Les différentes espèces de Jatropha à Madagascar
La famille des Jatropha compte 177 espèces, originaires d’Amérique centrale, parmi lesquelles se trouvent Jatropha Curcas et Jatropha Mahafalensis, qui est endémique au sud de Madagascar, et qui a aussi des semences oléagineuses. Jatropha curcas, dont la graine fournit une huile à usage industriel, peut être utilisée comme carburant et colorant. Jatropha gossypifolia, dont l’huile est purgative et la racine utilisée contre la lèpre. Jatropha integerrima à la floraison rouge décorative. Jatropha podagrica, est armé d’un feuillage coriace vert foncé, et d’une tige bombée à la base, avec de rares branches terminales en « touffe ». En floraison toute l’année, sa croissance est lente et sa hauteur peut atteindre 1m50, dans son milieu d’origine. Jatropha multifida, dont les feuilles sont consommées au Mexique. On rencontre aussi cette plante, ici à Madagascar, on en dispose deux variétés, à savoir : Le jatropha Mahafalensis qui se trouve dans la partie sud de l’île le jatropha curcas, dans la partie nord. Elle a pour nom vernaculaire « valavelona, voanongo, tanatanampotsy, savoa, voanjohazo ».
Préparation des semences et production des jeunes plants
a- Préparation des boutures : Dans un premier temps, le projet s’approvisionne directement auprès des villageois avoisinant, en tiges, d’une longueur moyenne de 150 à 200 cm. Pour éviter la transmission des maladies, à partir des boutures contaminées, les parties de la tige blessées ou infectées ou parasitées sont éliminées. Ensuite, les boutures saines pourvues d’entre nœud régulier sont coupées de 25 cm à 30 cm, à raison de 5 à 6 nœuds. La thermothérapie des boutures constitue une mesure prophylactique et rend les plants vigoureux. L’opération consiste à immerger, dans de l’eau chaude, à 47°C, pendant 30 minutes, les boutures préparées, avant de les planter.
b- Préparation des graines : Les fruits sont cueillis directement des arbres, en choisissant les fruits mûrs, qui seront plus tard décortiqués, pour avoir des graines. Les graines sont ensuite séchées pendant deux semaines à un mois. Un triage manuel s’opère avant le trempage à l’eau fraiche, durant 24 heures. Les graines sont laissées s’égoutter durant quelques heures, sous le soleil, puis elles sont placées dans un endroit ombré, pendant 2 à 3 jours, pour leur permettre de germer. Le traitement des graines au « lenthialm super » est nécessaire pour lutter contre les maladies cryptogamiques et les insectes portés par les graines.
c- Production de jeunes plantes issues des graines : Des plates-bandes pouvant supporté 1 000 pots en sachets plastiques noirs sont aménagées. Un substratum composé de terre, de fumure et de sable savamment dosé, constitue le sol de développement des jeunes plants. La préparation des graines, utilisées comme semis, emprunte le même itinéraire technique que celui que les graines subissent, lors des mêmes traitements, annoncés précédemment. A partir du 3ème jour, une graine pré-germée sera repiquée dans des pots remplis de substrat préparé. Cette préparation sera mise à l’ombre, jusqu’à l’éclosion d’au moins une première feuille. L’arrosage journalier doit être réalisé, jusqu’à la période favorable à la transplantation des jeunes plants. Au fait, un jeune plant d’un mois à un mois et demi de germination est prêt à la transplantation. La production de jeunes plants par la méthode moderne, appelée « micro propagation », sera développée ultérieurement, au fur et mesure que l’exploitation évolue, et ce, en cohérence avec la mise en place d’un laboratoire de recherche y afférent.
Préparation des trous
Le travail manuel, en combinaison avec la mécanisation agricole, particularité des grandes exploitations agricoles, caractérise l’itinéraire technique de la plantation. Cette approche technique nécessite l’introduction de plusieurs mains d’œuvre, dans la plantation. Par contre, la mécanisation à l’aide de matériels agricoles modernes optimise le traitement de certains types d’opération. La confection des trous constitue la première opération de préparation du terrain de plantation de Jatropha. Au fait, des trous d’environ 40 cm de diamètre et d’une profondeur de 30 cm, et espacés de 4 mètres, entre les plants, avec 4 mètres d’interlignes, sont réalisés à l’aide de tarières manuelles, auxquelles sont préposées deux personnes. Néanmoins, en pente, l’alignement sera seulement espacé de 1,5 mètre, au lieu de 2,5 mètres habituels, et disposé en courbe de niveau, pour réduire la vitesse de ruissellement des eaux pluviales, provoquant l’érosion. Chaque trou sera par la suite rempli de fumure ou d’engrais organique de 2 à 2,5 kg, mélangé préalablement avec de la terre extraite du même trou. Les graminées et/ou arbustes se trouvant entre les trous ne seraient pas arrachés, afin d’assurer un couvert végétal permanent, pour faire face au lessivage agressif des averses qui s’abattent dans la zone de plantation. A noter que les trois types de plantation requièrent la même préparation de trou.
Obstacles et difficultés liés à la culture de jatropha et son investissement
Comme nous l’avons montré dans le chapitre qui traite des investisseurs, nous sommes confrontés à toute une série de risques relatifs à la plantation du Jatropha. Voici, en résumé, les plus grandes difficultés, à ce propos:
A- Risques généraux : C’est une plante sauvage, dont les concentrations varient fortement. Il est alors difficile de calculer les taux maximaux en matière de croissance et de récolte. Il faudrait ainsi beaucoup plus approfondir les recherches sur la plante, pour augmenter notre savoir en matière de soins, et autres connaissances utiles. En règle générale, le savoir des paysans présente de grosses lacunes, non seulement sur les possibilités offertes par le Jatropha, mais aussi, très concrètement, sur les meilleures pratiques et conditions culturales du Jatropha. Cela est d’autant plus difficile que les expériences valables, pour une partie du pays, ne sont pas toujours transposables, sans conditionnalités, dans d’autres contrées. Dans plusieurs régions du pays, le manque de précipitation ou une réduction dans la durée de la période de pluie ont occasionné des pertes ou un affaiblissement bien visible des plantes.
B- Qualité des semences : Dans le cas de la multiplication végétative, il faut particulièrement surveiller la semence. La capacité de germination baisse assez rapidement dans les conditions climatiques qui règnent à Madagascar. La plus grande difficulté est de réussir à entreposer les semences dans un endroit sec et frais. Si ces critères ne sont pas respectés, on assiste très rapidement à une réduction significative de la faculté de germination. Les impacts sur la capacité de germination sont visiblement importants, lors des variations de température ou d’humidité ambiante. Faire sécher la semence par insolation brutale entraîne également la réduction de la qualité des germes.
C- Maladies des plantes et insectes : Comme toutes les cultures agricoles, le Jatropha n’échappe pas non plus aux dangers des maladies, des champignons, des insectes et autres organismes nuisibles. Il faut donc surveiller la plantation et, le cas échéant, prendre les mesures adéquates. Les groupes d’insectes nuisibles suivants ont pu être particulièrement observés1 : Criquets, Papillons et leurs larves, coccinelles, Punaises, Coccinelles et leurs larves, Mille-pattes. Ce sont des insectes et organismes nuisibles qui constituent le plus grand risque pour les germes. C’est pour cela que le semi-direct pose des problèmes particuliers, que les dirigeants doivent prévoir et gérer.
D- La pression des mauvaises herbes : En particulier, pendant la période des pluies, ce ne sont pas seulement les plantes cultivées qui poussent, mais il y a aussi la flore qui les accompagne habituellement. Dans ce contexte, le problème se pose pour trouver la meilleure façon de préparer la terre, de manière à influencer la croissance de cette flore qui pousse en parallèle. On peut globalement envisager différentes techniques, telles que le labour, le binage, le sarclage, la coupe ou encore l’utilisation des herbicides. Selon le type de préparation de la terre, on peut plus ou moins bien effectuer une culture mixte1. Il est sûrement opportun, en tout cas, de recouvrir la terre, soit en plantant différents types de plantes, telles que les légumineuses, pour l’amélioration du sol et l’apport en azote, soit en la recouvrant de matières mortes, pour réduire la perte en eau et pour améliorer le sol. De plus, la plantation de cultures adéquates contribue à réduire les risques d‘érosion.
Production sur de petites surfaces
1) Dans le cadre du modèle «Outgrower» ou «contract-farming» : Deux firmes font la promotion du modèle de «Contract-Farming»: Elles concluent des contrats avec des paysans; ces contrats offrent, en gros, une garantie aux paysans que leur récolte de jatropha sera achetée par les firmes contractantes. Du point de vue environnemental, il est sûrement plus avantageux de produire par petites parcelles que d’exploiter et gérer de grandes plantations. Mais par contre, dans cette forme de production, le paysan est complètement seul à supporter tous les risques.
2) Promotion des plantations appartenant aux paysans : Les programmes pour le développement des zones rurales ou pour la lutte contre l’érosion, tels qu’ERI et PLAE, essaient d’améliorer, grâce au jatropha, les revenus des paysans à la campagne; ils travaillent à la promotion du jatropha, pour l’utilisation locale et régionale de ses produits et dérivés. Contrairement au modèle «Outgrower», l’huile est utilisée, dans ce cas-là, par les paysans eux-mêmes, ce qui apporte généralement une valeur ajoutée plus importante à la campagne. Par la suite, des informations sont réunies sur les différents acteurs. Certaines de ces informations proviennent de source tierce, dont la fiabilité reste à vérifier. A côté des acteurs qui sont déjà actifs, depuis quelques années, quelques grandes prévisions d’investissement sont présentées.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
GLOSSAIRE
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DU JATROPHA ET SES UTILITÉS
CHAPITRE I : LES GENERALITÉS SUR LA PLANTE JATROPHA
SECTION I : LA PLANTE JATROPHA
§1- Description brève de la plante jatropha
§2-Les besoin écologiques
§3-Les différentes espèces de Jatropha à Madagascar
SECTION II : LES METHODES DE CULTURE DE JATROPHA
§1- La technique de plantation
A- Préparation des semences et production des jeunes plants
a- Préparation des boutures
b- Préparation des graines
c- Production de jeunes plantes issues des graines
B- Plantation
a- Préparation des trous
b- Repiquage des boutures
c- Semis direct des graines
d- Transplantation
C- Entretien et contrôle phytosanitaire
D- Récolte de graines
E- Stockage des graines
§2- La Multiplication de jatropha
§3-Obstacles et difficultés liés à la culture de jatropha et son investissement
A- Risques généraux
B- Qualité des semences
C- Maladies des plantes et insectes
D- La pression des mauvaises herbes
CHAPITRE II : LES ACTEURS PRINCIPAUX DU DÉVELOPPEMENT DE LA FILIERE JATROPHA À MADAGASCAR
SECTION I : L’ORGANISATION DE LA FILIERE JATROPHA
§1-Modèle familial d’organisation de la production
§2-Production sur de grandes plantations
§3- Production sur de petites surfaces
SECTION II : LES GRANDS INVESTISSEURS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX DE JATROPHA À MADAGASCAR
§1- Green Energy Madagascar (GEM) S.A.R.L.
§2- Jatro Green S.A.R.L.
§3- JSL Biofuels
§4- Projet Delta Jatropha Madagascar (PDJM)
CHAPITRE III : L’UTILISATION MONDIALE DU JATROPHA ET SA CONSIDERATION ÉCONOMIQUE
SECTION I : LA POSSIBILITE D’UTILISATION
§1- Utilisation classique de jatropha curcas à Madagascar
§2- Utilisation moderne et sa transformation
A- Utilisation de l’huile
a- Huile lampant
b- Carburant de moteurs diesel
c- Matériel de base pour la production de savon
B- Transestérification en biodiesel
C- Transformation et extraction d’huile
a- Matériel pour l’extraction de l’huile
1- Presse de Bielenberg
2- Presses motorisées
3- Tiny Tech
4- Hongyuan Machinery Co.
SECTION II : LES CONSIDERATIONS ÉCONOMIQUES
§1- Plantation à l’échelle des petits exploitants
§2- Production à l’échelle industrielle
A- Production de l’huile végétale
B- Production de biodiesel
§4- La production envisagée et les prix au niveau local et international
A- La production mondiale de biocarburant
a- Chiffres clés 2005
b- Chiffres clés pour l’année 2008
B- Le Marché local
a- Chances
b- Situation actuelle
C- Le marché international
a- Trois facteurs sont particulièrement décisifs pour mettre en exergue le potentiel énorme des marchés internationaux
DEUXIÈME PARTIE : LES IMPACTS DE L’EXPLOITATION DE JATROPHA SUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
CHAPITRE I : LES IMPACTS DE L’EXPLOITATION DE JATROPHA SUR LA POLITIQUE ÉNERGETIQUE
SECTION I : LES POLITIQUES FAVORABLES AU DÉVELOPPEMENT DE L’ÉNERGIE RENOUVELABLE À BASE VÉGÉTALE
§1- Présentation des différents agrocarburants
§2- Implication historique du biocarburant sur la politique énergétique
§3- La nature de la politique de soutien par les pays producteurs à l’échelle internationale
A- Au Brésil
B- En Europe
C- En Amérique du nord : le cas des Etats-Unis d’Amérique
D- En Afrique
E- En Inde
SECTION II : LES IMPACTS SUR LA POLITIQUE ÉNERGETIQUE NATIONALE
§1- La situation énergétique à Madagascar
A- Forte dépendance énergétique
B- Les malgaches et le manque d’énergie : « l’île rouge » est aussi « l’île noire »
a- La très faible électrification du pays et ses conséquences multiples
b- Vivre avec peu d’accès à l’énergie dans le monde rural
c- Des difficultés multiples dans les grandes villes
§2- Analyse de la demande de gasoil (Année 2006-2009)
§3- Le défi national en ce qui concerne l’énergie
A- Programme national pour l’énergie
B- Politique énergétique nationale
a- De l’approvisionnement en énergie organisé au niveau sectoriel
b- De la politique énergétique transectorielle
§4- La diminution de la dépendance à l’énergie fossile
§5- Calcul pour Madagascar
CHAPITRE II : LES IMPACTS SOCIO-ÉCONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX
SECTION I : LES ÉVALUATIONS SOCIO-ÉCONOMIQUES
§1- Au niveau économique
A- Avenir de la filière dans l’économie Malagasy
a- L’impact de l’augmentation des devises sur l’économie
B- Contribution à la balance de paiement
a- Effets négatifs sur la balance des paiements
b- Effets positifs sur la balance des paiements
C- Réduction de l’importation
D- Création d’emploi
E- Augmentation des revenus
F- Concrétisation de la croissance économique régionale
§2-quelques indicateurs des avantages socio-économiques
SECTION II : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
§1-Réglementation de la gestion et l’évaluation environnementale
A- La politique de l’environnement à Madagascar
B- Le rôle de l’administration
§2- Le Bilan environnemental
A- L’effet environnemental des cultures (eau, sol, air, flore, faune, paysage)
a- Impact négatif
1- Impact sur le sol
2- Impact sur l’eau
3- Impact sur l’air
4- Impact sur la flore
5- Impact sur la faune
6- Impact sur le paysage
b- Les mesures à prendre pour maîtriser les impacts négatifs
c- Les impacts positifs
B- Economies énergétiques et émission de gaz à effet de serre
CHAPITRE III : LES OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT DE L’UTILISATION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES
SECTION I: QUELQUES OBSTACLES
§1- Les obstacles politiques
§2- Les obstacles financiers
§3- Les obstacles au niveau des moyens humains
SECTION II: LES PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES POUR LA PROMOTION DES ÉNERGIES NOUVELLES ET RENOUVELABLES
§1- Les perspectives
§2- Recommandations spécifiques
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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