LA E-SANTE AU SERVICE DES MALADIES CHRONIQUES

INTRODUCTION

   L’objectif de cette thèse est d’établir un cadre de réflexion pour l’ensemble des acteurs de la santé tels que les laboratoires pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux et entreprises des nouvelles technologies souhaitant mettre sur le marché une solution e-santé. Une réflexion courante se crée chez ces derniers vis-à-vis des paramètres à prendre en compte lors de la création et la mise sur le marché de solutions e-santé mais aussi sur la manière d’innover dans ce secteur en forte expansion. Vous trouverez dans cet ouvrage une réponse, qui j’espère sera la plus exhaustive possible. De nos jours, le digital s’insère progressivement dans les pratiques de l’ensemble des industries, notamment celles des industries de santé. La e-santé englobe l’ensemble des innovations s’appuyant sur les technologies de l’information et de la communication pour la santé afin de collecter et générer des données. Elle impacte le monde médical à plusieurs niveaux allant de la prévention jusqu’à la guérison des patients. Avec le vieillissement constant des populations et l’augmentation du nombre de patients atteints de maladies chroniques, la e-santé joue un rôle de plus en plus important. Dans une vision de « patient centricity », la e-santé s’insère dans l’accompagnement des patients afin de permettre la réalisation de plusieurs objectifs : l’amélioration du suivi, la personnalisation et l’innovation des soins. Le but étant de diminuer les inefficacités des systèmes de soins et réduire les coûts. Cette modification de prise en charge des patients et des solutions associées transforme l’approche des industries pharmaceutiques pour favoriser une vision patient-centrée et non plus médicament-centrée. La e-santé étant un terme assez large, nous nous intéresserons dans cet ouvrage aux solutions digitales permettant un meilleur suivi des patients et une meilleure traçabilité entre le lien patientprofessionnels de santé notamment via la télémédecine, la m-santé ou la digitalisation des essais cliniques. Le « business model » des industries de la santé devra s’adapter pour obtenir cette approche de fournisseur de solutions associées à ses médicaments pour effectuer une réelle création de valeur. Cependant les enjeux se porteront sur le flou règlementaire ainsi que sur les enjeux de coût afin d’avoir une stratégie médico-économique pour permettre à ces solutions de voir le jour et d’obtenir un remboursement par les autorités de santé.

La fin du modèle Blockbuster

   Le modèle Blockbuster régnait pendant les années 90. Nous pouvons classifier les actions envers les prescripteurs en trois catégories dont l’impact de chacun tend à se modifier au fil des ans. (5) Le plus gros poste de dépenses des firmes était les visites médicales promotionnelles, qui représentaient respectivement 60 % des dépenses aux États-Unis, 68 % en Europe et 73,1 % en France. La visite médicale consiste en une rencontre entre un représentant industriel et un professionnel de santé (le plus souvent un médecin ou un pharmacien). Les visites médicales étant très coûteuses pour les firmes pour une efficacité limitée, celles-ci ont développé une série d’outils permettant d’améliorer la productivité des visiteurs médicaux et un ciblage des gros prescripteurs, les spécialistes de niche ou certains médecins hospitaliers. Plus récemment, elles ont multiplié les visites à distance (par téléphone, Internet ou par vidéoconférence). La presse médicale constituait le second poste d’intervention des laboratoires sur les décisions des praticiens. Ceux-ci interviennent dans le contenu éditorial de la presse médicale de deux façons : soit par l’intermédiaire du financement de publicités pour les médicaments, soit par la publication de résultats de recherche. Ces suppléments pouvant être sponsorisés par un laboratoire pharmaceutique sont généralement confondus avec les revues. Les budgets consacrés par les firmes à la presse médicale ont fortement diminué depuis le début des années 1990, les laboratoires pharmaceutiques ayant développé des sites d’information et de promotion médicales dédiés aux praticiens comme aux patients. Enfin, le troisième pilier correspond à des innovations permanentes dans un but de renouveler régulièrement le pipeline de blockbusters. Ainsi, les techniques de vente s’appuyaient sur un rythme soutenu d’innovations et de mises sur le marché de nouvelles molécules, imposé par la limitation dans le temps des brevets. Actuellement, l’industrie pharmaceutique doit faire face à de nouveaux enjeux, notamment assurer la gestion des pertes des brevets de leurs blockbusters (médicaments dont les ventes sont supérieures à 1 milliard de dollars) qui tombent dans le domaine public pour laisser place aux génériques. Dès la fin des années 90, ce modèle « blockbuster » a perdu en performance. Cela s’explique par la perte de brevets simultanée ainsi que par le durcissement de la règlementation par les régulations publiques. Le prix des médicaments innovants explosant, les régulateurs ont ainsi créés une stratégie économique autours des génériques afin de préserver l’accès universel aux soins.

La e-santé en 2020

   Dans cette seconde partie, vous trouverez la définition de l’e-santé ainsi que ses domaines d’application envers les différents acteurs de la santé. Le terme de e-santé (e-health en anglais) désigne « tous les domaines où les technologies de l’information et de la communication (TIC) qui sont mises au service de la santé », telle qu’elle a été définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1945 : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cela concerne des domaines comme la télémédecine, la prévention, le suivi d’une maladie chronique à distance (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque …), les dossiers médicaux électroniques ainsi que les applications mobiles. (10) Les nouvelles technologies permettent de générer des données, de les stocker, et de les utiliser à des fins d’amélioration de la santé des patients. La e-santé est un réel espoir d’amélioration de la prévention et de la prise en charge personnalisée des patients. Aujourd’hui, grâce au développement massif des outils de communication, les patients sont de plus en plus connectés entre eux et avec leur pathologie, permettant de générer une forte quantité de données utilisables par les professionnels de santé. La e-santé nous permet de voir émerger 5 objectifs principaux :
1. Amélioration des soins et thérapies : les TIC permettent de récolter et d’utiliser une grande quantité de données de santé. Leur analyse permet d’identifier de nouvelles innovations médicales telles que de nouvelles molécules, de nouvelles indications ou de nouvelles méthodes de diagnostic permettant une prise en charge plus rapide des patients.
2. Personnalisation des thérapeutiques : les données de santé personnelles collectées (génomes, activités, styles de vie, adhérence) permettent après analyse, de donner à chaque patient une thérapie personnalisée.
3. Augmentation de l’efficience : Au travers d’un suivi approfondi du parcours de soin du patient (prévention, diagnostic, traitement, et suivi) mais aussi par la réorganisation du maillage des professionnels et des structures de santé (Hôpitaux, Cliniques) permise par des méthodes de gestion des données de santé (Dossier Médical Partagé) et l’évaluation de la performance médicale des thérapeutiques et soins. Les solutions e-santé, par leur interactivité et leur habilité à rendre accessible les données de santé à tous les acteurs du parcours de santé permettent un gain de temps et de qualité de la prise en charge médicale.
4. Diminuer les coûts : Dans une optique de réduction de coût de la santé par l’État ces dernières années, la réduction des inefficacités, une augmentation de la coordination villehôpital ainsi qu’une plus forte implication des patients dans leur pathologie, permettraient évidemment une réduction du coût de la santé. Les solutions e-santé s’inscrivent dans cette trajectoire économique.
5. Améliorer l’accès à la santé : L’État doit faire face à la problématique des déserts médicaux et de part ce fait, des problématiques d’accès à la santé pour des populations rurales. La e-santé s’inscrit dans cette optique d’amélioration de l’accès au soin via des solutions telles que la télémédecine, la diffusion de l’information, le transfert de données.

Espace numérique de santé (ENS)

   Pour l’usager, il s’agit d’ouvrir, d’ici 2022, un espace numérique de santé (ENS) individuel et personnalisable, conçu comme un outil privilégié d’interaction entre l’usager et le système de santé. L’objectif est clair : repositionner le patient comme le premier bénéficiaire des services numériques en santé en lui redonnant les moyens d’être acteur de sa santé. Ce portail unique permettrait à l’usager de stocker et de gérer l’ensemble de ses données de santé (carnet de santé électronique ; dossier médical partagé ; ordonnances numériques, etc.), d’avoir accès à un agenda numérique de santé dans lequel les rendez vous et rappels liés à sa santé seront inscrits, mais aussi d’échanger des informations médicales avec les professionnels et établissements de santé grâce à une messagerie de santé sécurisée, et de télécharger des applications numériques de santé. Par ailleurs, grâce à l’intégration d’Ameli à cet espace numérique, l’usager pourra consulter, au travers de ce même portail, ses données de remboursement d’actes médicaux. Pour le professionnel de santé, la dynamique est identique : créer un « bouquet de services numériques », afin d’améliorer l’organisation et la qualité de la prise en charge du patient. Accessible en mobilité, ce bouquet permettrait au professionnel d’accéder, via son outil quotidien, notamment : aux données de l’ENS du patient (si celui-ci l’a autorisé), aux informations liées à sa pratique médicale, aux échanges sécurisés avec d’autres professionnels et avec son patient, ainsi qu’à différents télé-services de l’Assurance Maladie.

La m-santé

    Les géants d’internet que l’on appelle plus communément GAFAM pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, se renouvellent en investissant massivement dans le secteur de la e-santé. Leurs objectifs avec ce positionnement sont d’assurer le bien-être et la bonne santé des populations en favorisant la prévention et l’observance, de ralentir le vieillissement et même, objectif insensé pour certains, vaincre la mort. Inévitablement, l’irruption de ces nouveaux acteurs, avec leurs approches conventionnelles, dans un domaine aussi encadré et règlementé que le secteur de la santé, va entraîner une évolution de la pratique médicale. Dans les années 2000, l’accès à internet se faisait quasi exclusivement depuis un ordinateur installé à domicile. Après l’explosion du sans-fil, les smartphones et autres tablettes ont progressivement pris le relais. L’offre de santé digitale a commencé à se créer et s’est rapidement réorientée vers les usagers mobiles avec de nouvelles applications les ciblant spécifiquement, regroupées sous le terme de m-santé (m pour mobile). Concrètement, il s’agit de tous les services touchant de près ou de loin à la santé disponibles en permanence via un appareil mobile. (30) Il existe actuellement plus de 100 000 applications de santé destinées aux détenteurs de smartphones. Il est important de les distinguer en fonction de leurs objectifs :
• Solutions digitales à but de prévention ou maintien de la santé des utilisateurs (« Wellbeing Apps »)
• Solutions digitales permettant le suivi de pathologies chroniques et/ou favorisant l’observance des patients
• Solutions digitales favorisant la qualité de vie des patients via l’utilisation d’un dispositif médical
D’après un sondage effectué en mars 2016, 65 % des médecins se servent de leur smartphone pour faire leurs prescriptions (obtenir des informations sur un médicament ou une stratégie thérapeutique). Plus de la moitié (58 %) ont installé des applications à usage professionnel sur leur portable. Autour de 16 % à 18 % conseillent des applications ou des objets connectés à leurs patients. (30) Cela nous confirme l’intérêt de la e-santé et plus particulièrement de la m-santé qui, avec l’essor de l’utilisation des smartphones s’impose déjà auprès des professionnels de santé. La santé connectée et les nouvelles technologies font ainsi évoluer les habitudes et les mentalités, tant du public que des professionnels. Pendant de nombreuses années, le système de santé français fonctionnait selon la double logique du préventif et du curatif. L’ambition de certains nouveaux entrants, comme Google ou Amazon, est de transformer cette approche en passant d’un diagnostic réactif (une fois que la maladie s’est déclarée) à un diagnostic anticipatif, qui se ferait tout au long de la vie grâce à l’association continue de données de santé. Le futur utilisateur de ces solutions serait d’une certaine manière en consultation ou auscultation médicale permanente. Ainsi nous voyons le réel intérêt d’applications mobiles en santé et l’engouement des patients envers leur utilisation, cependant nous pouvons nous poser la question de la réelle utilisation de ces solutions par les patients.

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Table des matières

I. L’industrie pharmaceutique, un modèle économique en mutation
1) Une vision globale de l’industrie pharmaceutique en 2020
a) Un secteur guidé par le TOP 10 mondial
b) La règlementation, un frein à la croissance
2) D’un modèle Blockbuster à Custombuster
a) La fin du modèle Blockbuster
b) Le patient, au cœur d’un nouveau business modèle
II. La e-santé en 2020
1) La e-santé au sein du domaine public
a) La digitalisation, un enjeu du gouvernement
b) Dossier médical partagé (DMP)
c) Espace numérique de santé (ENS)
2) La e-santé au service des maladie chroniques, le nouvel enjeu des entreprises privées 
a) Le marché des maladies chroniques en France
b) Le patient, acteur de sa pathologie
c) La Télémédecine
d) La m-santé
i) Solutions à but de prévention ou maintien de la santé
ii) Solutions permettant le suivi de pathologies chroniques et/ou favorisant l’observance
iii) Solutions favorisant la qualité de vie via un dispositif médical
e) Recherche clinique, le numérique à l’essai
f) La e-santé, synonyme d’économie
III. VIH, une maladie chronique en quête de digital
1) Physiopathologie
2) Le digital : Solution au besoin non couvert
a) Diagnostic
b) Traitement
c) Maintien de l’observance
IV. Discussions & Recommandations
1) La sensibilité des données de santé
2) La loi RGPD
3) Blockchain, une protection innovante
4) L’interconnexion des outils digitaux
5) L’intelligence artificielle
V. Conclusion
VI. Annexes
1) Glossaire
2) Table des figures
3) Bibliographie

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