La dynamique des littoraux martiniquais

La dynamique des littoraux martiniquais

A lโ€™รฉchelle mondiale de nombreux ouvrages ont traitรฉ de la dynamique du littoral. A lโ€™รฉchelle martiniquaise la dynamique du littoral est peu รฉtudiรฉe. Lโ€™un des premiers auteurs ร  s’รชtre intรฉressรฉ au littoral martiniquais est MONNIER. P en 1825. REVERT, E en 1949, sโ€™est essentiellement appuyรฉ sur les travaux de MONNIER, ce qui sous-entend une quasi totale absence de documentation dans ce domaine jusque-lร . Il paraรฎtrait que ce soit vรฉritablement aprรจs la thรจse de SAFFACHE P. en 1998 que les ouvrages et articles ร  ce sujet se soient vรฉritablement multipliรฉs en Martinique. Selon le BRGM , jusqu’en 2011 aucune รฉtude de quantification des phรฉnomรจnes รฉrosifs n’a รฉtรฉ entreprise en Martinique. Ce n’est qu’ร  partir de cette date que l’on sโ€™est vรฉritablement intรฉressรฉ ร  la quantification (BRGM, 2011: III). Depuis, des travaux ont รฉtรฉ faits par le BRGM, l’IRDย  et la DEAL.

L’absence de donnรฉes exige bien souvent d’avoir une vision plus globale du sujet (รฉchelle de la Caraรฏbe, de l’Amรฉrique etc…). L’ร‰tude du littoral est une รฉtude complexe. Il est difficile de le dรฉfinir. Le littoral se dรฉfinit souvent de maniรจre simpliste comme รฉtant la zone de contact entre la terre et la mer. Mais la rรฉalitรฉ est plus complexe. En effet, cet espace a la particularitรฉ d’รชtre mobile dans le temps, cela sous-entend que sa limite est รฉgalement labile. Il n’y a pas de dรฉfinition unique du littoral. Exemple : ยซ la limite sable sec / sable mouilleฬ , la limite de rupture de pente de la plage ou encore la limite de vรฉgรฉtation sur lโ€™estran sont autant de limites pouvant matรฉrialiser le trait de cรดte ยป (BRGM, 2013: III). Il faut donc adapter cette dรฉfinition selon le contexte gรฉographique, selon les moyens qui nous permettent de l’identifier et enfin selon l’application que l’on souhaite lui donner. Il est important de dรฉfinir le trait de cรดte avant de travailler sur l’espace concernรฉ.

En Martinique cette dรฉlimitation se fait ร  travers les 50 pas Gรฉomรฉtrique. S’il n’y a pas de dรฉlimitation explicite, elle correspondra ร  une largeur de 81,20m ร  compter de la limite du rivage de la mer telle qu’elle a รฉtรฉ dรฉlimitรฉe en application de la lรฉgislation et de la rรฉglementation en vigueur ร  la date de cette dรฉlimitation. Grรขce ร  cette dรฉlimitation on a pu intรฉgrer cette zone au domaine public maritime (loi littoral du 03 janvier 1986) et ainsi permettre la sauvegarde de la bande littorale. La loi du 30 dรฉcembre 1996 relative ร  l’amรฉnagement, la protection et la mise en valeur des 50 pas gรฉomรฉtriques ont permis de limiter les zones habitables. Grรขce ร  la mise en place de cette loi, la population Martiniquaise ne peut plus s’installer de maniรจre anarchique sur le littoral (MEDD, 2010: III). Nรฉanmoins, il faut savoir que cette loi a pris beaucoup de temps pour รชtre acceptรฉe par la population et a encore du mal aujourdโ€™hui ร  รชtre respectรฉe.

La premiรจre description du littoral martiniquais date du 19e siรจcle. Elle a รฉtรฉ rรฉalisรฉe par MONNIER entre 1824-1825. Au fur et ร  mesure de notre lecture, on se rend compte que le paysage martiniquais a beaucoup รฉvoluรฉ depuis le 19รจme siรจcle. Entre 1824 et 1825 tout รฉtait plus sauvage, on ne percevait quโ€™avec difficultรฉ le sable sur le sol tellement la vรฉgรฉtation รฉtait dense sur les plages. ร€ cette รฉpoque, les plages รฉtaient bordรฉes par des ipomea pes caprea communรฉment appelรฉs patates bord de mer. Les plages pouvaient atteindre une largeur de 350m. Aujourd’hui les plages ont largement diminuรฉ et ne font quโ€™une trentaine de mรจtres de large ; la vรฉgรฉtation a presque totalement disparu. Selon les observations de MONNIER, nous avons pu constater que dans certaines zones, cette รฉrosion est trรจs soutenue ; c’est le cas par exemple de l’Anse Belleville qui a perdu prรจs de 80m de sa longueur, ce qui demeure trรจs important surtout sur une รฎle dont la superficie est de 1100kmยฒ (SAFFACHE,1998: III).

Le littoral martiniquais peut se caractรฉriser par quatre entitรฉs morphologiques diffรฉrentes :
– les anses sablonneuses,
– les falaises,
– les mangroves
– les rรฉcifs coralliens
– les embouchures des riviรจres (SAFFACHE,1998: III).

Selon les observations du BRGM en 2015, les milieux les plus mobiles sont les mangroves et les anses sableuses. Toutefois, 43 % des mangroves sur le long terme semblent connaรฎtre une avancรฉe alors que les anses connaissent au contraire un fort recul ร  long terme (21 % du linรฉaire des plages). Ces divergences sont provoquรฉes par plusieurs facteurs qui sont : terrestres (topographie, climatologie, pรฉdologie, hydrologie), marines (houles, courants, marรฉes) et sousmarines (bathymรฉtrie, sรฉdimentologie). Malgrรฉ la faible taille de l’รฎle, on constate quโ€™elle peut se diviser en deux grandes parties : le nord caractรฉrisรฉ par un sable noir et le sud par un sable blanc. Cette colorimรฉtrie dรฉcoule directement des facteurs terrestres (volcaniques) et marins (biogรฉnรฉtiques) sur les arcs anciens (sud de l’รฎle) et rรฉcent (nord de l’รฎle). L’arc ancien est caractรฉrisรฉ par des particules bioclastiques rรฉsultant du dรฉmantรจlement des rรฉcifs et des concrรฉtions madrรฉporiques. Tandis que le nord de l’รฎle, par le biais du ruissellement et des courants cรดtiers est caractรฉrisรฉ par des particules volcanoclastiques (SAFFACHE, 1998: III).

Pour comprendre les mรฉcanismes de l’รฉrosion actuelle, il faut en รฉtudier les causes. Nous pouvons dire que les causes sont naturelles mais qu’elles sont amplifiรฉes par l’anthropisation. On a รฉgalement constatรฉ que l’รฉrosion est plus importante au nord qu’au sud de lโ€™รฎle.

Causes Anthropiques

Les actions anthropiques ont รฉgalement jouรฉ un rรดle important. Lโ€™Homme a un impact nocif sur les plages : les plages proches de grandes villes ou de villages ont dรฉjร  รฉtรฉ largement dรฉveloppรฉes pour leurs usages rรฉcrรฉatifs, et sont soumis ร  une dรฉgradation environnementale significative. Les autres plages ont รฉtรฉ en conflit entre les possibilitรฉs rรฉcrรฉatives, touristiques, et / ou d’exploitation de plus riches biodiversitรฉs. L’analyse de scรฉnarios montre que les stratรฉgies de gestion qui mettent l’accent sur la rรฉduction de la nature invasive d’infrastructures de parcs et amรฉliorent la restauration biophysique peuvent augmenter considรฉrablement la valeur de la conservation de la plage, et dรฉplacer des sites dans la zone de conservation (AMYOT et al, 2014: II.F.m).

โ€ข Le tourisme : Jusqu’aux annรฉes 50 la verdure en Martinique demeurait forte. Pour dynamiser l’espace, les dรฉcideurs locaux ont voulu miser plutรดt sur le tourisme en implantant des hรดtels. Mais le touriste a une vision dรฉformรฉe des plages de lโ€™รฉpoque. Il espรจre trouver au Antilles de belles plages de sables blancs et des cocotiers. Les dรฉcideurs ont dรป, pour satisfaire lโ€™imaginaire des touristes, dรฉtruire la flore littorale. Cโ€™est le cas des patates bord de mer (Ipomea-pes-caprea) qui permettaient grรขce ร  leurs racines de stabiliser le sable sur de longues distances. Les dรฉcideurs ont implantรฉ ร  la place des cocotiers (faiblement pourvus en rรฉseaux racinaires). On a รฉgalement voulu remplacer le sable noir (vue par les touristes comme un sable ยซsaleยป) par du sable blanc. Or ces sables n’ont pas la mรชme granulomรฉtrie ; ceci a donc entrainรฉ une dรฉstabilisation sรฉdimentaire des plages (SAFFACHE, 1999: II.J).
โ€ข Les dรฉcideurs ont รฉgalement amรฉnagรฉ lโ€™avant-dune des plages. Les constructions en avant plage empรชchent le transfert de va-et-vient (cross-shore) des sรฉdiments, car ils empรชchent le transfert des sรฉdiments, provenant de la terre, d’atteindre la plage (SAFFACHE, 1999: II.J).
โ€ข Des prรฉlรจvements de matรฉriaux ont รฉtรฉ rรฉalisรฉs sur les plages par les habitants pour construire des maisons et par des carriers dans le lit des riviรจres. Ces prรฉlรจvements ont dรฉbutรฉ au dรฉbut des annรฉes 60 et se sont terminรฉs vers la fin des annรฉes 90. Chaque annรฉe รฉtaient prรฉlevรฉs environ 15000 ร  30000 mยณ de sรฉdiments dรฉtritiques (SAFFACHE, 1999: II.J).
โ€ข Pollution de l’eau : de nombreuses maisons ne disposent pas de fosses septiques. Ces eaux sont dรฉversรฉes dans les riviรจres comme la baie de Fort-De-France. Ce qui favorise l’apparition d’algues filamenteuses qui รฉtouffent les coraux. Cette pollution a pour consรฉquence de rรฉduire les ressources halieutiques et d’augmenter le taux de mortalitรฉ des coraux. Les coraux sont importants pour l’approvisionnement des anses du sud de la Martinique (SAFFACHE, 2005: III). Leurs morts induiraient sur le long terme une diminution des apports en sรฉdiments.
โ€ข Lโ€™absence de rรฉaction de la part des politiciens peut aggraver la situation du littoral et la situation รฉconomique. Cโ€™est pourquoi il faut rรฉagir au changement du littoral. La Martinique possรจde 55 km2 de rรฉcifs coralliens, 50 km2 dโ€™herbe de mer et 20 km2 de mangroves. Ces trois รฉcosystรจmes produisent des services pour une valeur estimรฉe ร  250 millions โ‚ฌ (M โ‚ฌ) / an (valorisation rรฉcemment entrepris dans le cadre de l’initiative franรงaise Coral Reef Conservation-programme pour l’IFRECOR). Il est estimรฉ qu’environ 60% de cette valeur provient dโ€™usages directs tels que des activitรฉs de loisirs (plongรฉe, excursions, activitรฉs de plage, etc.) tourisme et la pรชche. Les services รฉcosystรฉmiques (utilisations indirectes) tels que la protection du littoral, la sรฉquestration du carbone, la production de biomasse et de purification de l’eau sont importantes puisque leur valeur totale atteint 94 M โ‚ฌ par an (38% de la valeur รฉconomique totale). Les valeurs de non-usage liรฉes ร  l’amรฉlioration de la santรฉ des รฉcosystรจmes cรดtiers est estimรฉ ร  10 M โ‚ฌ / an. Au niveau de l’รฉcosystรจme, de l’herbe de la mer et de la mangrove qui contribuent le plus (par km2) ร  la crรฉation de richesse (2,16 M โ‚ฌ / km2, 1,87 M โ‚ฌ / km2, respectivement, contre 1,78 M โ‚ฌ / km2 pour les rรฉcifs coralliens). Ils doivent, par consรฉquent, bรฉnรฉficier de la protection et de gestion des mesures dans le mรชme ordre de grandeur que les rรฉcifs coralliens. L’รฉvaluation montre รฉgalement que, en raison de l’inaction politique, la perte de valeur est d’environ 2,5 M โ‚ฌ / an, ce qui pousse les politiciens ร  รฉlaborer une politique rationnelle de la conservation (FAILLER et al, 2015: II.J).
โ€ข Le maintien de la biodiversitรฉ de la CRAE doit รชtre considรฉrรฉ du point de vue รฉvolutionniste. On cherche ร  prรฉserver les espรจces prรฉsentes. On veut protรฉger le potentiel de lโ€™รฉvolution future des entitรฉs vivantes et les fonctions des รฉcosystรจmes. Pour cela nous devons assurer le maintien de la capacitรฉ des processus vitaux. Il est donc fondamental d’adopter une approche concertรฉe entre tous les acteurs de la zone cรดtiรจre. En ce qui concerne les politiques publiques, ils doivent tenir compte de la protection de la CRAE et encore plus de leur valorisation ร  partir d’un point de vue qui combine l’utilitarisme รฉconomique et l’altruisme. La CRAE semble en effet faire partie de l’identitรฉ des populations cรดtiรจres de la Martinique et, pour cette raison, doit รชtre valorisรฉe. Elle est รฉgalement une source potentielle importante de l’emploi et du dรฉveloppement รฉconomique et mรฉrite donc plus que la nรฉgligence inattentive actuelle (FAILLER et al, 2015: II.J).
โ€ข Enfin, les pressions actuelles exercรฉes sur la CRAE, en particulier la destruction, la fragmentation et la dรฉgradation des habitats, la surexploitation ou lโ€™insertion d’espรจces de poissons, introduisent la notion de coรปt de l’inaction publique. Estimรฉ ร  environ 2Mโ‚ฌ par an pour l’ensemble de la CRAE, ce coรปt montre que de ne rien faire a un prix: le prix de la perte รฉconomique, pour laquelle il est conseillรฉ d’ajouter le prix de la restauration des รฉcosystรจmes endommagรฉs. Dans ce contexte, la reconnaissance de la valeur รฉconomique totale de la CRAE est fondamentale pour l’optimisation de l’action publique, d’autant plus que les valeurs qui la composent montrent la trรจs forte liaison entre les considรฉrations รฉconomiques et les vivants (FAILLER et al, 2015: II.J).

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
ETAT DE Lโ€™ART
A/ Gestion environnementale
B/ La dynamique des littoraux martiniquais
C/ Le littoral de Schoelcher et ses problรจmes d’รฉrosion
D/ les perspectives de rechargement de plages ร  Schoelcher (Mรฉthodes, efficacitรฉs…)
2/ METHODOLOGIE : ESSAIS DE CARACTERISATION MULTISCALAIRE
A/ Cartographie du trait de cรดte : approche ร  long terme
B/ La surveillance topographique des plages : approche ร  moyen terme
C/ mise en place des protocoles MNT
D/ Suivi par photographie fixes
3/ RESULTATS
A / Analyses photographiques
B / Les tendances dynamiques identifiables ร  la travers la technique du DSAS
C/ Etude du littoral schoelcherois ร  lโ€™aide des profils de plage
D / MNT diffรฉrentiel
DISCUSSION
CONCLUSION
LES SIGLES
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES

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