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La Fédération de la Vienne pour la pêche et la protection du milieu aquatique
La FDAAPPMA 86 est une association à but non lucratif régie selon la loi de 1901. Elle possède également le statut d’association de protection de la nature. La FDAAPPMA 86 coordonne les 31 associations agréées de pêche (AAPPMA) de la Vienne. Elle est située dans la zone ouest de Poitiers (Figure 2).
La FDAAPPMA 86 est gérée par un conseil d’administration composé de treize membres élus tous les cinq ans par les délégués des AAPPMA du département. Un président élu dirige la structure et définit les axes de gestion ainsi que les principes de la politique départementale en matière de pêche et de protection des milieux aquatiques.
La FDAAPPMA 86 a pour principales missions la protection du milieu aquatique, la gestion de la ressource piscicole et le développement du loisir pêche. Pour ce faire, elle mène des actions de mise en valeur et de protection de la ressource piscicole par des actions de restauration, elle mène des actions de sensibilisation et d’information du public et elle surveille le domaine piscicole du département à l’aide de leur garde-pêche particulier. Pour effectuer toutes ces missions, la FDAAPPMA 86 dispose d’une équipe de cinq salariés et des bénévoles.
Les objectifs de ce stage vont notamment contribuer aux missions du responsable technique Édouard Brangeon, chargé de mettre en place des études et des travaux sur les cours d’eau du département, ainsi que du chargé d’étude Brice Nowosielski, chargé de la réactualisation du PDPG (Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources Piscicoles).
La truite fario (Salmo trutta fario)
La truite fario est un poisson de la famille des salmonidés. C’est une forme naine sédentaire de la truite commune (Salmo trutta) (Muus et Dahlstrom, 2015). Elle colonise et passe toute sa vie dans les zones amont des bassins versants (Keith et al, 2011). La truite fario a le corps élancé, le dos foncé, les flancs nacrés à jaunâtres et parsemés de point noir et rouge. La densité et la couleur des points varient selon les cours d’eau et même à l’intérieur du même cours d’eau (Keith et al, 2011). L’extrémité de la nageoire adipeuse est rouge (Figure 3). La truite fario se nourrit principalement d’invertébrés aquatiques et terrestres, dérivants dans le courant (Puissauve et al, 2015).
Lorsque sa taille s’accroit, elle peut se nourrir d’autres espèces de poisson telles que des vairons (Phoxinus phoxinus), des chabots (Cottus gobio), des loches franches (Barbatula barbatula) et également des truitelles (Puissauve et al, 2015). Sa taille maximale va dépendre de la dimension du cours d’eau. Au niveau des ruisseaux étudiés dans cette étude, la longueur maximale était de 33 cm.
La période du frai de la truite fario est de début novembre à fin février (Baglinière, 1991 ; Keith et al, 2011). La densité de frayère dans un cours d’eau est très importante pour les populations de truite fario, car il existe une relation significative entre la densité de frayère et la densité et/ou la biomasse de truite (Delacoste et al, 1993).
Les frayères ont en générale une profondeur comprise entre 10 et 50 cm (Plasseraud et al, 1990 ; Delacoste et al, 1993). Les frayères sont localisées dans des zones de gravier, où les sédiments ont une taille comprise entre 1 et 5 cm (Baglinière, 1991 ; Delacoste et al, 1993 ; Roussel et Bardonnet, 2002). La vitesse de l’eau à proximité du fond doit être aux alentours de 25 cm/s (Plasseraud et al, 1990). Ce paramètre est très important, car le courant permet une évacuation des particules mises en mouvement par la truite et permet d’oxygéner les frayères (Delacoste et al, 1993).
Les abris rendent le milieu favorable pour la truite de fario. Ils jouent un rôle de protection, mais ce sont également des postes d’alimentation sur dérive (Maridet et Souchon, 1995). La présence de sous-berges, de blocs, d’embâcles et de zones profondes est fortement associée avec la biomasse et la densité de truite fario dans un cours d’eau (Baran et al, 1993). Une absence de ces abris peut entrainer une diminution de 55 % de la densité de truite fario (Lim et al, 1993). Les sous-berges semblent être l’abri privilégié par cette espèce (Lim et al, 1993 ; Baglinière, 1991), suivi ensuite par les enrochements et les embâcles (Lim et al, 1993). Les macrophytes peuvent également jouer un rôle d’abri pour les juvéniles (Maridet et Souchon, 1995).
Une grande diversité des habitats est une règle générale à respecter en matière de gestion des milieux trutticoles (Roussel et Bardonnet, 2002). Une grande mosaïque d’habitats avec la présence d’abris et d’alternances de faciès peu profonds et rapides ainsi que de faciès profonds et lents sont très importants pour le maintien des truites farios (Lim et al, 1993 ; Roussel et Bardonnet, 2002).
L’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes)
L’écrevisse à pattes blanches est un crustacé de la famille des Astacidés. Les populations sont situées dans les zones amont des bassins versants (Trouillé et al, 2007), dans des ruisseaux peu profonds au substrat grossier ainsi que dans des plans d’eau au substrat fin (Jay et Holdich, 1981 ; Reyjol et Roqueplo, 2002). L’écrevisse à pattes blanches possède des pinces rugueuses, un rostre triangulaire et la face interne de ses pinces est blanchâtre (Figure 4). Elle peut atteindre une taille de 130 mm (Boismartel et Pommeret, 2011).
L’écrevisse à pattes blanches est une espèce nocturne (Clavero at al, 2009). Elle est omnivore, se nourrissant surtout de détritus. Elle peut également consommer des animaux et des plantes (Smith et al, 1996 ; Robinson et al, 2000 ; Clavero et al, 2009).
L’écrevisse à pattes blanches demande en général une grande qualité des habitats et des eaux (Trouilhé et al, 2007). C’est une écrevisse sténotherme d’eau froide (Manenti et al, 2014). Elle préfère des températures de l’eau inférieures à 15°C (Manenti et al, 2014) et elle ne peut pas tolérer des températures de l’eau dépassant les 21-22°C (Trouillé et al, 2007 ; Puissauve et al, 2015). Elle demande également des eaux bien oxygénées, supérieures à 7 mg/l d’oxygène dissous (Trouillé et al, 2007). La concentration en ions calcium Ca2+ doit être supérieur à 5 mg/l afin de construite l’exosquelette de l’écrevisse (Jay et Holdich, 1981 ; Holdich et Rogers, 1997).
Cette écrevisse a des exigences strictes en termes de reproduction. Elle s’effectue en automne, durant la fin septembre ou pendant le mois d’octobre, lorsque la température de l’eau descend en dessous de 8-10°C (Carral et al, 1994 ; Trouilhé et al, 2007 ; Puissauve et al, 2015). L’éclosion à lieu au printemps, lorsque la température de l’eau augmente, en avril ou en mai (Trouilhé et al, 2007 ; Puissauve et al, 2015). Une femelle peut donner naissance à environ 30-60 juvéniles par an (Puissauve et al, 2015).
La présence de l’écrevisse à pattes blanches est fortement associée à l’existence d’une végétation rivulaire et de leurs racines dans l’eau (Smith et al, 1996 ; Reyjol et Roqueplo, 2002 ; Trouillé et al, 2007). Les adultes préfèrent les berges avec de larges racines tandis que les juvéniles préfèrent les berges avec des radicelles (Reyjol et Roqueplo, 2002). Le taux d’ombrage, le pourcentage de berge verticale et la densité de racine descendante dans l’eau peuvent expliquer 70 à 85 % de la distribution des écrevisses (Reyjol et Roqueplo, 2002).
Le second facteur qui est fortement associé à la présence de l’écrevisse à pattes blanches est la surface recouverte de substrat grossier (supérieur à 20 cm) dans le lit du cours d’eau (Neveu, 2000). En effet, ces habitas sont appréciés, car ils sont stables et offrent des abris de taille suffisante pour les écrevisses lorsqu’elles sont inactives (Neveu, 2000 ; Reyjol et Roqueplo, 2002 ; Clavero et al, 2009). Selon Trouillé et al (2007), la proportion de blocs de roche, de pierre et de galet doit être proche de 40-80 % pour être favorable l’écrevisse à pattes blanches.
En termes de gestion, la protection et la restauration de la végétation rivulaire sont impératives, car cela permet la création d’habitats favorables (Smith et al, 1996), la formation d’embâcle pouvant servir de refuge et de source de nourriture (Comm. pers. E. Brangeon), ainsi que le maintien d’une faible température de l’eau. Une recharge granulométrique adaptée permet également d’augmenter la densité d’écrevisse à pattes blanches (Neveu, 2000 ; Favaro et al, 2010). Selon Manenti et al (2014), il est également important de maximiser les connexions entre les populations natives et de les isoler des populations invasives.
Bassins versants, réseaux hydrographiques et pentes moyennes
Les bassins versants topographiques des cours d’eau à étudier ont été délimités à l’aide du logiciel ArcMap, de l’outil Arc Hydro et de la BD ALTI® 75m métropole. À l’aide du modèle numérique de terrain, le logiciel est capable d’identifier les lignes de partage des eaux des bassins versants. Pour les cours d’eau possédant une station de mesure destinée à l’évaluation de l’état des masses d’eau de la DCE, le bassin versant utilisé a été celui délimité dans la BD Masse d’eau métropole.
La BD Carthage 2014 métropole a été utilisée pour obtenir les réseaux hydrographiques dans chaque bassin versant. Des modifications étaient effectuées si des erreurs étaient observées lors des prospections de terrain. La longueur des cours d’eau et la superficie des bassins versants ont été calculées à l’aide du logiciel ArcMap.
La pente moyenne des cours d’eau a été calculée à partir de la formule suivante (les données d’altitude ont été fournies par la BD ALTI® 75m métropole) : ????? ??????? (%)= (???????? ????? (?)−???????? ???? (?))∗100???????? ?? ????? ?′??? (?).
Suivis hydro morphologiques
Des suivis hydromorphologiques ont été réalisés on niveau de chaque ruisseau en appliquant un protocole proche de celui du réseau d’évaluation des habitats (REH) (Vigneron et al, 2005), mais ayant un regard plus attentif aux habitats piscicoles. Le principal objectif de cette méthode est de donner un état des lieux du niveau d’altération des habitats au niveau des cours d’eau.
La première étape a été de découper en tronçon homogène le cours d’eau avant la prospection de terrain. Les tronçons ont été délimités lors de modifications majeures de la pente, de la largeur, de la géologie, de l’occupation des sols et/ou par la présence d’un obstacle à l’écoulement important. Les prospections de terrain commençaient tout à l’aval du cours d’eau et finissaient jusqu’à la limite amont. La collecte de données brutes sur le terrain s’effectuait à l’aide d’une fiche terrain (Annexe 1 et 2) et d’une canne de mesure télescopique.
En parallèle de la collecte de données brutes, les tronçons étaient découpés en segment. Les segments ont été délimités lors d’une modification importante de la profondeur, de la largeur ou de la hauteur de berge moyenne, lors d’un changement majeur de l’état de la ripisylve et lorsqu’un facteur de perturbation était présent (seuil de moulin, pont, etc…). Une fiche terrain a été remplie au niveau de chaque segment.
Les données brutes recueillies ont été (Annexe 1 et 2) : l’occupation des sols en rive droite et gauche ; la profondeur, la largeur et la hauteur de berge moyenne ; l’estimation de l’intensité des étiages ; les faciès d’écoulements présents (d’après Malavoi et Souchon, 2002), leur diversité ainsi que le faciès dominant ; la sinuosité du cours d’eau ; les sédiments dominants et secondaires (d’après Malavoi et Souchon, 1989), leur diversité ainsi que le degré de colmatage ; la densité de végétaux aquatiques ; la densité d’habitats piscicoles (bloc, fosse, racine, sous berge, embâcle) ; l’état de la ripisylve en rive gauche et droite ; l’observation de points de rejet, de prélèvements, d’obstacles à l’écoulement et de travaux.
Suivis physico-chimiques
La température des cours d’eau à étudier a été suivie à l’aide d’enregistreur de température HOBO®, mesurant la température de l’eau toutes les heures. Les sondes ont été posées dans des zones profondes et ombragées, zones les plus froides et où la faune piscicole se réfugie lorsque la température de l’eau devient trop élevée (Comm. pers. E. Brangeon). Les sondes ont été fixées à une racine ou à un arbre à l’aide d’un fil de fer.
Des données physico-chimiques récentes ont été fournies par l’agence de l’eau Loire-Bretagne sur les cours d’eau possédant une station de mesure destinée à l’évaluation de l’état des masses d’eau de la DCE. Pour les autres cours d’eau, j’ai réalisé les prélèvements d’eau sur le terrain et les paramètres physico-chimiques (pH ; conductivité ; oxygène dissous ; azote Kjeldahl ; nitrates ; nitrites ; ammonium ; phosphore total ; matières en suspension (MES) ; dureté totale ; demande chimique en oxygène (DCO)) ont été mesurés par le laboratoire Ianesco, à Poitiers.
Analyse des données recueillies
Afin de mesurer l’ampleur d’une ou de plusieurs perturbations au niveau des ruisseaux, les peuplements piscicoles observés lors des pêches électriques ont été comparés aux peuplements théoriques donnés par la biotypologie de Verneaux (1973, 1977) (Annexe 3 et 4). Le niveau typologique théorique des ruisseaux a été calculé avec la formule suivante : ?=0,45∗?1+0,3∗?2+0,25∗?3.
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Table des matières
Sommaire
1- Introduction
1.1 – Contexte
1.2 – Problématique
1.3 – Objectifs
2- Présentation du lieu de stage et des espèces cibles
2.1 – La Fédération de la Vienne pour la pêche et la protection du milieu aquatique
2.2 – La truite fario (Salmo trutta fario)
2.3 – L’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes)
3- Matériel et méthodes
4- Résultats
4.1 – Résultats globaux obtenus
4.2 – Résultats obtenus sur le ruisseau de la Crochatière
5- Discussion
5.1 – Bilan de 17 années de gestion patrimoniale sur les espèces cibles
5.2 – Propositions de gestion
5.3 – Propositions d’aménagement
5.4 – Cas du ruisseau de la Crochatière
Conclusion
Bibliographie
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