Dans les anciennes sociétés d’éleveurs, des soins de base allant même jusqu’à la chirurgie en passant par la nutrition et la reproduction étaient menés par les éleveurs eux-mêmes, les traitements dépendaient de la médecine traditionnelle ou de la phytothérapie. Aujourd’hui, l’agent vétérinaire communautaire est un homme ou une femme qui peut lire ou écrire et qui a été choisi par la collectivité locale pour s’occuper de la production et de la santé animales dans sa communauté. Ce dernier, communément appelé auxiliaire, est un interlocuteur essentiel qui représente le dernier maillon entre le service public et l’éleveur. La formation d’auxiliaire est dispensée à proximité de la zone d’intervention, par le biais de sociétés de développement, d’ONG ou même d’associations parrainées par les institutions oeuvrant dans la santé animale.
Ainsi, les auxiliaires d’élevage sont considérés comme un anneau important pour accroître l’accessibilité aux services zoo-sanitaires en zone rurale. Cependant, ce système d’auxiliaires a fait, dés ses débuts, l’objet de certaines critiques de la part des techniciens de l’élevage. Aujourd’hui, dans certaines contrées telles que la zone cotonnière, ce maillon se révèle comme un élément essentiel dans la chaîne des prestations de services en élevage répondant ainsi à un réel besoin des populations rurales. A cet effet, des sociétés de développement ont lancé des programmes de formation d’auxiliaires d’élevage.
La filière cotonnière dans le monde
Contexte actuel
D’après ESTUR (2003), du Comité Consultatif International du Coton (CCIC), la surface cotonnière mondiale a diminuée par rapport à la campagne précédente d’environ 3,4 millions d’hectares (10 %) en 2002-2003 tombant à 3,2 millions d’hectares qui est la superficie la plus faible depuis 1993-1994. Cela serait dûe à l’infériorité des prix de vente par rapport aux coûts de production. L’essentiel de la baisse a été localisé dans l’hémisphère nord qui contribue pour plus de 90 % à la récolte. C’est ainsi que la Banque Mondiale (BM) et le CCIC ont prit l’initiative de regrouper tous les producteurs de coton pour échanger des informations sur la situation internationale du coton. De là, la situation préoccupante du secteur a été mise en relief face aux défis de la globalisation et du protectionnisme.
La production africaine possède un potentiel de progression importante à condition de lever certains obstacles. Il convient d’assurer la viabilité de la production et sa pérennité écologique par une plus grande maîtrise de la qualité, des coûts, une amélioration des rendements et un renforcement de la recherche. Cependant, l’effet des subventions constitue une menace pour la survie de la filière cotonnière en Afrique.
Les subventions cotonnières
Les pays africains sont très compétitifs avec des coûts de production parmi les plus bas au monde. Mais les subventions accordées aux producteurs aux Etats Unis et en Europe affectent le niveau des prix mondiaux. Plusieurs pays africains se sont enfin décidés à saisir les membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), sous forme de proposition, pour parvenir à réduire le niveau de subvention des pays riches et demander des dédommagements pour la filière cotonnière en Afrique.
En effet, les ministres africains, en choisissant d’alerter le comité de l’agriculture de l’OMC, souhaitent que cette instance qui veut obtenir un accord entre les pays membres pour une réduction progressive des subventions accordées à l’agriculture dans le cadre des négociations actuelles de l’OMC, se penche spécifiquement sur la question des aides à la production et à l’exportation cotonnière (AFRIQUE AGRICULTURE, 2003).
La suppression des subventions américaines à elle seule aurait permis d’augmenter la recette cotonnière d’environ 250 millions de dollars par an pour les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC). Ce montant représente environ 14 % des flux d’aide publique au développement dans la zone (AFRIQUE AGRICULTURE, 2003). Cela prouve bien l’impact de cette politique de subvention sur nos économies. Pour le moment, les Etats membres de l’OMC ne sont toujours pas parvenus à un accord pour la réduction et la suppression progressive des aides à l’agriculture.
La place du coton dans l’économie nationale
Le coton tient une place particulière dans l’économie sénégalaise. II génère près de 5% des recettes d’exportation du pays. Il est l’une des principales sources de revenu des populations du Sénégal oriental et de la Haute-Casamance. La production de coton est réalisée par plus de 50 mille petits exploitants. Elle est l’une des filières les mieux organisées du pays. Cependant, la production connaît ces dernières années un ralentissement, lié aux aléas climatiques, à la concurrence de certaines cultures de rente (arachide, etc.) et à la non maîtrise du parasitisme. A cela s’est ajoutée une baisse généralisée des cours qui a progressivement réduit l’impact de la dévaluation qui avait rendu le coton ouest-africain en général plus compétitif (DIENG, 2003).
Ainsi, dans le cadre d’une réorganisation du dispositif d’intervention rurale, la Société de Développement des Fibres Textiles (SODEFITEX), à travers sa Base d’Appui aux Méthodes et Techniques pour l’Agriculture, les autres Activités Rurales et l’Environnement (BAMTAARE), contribue au développement socio-économique en se chargeant des activités non directement liées à la filière coton. Les actions de son Service Elevage et Production Animale (SEPA) s’inscrivent parfaitement dans les directions d’une politique de développement de l’élevage avec la mise en place d’un vaste réseau de Relais Techniques en Productions Animales (RTPA).
Les politiques de développement de l’élevage au Sénégal
La contribution de l’élevage à l’économie nationale dépasse la production alimentaire directe et inclut les cuirs et peaux, le fumier et la traction animale. L’ensemble de ces éléments joue un rôle important dans la sécurité alimentaire des populations rurales et dans la lutte contre la pauvreté.
Les éléments d’une stratégie de développement de l’élevage
Sur le plan social, l’activité d’élevage emploie une main d’œuvre abondante, surtout parmi les ethnies d’éleveurs comme les peulhs (AKAKPO et LY, 2003). Pour être opérationnelle, une stratégie de développement de l’élevage doit nécessairement être fondée sur la sauvegarde des moyens de production que sont les ressources animales. Cette sauvegarde doit être combinée aux lignes d’action permettant d’en tirer une meilleure productivité. Une telle approche doit aller vers la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté qui sont au cœur du développement économique. Ces objectifs dépendent du succès des politiques à court, moyen et long terme afin de garantir la satisfaction des besoins des consommateurs tout en améliorant le revenu des producteurs. Les objectifs fondamentaux de cette stratégie de développement sont décrits comme suit :
– l’indépendance par une combinaison d’autosuffisance et de sécurité alimentaire ;
– l’efficacité économique en terme de valorisation des potentialités de productivité, de réduction des distorsions de prix, de fluidité de la commercialisation et de flexibilité de l’intervention des institutions ;
– l’équité dans les rapports de prix, des termes d’échanges Villes-Campagnes, l’accès à la terre et aux autres ressources naturelles renouvelables ;
– la conservation de l’environnement pour un maintien du capital foncier, la préservation des bases productives et la pérennité des structures sociales et des systèmes de production ;
– la stabilité économique et la cohésion sociale (MAE, 2001).
Cette stratégie de développement implique dans toutes ses dimensions les populations de base comme les Relais Techniques en Productions Animales.
Le contexte actuel
Avec l’avènement du Gouvernement de l’Alternance, toute la problématique du développement de l’élevage tourne à présent autour des concepts de sécurisation et de modernisation. En effet, face à la croissance démographique et à l’urbanisation, l’augmentation significative de l’offre en produits animaux constitue un enjeu primordial pour contribuer à la sécurité et à la qualité de l’alimentation des populations. Il s’agit dés lors de proposer de nouvelles formes de financement et d’intervention qui seront autant de garanties solides contre les risques environnementaux majeurs, l’insécurité alimentaire et la pauvreté par l’amélioration et la formation des acteurs de l’élevage.
L’amélioration et la professionnalisation des acteurs
Les axes opérationnels proposés dans cette perspective de développement de l’élevage prend en compte tous les acteurs du sous secteur. Il s’agit dans un premier temps de favoriser l’intégration des auxiliaires d’élevage dans les cabinets vétérinaires privés avec une amélioration de la qualité et du suivi des actions de santé animale de proximité. Puis dans un second temps, il faut participer au recyclage périodique du personnel des cabinets vétérinaires par l’intégrant des vétérinaires privés aux actions d’intensification et de production. Actuellement plus de cent docteurs vétérinaires exercent en clientèle privée dans l’ensemble du territoire national. Toujours pour la professionnalisation des acteurs, il faut favoriser les échanges d’expériences des opérateurs au niveau national et régional en organisant des séminaires et des voyages d’études et enfin de renforcer l’organisation des producteurs en partant de la base (MAE, 2001).
Cette meilleure prise en compte des acteurs et de leur implication dans le processus de développement doit impérativement passer par une plus grande formation de ceuxci. Cela favorisera une offre diversifiée de services ruraux avec l’avènement de certaines catégories socioprofessionnelles telles que les Relais Techniques en Productions Animales qui concourent à l’émergence de nouveaux métiers ruraux.
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Table des matières
Introduction
PREMIERE PARTIE : PLACE DES RELAIS TECHNIQUES EN PRODUCTIONS ANIMALES DANS L’ELEVAGE EN ZONE COTONNIERE DU SENEGAL
CHAPITRE 1 : L’ELEVAGE EN ZONE COTONNIERE
1.1 La filière cotonnière dans le monde
1.1.1 Contexte actuel
1.1.2 Les subventions cotonnières
1.1.3 La place du coton dans l’économie nationale
1.2 Les politiques de développement de l’élevage au Sénégal
1.2.1 Les éléments d’une stratégie de développement de l’élevage
1.2.2 Le contexte actuel
1.2.3 L’amélioration et la professionnalisation des acteurs
1.2.4 Implication des institutions dans le développement de l’élevage
1.2.4.1 Les institutions internationales
1.2.4.2 Les institutions nationales impliquées
CHAPITRE 2 : LA SANTE ANIMALE EN ZONE COTONNIERE
2.1 Les Principales pathologies et les méthodes de lutte dans la zone Cotonnière
2.1.1 Le profil sanitaire dans les régions de la zone cotonnière
2.1.2 Les méthodes de lutte dans la zone cotonnière
2.1.2.1 Les méthodes préventives de lutte
2.1.2.2 Les méthodes curatives de lutte
2.2 Les perspectives
2.2.1 Action de l’Etat et de ses partenaires
2.2.2 La présence des privés
2.2.3 Présence des RTPA
2.3 Les contraintes
2.3.1 Au niveau central
2.3.2 Au niveau du terrain
CHAPITRE 3 : LA PLACE DES AUXILIAIRES DANS L’ELEVAGE EN AFRIQUE
3.1 Historique et évolution des auxiliaires d’élevage
3.1.1 Pendant la période coloniale
3.1.2 Après la période coloniale
3.1.3 Différenciation entre les types de praticiens vétérinaires
3.1.4 Terminologies relatives aux auxiliaires
3.2 La situation des auxiliaires dans le secteur de l’élevage
3.2.1 Rôle des auxiliaires dans l’élevage
3.2.2 Motivation des auxiliaires de l’élevage
3.2.3 Le statut des auxiliaires dans l’élevage
3.2.4 Position des vétérinaires professionnels
3.3 Le système des auxiliaires au Sénégal
3.3.1 Définition
3.3.2 Fonctionnement du système
3.3.2.1 Formation des auxiliaires de santé animale
3.3.2.1.1 Les programmes de formation
3.3.2.2 Encadrement des ASA
3.3.2.3 Pérennité des ASA
3.4 Critiques contre le système
3.5 Perspectives
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE SUR LES RTPA EN ZONE COTONNIERE
CHAPITRE 1 : METHODE DE RECHERCHE
1.1 Choix et cadre de l’étude
1.1.1 Place de l’élevage en zone cotonnière
1.1.1.1 Définition et présentation de la zone cotonnière Sénégalaise
1.1.1.2 Importance du cheptel dans la zone cotonnière
1.1.1.3 Les caractéristiques de la zone en Elevage
1.1.1.3.1 Intégration agriculture-élevage
1.1.1.3.2 Promotion et développement des productions animales
1.1.1.3.2.1 La production de lait
1.1.1.3.2.2 La production de viande
1.1.1.3.2.3 La production avicole
1.1.1.3.2.4 Activités sanitaires et zootechniques
1.1.2 Les zones concernées et leur particularité en élevage
1.1.3 L’agriculture dans la zone cotonnière
1.1.4 La SODEFITEX
1.1.4.1 Condition d’émergence de la Direction du Développement Rural
1.1.4.2 Mission de BAMTAARE
1.1.4.3 Organisation de BAMTAARE
1.2 Enquête de terrain
1.2.1 Les cibles de l’enquête
1.2.2 La méthode de collecte des données
1.2.2.1 Approche participative
1.2.2.1.1 Participation aux rencontres RTPA-SODEFITEX
1.2.2.1.2 Entretiens avec les personnes ressources
1.2.2.2 Enquête par questionnaire
1.2.2.2.1 Questionnaire pour les RTPA
1.2.2.2.2 Questionnaire pour les professionnels
1.2.3 Calendrier de travail
1.2.3.1 Les prises de contact
1.2.3.2 L’échantillonnage
1.2.3.3 Déroulement de l’enquête
1.2.3.4 Période de l’enquête
1.3 Saisie et analyse des données
1.4 Limites de l’enquête
1.5 Actualisation de la base des données
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSIONS
2.1 Répartition des RTPA interrogés dans la zone cotonnière
2.2 Identification des RTPA
2.3 Formation des RTPA
2.3.1 Les acteurs et les méthodes de formation
2.3.2 Durée et nombre de formation
2.3.3 Complément de formation désiré
2.4 Rôles et activités des RTPA
2.4.1 Rôles d’assistants des professionnels
2.4.2 Rôle d’agents communautaires
2.4.3 Rôles des RTPA dans la distribution des médicaments vétérinaires
2.4.4 Rôles des RTPA dans l’encadrement des éleveurs
2.4.5 Rôles des RTPA dans le suivi des étables pour la SODEFITEX
2.5 Présence des RTPA
2.5.1 La pression d’encadrement
2.5.2 Le déplacement des RTPA
2.6 Rapports entre les acteurs
2.6.1 Rapports entre professionnels privés et RTPA
2.6.2 Rapports entre professionnels publics et RTPA
2.6.3 Rapports entre éleveurs et RTPA
2.6.4 Rapports entre la SODEFITEX et les RTPA
2.6.5 Rapports entre RTPA
2.7 Insertion des RTPA
2.8 Observations comparatives avec la zone sylvo-pastorale
CHAPITRE 3 : RECOMMANDATIONS
3.1. Recommandations en direction de l’Etat
3.2. Recommandations en direction des professionnels vétérinaires privés
3.3. Recommandations en direction de La SODEFITEX
3.4. Recommandations envers l’Ordre des Docteurs Vétérinaires du Sénégal (ODVS)
3.5. Recommandations faites à l’UA/BIRA sur la formation des auxiliaires d’élevage
3.6 Les recherches
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES