La dynamique de l’espace forestier

La région Vakinankaratra est caractérisée par un faible taux de couverture forestière. À partir des données recueillies auprès des districts en 2009, la ressource forestière existante est de 54 506 ha (CREAM 2013) qui représente une proportion d’un peu moins de 4 % par rapport à la superficie de la région. La majorité des paysages boisés actuellement dans la région est le résultat de l’action de reboisement faite par les populations locales et l’État depuis les années 60. Les essences les plus visibles sur le paysage sont des espèces introduites comme le Pinus, l’Eucalyptus, l’Acacia… La ressource forestière a subi le phénomène de dégradation et de déforestation considérable d’une année à une autre ; il ne reste plus que quelques lambeaux de forêt dans la région. Les causes de la destruction de la forêt sont multiples. Elles sont liées à la pauvreté, à l’extension des terrains agricoles, à l’approvisionnement en énergie combustible des habitants locaux et au ravitaillement des centres urbains.

La couverture forestière d’Ankafotra dans le sous-espace d’AmbohidranandrianaAmbohimiarivo est un site de reboisement appartenant à la commune urbaine d’Antsirabe. Le paysage forestier a une superficie d’environ 598 ha (Landsat7 ETM+, 2003) avec la prédominance des espèces introduites. Malheureusement, la forêt a subi la pression humaine et a souffert d’une évolution catastrophique par l’exploitation abusive entre 2008 – 2013 qui a entrainé actuellement la dégradation de la ressource.

UN MILIEU NATUREL PRÉDISPOSÉ À L’ACTION DE L’ÉROSION

Une topographie contrastée

La forme du relief terrestre est l’un des éléments visibles constituant le paysage. Dans le sous-espace étudié, l’évolution morphogénétique du paysage, sous l’action des agents exogènes, a abouti à une répartition altitudinale bien distincte avec une forme de relief plus ou moins complexe. Il présente un contraste est-ouest ; l’altitude moyenne de l’ensemble varie entre 1500 m et 1900 m, soit une dénivellation topographique supérieure à 350 m. Du point de vue morphologique, en général, le relief se divise en deux aspects :
– La partie occidentale est formée par de basses collines qui ont une altitude moyenne de 1600 m où l’ensemble est formé par de vastes pénéplaines et d’une plaine rizicole.
– La partie orientale est caractérisée par de hautes collines avec une altitude moyenne de 1850 m. Elle présente un versant abrupt de l’est vers l’ouest et marqué aussi par une forte inclinaison de la pente . C’est le domaine où le site de reboisement d’Ankafotra se localise.

La rivière Manandona prend sa source dans les contreforts méridionaux du massif de l’Ankaratra du côté du village de Sambaina, à 2367 m d’altitude (Razanadraibe, 1994). Elle coule dans une direction nord-sud en traversant la partie basse occidentale du sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo et reçoit son affluent formé par la Fitamafy. Dans son passage, la rivière traverse une plaine. En  dessine des méandres.

Un élément qui marque le paysage topographique dans la zone de recherche est le passage du grand escarpement de Betampona qui s’étend sur une longueur d’environ 40 km du nord au sud avec une dénivellation de 400 m (Mottet, 1974). Ce dernier traverse une grande partie du sous-espace et est relayé par un accident N45° qui va rejoindre le sillon de la Manandona de direction N5° au sud de la route Antsirabe-Soanindrariny (Razafimahefa, 2010). La station forestière d’Ankafotra se localise dans la limite sud de l’escarpement de Betampona. Le passage de ce dernier présente un accident topographique marqué par des versants abrupts.

Le profil topographique A — B, montre la variation altitudinale dans le sous-espace d’Ambohidranandriana – Ambohimiarivo et met en évidence l’escarpement de Betampona à l’Est .

Le rôle de la pente est très important dans la dynamique morphologique du paysage. Il est par ailleurs utile d’avoir un point de référence lorsque les valeurs sont présentes. À partir de la carte des pentes de la zone de recherche, l’unité formant le relief de la zone de recherche peut se diviser en trois types : une première catégorie est formée par les reliefs en hauteur dont la valeur des pentes est supérieure à 18-24 %, qui forment en général des sommets et témoignent le passage de l’escarpement de Betampona à l’ouest de l’espace forestier d’Ankafotra. La deuxième catégorie est constituée par les reliefs moins pentus où la valeur de la pente est comprise entre 6 et 12 %, formant de moyennes et basses collines. Enfin, les reliefs plans, avec une valeur de la pente inférieure à 6 %, représentent des zones basses sous forme des vallées ou des vallons.

Une formation géologique tendre

Le présent mémoire est focalisé sur l’étude de la dynamique du paysage forestier, de comprendre la dévastation du milieu naturel et ses conséquences. Pour cela, il est nécessaire de connaître le substrat géologique auquel appartient la zone de recherche. C’est une raison qui incite à faire un petit rappel sur la géologie de Madagascar et celle de la région Vakinankaratra. C’est évident de se focaliser plus sur le socle cristallin et se concentrer surtout sur le domaine d’Antananarivo, car la zone de recherche est entièrement incluse dans ce bloc.

Rappel sur la géologie de Madagascar

Dans une vision globale, la carte géologique de Madagascar est facile à décrire. Elle est constituée par trois formations distinctes :
➤ le « socle cristallin précambrien » qui occupe les 2/3 de la grande île ; forme les Hautes Terres centrales et presque toute la partie orientale. Cette formation est d’âge supérieur à 550 millions d’années d’où son appellation ;
➤ la « couverture sédimentaire » qui occupe le 1/3 de Madagascar, elle repose en discordance sur le socle cristallin et est très développée sur la zone côtière occidentale ;
➤ les « formations volcaniques » qui sont répandues dans divers endroits de l’île.

Le socle cristallin précambrien de Madagascar
Les principales phases de la mise en place de l’ensemble du socle précambrien de Madagascar sont étudiées par plusieurs chercheurs celle de Besairie (1964 et 1973), Hottin et Vachette (1976), Windley et al. (1994), Collins (2006) et PGRM (2010 et 2012). Dans ce présent travail de recherche, il est de préférence de retenir les derniers concepts du PGRM qui établissent que le socle précambrien, composé d’une grande variété de lithologies d’âge Archéen à fini Protérozoïque (3,2 Ga à 530 Ma) est divisé en six domaines à savoir : AntongilMasora, Antananarivo, Ikalamavony, Androyen-Anosyen, Bemarivo et Vohibory .

Le domaine d’Antananarivo est une vaste étendue composée d’orthogneiss et de paragneiss d’âge Néoarchéen en faciès schiste vert à granulitique. Les gneiss du Néoarchéen sont divisés en unités supracrustales, le Groupe de Vondrozo au Sud et le Groupe de Sofia au Nord et en orthogneiss regroupés au sein de la Suite de Betsiboka qui présente une composition variée allant de granite-monzonite au tonalite-granodiorite. De plus, le domaine comprend trois grandes ceintures synformes de schistes et de gneiss basiques d’âge Néoarchéen à Paléoprotérozoïque (2,70 – 2,48 Ga) regroupé au sein du Complexe de Tsaratanana. Elles sont représentées, d’ouest en est, par les ceintures de Bekodoka – Maevatanana, d’Andriamena et de Beforona. Le domaine d’Antananarivo est aussi le substratum de deux séquences de roches métasédimentaires majeures, d’âge de dépôt Néoprotérozoïque, qui affleure dans d’étroites ceintures orientées nord-sud : le Groupe d’Ambatolampy et le Groupe de Manampotsy. Les roches métasédimentaires du Protérozoïque et leur socle Néoarchéen sont recoupés par deux générations de roches plutoniques : la suite d’Imorona — Itsindro (820 – 740 Ma) qui consiste un assemblage bimodal de gabbros et de syéno — granites ; et la suite d’Ambalavao — Kiangara — Maevarano (540 – 520 Ma) qui comprend des granitoïdes syn – à tardi — tectoniques (gabbro – diorites puis syénogranites) de type « stratoïdes ».

Géologie de la région Vakinankaratra

La région Vakinankaratra, à laquelle appartient le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo a été connue par sa géologie très spécifique qui est liée avec l’histoire géologique de Madagascar. Elle fait partie géologiquement du domaine d’Antananarivo. Sa géologie est constituée par trois ensembles : le socle précambrien, les formations volcaniques et les sédiments lacustres.

Les formations volcaniques
La région est célèbre pour son volcanisme donnant le massif de l’Ankaratra. Ce volcanisme intense a commencé il y a 7 millions d’années (Raunet, 1974). Des réajustements tectoniques ont eu lieu à la fin du Pliocène et se sont poursuivis pendant le Quaternaire (Petit, 1998) qui se traduit par des effondrements le long de lignes de fractures antérieures donnant la faille du Betampona et celle du Mandray.

Les sédiments lacustres
Des bassins sédimentaires de type lacustre, d’origine volcanique et tectonique sont également caractéristiques de la géologie de Vakinankaratra à savoir :

▪ le bassin de l’Onive rempli par des alluvions récentes et des formations lacustres ;
▪ le bassin d’Antanifotsy, avec un remplissage des sédiments néogènes dont des argiles, des schistes bitumineux et des lits de diatomites, intercalés par des produits basaltiques ;
▪ le bassin de Sambaina, formé par une grande plaine d’alluvions récentes et des sédiments analogues à ceux d’Antanifotsy ;
▪ le bassin d’Antsirabe, formé par des sédiments néogènes au quaternaire avec des conglomérats à galets trachytiques, des argiles et des cinérites.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIERE PARTIE : CADRE GÉNÉRAL DE LA RECHERCHE
CHAPITRE 1. CHOIX DU THÈME ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE
1.1. Le contexte du sujet
1.2. Le choix du thème et du sujet
1.3. La problématique du sujet
1.4. Les objectifs de la recherche
1.5. Limites de la recherche
CHAPITRE 2. LA DÉMARCHE ET LES TECHNIQUES DE RECHERCHE UTILISÉES
2.1. Démarche adoptée
2.2. Les collectes et traitements de données
2.2.1. Techniques de collecte des données
2.2.1.1. Observation directe
2.2.1.2. Documentation
2.2.1.3. Élaboration des questionnaires
2.2.1.4. Entretien et Enquête
2.2.1.5. Consultation cartographique
2.2.1.6. Relevé par GPS
2.2.1.7. Téléchargement de base des données
2.2.2. Traitement et analyse des données
2.2.2.1. Les logiciels utilisés
2.2.2.2. Les bases de données utilisées
2.2.2.3. Création de bases de données
2.2.2.4. Télédétection et traitement cartographique
2.2.2.4.1. Télédétection
2.2.2.4.2. Traitement cartographique
2.3. Vérification sur le terrain
2.4. Les problèmes rencontrés lors de la recherche
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
DEUXIEME PARTIE :LA DYNAMIQUE DE L’ESPACE FORESTIER
CHAPITRE 3. UN MILIEU NATUREL PRÉDISPOSÉ À L’ACTION DE L’ÉROSION
3.1. Une topographie contrastée
3.2. Une formation géologique tendre
3.2.1. Rappel sur la géologie de Madagascar
3.2.2. Le socle cristallin précambrien de Madagascar
3.2.3. Le domaine d’Antananarivo
3.2.4. Géologie de la région Vakinankaratra
3.2.5. Géologie de la zone de recherche proprement dite
3.3. Un climat tropical d’altitude
3.4. Relief et sous-sol fragiles
CHAPITRE 4. LA DYNAMIQUE DE LA POPULATION ET SES ACTIVITÉS
4.1. Population dépendante de l’agriculture
4.1.1. Effectif et croissance démographique
4.1.2. Caractéristique des ménages
4.2. La principale activité de la population
4.2.1. Agriculture et élevage
4.2.2. La production de charbon de bois et de bois de chauffage
4.3. Caractéristiques des fokontany concernés par la forêt d’Ankafotra
CHAPITRE 5. LA FORÊT D’ANKAFOTRA EN FORTE DÉGRADATION
5.1. Une forêt de reboisement
5.2. Les principales causes de la dégradation de la forêt
5.2.1. La fréquence des aléas climatiques
5.2.2. L’exploitation de bois d’œuvre et de bois d’énergie
5.2.3. Les habitants dépendants de la ressource forestière
CHAPITRE 6. LA DYNAMIQUE RÉGRESSIVE DU PAYSAGE FORESTIER
6.1. L’évolution spatio-temporelle de la couverture forestière
6.1.1. Le changement de la couverture forestière
6.1.2. L’évolution de l’occupation du sol entre 2003 et 2017
6.2. Du paysage forestier au paysage agricole
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
TROISIEME PARTIE : IMPACTS ET PERSPECTIVES
CHAPITRE 7. UN MILIEU NATUREL PERTURBE PAR LA DEGRADATION DE LA FORET
7.1. Les différentes formes d’érosion
7.1.1. Le ruissellement diffus
7.1.2. Le ruissellement concentré
7.1.2.1. Les rigoles
7.1.2.2. Les ravinements
7.1.2.3. Le lavaka
7.1.2.4. Le mouvement de masse
7.2. Localisation des zones sensibles à l’érosion
7.3. Tarissement des sources
CHAPITRE 8. IMPACTS DE L’EXPLOITATION DE LA FORÊT
8.1. La production de charbon et de bois de chauffage
8.2. Extension des terrains de cultures
8.3. Destruction de l’horizon du sol
8.3.1. Sols décapés
8.3.2. Des sols appauvris
8.4. Diminution de la production agricole de la zone environnante
8.4.1. Des bas-fonds ensablés
8.5. Stratégie paysanne face à l’érosion
CHAPITRE 9. PERSPECTIVES POUR RESTAURER ET PROTEGER L’ESPACE FORESTIER
9.1. La gestion de la forêt d’Ankafotra
9.1.1. Gestion passée et actuelle
9.1.2. Suggestion d’amélioration de la gestion
9.2. Accentuer l’action de reboisement
9.3. Favoriser les actions générant des retombés économiques de la population riveraine100
9.4. Proposition d’un schéma d’Aménagement
CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE
CONCLUSION GÉNÉRALE

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