La Côte d’Ivoire est un pays marqué par une grande tradition agricole, qui lui confère aujourd’hui des performances remarquables dans le domaine des cultures d’exportation, notamment le cacao dont elle est le premier producteur mondial avec près de 1,4 millions de tonnes/an. Le secteur agricole joue un rôle prépondérant dans l’économie ivoirienne. En effet, l’agriculture représente environ 40% du PIB ivoirien. Mais, malgré ces résultats, force est de constater que les productions animales (élevage et pêche) demeurent encore marginales dans l’économie ivoirienne. En effet elles ne contribuent qu’à hauteur de 2,9% du PIB agricole et pour 1% du PIB total (5).
Aussi, afin de stimuler le développement de l’élevage, l’Etat ivoirien avait opéré, à partir des années 70, d’importants investissements publics dans le secteur des productions animales à travers la création de la Société de Développement des Productions Animales (SODEPRA), le financement de projets d’encadrement et de développement de l’élevage et la création d’infrastructures agro-pastorales notamment dans la région Nord du pays. Ces actions très diversifiées menées en faveur du secteur de l’élevage ont permis un accroissement substantiel de la production de viande. Les deux productions animales ayant connu les croissances les plus spectaculaires sont la production bovine et la production avicole. Ainsi, le cheptel bovin s’est considérablement accru de 1975 à 2001, passant de 465.000 têtes à 1.377.000 têtes soit une augmentation de près de 300%.
Mais, malgré les performances de l’élevage ivoirien, les résultats sont relativement modestes par rapport aux besoins des populations. En effet, la production nationale de viande bovine ne couvrait que 59% de la consommation globale en 2001 (9). Aussi, afin de couvrir ses besoins, la Côte d’Ivoire reste encore largement tributaire d’autres pays notamment ceux du Sahel (Mali, Burkina-Faso, Niger) pour son approvisionnement en viande bovine et ovine. Dans le nouveau contexte de libéralisation de l’économie nationale et de désengagement de l’Etat de la filière agricole découlant des programmes d’ajustement structurel des institutions de Brettons Wood, le gouvernement ivoirien appuyé par les bailleurs de fonds, s’est orienté vers une nouvelle vision du développement des productions animales à travers la mise en place de projets d’encadrement axés sur une allocation de crédits aux éleveurs.
GENERALITES SUR LES RUMINANTS ET LE CREDIT AGRICOLE EN COTE D’IVOIRE
LA FILERE DES RUMINANTS
L’ELEVAGE BOVIN
Le système d’élevage dominant en Côte d’Ivoire (C.I.) est l’élevage traditionnel extensif, sédentaire ou transhumant, surtout concentré dans la zone Nord mais il existe un élevage plus moderne pratiqué par les ranchs et les grands élevages spécialisés. Le cheptel bovin est concentré dans le Nord avec 80% des effectifs y compris la quasi totalité du cheptel transhumant et des bœufs de traits qui s’y sont développés grâce à la culture du coton dans la région Nord du pays . Le reste du troupeau est réparti au Centre (13%) et au Sud (7%) du pays (25).
L’ELEVAGE BOVIN VIANDE
L’élevage bovin viande ivoirien est caractérisé par l’existence de deux grands systèmes de production : l’élevage sédentaire très généralement entre les mains des nationaux et l’élevage transhumant (ou semi transhumant) pratiqué par des éleveurs d’origine sahélienne (Burkina faso et Mali) (19).
Les systèmes de production
Le système bovin sédentaire
Le système bovin sédentaire est présent sur l’ensemble du territoire avec cependant une très forte concentration dans le Nord. Le cheptel concerné est largement dominé par les races taurines, bien qu’une nette tendance au métissage avec des géniteurs zébus soit perceptible dans les régions centrales de la zone des savanes (Korhogo, Boundiali, Tengrela et Ferkessedougou) . Le système de production est caractérisé par des troupeaux de dimension modeste de l’ordre de 20 à 30 têtes, même si , dans le Nord du pays, ces unités de production sont souvent regroupées dans des parcs collectifs pouvant comprendre 100 à 200 têtes.
Le système d’élevage bovin sédentaire n’est pas homogène, on distingue trois types d’élevages : l’élevage traditionnel, l’élevage traditionnel amélioré et l’élevage moderne (17). L’élevage traditionnel est caractérisé par une conduite collective des animaux (parcs villageois et communautaires), la divagation des animaux en saison sèche, le faible degré d’intervention des propriétaires, le recours fréquent à des bouviers d’origine ouest-africaine et l’utilisation très restreinte d’intrants vétérinaires et zootechniques. Ce type d’élevage se distingue de l’élevage traditionnel amélioré.
En effet, l’élevage traditionnel amélioré est représenté par les fermes agro-pastorales bovines. Ce type d’élevage est caractérisé par des parcs individuels, un gardiennage permanent, un recours plus important aux intrants vétérinaires et alimentaires (sel et sous-produits agro-industriels) et, de plus en plus souvent, une intervention directe des propriétaires ou des membres de leur famille. En plus du système d’élevage traditionnel, il existe un élevage moderne. L’élevage moderne, est représenté en Côte d’Ivoire par les ranchs, les grandes stations d’élevage et les grands élevages privés. Ces élevages modernisés sont caractérisés par une taille des troupeaux très supérieure à la moyenne (plusieurs centaines de têtes), par une conduite rationnelle des animaux, l’application régulière de protocoles sanitaires (vaccination, détiquage, déparasitage interne, etc.), la distribution des sels minéraux et enfin par des efforts importants d’amélioration génétique sous forme d’achat de génisses et de taureauxde races N’Dama en provenance majoritairement du ranch de la Marahoué. Ces élevages sont plus nombreux dans les régions du Centre, de l’Ouest et du Sud.
Le système bovin transhumant
Le système bovin transhumant est majoritairement localisé dans la zone Nord, avec une concentration particulière sur la partie centrale de cette zone, de Boundiali à Ferkéssédougou. Schématiquement cet élevage est beaucoup plus homogène que l’élevage bovin sédentaire. La taille de l’unité familiale de production est importante avec 100 à 150 têtes en moyenne. Sur le plan génétique, les animaux zébus dominent largement, mais la tendance au métissage avec du sang taurin est fréquente (17).
Les bovins de culture attelée
Les bovins de culture attelée sont surtout localisés dans les régions cotonnières du Nord et sont estimés à environ 100.000 bœufs, pour un nombre de paysans concernés de l’ordre de 44.000. Dans de nombreux cas, en particulier dans les départements cotonniers du Nord, les paysans pratiquant la culture attelée possèdent très souvent un troupeau bovin au sein duquel les animaux sont prélevés, puis castrés et enfin dressés pour la culture attelée. En revanche, dans les départements cotonniers situés plus au Sud, régions plus nouvelles en culture cotonnière et en utilisation des bœufs de traction, l’acquisition des animaux est plus difficile (17).
Productivité
La productivité numérique globale, comprenant l’exploitation annuelle et le taux de croît du troupeau est généralement estimée en Côte d’Ivoire à 13,2% pour les taurins et 15,5% pour les zébus. L’exploitation annuelle moyenne s’établit respectivement à 12 et 13%. La production nationale de viande bovine a été estimée en 2001 à 23 753 tonnes pour une valeur totale de 32,71 milliards FCFA. Cette production assure 59% de la couverture globale en viande bovine (9).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES RUMINANTS ET LE CREDIT AGRICOLE EN CÔTE D’IVOIRE
CHAPITRE I : LA FILIERE DES RUMINANTS
I.1. L’ELEVAGE BOVIN
I.1.1. L’ELEVAGE BOVIN VIANDE
I.1.1.1. Les systèmes de production
I.1.1.1.1. Le système bovin sédentaire
I.1.1.1.2. Le système bovin transhumant
I.1.1.1.3. Les bovins de culture attelée
I.1.1.2. Productivité
I.1.1.3. Importations
I.1.1.3.1. Importations en vif
I.1.1.3.2. Importations de viande et abats bovins congelés
I.1.2. L’ELEVAGE BOVIN LAITIER
I.1.2.1. Les systèmes de production
I.1.2.1.2. Le système traditionnel semi-transhumant
I.1.2.1.3. Le système amélioré villageois sédentaire
I.1.2.1.4. Les élevages modernes
I.1.2.2. Productivité
I.1.2.3. Importations
I.2. L’ELEVAGE DES PETITS RUMINANTS
I.2.1. L’ELEVAGE OVIN
I.2.1.1. L’élevage traditionnel
I.2.1.2. L’élevage ovin amélioré
I.2.2. L’ELEVAGE CAPRIN
I.2.3. PRODUCTIONS
I.2.4. IMPORTATIONS
I.2.4.1. Importations en vif
I.2.4.2. Importations de viandes et abats
CHAPITRE II : LE CREDIT AGRICOLE EN COTE D’IVOIRE
II.1. LES ORIGINES DU CREDIT AGRICOLE EN AFRIQUE DE L’OUEST ET SON EVOLUTION
II.2. L’EXPERIENCE IVOIRIENNE EN MATIERE DE CREDIT AGRICOLE
II.2.1. LA BANQUE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE (BNDA)
II.2.2. LES FONDS SOCIAUX
II.2.3. LES AUTRES AGENTS ECONOMIQUES CONTRIBUANT AU FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE
II.2.2.1. Les Etablissements financiers
II.2.2.1.1. Les Banques commerciales
II.2.2.1.2. Le réseau des Caisses Rurales d’Epargne et de Prêt (CREP) et Coopératives d’Epargne et de Crédit (COOPEC)
II.2.2.2. Les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA)
II.2.2.3. Les Projets de développement rural
II.3. LE FINANCEMENT DE L’ELEVAGE DES RUMINANTS
II.3.1. PROJETS DE DIFFUSION DE NOYAUX D’ELEVAGE REMBOURSABLES EN NATURE
II.3.2. NOUVELLE APPROCHE DE FINANCEMENT PAR LES PROJETS DEDEVELOPPEMENT RURAUX
II.3.2.1. Le Projet BAD-Elevage phase II
II.3.2.2. Le Projet Laitier Sud
CHAPITRE III : LA PROBLEMATIQUE DU FINANCEMENT ET DU CREDIT POUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ELEVAGE DES RUMINANTS
III.1. LES BESOINS DE CREDIT DANS L’AGRICULTURE
III.1.1. LES CREDITS DE CAMPAGNE
III.1.2. LES CREDITS POUR L’ACHAT D’EQUIPEMENTS ET MATERIELS
III.1.3. LES CREDITS NECESSAIRES AUX GROUPEMENTS
III.1.4. LES CREDITS SPECIFIQUES A L’ELEVAGE
III.1.4.1. Les besoins en moyens de production
III.1.4.2. Les besoins de la formation et de la vulgarisation
III.2. LES CONTRAINTES AU FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE EN C.I
III.2.1. CONTRAINTES LIEES A LA DEMANDE DE CREDIT
III.2.1.1. Le contexte de la libéralisation du secteur agricole
III.2.1.2. Caractéristiques de l’environnement du secteur agricole
III.2.2. CONTRAINTES LIEES A L’OFFRE DE CREDIT
III.2.3. LES CONTRAINTES AU FINANCEMENT DES PROJETS D’ELEVAGE
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DU CAS DU PROJET LAITIER SUD METHODOLOGIE ET RESULTATS
CHAPITRE I : ETUDE DU SYSTEME DE CREDIT MIS EN PLACE DANS LE CADRE DU PROJET LAITIER SUD
I.1. OBJECTIFS DU PROJET
I.2. ORGANISATION ADMINISTRATIVE
I.2.1. LA CELLULE D’EXECUTION
I.2.2. LES MOYENS DE LA CELLULE D’EXECUTION
I.3. LE PROGRAMME DE CREDIT
I.3.1. LE MODELE DE FERME FINANCEE
I.3.2. LE FONCTIONNEMENT DU CREDIT
I.3.2.1. Les critères d’éligibilité
I.3.2.2. Les modalités de financement des fermes
I.3.3. LA COMMERCIALISATION
I.3.3.1. L’approvisionnement en intrants
I.3.3.2. Les ventes
I.3.4. LES REMBOURSEMENTS
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
II.1. ZONE D’ENQUETE
II.1.1. ETUDE DU MILIEU
II.1.1.1. La situation géographique
II.1.1.2. Le relief
II.1.1.3. La végétation
II.1.1.4. L’hydrographie
II.1.1.5. Le climat
II.1.2. LE PEUPLEMENT
II.1.3. LES ACTIVITES ECONOMIQUES
II.2. CHOIX DE L’ECHANTILLON
II.3. DEROULEMENT DE L’ENQUETE
II.3.1. LA PHASE DE PRE-ENQUETE
II.3.2. LE QUESTIONNAIRE D’ENQUETE
II.4. ANALYSE DES DONNEES
II.5. CALCUL DE PARAMETRES ECONOMIQUES
II.5.1. LE RENDEMENT DU CAPITAL INVESTI
II.5.2. LE RESULTAT NET D’EXERCICE
II.5.3. DETERMINATION DU COUT DE PRODUCTION D’UN LITRE DE LAIT DANS LE CADRE DU PROJET
II.5.4. DETERMINATION DU COUT DE PRODUCTION D’UN LITRE DE LAIT SANS LE PROJET
II.6. LES LIMITES DE L’ENQUETE
CHAPITRE III : PRESENTATION DES RESULTATS DE L’ENQUETE
III.1. IDENTIFICATION DES PRODUCTEURS INTERVIEWES
III.1.1. REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES PRODUCTEURS
III.1.2. PROFIL SOCIOLOGIQUE
III.2. ETUDE DU TROUPEAU
III.2.1. ORIGINE DU TROUPEAU
III.2.2. EVOLUTION DU TROUPEAU
III.2.2.1. Les effectifs de départ
III.2.2.2. Les effectifs au moment de l’enquête
III.2.2.3. Les problèmes sanitaires
III.3. GESTION DES FERMES
III.3.1. LA CONDUITE DU TROUPEAU
III.3.2. COMPLEMENTATION ET SUPPLEMENTATION
III.3.3. REPRODUCTION ET MODE DE TRAITE
III.3.4. ENCADREMENT ET SUIVI TECHNICO-SANITAIRE
III.3.5. LES PROBLEMES RENCONTRES
III.3.6. LA MAIN D’ŒUVRE
III.4. ANALYSE DU REVENU MONETAIRE DES PRODUCTEURS
III.4.1 EVALUATION DES RECETTES
III.4.1.1. Ventes de lait
III.4.1.2. Ventes d’animaux
III.4.1.3. Recettes totales
III.4.2. EVALUATION DES DEPENSES
III.4.3. CALCUL DES MARGES BENEFICIAIRES
III.4.4. CALCUL DE RENTABILITE
III.4.4.1. Le rendement du capital investi
III.4.4.2. Le résultat net d’exercice
III.4.4.3. La capacité d’auto-financement
III.4.5. LES REMBOURSEMENTS
III.4.6. UTILISATION DES BENEFICES GENERES
III.5. ETUDE DE L’IMPACT ECONOMIQUE DU PROJET
III.5.1. DETERMINATION DU COUT MOYEN DE PRODUCTION D’UN LITRE DE LAIT DANS LE CADRE DU PROJET
III.5.2. DETERMINATION DU COUT MOYEN D’UN LITRE DE LAIT SANS LE PROJET
CONCLUSION