

Un lieu de formation des exclus du secteur moderne

Une des caractéristiques dominantes de l’informel est que les entreprises sont de type familial et/ou individuel, ce qui équivaut à affirmer que ces activités sont des héritages.
Par ailleurs, le secteur informel constitue, entre autres, un lieu d’insertion et de professionnalisation des jeunes diplômés qui sont victimes des défaillances du marché. La plupart des activités du secteur sont des activités familiales, elles font alors l’objet d’héritage familial. Les descendants bénéficient alors d’une formation gratuite ; mais celle-ci est cependant non-qualifiante.

LA FINANCE INCLUSIVE : CLE DE L’INCLUSION DES POPULATIONS VULNERABLES

Dans les pays émergents et en développement, 80% des populations pauvres n’ont pas accès aux services financiers formels, soit près de 2,7 milliards d’adultes actifs dans le monde31. Or, l’intégration de ces populations dans l’économie formelle est indispensable pour réduire les inégalités et promouvoir la croissance inclusive. De plus, outre la lutte contre la pauvreté, elle va de pair avec la réduction des inégalités et l’essor de la croissance économique.
Pour ce faire, nous allons procéder à une approche théorique de la finance dans un premier temps. Ensuite, une analyse sera proposée sur la contribution de la finance inclusive dans la réduction de la pauvreté. Enfin, nous verrons dans quelle mesure la finance inclusive constituerait l’idéal pour l’institutionnalisation du secteur informel.

Approches théoriques de la finance inclusive

Généralement, l’inclusion financière ou finance inclusive est connue comme l’offre de services financiers et bancaires de base à faible coût pour des consommateurs en difficulté et exclus des services traditionnels, elle reste néanmoins une notion mal-connue.

Généralités sur la finance inclusive

Définitions et origines

Définitions

L’inclusion financière est l’ensemble des dispositifs mis en place pour lutter contre l’exclusion bancaire et financière. Elle englobe toute une gamme de produits et services financiers rendus accessibles aux populations pauvres.
Selon l’United Nations Capital Development Fund, en abrégé UNCDF32, l’inclusion financière constitue un élément essentiel de l’agenda de développement pour l’après 2015. Ainsi, la variable [inclusion financière] suppose que chaque individu et chaque entreprise puissent accéder à un large éventail de services financiers et les utiliser concrètement. L’accès au financement ne peut être le privilège de quelques-uns, mais doit être ouvert à tous.
En outre, toutes ces définitions ramènent à une principale caractéristique de la finance inclusive : l’inclusion financière serait la finance adéquate pour des populations pauvres pour qu’elles puissent bénéficier des opportunités du secteur moderne.

D’où vient la finance inclusive ?

L’inclusion financière est un élément clé pour la réalisation du double objectif que s’est fixé le groupe de la Banque Mondiale : mettre fin à l’extrême pauvreté à l’horizon de 2030 et promouvoir une prospérité partagée. Le président du Groupe de la Banque Mondiale Jim Yong Kim a lancé un appel à l’action pour parvenir à l’accès universel aux services financiers d’ici 2020. Concrètement, cela signifie qu’un accès de base au système financier formel, par exemple via les cartes de paiement ou l’argent mobile, devra être possible pour tous à cet horizon.
Des recherches menées par la Banque mondiale démontrent globalement pourquoi des gens ou des groupes de gens risquent de ne pas mettre pleinement à profit les fournisseurs établis de services financiers33. Les raisons les plus fréquemment invoquées à l’absence de compte bancaire sont :
 des revenus insuffisants pour en avoir l’usage (30%),
 le coût prohibitif des comptes bancaires (25%),
 le fait qu’un autre membre de la famille en a déjà un (23%),
 l’éloignement physique des banques (20%),
 l’absence de documentation appropriée (18%),
 le manque de confiance dans les banques (13%) et des motifs religieux (5%).
À cela s’ajoute le fait que les travailleurs migrants expédient environ 450 milliards USD par an dans leur pays d’origine par le biais des services formels, avec des frais pouvant atteindre 20% du montant transféré, plus 150 milliards USD supplémentaires acheminés par des canaux informels, même si ceux-ci sont réputés pour n’être pas sûrs, que ce soit pour l’envoyeur ou le bénéficiaire.

Les objectifs de la finance inclusive

Les Nations Unies définissent les objectifs de la finance inclusive comme suit34:
 Permettre l’accès de tous les foyers à toute la gamme des services financiers mais à un coût raisonnable : services d’épargne ou de dépôt, des services de paiement et de transfert, de crédit et d’assurance.
 Disposer d’institutions solides et sûres régies par des dispositions réglementaires et des normes de performance sectorielles claires.
 Assurer la pérennité financière et institutionnelle, afin de garantir la continuité et la certitude des investissements et,
 Préserver la concurrence pour que les clients puissent avoir de services à des coûts raisonnables.
Pour synthétiser, la finance inclusive « a pour but de faire en sorte que les gens en situation d’exclusion financière, qui opèrent actuellement dans le système informel, sans justificatifs ni contrôles et non régulés, intègrent le système financier formel, transparent et protégé »35.

Pour une inclusion financière efficace

Les intervenants

Le 11 octobre 2013 à Washington, le groupe de la Banque Mondiale a organisé un forum mondial où les dirigeants du monde ont formulé une vision pour l’accès universel aux services financiers d’ici 2020. Le groupe est alors l’une des plus importantes sources mondiales de financement et d’expertise du développement pour les pays en développement. Ainsi, il mène des projets d’inclusion financière dans plus de 70 pays, au moyen d’instruments tels que l’IFC ou Société financière internationale qui compte aujourd’hui 900 institutions financières et fonds, le nouveau Cadre d’appui à l’inclusion financière, le Mécanisme mondial de financement des PME, le Programme mondial de protection des consommateurs, de services financiers et de culture financière, et les ensembles des données en libre accès, dont la base de données sur l’inclusion financière dans le monde (« Global Findex »36) et les outils de diagnostic.
Le PNUD et l’UNCDF considèrent la Finance inclusive comme un outil efficace de lutte contre la pauvreté, pouvant contribuer à la réalisation d’une partie des Objectifs du Développement : « l’accès durable aux services financiers constitue une base à partir de laquelle d’autres besoins peuvent être satisfaits : santé, éducation, conseils de nutrition, autonomisation des femmes »37. Au niveau national, les ministères des différents Etats, toutes les institutions de microfinance, les banques, les ONG,… collaborent ensemble au sein des pays pour mener une politique financière efficace et de ce fait œuvrer pour une croissance forte, inclusive et durable.

Les cibles

Les populations marginalisées par le secteur moderne

L’inclusion financière s’adresse en premier lieu aux « exclus bancaires et financiers ». Le Global Findex révèle de forts écarts d’inclusion financière parmi la population : les femmes, les pauvres, les jeunes et les ruraux étant les plus desservis.
La base Global Findex montre que 75 % des pauvres dans le monde n’ont pas de compte bancaire, non seulement en raison des coûts que cela implique mais aussi du poids des déplacements et des procédures administratives. En effet, 59 % des adultes dans les pays en développement, 77 % des adultes gagnant moins de 2 $ par jour, et 11 % des adultes dans les pays à revenu élevé n’ont pas de compte auprès d’une institution financière38.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : SECTEUR INFORMEL ET INCLUSION FINANCIERE : DEUX VARIABLES INTERDEPENDANTES DANS LA REDUCTION DE LA PAUVRETE URBAINE
CHAPITRE I LE SECTEUR INFORMEL : UN MAL NECESSAIRE POUR L’ECONOMIE D’UN PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
SECTION 1: Théorisation du secteur informel
Paragraphe 1 – Généralités
I. Essais de définition
II. Les diverses appellations
Paragraphe 2 – Les origines et causes de l’informel
I. Genèse de la notion
II. Les causes de son émergence
Paragraphe 3 – Les caractéristiques du secteur informel
I. Les types d’activités de l’informel
II. Les caractéristiques de l’informel
SECTION 2 : Le secteur informel comme facteur de résilience pour l’économie
Paragraphe 1 – Impacts sur le plan macroéconomique
I. Un manque à gagner pour l’Etat
II. Un échec de la régulation étatique
Paragraphe 2 – Impacts sur le plan microéconomique
I. L’emploi dans l’informel : un travail pénible et indécent
a) Le non-respect des normes de travail
b) La non-application des autres normes sociales
II. Les impacts de la non-fiscalisation des activités informelles
Paragraphe 3 – La prolifération du secteur informel : un trait caractéristique du sousdéveloppement
I. L’économie informelle : une économie de subsistance aggravant la précarité du niveau de vie des travailleurs
II. La concurrence déloyale dans le secteur
SECTION 3 : Le secteur informel comme ultime recours dans la lutte contre la pauvreté
Paragraphe 1 – Le secteur informel : un « amortisseur social »
I. Un lieu de création d’emploi
II. Un lieu de formation des exclus du secteur moderne
Paragraphe 2 – Un secteur avec un potentiel élevé de croissance
I. Une contribution non-négligeable dans la production
II. Une ressource au niveau urbain
CHAPITRE II LA FINANCE INCLUSIVE : CLE DE L’INCLUSION DES POPULATIONS VULNERABLES
SECTION 1 : Approches théoriques de la finance inclusive
Paragraphe 1 – Généralités sur la finance inclusive
I. Définitions et origines
a) Définitions
b) D’où vient la finance inclusive ?
II. Les objectifs de la finance inclusive
Paragraphe 2 – Pour une inclusion financière efficace
I. Les intervenants
II. Les cibles
a) Les populations marginalisées par le secteur moderne
b) Les acteurs de l’informel
SECTION 2: La finance inclusive : une nouvelle perspective de développement pour les PED 27
Paragraphe 1 – Une finance « pro-pauvres »
I. La finance inclusive dans la lutte contre la pauvreté
II. La finance inclusive dans la réduction des inégalités
Paragraphe 2 – Une finance inclusive pour une croissance économique inclusive
I. Les conditions d’une croissance inclusive
a) Qu’est-ce que la croissance inclusive ?
b) Lien entre le développement financier et la croissance économique
II. Les mesures d’accompagnement de l’inclusion financière
Paragraphe 3 – Portées et limites de l’inclusion financière
I. Les opportunités
II. Les limites éventuelles
SECTION 3: La formalisation de l’informel: un processus complexe mais crucial
Paragraphe 1 – Enjeux de la formalisation
I. L’impératif de la formalisation
II. L’importance de l’approche institutionnelle
a) Le modèle de croissance inclusive
b) L’importance de l’approche institutionnelle
Paragraphe 2-Relation entre crédit aux plus pauvres et la formalisation du secteur informel
I. L’informel face à son problème de financement
II. La multiplication des microcrédits via l’inclusion financière ne fait que
contribuer à la prolifération du secteur informel
PARTIE II SECTEUR INFORMEL ET FINANCE INCLUSIVE DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE A MADAGASCAR
CHAPITRE III ROLE ET PLACE DE L’ECONOMIE INFORMELLE DANS L’ECONOMIE MALAGASY
SECTION 1: Structure et dynamisme du secteur informel à Madagascar
Paragraphe 1 – L’état de pauvreté à Madagascar
I. Mesures de la pauvreté
II. Evolution du phénomène
Paragraphe 2 – La crise de l’économie moderne : source principale de la prolifération de l’informel
I. Le sous-emploi généralisé
II. Le chômage déguisé
Paragraphe 3 – Les caractéristiques du secteur informel malagasy
I. Les activités de l’informel
II. Les travailleurs du secteur informel
SECTION 2 La prolifération du secteur informel malagasy : échec du développement effectif47
Paragraphe 1 – Au niveau macroéconomique
I. Beaucoup de manque à gagner pour l’Etat malagasy
II. Echec des politiques de régulation
Paragraphe 2 – La dégradation de la précarité des travailleurs
I. L’effet de la non-fiscalisation : une protection sociale faible
II. La dégradation du niveau de vie des travailleurs
SECTION 3: La performance du secteur informel dans la lutte contre la pauvreté
Paragraphe 1 – Un appoint de ressources pour la population
I. Une source de revenu pour les chômeurs
II. Une source de revenu annexe
III. Un appoint considérable de revenu pour les plus pauvres
Paragraphe 2 – Une part non-négligeable dans l’économie malagasy
I. Un secteur concentrant le maximum de population active
II. Une contribution importante dans la production marchande
III. Une source de création de richesse pour l’Etat malagasy
CHAPITRE IV LA FINANCE INCLUSIVE : UNE NOUVELLE PERSPECTIVE DE DEVELOPPEMENT POUR MADAGASCAR
SECTION 1: Madagascar et la finance inclusive
Paragraphe 1 – L’avènement de la microfinance
I. Historique
II. Evolution
III. De la microfinance à la finance inclusive
Paragraphe 2 – Les étapes déjà franchies
I. La déclaration de Maya
II. Les acteurs de la finance inclusive à Madagascar
III. Les différents programmes
Paragraphe 3 – Etat des lieux de la finance inclusive à Madagascar
I. L’offre en finance inclusive
II. La demande en finance inclusive
SECTION 2: La finance inclusive : une nouvelle perspective de développement pour Madagascar
Paragraphe 1 – Un système financier développé permet de lutter contre la pauvreté
I. Qu’est-ce qu’un système financier développé ?
II. Le développement de la finance inclusive est-il synonyme de système financier développé ?
III. Pourquoi la croissance inclusive devrait-elle être primée pour Madagascar ?
Paragraphe 2 – Madagascar : pour le développement de la finance inclusive
I. L’UNCDF à Madagascar
II. Les programmes proposés
III. Diagnostic de l’initiative
Paragraphe 3 – Portées et limites des programmes
I. Les opportunités proprement dites
a) Des initiatives : que peuvent-elles bien offrir à un pays comme Madagascar ?
b) Quels en sont les avantages tirés par les autres PED ?
II. Les obstacles à une inclusion financière efficace
SECTION 3 : L’inclusion financière et la formalisation du secteur informel
Paragraphe 1 – Les enjeux de la formalisation à Madagascar
I. La déconnexion entre le secteur informel et le secteur formel
II. Les imperfections des marchés
III. Les difficultés rencontrées par le secteur informel à Madagascar
Paragraphe 2 – Madagascar dans l’institutionnalisation du secteur informel
I. La difficulté de se formaliser à Madagascar
II. Quelle règle mettre en place ?
Paragraphe 3 – Le microcrédit aux plus pauvres et l’informel, Madagascar dans l’initiative d’une inclusion financière efficace
I. Les opportunités
II. Les limites contingentes
III. Des recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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