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Les vasières à mangrove
Etendues côtières couvertes de vase, les vasières à mangrove sont situées au voisinage du niveau moyen des marées et sont inondées plus ou moins régulièrement par les marées. Elles bordent le fleuve Casamance et ses affluents.
La mangrove est une formation végétale arborescente ou buissonnante, qui colonise les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux (Marius, 1985). La zone intertidale est celle où on observe l’influence de la marée le long de la ligne de côte et peut correspondre d’après la FAO (1952) à des bordures de mer ou de rivières, à des estuaires. La mangrove développe au niveau de cette zone un système racinaire aérien et des mécanismes physiologiques particuliers pour l’élimination du sel afin de s’adapter à son environnement. Elle vit sur les sols boueux d’alluvions et de matières organiques, le plus souvent sur des sols sulfatés acides en eaux saumâtres. Elle est très répandue dans la région de Ziguinchor, adaptée au milieu inondé plus ou moins salé, qu’on appelle les palétuviers, et dont les deux espèces les plus caractéristiques se distinguent l’une par ses racines échasses (Rhizophora), l’autre par ses racines aériennes (les pneumatophores) : (Avicennia) PADERCA (2010).
De Ziguinchor à Adéane les vasières à mangrove se localisent sur les deux rives Nord et Sud. Deux types de mangrove dominent dans cet espace à savoir Rhizophora racemosa et Avicennia.
– A notre point de départ, sous le pont Emile Badiane (Photo 1) à partir du ponit de coordonnées 12°35’’25’ Nord et 16°15’’48’ Ouest, la mangrove est absente sur la rive Sud qui est occupée par la ville de Ziguinchor et présente sur la rive Nord.
Elle débute sur la rive Sud (Photo 2) au point de coordonnées12°35’’27’ Nord et 16°15’’26’ Ouest. La mangrove est saine à partir de ce point et constituée de Rhizophora.
A partir du point de coordonnées 12°35’’22’ Nord et 16°15’’02’ Ouest derrière la mangrove de type Rhizophora on retrouve une deuxième bande constituée d’Avicennia.
Le paysage est toujours le même sur ce point intacte. Les mangroves ne sont pas exploitées et n’ont pas été touchées par le changement climatique. Au fur et à mesure que l’on avance en direction de Niaguis, la taille des mangroves à Rhizophora augmente et ils deviennent touffus. Les mangroves à Avicennia restent toujours derrière les Rhizophora.
– Au droit de Niaguis la taille de la mangrove diminue. Elle n’est plus touffue mais plutôt espacée. Au niveau du Bolong de Niaguis la mangrove est dégradée et la touffe de Rhizophora est espacée. A la rive Sud qui accompagne le Bolong de Niaguis, la mangrove à Rhizophora est espacée et la bande Avicennia qui est derrière la mangrove à Rhizophora est visible.
Au niveau de la rive Nord les mangroves à Rhizophora ne sont plus espacés mais touffus.
Le quai de Niaguis (Photo 3) sépare la rive nord et la rive Sud aux points de coordonnées 12°34’’42’ Nord et 16°10’’07’ Ouest. Au nord de Niaguis la mangrove à Rhizophora est saine et intacte. De Niaguis à Fanda les mangroves à Rhizophora gagnent en hauteur mais sont séparés derrière par les mangroves à Avicennia
– A l’ouest de Fanda, les mangroves à Avicennia dominent mais sont espacés. Ils sont dégradés au droit du point de coordonnées 12°34’42 N et 16°10’08 W. Au quai de Fanda, la mangrove à complètement disparu et les problèmes d’érosion sont représentés par la présence de microfalaise (Photo 4). Plus on avance vers Agniack plus elle se dégrade. Elle devient moins dense et dégradé. A l’ouest d’Agniack, les Avicennias dominent en touffes espacées de part et d’autre du point de coordonnées 12°35’27 N et 16°07’31 W. Les mangroves sont complètements dégradées au point de coordonnées 12°35’32 N et 16°07’13W. La séquence mangrove tanne n’est pas respectée à partir de ce point nous avons des rizières (photo 5) à la place des tannes. Au Nord d’Agniack le Rhizophora commence au droit du point de coordonnées 12°35’32 N et 16°07’14 W. A l’approche du village de Sindong les touffes de Rhizophora deviennent de plus en plus espacées.
– La dégradation de la mangrove est plus prononcée aux points 12°36’02 N et 16°07’28 W qui correspondent au quai de Sindong. La vasière à Rhizophora est dégradée à partir de ce point. Elle est saine au Nord du village de Sindong mais elle se dégrade en direction de Baghagha.
Les tannes
Les tannes constituent une forme de transition entre la mangrove et la terre ferme. Selon Vieillefon (1987), ce sont des étendues sans végétation situées à l’arrière des mangroves, qui ne sont plus atteintes par la submersion quotidienne, sauf aux très grandes marées mais subissent une alternance annuelle d’inondation et d’assèchement.
Ils se rattachent aux grands ensembles des milieux sursalés mais ils s’en individualisent par leur lien avec la mangrove (Lebigre, 1983). Les tannes se développent toujours aux dépends de cette dernière dans la partie supérieure de l’estran aux hautes mers de vives eaux et aux marées exceptionnelles. Les sols des tannes sont sulfatés acides et les conditions pluviométriques déficitaires n’ont fait qu’accélérer l’extension des surfaces acides et salés (tanne) au détriment des vasières à mangrove.
Le village d’Adéane est le seul site sur tanne nu et se trouve aux points de coordonnées 12°36’07 N et 16°01’00 W. La mangrove à complètement disparue, il ne reste que quelques témoins au Nord Ouest du village. Les tannes nus sont innondés par l’eau du fleuve.
Les cordons
Les cordons littoraux se sont formés sous l’influence de la dérive littorale Nord-Sud lors de la transgression Nouakchottienne. La sédimentation est essentiellement marine et relayée par une sédimentation de type lagunaire derrière les cordons sableux. La végétation sur les cordons littoraux est assez peu développée souvent à base d’Iporea Pes-caprae et Chrysobalanus Orbicularis, auxquels se mêlent au voisinage des dépressions, des fourrés arbustifs à Conocarpus erectus. Au niveau des terrasses sableuses s’annonce une végétation des plateaux avec une certaine concentration de palétuviers Elaeis Guineensis.
Les villages de notre espace d’étude sont installés sur des cordons (confère coordonnées tablabeau 1) à Adonsonia Digitata Baobab) et sur la végétation Tchadienne constituée de Rôniers, cocotiers et de palmiers.
Les amas coquilliers
Ces amas artificiels dénommés « kjokkenmoddinger » se trouvent sur toute la côte depuis Nouakchott jusqu’en Casamance. Ils forment des buttes isolés peuplés exclusivement d’Adansonia Digitata et on les retrouve soit sur des terrasses, soit sur des cordons sableux, soit plus rarement sur des bancs émergés. En Casamance la plupart des débris coquilliers souvent très altérés n’ont pu être observés qu’en profondeur (Marius, 1983).
Quelques débris de coquillage ont été retrouvés sur les microfalaises du village de Fanda aux coordonnées 12°34’59 N et 16°08’25 W. Ce village subit l’érosion fluvial qui est responsable du façonnement des microfalaises. Ainsi les débris coquilliers qui étaient enfouis à l’intérieur des terres se retrouvent à la surface à cause du transport des sédiments par l’eau du fleuve.
Le climat
Le climat est un paramètre important dans l’évolution d’un milieu et joue un rôle déterminant dans la dynamique des unités morphologiques en particulier sur l’écosystème de mangrove. Ainsi pour mieux appréhender son rôle nous allons tout d’abord étudier les facteurs généraux et les éléments du climat.
Les facteurs généraux
Comme sur l’ensemble du territoire national, les grands traits climatiques de la Casamance sont le résultat conjoint des facteurs géographiques et aérologiques (Leroux, 1980 ; Sagna, 2000). Les premiers s’expriment par la latitude conférant à cet espace des caractères tropicaux avec des nuances entre le littoral et l’intérieur de la région. Quant aux facteurs aérologiques, leur expression se traduit par l’alternance dans la Casamance des flux comme l’alizé maritime, l’harmattan et la mousson dont les déplacements sont rendus faciles par la platitude du relief.
Le climat est tropical de type Sub-Soudanien. Il est adouci à l’Ouest par les alizés. La température moyenne est de 28°C. Grâce à la mousson provenant de l’anticyclone de Saint – Hélène la saison des pluies, appelée hivernage s’étale de Juin à Octobre. La Casamance fait partie des zones les plus arrosées du Sénégal.
Les éléments du climat
Ces paramètres climatiques nous permettent de déterminer le climat du milieu.
Les vents
La région de Ziguinchor est soumise à trois types de vents :
– L’alizé maritime, flux issu de l’anticyclone des Açores, prédomine dans la région littorale en saison sèche. De direction nord à nord-est, l’alizé maritime est un vent constamment humide marqué par une faible amplitude thermique.
– L’harmattan, branche finissante de l’alizé continental saharien, envahit la Moyenne Casamance et une partie de la Basse Casamance pendant la saison sèche. Il est caractérisé par une grande sécheresse liée à son long parcours continental et par des amplitudes thermiques très accusées.
– Les vents d’ouest ou du sud-ouest communément appelés mousson proviennent de l’alizé issu de l’anticyclone de Sainte-Hélène dans l’Atlantique Sud. Ce flux envahit l’ensemble de la Casamance en période estivale.
Les ressources en eau
les eaux souterraines
Les principales formations aquifères identifiées dans cette région sont au nombre de trois :
– L’aquifère profond (300-500m de profondeur) : c’est le Maestrichtien. La nappe est captée par des forages entre 200 et 400m avec une eau peut minéralisée et de bonne qualité, mais salée dans la frange maritime. Le débit moyen obtenu par forage varie entre 60 et 200m3/h.
– L’aquifère semi-profond (100-150m de profondeur) composé de sables Miocènes. C’est l’aquifère captif du Miocène. La nappe semi-profond est captée par des forages allant jusqu’en 50m de profondeur pour un débit moyen de 20 à 40m3/h. L’eau y est douce sauf dans la frange maritime où elle est salée.
– L’aquifère superficiel (0-50m de profondeur) du Continental Terminal et des alluvions quaternaires. La nappe est captive entre 10 et 15 mètres avec un débit de 2 à 10m3/h. –L’aquifère superficiel est capté par les puits traditionnels en Casamance. Son eau est douce. Sur les plateaux, la profondeur du niveau peut atteindre 20m (CSE, 1997).
Les eaux de surface
Le réseau hydrographique de la région est principalement formé du fleuve Casamance (fleuve à régime semi-permanent dont l’écoulement dure de Juin à Mars) et de ses affluents qui drainent de grands sous-bassins qui sont : de Baïla (1.645 Km2), Bignona (750Km2), Kamobeul (700Km2), Guidel (130Km2) et Agnack (133Km2). Le fleuve Casamance, long de 350Km, draine un Bassin versant de 20.150 Km2 (CSE, 1997).
Il prend sa source à une cinquantaine de kilomètre de Kolda, aux alentours de Fafacourou (Dacosta, 1989).
La Casamance a quatre principaux affluents : le Soungrougrou en amont de Ziguinchor, les marigots de Bignona, Diouloulou et Kamobeul en aval.
De Ziguinchor à Adéane le réseau hydrographique est constitué du fleuve Casamance avec deux affluents : le Marigot de Guidel et de Sindone, un Bolong Rét et mares. Le réseau hydrographique est très développé à Adéane et comprend le fleuve Casamance et ses affluents (marigot de Guidel ainsi que de nombreuses vallées). Le fleuve occupe 28 km2 soit 15 % du terroir de la commune. Les espaces inondées en hivernage couvrent 43 km2et représentent plus du quart (26,2 %) des terres exondées. Dans la zone Est et celle d’Agniack, les superficies inondables dépassent même 40 % de la surface agricole utile. (Paderca, 2008).
La nature et le mouvement des eaux ont une grande influence sur les types de sols qui existent dans ce milieu.
Les activités économiques :
L’agriculture :
Dans la région de Ziguinchor, l’agriculture jouit de conditions pluviométriques favorables, de sols riches et variés et donne une production assez diversifiée. Elle est une composante essentielle des activités rurales et regroupe plus de la moitié de la population. Cependant, elle reste très traditionnelle, essentiellement hivernale et tributaire des aléas climatiques. La Riziculture demeure l’activité agricole dominante. Les principaux types de cultures sont :
Les cultures vivrières, constituées par le riz (Orysa sativa), le mil (Pennisetum glaucum), le sorgho (Sorghum Bicolor), et le maïs (Zea Mays),
Et les cultures industrielles, Arachide (Arachis hypogaea), le Sésame (Sesamun indicum) et le Niébé (Vigna sinensis).
Les cultures vivrières
L’analyse du tableau ci-dessous montre que les superficies emblavées réservées aux cultures vivrières ont diminué de 11% en 2013 par rapport à 2012. Cette diminution est surtout tirée par celle consacrée au mil qui a connu une baisse de 33%. La baisse de la pluviométrie enregistrée en 2013(1549mm) par rapport à l’année dernière (1611mm) a occasionné des rendements plus faibles qu’en 2012. Ainsi, pour le riz, les rendements ont diminué de 19,6%.
La diminution des superficies emblavées (-11%), combinée à celle des rendements pour les différentes spéculations, a causé une évolution négative des productions en 2013. Cette production de céréales (38 358 tonnes) qui a diminué au quart par rapport à 2012 (51 248) est surtout tirée par le mil (4 630 tonnes), qui en constitue que les 12%. Le sorgho et le maïs qui ont connu une augmentation respective de 128% et 72% de leurs superficies emblavées, connaissent en même temps une augmentation de leurs productions dans le même ordre 131,4% et 62,2%.
Les facteurs de la dynamique
Plusieurs facteurs participent à la dynamique de ces unités morphologiques
Le déficit pluviométrique
Depuis la fin des années 1960, comme partout ailleurs dans les pays du Sahel, on y enregistre une pluviométrie déficitaire par rapport à la moyenne. Si l’année 1968 marque le début d’une modification de l’évolution des pluies, elle est aussi généralement retenue comme point de départ de la sécheresse au Sahel. Déjà les années 1964-1965 avaient donné des signes d’une baisse de la pluviosité. C’est ainsi que par rapport à la normale 1931-1960, on a noté en 1964 une baisse de 30% de la pluviométrie à Ziguinchor (P. Sagna, 1992).
L’analyse faite par ce dernier nous révèle que de 1961 à 1967 (sauf en 1964) toutes les anomalies normalisées des cumuls annuels des précipitations sont de signes positifs. Entre 1968 et 1996, nous avons une succession d’anomalies de signes opposés à tendance négative prédominante confirmant ainsi la dégradation du climat. Ainsi, après 1968, Ziguinchor a connu de façon assez régulière l’alternance d’une ou deux années excédentaires suivie d’une ou deux années déficitaires jusqu’en 1978. A partir de cette date, les anomalies négatives marquent l’enregistrement pluviométrique, enregistrement qui sera ponctué de rares années isolées de rémission (comme en 1985 ; 1988 ; et 1993). La figure 8 illustre les propos ci-dessus.
Dans notre secteur d’étude le minimum des précipitations durant la période 1961-2013 qui est de 559,8mm enregistrés en 1980 a augmenté de 662,4mm en 1999. Cependant, l’étude de la variabilité interannuelle des précipitations dans notre milieu d’étude se caractérise par une grande irrégularité des précipitations. L’analyse de la pluviométrie entre 1960 et 2013 nous montre trois phases :
– Une phase humide comprise entre 1961 et 1967 durant laquelle les totaux annuels enregistrés sont au-dessus de la moyenne de la station de Ziguinchor (1242,5mm). Seule une année est déficitaire (1964).
– Une phase sèche allant de 1968 à 1997 durant laquelle sont essentiellement enregistrées les années les moins pluvieuses. C’est dans cette période que se situe le minimum pluviométrique (559,9mm en 1980).
– Une phase humide de 1998 à 2013 durant laquelle sont enregistrées les années les plus pluvieuses par rapport à la période précédente. Mais on y note quelques années déficitaires dont l’année la plus déficitaire (2002) après le minimum principal. C’est dans cette période que se situe le maximum pluviométrique (662,3mm en 1999).
La moyenne de la série 1961-2013 est de 1242,5mm. Sur les 53 ans nous comptons 27 années déficitaires et 26 années excédentaires. Nous remarquons une irrégularité des précipitations interannuelles. En effet cette période est marquée par la répétition d’années extrêmement sèches avec une baisse de plus de 400mm par rapport à la moyenne notamment les années 1968, 1977, 1980, et 1983 qui ont respectivement un déficit de 402,1mm, 452,2mm, 518,6mm, 424mm.En définitive sur cette période de 53ans la plus grande période 1968-1997 (30 ans) est caractérisée par un déficit pluviométrique très accru avec seulement 8 années excédentaires sur 26 années déficitaires.
Ce déficit pluviométrique prolongé est à l’origine de plusieurs modifications dans la région de Ziguinchor. En effet, il a entrainé une diminution ou disparition des écoulements d’eau douce dans le cours de la Casamance et de ses affluents. Cette situation a permis l’intrusion massive des eaux salées dans le cours du fleuve à plus de 250 km en amont de l’embouchure (Boivin et al, 1991). Cette intrusion est à l’origine de la salinité des terres, facteur clef de la dégradation des écosystèmes en particulier celui des mangroves et de la perte des surfaces de cultures.
La topographie
Le relief est plat à l’exception de quelques collines résiduelles. Le long du fleuve on a en moyenne le même niveau que la mer (CSE, 1997). Les Bassins de la Casamance et de ses affluents se caractérisent par la faiblesse du relief (Dacosta, 1989). La pente générale est pratiquement nulle sur les derniers 200 Km du fleuve (Pages, 1986). La pente moyenne transversale est faible et évolue peu de l’aval vers l’amont entre 0,5% et 1,5% (F.A.O., 1986). Cette faiblesse des pentes combinées au régime hydrologie déficitaire favorisent aussi l’intrusion permanente des eaux marines à l’intérieur des terres.
L’évaporation
Figure 10: évolution de l’évaporation par rapport à la pluviométrie de 1983 à 2013 L’évaporation est relativement élevée pendant les années de sécheresse. L’évolution de l’évaporation par rapport aux précipitations nous révèle que durant les années déficitaires, elle est supérieure à la pluviométrie. En effet les années 1983, 1986, 1992, 2002 et 2007 ont enregistré des évaporations largement supérieures aux cumuls pluviométriques.
– L’année 1983, a reçu 817,9mm de pluies contre une évaporation de 1116,7mm ;
– l’année 1986, 975mm de pluies contre 1228,5mm d’eaux évaporées ;
– l’année 1992, 968,8mm d’eau pluviale contre 1083,6mm d’eaux évaporées ;
– l’année 2002, 811,7mm de pluies contre 888mm d’eaux évaporées ;
– et enfin l’année 2007 a enregistré 919,7mm d’eau pluviale contre 940,1mm d’eaux évaporées. Ces évaporations excessivement élevées pendant les années de sécheresses sont dues aux fortes températures enregistrées durant ces périodes sèches et qui tournent autour de 33° et 36°C. Enfin, l’intensification de l’évaporation et de la remontée capillaire consécutive à la sécheresse contribuent à la salinisation et à l’acidification des vasières occupées par la mangrove qui a ainsi disparu sur de grandes surfaces laissant place aux tannes.
Les brumes
Les brumes sèches, exceptionnelles en Casamance avant les années 1980, sont un phénomène climatique majeur en Afrique occidentale, qui est dû à l’effet conjugué de la sécheresse et de « l’action anthropique sur les sols des régions semi-arides » (Middleton, 1985
; Prospero, 1985). Elles sont fréquentes en toute saison et de manière parfois durable à certaines périodes de l’année. Les poussières atmosphériques (ou aérosols) proviennent essentiellement du Sahara et sont véhiculées par l’alizé continental (harmattan) Les brumes apportés par le vent provoquent le stress de la végétation continentale. Le vent chaud et sec accélère le phénomène d’évaporation avec comme principale conséquence le développement des tannes. En 1990, un échantillon de la pluie moyenne, recueillie par prélèvement cumulé et protégée de l’évaporation dans un fût (couche d’huile en surface), a été analysé et a montré non seulement une composition chimique (Orange, 1992), mais de fortes teneurs en chlorure de sodium dissous participant ainsi à l’acidification des sols.
La dynamique des nappes
Elle est l’élément essentiel de I ‘évolution de ce milieu. Les pentes très faibles des bas-fonds favorisent la pénétration des eaux marines. L‘amplitude saisonnière du toit de la nappe est inférieure à un mètre dans les tannes, et à deux mètres dans les terrasses. Cette proximité, pendant les sept à huit mois de saison sèche, favorise, la concentration des sels dans les parties supérieures des nappes, les remontées salines jusqu’à la surface des sols et une absence de dessalement en saison des pluies après saturation rapide des horizons de surface. (Mougenot, 1996).
Les vingt dernières années ont été marquées comme dans la zone sahélienne, par des déficits pluviométriques réguliers. L’apport insuffisant d’eaux douces par les pluies a pour conséquences : une concentration des eaux de nappes, jusqu’à deux à trois fois et plus, celle de l’eau de mer ; un abaissement du niveau moyen du toit des nappes de quelques centimètres, à plusieurs mètres sous le plateau ; une acidification des sols de mangrove et de certaines terrasses (Barry et al, 1988 ; Loyer et al, 1988). Les palétuviers ont pratiquement disparu en amont et la riziculture ne se pratique plus que sur les terrasses et têtes de vallées.
La marée
Elle est le principal facteur du mouvement de l’eau dans les estuaires (Diop, 1990). En Casamance elle remonte le fleuve jusqu’à 220 Km de l’embouchure et son influence prédomine sur les apports d’eau douce pluviale et fluviale ; ce qui fait que la Casamance a un fonctionnement inverse (Pages, 1989) où le gradient de salinité croit de l’aval à l’amont. La marée est de type semi-diurne en Basse Casamance avec deux minima et deux maxima journaliers. Sa période est de 12h30 ; sa hauteur quant à elle, varie en fonction de la largeur de la plateforme continentale (Diop, 1990 citée par Dieng, 2010).
La marée semi-diurne est sensible par les courants qu’elle provoque jusqu’au-delà de Diana Malari, soit environ 230 Km de la mer. La vitesse de propagation de l’onde de marée (calculée d’après les relevés de Brunet-Moret (1970) varie de 7,6 m /s en aval, à 1,9 m/s vers Diana-Malari. Cette vitesse nous fournit, d’après l’équation classique, une estimation de la profondeur du chenal (Pages, 1986). La marée donne naissance à des courants locaux très rapides. Ces courants sont capables d’une érosion des fonds et d’un important transport de sédiments, comme c’est le cas à Fanda (Photo 5) ou les problèmes d’érosion sont représentés par des microfalaises.
Les facteurs anthropiques
Elles sont de moindre importance dans la dynamique des unités, mais elles jouent un rôle très important dans les écosystèmes de mangroves. En effet La mangrove est un écosystème qui tire sa particularité et son importance de sa biodiversité et de ses fonctions écologiques et économiques (PADERCA, 2008). De ce fait elles sont à la base des activités humaines des populations vivant dans les zones pourvues de mangrove et sont actuellement en voie d’extinction du fait de leurs utilisations anarchiques. Parmi les actions contribuant à sa dégradation nous pouvons retenir :
– Le déboisement
Les coupes abusives pour diverses raisons (bois de chauffe et de service…) causent des dommages importants à cet écosystème. La collecte du bois, quelle que soit son utilité, ne connaît ni période et ni site spécifique même si la période de saison sèche reste celle pendant laquelle il est plus exploité. Les besoins, en bois de chauffe, sont très importants, surtout en ce qui concerne la transformation des produits halieutiques (bois de chauffe, claies de séchage).
– La construction
Outre le bois de feu et de service, les communautés riveraines des mangroves dépendent de ces écosystèmes pour le bois de construction des logements. Les mangroves fournissent du chaume résistant à l’eau pour les toitures. Le palétuvier, au bois dur et dense, est l’arbre le plus recherché pour la construction des maisons, la fabrication des chaises, des lits, des peignes, des cuillères, des abreuvoirs, des arcs, des flèches…. I1 offre un bois idéal pour la fabrication des charpentes, des plafonds des maisons (avec les racines notamment), des maisons sur pilotis et les supports de greniers. Le bois de Rhizophora donne aussi d’excellents piquets utilisés pour faire les clôtures des concessions et des barrages palissades.
– la transformation des produits halieutiques :
Le bois de palétuvier est également un excellent bois de chauffe. I1 se consume totalement et une fois allumée ce bois s’éteint difficilement. En saison pluvieuse, le bois de Rhizophora brûle sans peine malgré l’humidité. De ce fait il est très sollicité pour les opérations de transformations des produits halieutiques. En effet, le bois est utilisé pour bouillir les huîtres mais aussi pour le fumage des poissons (photo 9).
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Table des matières
Objectif
Hypothèses
Définition des concepts
Méthodologie
PREMIERE PARTIEPRESENTATIONDU MILIEU
Chapitre I : Le cadre physique
I.1 Géologie et l’évolution paléogéographie
I.1.1 Le secondaire et le tertiaire
I.1.2 Le Quaternaire
I.2-Le relief
I.3 Les vasières à mangrove
1.4 Les tannes
I.5 Les cordons
I.6 Les amas coquilliers
I.7 Le climat
1.7.1 Les facteurs généraux
I.7. 2 Les éléments du climat
I.7.2.1 Les vents
I.7.2 La pluviométrie
I.7.3 Les températures
I.7.4 L’insolation
I.7.5 Evaporation
I.7.6 Humidité relative
I.8 Les ressources en eau
I.8.1 les eaux souterraines
I.8.2 Les eaux de surface
1.9 Les sols
I.9.1 Les Sols faiblement ferralitiques
I.9.2 Les sols hydromorphes
I.9.3 Les sols halomorphes
1.10 La végétation
I.10.1 La forêt dense
I.10.2 Les forêts claires
I.10.3 La mangrove
I.10.4 Les prairie marécageuses et les vasières dénudées
Chapitre II : Le cadre humain
II.1 Le peuplement
II.1.2 Les données démographiques
II.2 Les activités économiques :
II.2.1 L’agriculture :
II.2.1.1 Les cultures vivrières
II.2.1.2 Les cultures industrielles
II.2.2 L’élevage
II.2.3 La pêche
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE LA DYNAMIQUE DES UNITESMORPHOLOGIQUES ET SES FACTEURS
Chapitre III: Les facteurs de la dynamique
III .1 Le déficit pluviométrique
III.2 La topographie
III. 4 Les brumes
I.5 La dynamique des nappes
I.6. La marée
I.7 Les facteurs anthropiques
Conclusion partielle
Chapitre IV : La dynamique des unités morphologiques de Ziguinchor à Adéane
II.1 Situation en 1984
II.2 Situation en 1993
II.3 Situation en 2000
II.4 Situation en 2006
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