La filière litchi d’amont en aval
Sur la côte Est de Madagascar, le litchi (Litchi chinensis L.), espèce de la famille des Sapindacées, a été introduit vers la fin du XVIIIème siècle. Sa culture s’est développée sous l’impulsion d’une part des colons d’origine créole et asiatique et de l’administration coloniale sous la forme de petites plantations pures de surfaces variables et de jardins de case. Aujourd’hui le litchi est principalement exploité par le paysannat, au sein d’exploitations de tailles modestes. Si quelques parcelles monospécifiques existent, la majorité des surfaces en production relève de systèmes de culture de type agroforestiers (SAF) ou de jardins de case qui se sont dessinées au fil du temps. Cette évolution est à mettre en relation avec des facteurs économiques, socio-culturels, environnementaux et climatiques (et notamment les risques cycloniques).
Madagascar est le premier exportateur mondial de litchis frais. Compte tenu de l’importance de la filière dans l’économie locale et de son développement régulier suite à une demande croissante des marchés extérieurs depuis 1986, il apparait important de comprendre les stratégies d’occupation de l’espace retenues par les agriculteurs et de mieux cerner les facteurs à prendre en considération dans une perspective de développement durable de la filière. Parallèlement, ces informations sont recherchées par les importateurs et les exportateurs de litchis qui ambitionnent d’améliorer le fonctionnement de la filière en intervenant en amont de celle-ci par une meilleure connaissance de la localisation des sites de production, de leur structuration et de leur accessibilité. Ces informations devraient faciliter la mise en place par les acteurs d’un plan d’action et de développement de la filière ciblé sur les grandes zones de production.
Le litchi est un arbre à port étalé à tronc simple ou parfois multiple. Sa hauteur peut atteindre dans les zones de culture 10 à 15 mètres et la frondaison peut occuper une surface au sol de 80 à 300 m². Son feuillage de couleur vert franc peut se confondre avec celui d’autres ligneux rencontrés comme le manguier dans sa zone de culture. Cependant, les plantations en vergers de type monocultures et parcs arborés sont facilement repérables sur images satellites à Très Haute Résolution Spatiale (THRS). Le stage réalisé en 2015 sur le sujet par Hamidou Koara, étudiant du master Télédétection & Risques Naturels (TRN), a montré que dans la région de Tamatave les plantations de litchis des types monocultures et parcs arborés sont aisément repérables et cartographiables par photo-interprétation. Les plantations agroforestières sont plus délicates à localiser, en raison de l’hétérogénéité du couvert. Les critères permettant de reconnaitre un arbre litchi dans une plantation par photo-interprétation ont été établis à partir de l’analyse d’images THRS sur le globe virtuel Google Earth.
Le CTHT et GLOBALGAP
Le CTHT a été créé le 2 Avril 2001 à la suite de projets de développement de l’horticulture tropicale (fruits et légumes, épices et plantes ornementales principalement) qui ont débuté en 1996 sur financement du Ministère Français des Affaires Etrangères et de l’Union Européenne. L’objectif était de consolider les acquis de ces projets et surtout de fédérer les professionnels de l’horticulture malagasy au sein d’une structure interprofessionnelle pérenne. Cette structure est depuis sa création appuyée techniquement et scientifiquement par le CIRAD, Centre de recherche français basé à Montpellier en France, avec des actions communes menées par des chercheurs en postes à Madagascar et à La Réunion.
Le CTHT est actuellement une association interprofessionnelle malagasy, regroupant des personnes physiques et morales impliquées dans les filières horticoles adaptées au climat tropical de la côte Est de Madagascar. Actuellement sous-tutelle du MinAgri, l’association, par les actions qu’elle mène en appui au développement de l’agriculture régionale et nationale, est reconnue d’utilité public.
Les marchés européens constituent la principale destination des exportations de litchis de Madagascar. Pour réussir à y établir des partenariats d’affaires durables et profitables, il est de la responsabilité des professionnels de satisfaire à la fois aux obligations réglementaires de l’Union Européenne en matière sanitaire et phytosanitaire (SPS) et aux exigences commerciales des acheteurs. C’est la raison d’être de la mise en place de Global Good Agricultural Practice (GlobalGAP) depuis 2007, un système de certification qui fait suite à Euro-Retailers Produces (EUREPGAP). Ce dernier visait à l’harmonisation des référentiels et des procédures pour le développement de Bonnes Pratiques Agricoles (GAP) dans l’agriculture traditionnelle tout en soulignant l’importance de la production raisonnée et équilibrée et d’une approche responsable du bien-être des travailleurs. GlobalGAP est un référentiel intégré unique avec des applications modulaires pour différents groupes de produits, depuis la production végétale et animale en passant par les plants et semences jusqu’à la fabrication d’aliments composés (ANDRIANANJAVELO , 2008). Ce référentiel unique a commencé à toucher le litchi malgache en Allemagne ; et actuellement c’est le premier passeport pour livrer les produits dans l’Europe du Nord et dans d’autres pays.
Le litchi
L’arbre
Le litchi est un arbre de 5 à 6 mètres de hauteur moyenne qui peut atteindre 15 à 20 mètres à partir de 20 ans. Il a une silhouette généralement arrondie dressée en couronne dense, compacte et symétrique. Son tronc est court, il est souvent ramifié à la base. Un arbre de litchi peut vivre pendant plus d’un siècle (ZHANWEI Z. et al in ANDRIANANJAVELO, 2008). Les racines du litchi se développent dans le sol en fonction du mode de multiplication choisi. Les litchis plantés à partir de semis présentent des racines pivotantes, ceux qui proviennent du marcottage ont des racines plus superficielles.
Le litchi a des feuilles composées de 2 à 4 paires de folioles arrangées en ordre opposé ou légèrement oblique. Ces folioles sont souvent de forme elliptique, oblongue ou lancéolée, avec une base arrondie, une extrémité pointue et des bords relevés quelquefois ondulés.
Les fleurs de litchi apparaissent en position terminale et se mesurent en général 7-30 cm de longueur. Le fruit du litchi est une drupe groupée en grappes, de forme ronde ou ovoïde. Il peut atteindre 3 à 4 cm de diamètre. Une grappe peut contenir jusqu’à 20 fruits.
Le litchi et sa culture à Madagascar
À partir des estimations, 80% de la production totale fruitière à Madagascar provient d’arbres qui poussent naturellement sans entretien, 15% de la production provient de plants fruitiers entretenus par des paysans et 5% de la production provient de producteurs professionnels (PPRR, 2007). Par faute de données disponibles, la production du litchi se chiffre à environ 25000 à 35000 tonnes pour une superficie estimée à 5750 Ha (PPRR, 2007 in AFDIDrômes, 1994).
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Table des matières
INTRODUCTION
1. CADRE GÉNÉRAL
1.1. La filière litchi d’amont en aval
1.2. Le CTHT et GLOBALGAP
1.3. Le litchi
1.3.1. L’arbre
1.3.2. Le litchi et sa culture à Madagascar
1.3.3. Zone d’étude et bassins de production
1.3.4. Relief
1.3.5. Climat
1.3.6. Hydrographie
1.3.7. Sol et Végétation
1.3.8. La filière litchi à Madagascar
2. MATÉRIELS ET MÉTHODES
2.1. Données disponibles
2.1.1. Résultats antérieurs sur la photo-interprétation des litchis
2.1.2. Les inventaires de GlobalGAP et du CTHT
2.1.3. Données diverses
2.2. Approches utilisées
2.2.1. Photo-interprétation
2.2.2. Analyse spatiale
2.2.2.1. Relief et exposition
2.2.2.2. Distances aux cours d’eau et aux axes de communication
2.2.2.3. Densités en arbres
2.2.2.4. Taille des parcelles et des systèmes de culture
2.2.2.5. Age des arbres
2.2.2.6. Productivité
3. RÉSULTATS
3.1. Altitude
3.2. Pente
3.3. Exposition
3.4. Distances au réseau hydrographique
3.5. Distances aux routes principales
3.6. Densité d’arbres
3.7. Age des arbres
3.8. Taille des parcelles et des systèmes de culture
3.9. Productivité
3.10. Résultats de la photo-interprétation
4. DISCUSSIONS
4.1. Analyse des résultats
4.1.1. Le bassin de Tamatave-Nord
4.1.2. Le bassin de Tamatave-Centre
4.1.3. Le bassin de Tamatave-Sud
4.1.4. Comparaison des trois bassins de production
4.1.5. Analyse des résultats en photo-interprétation
4.2. Améliorations et perspectives
CONCLUSION
BIBIOGRAPHIE
ANNEXES