La dynamique socio-spatiale dans la périphérie urbaine

La revue de la littérature

   La littérature consacrée à la dynamique sociale et spatiale des espaces périphériques est importante et variée. Mais nous n’allons évoquer que les plus pertinentes. De nombreuses études ont été effectuées sur les quartiers périphériques. Certains auteurs ont parlé des facteurs liés à la dynamique dans ces quartiers. Philippe (A.) et Abdoulaye bara Diop (1995) en prenant l’exemple de Ouagadougou dans «La ville à guichets fermés ? Itinéraire, réseaux et insertion urbaine» parlent d’une forte croissance démographique dans les espaces périphériques qui marque «les modalités de la croissance urbaine dans les périphéries». A en croire ces deux auteurs, cette croissance est liée à l’immigration des populations venant du centre-ville. Ainsi la hausse des coûts des loyers, la saturation dans le logement font que le centre perd sa «fonction d’accueil au profit de la périphérie». Max Ducreu quant à lui, affirme que l’importance et la dynamique de la ville se jugent de par son accroissement démographique et sa croissance sur l’extérieur. Dans «Croissance urbaine en Afrique et Madagascar», il montre qu’au Kinshasa, en 1967, on a enregistré 110 000 déménagements alors que la ville n’avait pas encore atteint 1million d’habitants. Cette situation est inhérente au bas coût des terrains en périphérie. En outre, la naissance de bon nombre de ces quartiers périphériques est liée, dans une large mesure, à la colonisation. Pierre vennetier (1991) et Catherine coquery-vidrovitch (1988) affirment que l’installation de nombreux sites périphériques est liée à la colonisation. Pour Catherine coquery-vidrovitch, dès le début de l’occupation de Dakar par les colons, les habitants de cette ville notamment les lébous sont évacués pour que les Européens puissent s’installer. Vennetier de son côté dit que « la naissance et la croissance des quartiers ‘africains’ sont liées de façon étroite à celle des quartiers ‘européens’». Ainsi, les autorités coloniales encouragent et contrôlent l’extension des périphéries. Donc, nous pouvons défendre que la plupart des localités de périphéries résulte de l’extension de la ville. Philippe A, Diop A.B et leurs collaborateurs dans «Familles dakaroises face à la crise»(1995) signalent que Pikine est née des déguerpis de Dakar et est devenue aussi peuplée que Dakar et dont une bonne partie de l’habitat est irrégulière. Selon Fatou sow (migration et urbanisation au Sénégal (1981), les populations des zones de Hann et de Yeumbeul viennent soit des déguerpissements du centre, soit de l’exode rural massif. Cet exode est lié outre le manque d’emploi en milieu rural, à la sécheresse qui a sévi dans ces zones rurales. A en croire vennetier, Pikine a été lotie pour accueillir les déguerpis des ‘bidons villes’ du centre-urbain. L’extension de ces périphéries se fait généralement le long des axes de communications. Vennetier (1991) et beaujeu-garnier (1980) expliquent que l’extension des périphéries se fait souvent à proximité des axes de communications. De même, selon Beaujeu-garnier, ces quartiers vont avoir des liens fermes avec la ville renforçant ainsi leur caractère urbain. Cela est facilité par le développement du transport. Selon Derruau (1991), le transport permet à ces espaces de raffermir leur relation avec le centre-ville. La population effectue des déplacements grâce au  moyen de transport pour aller dans leur lieu de travail qui se trouve soit dans le centre ou dans une autre banlieue. L’activité économique est importante dans ces quartiers. Philippe (A.) et Diop (A.B.) objectent qu’il existe des fonctions commerciales au niveau de ces zones. D’après eux, celles-ci prennent une place déterminante en périphérie ouagalaise. Max Derruau déclare que les fonctions industrielles sont aussi notées. Dans ce sens, il confie que l’industrie se développe dans la banlieue avec des usines ; de plus, l’implantation de ces dernières est inhérente à la disponibilité de l’espace marqué par le faible prix des parcelles.

L’impact des déguerpissements dans l’évolution de la population

   Comme dans la plupart des pays du Tiers-monde, la capitale (Dakar) constitue la cible principale des migrants. Elle fût depuis longtemps le théâtre de rencontre de nombreuses populations venant de l’intérieur du pays. Ces dernières s’entassaient dans les bidonvilles à proximité des zones d’emploi. Face à cette situation, une vaste politique de déguerpissement a été entreprise sous le thème « les taudis sont dangereux pour la santé du Plateau » (Journal du 4 octobre 1973, cité par Marc Vernière, Dakar et son double, Dagoudane Pikine). A partir de 1952, on a décidé de jeter ces populations dans la périphérie, et c’est ainsi qu’est née Pikine. Cette politique a été poursuivie jusqu’en 1976. Dans cette ville (Pikine), les terrains appartenaient à l’Etat. Celui-ci procédait à une division des parcelles attribuées aux déguerpis. Ces dernières sont considérées comme des logements provisoires ; de ce fait l’Etat restait propriétaire et ne distribuait que des permis d’occuper. C’est dans cette optique qu’une loi sur le domaine national est adoptée en 1964 et qui va avoir un effet majeur sur la croissance de Pikine. Ainsi, apparaît dans cette même période Pikine irrégulier, un quartier sans aucun équipement. Selon la banque mondiale, en 1965 Pikineirrégulier comptait 18 500 habitants. Cette croissance va continuer, absorbant des villages traditionnels comme Thiaroye et Yeumbeul. Ce dernier commençait à partir des années 1960 à accueillir des populations issues des déguerpissements du centre-ville. Aussi, le croît naturel constitue t-il un facteur de l’évolution de la population de la CAYN.

Les éléments moteurs de l’intégration

   Les populations nouent des liens avec la ville et les autres quartiers de l’agglomération. Elles s’y rendent fréquemment pour diverses raisons :
Le travail : la majeure partie des résidants ne travaillent pas dans le milieu. Selon nos enquêtes, 22,7% des résidants ont leur service se trouvant dans le centre-ville. Cela se traduit par la concentration des activités économiques dans ce lieu. Plus de 30% travaillent entre Yeumbeul et les zones environnantes comme Yeumbeul sud, Guédiawaye, Thiaroye, Boune, Keur massar, Fass mbao… De même, il y a un nombre important de résidants qui se livrent à des activités qui se trouvent dans les quartiers éloignés de la CAYN comme Parcelles assainies, Ouakam, Castor, Rufisque Bel air, Médina… Donc pour travailler, les populations se présentent dans presque tous les quartiers de la capitale.
La santé : par défaut de services sanitaires qui soient à la portée de tous dans la localité, les résidants se déplacent vers les autres zones pour des raisons médicales. Les services les plus fréquentés dans ce domaine sont les hôpitaux du centre-ville, de Keur massar, de Thiaroye, Grand Yoff… et les centres de santé de Boune et de Fass mbao.
Les achats : le déficit en centres commerciaux dans le site pousse les populations à se rendre dans diverses zones de l’agglomération pour effectuer des achats. En outre, le développement des marchés hebdomadaires permet aux habitants des autres zones de fréquenter le milieu et vice versa.
Les études : les élèves et étudiants résidants dans la zone se déplacent quotidiennement pour regagner des établissements scolaires se trouvant soit dans la ville, soit dans les quartiers environnants ou éloignés.
Les relations entre la CAYN et les autres localités se font par différents modes de déplacements.

L’électricité

   Comme dans la plupart des quartiers de la région de Dakar, la principale source d’éclairage à YN est l’électricité. Elle est servie par la SENELEC. D’après nos enquêtes, 94,4% des résidants ont leur logement raccordé au réseau électrique. Cependant le réseau de distribution électrique de cette société ne sert pas encore certains quartiers où des populations vivent dans une obscurité totale, ce qui contribue à augmenter l’insécurité. Ceci entraine le recours des ménages aux branchements clandestins électriques, ce qui constitue un grand danger dans les quartiers concernés.

La gestion des ordures ménagères

   La bonne gestion du cadre de vie global dans la CA est encore très problématique au regard des difficultés et contraintes que vivent les populations par rapport à l’assainissement. En effet, la presque totalité des quartiers de la CAYN ne disposent pas d’un système adéquat de collecte des ordures ménagères. On note l’entassement des saletés dans des ruelles et à la périphérie des établissements humains, dans les maisons en construction (photo n°8) ce qui est déploré par les populations. Aussi, se lamentent-elles l’enfouissement anarchique des déchets à l’intérieur des quartiers. Cette situation résulte du manque de sites de dépôts des ordures et de l’inexistence de système d’assainissement collectif. Il s’y ajoute que les quartiers de la CAYN sont pour la plupart en habitat irrégulier, c’est-à-dire non lotis et non aménagés, avec des ruelles étroites ce qui fait que les camions de ramassage des ordures ménagères ne peuvent pas y accéder. Par contre au moment où certains résidants jettent leurs ordures dans des dépôts sauvages et que d’autres font recours aux charrettes, ceux situés à proximité des routes bénéficient du ramassage fait par les camions.

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Table des matières

Introduction
Problématique
I. Contexte et justification
I.1. Contexte
I.2. Justification
II. Etat de l’art
III. Méthodologie
III.1. Revue documentaire
III.2. Enquête de terrain
III.2.1. L’observation directe
III.2.2. Les enquêtes quantitatives
III.2.3. Les enquêtes qualitatives
III.3. Traitement et analyse des données
III.4. Les difficultés de terrain
Première partie : Présentation de la CAYN
Chapitre 1 : Cadre géographique 
1.1. La situation géographique
1.2. Etude du milieu physique
1.2.1. Le relief
1.2.2. Les sols
1.2.3. Le climat
1.2.4. La végétation
1.2.4.1. La végétation des niayes
1.2.4.2. La végétation des dunes rouges
1.2.4.3. La végétation des dunes blanches et jaunes
Chapitre 2 : L’étude du cadre humain
2.1. Historique du peuplement
2.2. Caractéristiques socio-démographiques
2.2.1. Une population jeune en prédominance féminine
2.2.2. Une population multiethnique
2.2.3. La structure socio-professionnelle
2.2.4. Une population en majorité alphabète
2.2.5. La taille des ménages
2.3. Les activités socio-économiques de la CAYN
2.3.1. Une agriculture peu développée
2.3.2. L’élevage dominé par l’aviculture
2.3.3. Diverses activités artisanales
2.3.4. Le commerce
2.3.5. Le transport
Deuxième partie : La dynamique socio-spatiale de la CAYN
Chapitre 1 : Dynamique de l’occupation du sol de la CAYN de 1966 a 2012
1.1. L’occupation du sol de yeumbeul nord en 1966
1.2. L’occupation du sol de yeumbeul nord en 1983
1.3. L’occupation du sol de yeumbeul nord en 2012
Chapitre 2 : Dynamique de la population de la CAYN
2.1. L’évolution de la population
2.2. Les facteurs de l’évolution de la population
2.2.1. L’impact des déguerpissements de la ville de dakar
2.2.2. L’apport naturel
2.2.3. Le phénomène migratoire
2.2.3.1. L’exode rural
2.2.3.2. La migration résidentielle
2.3. La répartition spatiale de la population
Chapitre 3 : L’intégration de la CAYN dans l’agglomération dakaroise
3.1. Les éléments moteurs de l’intégration
3.2. Les modes de déplacements
Troisième partie : Description de l’espace et problèmes socio-environnementaux
Chapitre1 : Description de l’espace
1.1. L’habitat
1.2. Des équipements socio-collectifs insuffisants
1.2.1. Les marchés
1.2.2. La voierie
1.2.3. L’électricité
1.2.4. L’eau
1.2.5. Le téléphone
1.2.6. Les écoles
1.2.7. Les structures de santé
1.3. Le système organisationnel dans la CAYN
1.3.1. Les organisations communautaires de base (OCB)
1.3.1.1. Les groupements de promotion féminine (GPF)
1.3.1.2. Les groupements d’intérêt économique (GIE)
1.3.1.3. Les associations
1.3.2. Les organisations non gouvernementales (ONG)
Chapitre 2 : Problèmes socio-environnementaux
2.1. Les inondations
2.2. Les problèmes d’assainissement
2.2.1. La gestion des ordures ménagères
2.2.2. La gestion des eaux usées
2.3. L’insécurité
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

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