LA DYNAMIQUE INCERTAINE DE L’AGRICULTURE

Une agriculture essentiellement vivrière

                 Nous parlons d’agriculture vivrière, sur la base de deux aspects : le premier, c’est l’objectif qui vise essentiellement la satisfaction de la consommation familiale et locale, le second, c’est l’utilisation des techniques agricoles qui restent traditionnelles. Dans notre zone d’étude c’est le cas dans notre zone d’étude ces deux aspects sont présents. Les enquêtes effectuées montrent que la taille de ménage est de sept personnes, dont cinq sont des enfants à nourrir. La charge pour une personne active paraît lourde surtout lorsqu’on se trouve dans le milieu rural et avec un revenu annuel à 2000000 FMG ou 40000 Ar à Manazary, de 2500000 FMG ou 50000 Ar à Analavory. C’est pour cela que les cultivateurs ont adopté trois solutions adaptées à leurs moyens, entre autre la culture vivrière, la vente des récoltes et la vente des plantes encore vertes. La première solution paysanne est la mise en culture des terroirs aux alentours des foyers qui deviennent des « petits jardins » fournissant l’alimentation journalière ou permettant juste d’acheter des produits de première nécessité : bougie, pétrole, allumettes. La deuxième solution est la vente des récoltes agricoles écoulée sur le marché hebdomadairement qui permet de subvenir aux besoins immédiats de la famille. La plupart des temps, elle reste insuffisante car la vente des récoltes ne fournit que 15000 à 20000 FMG. La troisième solution est considérée être la solution radicale qui permet de résoudre à court terme le problème : vendre les plantations encore vertes. La vente de cette plantation encore verte est le signe de l’extrême pauvreté du milieu rural. Elle tend à se généraliser pendant la période de soudure, surtout à Soamahamanina, Manazary, et Mandiavato où 13,05% des cultivateurs le pratiquent. Les paysans ne se soucient plus de la production de l’année en cours, et ils vendent à bas prix leurs plantations en voulant sortir de l’impasse immédiate. Les inconvénients de cette pratique sont : les efforts consentis par le paysan tout au long des trois ou quatre mois de travail n’aboutissent à rien, en plus les 80% des pratiquants sont obligés de s’endetter encore plus. Une situation qui ne permet pas de renouveler et d’améliorer les outils agricoles.

Le varibe ou la riziculture irriguée base de l’alimentation

                 La riziculture irriguée connue par la maîtrise de l’eau occupe les marais et les cuvettes. La surveillance de l’entrée d’eau requiert la vigilance de chaque ménage, sinon des usagers en amont détournent l’eau. Si nous nous référons aux travaux de champs, l’individualisme prend un essor fulgurant, laissant de côté le sens de la collectivité qui paraissait répondre aux besoins et à la mentalité paysanne malgache, pourtant les conséquences se répercutent sur la riziculture irriguée. C’est ainsi qu’il existe deux systèmes de culture pour la riziculture : extensif et intensif.
– le premier, dit système extensif, désigne l’utilisation des baiboho10. Ces derniers proviennent de l’alluvionnement auquel est soumis les rizières de marais et de vallées. La distinction du baiboho haut et baiboho bas évoque la spécificité de mise en culture ; Ils sont respectivement consacrés à la culture pluviale et à la riziculture. Ce qui montre une même appellation et aussi une même utilisation que dans le Nord ouest malgache. Les baiboho haut sont des rizières qui se trouvent à une altitude plus élevée que les cours d’eau, et restent difficilement arroser, ainsi le sol n’est que temporairement inondé. Le terme extensif mérite bien son emploi ici, de ce fait les baiboho haut endurent un délaissement total et les terrains sont semis directement sans repiquage avec des « ketsa poka » Le paysan ne lui accorde plus la moindre attention, il patiente tout simplement jusqu’à la récolte.
– le second, dit système intensif de riziculture, exige une maîtrise totale de l’irrigation et du drainage. Le manque ou le surplus d’eau condamne le rendement, par exemple dans le village de Behasy au bord de l’Itasy dans la commune de Manazary, les cultivateurs redoutent la montée des eaux pour les vary aloha11 , même si en général il est cultivé sur les sols hydromorphes. Ces sols sont les plus adaptés à la riziculture, et pour la plus part des temps tourbeux ou semi tourbeux. Ils subissent un engorgement permanent ou partielle de l’eau, c’est le cas dans la cuvette de l’Ifanja. Ce type de riziculture est qualifié d’intensif car les soins touchent les modes de cultures et malgré cela le rendement recherché reste encore faible. Dans le district d’Arivonimamo la faiblesse de la production, une petite augmentation de 5386 T soit 16,62% seulement, vient du fait que ce district n’a pas connu un ou des aménagements de marais tels Ifanja, Andohanitasy ou Analavory entre 1986 et 2004. Par contre à Miarinarivo, cette augmentation de la production, de l’ordre de 38886,8 T soit plus de 166,91%. Cependant sur le rendement nous constatons une faible progression de 0,977 T/ha soit 48,77% est enregistrée à Miarinarivo, contre 0,344 T/ha soit 15% à Arivonimamo. Ainsi cette augmentation est le fruit de l’aménagement d’Ifanja et aussi de l’accroissement rapide de la population, car la densité de la population du district passe de 51 hab/Km² en 1998 à 91,06 hab/km² en 2004. Par rapport à Arivonimamo, Miarinarivo paraissait produire des efforts, mais par contre la situation financière des ménages n’a pas encore connu de prospérité prometteuse du fait que l’accroissement de la population surpasse l’essor de la production.

La faiblesse de la scolarisation

                  Un indicateur de la pauvreté non monétaire est la scolarisation. Acquérir un certain niveau d’instruction permet aux paysans de sortir de l’impasse, ils peuvent venir en ville trouver du travail ou rester dans les villages pour être des instituteurs ou de quartier mobile et même des conseillers communaux. Cependant des chiffres alarmant montrent la difficulté où se trouve la scolarisation, le taux de déperdition scolaire dans les établissement publics est de 16% dans le niveau I puis descend à 6,8% pour le niveau II mais remonte à 16,9% pour le lycée13. Ce taux élevé de déperdition scolaire est imputable à plusieurs facteurs comme : la médiocrité des salles de classes, les élèves plus âgés ne supportent pas la discipline à l’école ce sont eux qui redoublent le plus14 et la proximité de Miarinarivo par rapport à la ville d’Antananarivo qui incite les élèves à continuer leurs études dans la capitale. Une autre cause majeur du taux de déperdition scolaire est liée à la faiblesse du pouvoir d’achat des parents pour soutenir la scolarisation de leurs enfants. Ainsi, ils doivent en moyenne fournir chaque semaine, avec trois enfants, 5 kilo de riz et au moins 50 000 FMG à part le loyer mensuel. Ce qui entraîne après quelques 2 ou 3 mois un problème financier crucial pour les activités agricoles.s Et la dernière cause est l’éloignement de l’école, ainsi les élèves doivent fournir pour les plus éloignés un parcours d’une heure pour se rendre à l’école, par exemple, ceux qui habitent à Ijely cherchant des meilleurs enseignants doivent se rendre à Miarinarivo, car il y a manque d’enseignant et le ratio élèves/Maître est de 1/57 pour le niveau I contre 1/52 à Soavinandriana et 1/59 à Arivonimamo. Pour les familles vulnérables ces situations sont insupportables, car même la moitié de ce revenu est impossible pour eux de la trouvée. (Photo n°02) Ainsi, la pauvreté rurale s’illustre par la faiblesse du budget des ménages, l’exiguïté des terrains cultivés, par la domination du faire valoir indirect et aussi par la faiblesse du pouvoir d’achat des parents d’envoyer à l’école les élèves. Mais n’est elle pas en synergie étroite avec l’inégalité spatiale ?

Les conditions naturelles favorables à l’agriculture

                       Les marais proviennent des circonstances géomorphologiques en rapport étroit avec le volcanisme. C’est-à-dire, pendant l’ère secondaire, le socle s’est mis en place. Le mi tertiaire a fait apparaître à l’Est le plateau de Miarinarivo et celui de Soavinandriana, et à l’Ouest pendant le fin tertiaire, l’aplanissement du Moyen Ouest se constitue. Entre les deux sous espace, une falaise restait ouverte au large de l’actuelle commune d’Analavory et du marais d’Ifanja. En ce temps le Mazy existait déjà et se déversait à l’Ouest, le Matiandrano au sud de l’actuelle Manazary passe au large de Soavinandriana. Mais l’avènement du volcanisme va bouleverser ce milieu pendant l’ère quaternaire. Dans l’Ouest, les cours d’eau ont été barrés, le Matiandrano va créer le lac Itasy, permettant ainsi de cultiver et d’aménager sous forme géométrique les larges vallées (photo n°04). Les coulées volcaniques ont p u recouvrir la falaise existante, donnant naissance à la chute de la Lily, lieu où se déverse les eaux du lac27 .Le résultat de ce barrage est l’apparition du marais. Les eaux stagnantes n’arrivaient pas à se ramifier et ont créé des zones basses humides : des sols noirs issus des laves de volcans et aussi des sols hydromorphes. Arrivé en ce lieu, les hommes même avec des moyens et outils dérisoires, ont pu l’aménager. Développant ainsi les cultures maraîchères telle les tomates, légumes, cornichon, haricots vert qui forment la réputation de l’Itasy et de l’Ifanja (Croquis n°02) La qualité et la quantité des récoltes de certaines cultures comme le cornichon dépendent de beaucoup de paramètres : la pluie, la température et la période de récolte. Ces cultures maraîchères sont surtout pratiquées par les paysans avec des petites exploitations. Cependant, les produits qu’ils obtiennent sont écoulés aisément sur le marché local, régional et même national. Ce qui leur offre un certain avantage par rapport à d’autres communes de l’Est du district. Cependant, les pommes de terre sont cultivées deux fois par ans. La première culture se fait sur des champs spécialement aménagés à cet effet. La deuxième après la récolte de riz, à la fin des mois de mai juin, sur des rizières. Ainsi, prenons quelques communes comme exemple, à Manazary la production atteint 45,3 T, à Analavory140 T et à Anosibe Ifanja 120 T. Ainsi, nous y apercevons une grande différence sur la production cependant la superficie consacrée à cette culture est presque le même dans chaque commune car à Manazary de 6,97 ha à Analavory de 7 ha et à Anosibe de 8 ha. La cause de cette dissemblance de production réside dans le fait que les deux dernières communes sont volcaniques. Par contre, même si des difficultés frappent le monde rural nous pouvons toujours dire que des changements sont enregistrés dans ce sous espace, permettant peut être dans un avenir proche.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE :LES INEGALITES SOCIALES ET SPATIALES DANS LE DISTRICT DEMIARINA RIVO
CHAPITRE I : LES DIFFICULTES DE L’AGRICULTURE ET LA PAUVRETE RURALE
A- Le revers de l’ensemble de l’agriculture
-Une agriculture essentiellement vivrière
Des outils rudimentaires
Des techniques peu performantes
-Une agriculture typique de l’Imerina
B-la dichotomie de la riziculture
-La riziculture pluviale en difficulté
-Le varibe ou la riziculture irriguée base de l’alimentation
C- La pauvreté rurale et les caractéristiques des foyers pauvres
-Le budget des ménages et l’exiguïté du terrain cultivé
– Le mode de faire valoir : handicap d’une stabilité sociale
-La faiblesse de la scolarisation
CHAPITRE II : DEUX SOUS ESPACES INEGALEMENT DEVELOPPES DANS LE DISTRICT DE MIARINARIVO
A- L’insuffisance de la mise en valeur du plateau de Miarinarivo, la partie orientale du district
-Le plateau de Miarinarivo, théâtre d’une forte érosion
-L’Est, un espace délaissé par les initiatives de développement
B- L’ouest du district un «développement qui tombe en panne» ?
Les conditions naturelles favorables à l’agriculture
-L’Ouest à l’ordre du changement
CHAPITRE III : DES ACTIONS INCOHERENTES EN VUE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
A- La faible efficacité des pouvoirs publics et des organisations non gouvernementales (ONG)
.La faible efficacité des pouvoirs publics
-Le désarroi de la CECAM et du PAAP
B- L’absence de synergie entre les différents acteurs économiques et les paysans
-Quel rôle pour l’Etat ?
– Les commerçants intermédiaires dans l’échange
DEUXIEME PARTIE : ANOSIBE IFANJA, ANALAVORY ET MANAZARY, DES COMMUNES DELAISSEES
CHAPITRE IV: ANOSIBE IFANJA, UNE COMMUNE « CIMETIERE DE PROJETS »
A- Les projets agricoles : des résultats mitigés
-Le marais, aménagé pour l’agriculture
– Essor agricole peu convaincant
B- Migration et problème foncier
-Migration, facteur d’impulsion de développement ?
– Le faire valoir indirect : en progression
CHAPITRE V : ANALAVORY, UN CARREFOUR TERNE
A- Les problèmes nés de la dislocation des concessions
-Les transformations spatiales actuelles
-La place des groupes ethniques dans le développement
B- Le marché d’Analavory : une réussite apparente
-un marché d’une grande envergure par son rayonnement ?
– Les tomates et les tabacs les fiertés d’antan relégués au second plan
CHAPITRE VI: MANAZARY, LA DUALITE DU PAYSAGE AGRAIRE
A- Une topographie accidentée
– Un milieu contrasté
-Ambohimiangara, origine d’ensablement
B- Un réseau hydrographique dense
-L’aménagement d’Andohanitasy : une solution à l’exiguïté des terrains cultivables
– La pêche: une activité alternative à l’agriculture
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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