La dynamique de l’ancrage dans les espaces périurbains

Le périurbain comme un espace hétérogène qui se démarque de la ville

   Le périurbain peut tout d’abord être considéré comme l’ensemble des communes qui se trouvent tout autour d’un pôle urbain. C’est l’espace qui fait l’intermédiaire entre la ville et l’espace urbain d’un côté, et la campagne et l’espace rural de l’autre. En effet, l’espace périurbain rassemble les communes de densité peu élevée ayant une faible présence d’équipements, d’emplois et de services. Ces communes s’étalent en direction des terrains agricoles tout en étant assez proches de la ville centre. Enfin, c’est un espace où prédomine l’habitat pavillonnaire.De plus, l’espace périurbain est fortement hétérogène au niveau de sa composition. Le périurbain le plus proche de la ville centre est dominé par l’habitat pavillonnaire et l’organisation des emplois, des transports tend à être englobé par l’agglomération. Au contraire, le périurbain lointain a une densité plus faible et est caractérisé par l’éloignement des aménités nécessaires et des pôles d’emploi ainsi qu’une accessibilité moins importante.

Le périurbain comme un espace marqué par un mode de vie particulier

   Le mode de vie des périurbains est principalement marqué par une mobilité importante qui est adoptée par l’ensemble des habitants. Certains auteurs, comme Brunet, déclarent que le périurbain est autour de la ville et fait en réalité parti de la ville du fait d’activités et de modes de vie similaires à ceux de la ville. Les modes de vie urbain et périurbain sont considérés comme similaires, c’est-àdire que les activités pratiquées et leur mobilité sont semblables. Par ailleurs, L.Cailly propose de dégager un mode de vie quotidien qui serait commun à l’ensemble des périurbains et qui permettrait de le différencier du mode de vie citadin. Cette caractéristique, appelé le « pack périurbain », serait composé de sept critères qui décrivent la manière de vivre au sein de cet espace et le lien que ces habitants entretiennent avec la ville. Tout d’abord, comme dit dans la partie précédente, le périurbain est l’espace de la mobilité. Ainsi, la mobilité des périurbains est plus importante que celle des citadins quelque soit le motif de déplacement (ville mobile). Cette mobilité est d’autant plus importante au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la ville centre. Elle se réalise essentiellement en voiture, moyen de locomotion qui est souvent perçu comme la solution de facilité, ou l’unique solution pour se déplacer (ville automobile). Ce choix est dû à une mauvaise desserte des autres modes de transport et aussi à l’éloignement des zones d’emploi et de services qui se concentrent pour la plupart dans la ville centre. Les habitants de l’agglomération tourangelle privilégient les déplacements en direction des centralités urbaines périphériques qui sont des zones plus accessibles du fait de la présence de grandes voies de communication, car elles regroupent des centres commerciaux et des services nécessaires aux habitants. De plus, les déplacements des habitants périurbains sont souvent  organisés selon un parcours en boucle avec l’habitation comme point de départ et d’arrivée et l’ensemble des destinations planifiées tout au long du trajet (ville en boucles programmées). Les périurbains font des trajets en boucles programmées pour éviter de faire des allers retours incessants. Ces déplacements entraînent une organisation de l’espace de vie selon un réseau (ville réseau). En effet, les équipements nécessaires aux habitants ne se situent pas au même endroit. Les habitants du périurbain fréquentent donc différents espaces ce qui forme un réseau propre à chaque individu. Ce réseau peut être modifié du fait que l’habitant du périurbain peut faire le choix entre plusieurs équipements (ville du « choix »). Aussi, ces déplacements ont également des destinations différentes selon l’activité que l’habitant souhaite réaliser. En effet, les activités sociales élémentaires se situent au niveau des centres locaux, les activités spécialisés au sein des centralités périphériques et enfin les activités les plus rares au cœur de l’agglomération. La ville et son périurbain s’organise donc selon un modèle polycentrique (ville polycentrique). De plus, l’habitant périurbain souhaite habiter proche de son lieu de travail, lieu où il se dirige le plus souvent. Ainsi, il choisirait un secteur d’habitation, souvent délimité par des obstacles (rocades, autoroutes, fleuves) assez proche de ce lieu de travail : la ville est ainsi sectorisée (ville sectorisée). C’est les cas par exemple de Tours Nord au nord de la Loire ou encore de Tours Sud au sud du Cher). Enfin, le périurbain se divise en cinq échelles de référence de tailles variables, déterminées par l’individu qui les occupent de diverses façons, selon leur souhait et le but de leur déplacement (ville multiscalaire). En effet, le domicile est l’espace à plus petite échelle qui est le plus fréquenté. Puis, l’espace de la commune souvent valorisé est le lieu de promenades et de scolarisation. Ensuite, l’espace du pays correspond aux bassins de vie et aux centralités urbaines périphériques regroupant des services et des équipements plus importants. L’échelle du secteur est aussi abordée et elle correspond aux navettes domicile travail. Enfin, l’échelle de l’aire urbaine, échelle la plus grande, correspond à l’ensemble de l’agglomération et est investi dans de rares cas. Ces sept figures résument la spatialité des périurbains et cet ensemble se dévoilerait plus comme une conséquence indirecte du choix d’habiter cet espace plutôt que l’adaptation immédiate de ces habitants pour combler leurs besoins. Le périurbain est par ailleurs identifié comme le territoire par excellence, pour les classes moyennes10, un refuge11 pour ceux qui veulent accéder à la propriété en maison individuelle. C’est un territoire qui est aussi propice aux jeunes familles qui veulent fonder leur « foyer » et accéder à la propriété. Ces trois définitions ont l’avantage de déterminer le périurbain à l’appui de critères très différents les uns des autres. Néanmoins, les seuils d’appartenance restent floues ce qui rend sa définition complexe.

Une caractérisation de l’habiter par un couplage des concepts qui déterminent l’ancrage

   La relation première entre l’espace de vie et l’homme est l’habiter, c’est-à-dire le fait « d’avoir son domicile en un lieu ». En effet, les personnes, avant de pratiquer les lieux, vont se loger et se sédentariser dans cet espace et ensuite organiser l’ensemble des pratiques et des déplacements à partir de ce lieu d’habitation. Or, habiter un lieu ne signifie pas seulement se loger. La notion d’habiter, dans le sens résider sur Terre, est « la manière dont les hommes sont dans le monde ». « C’est [la construction de] votre personnalité, [le déploiement de] votre être dans le monde qui environne et auquel vous apportez votre marque et qui devient vôtre ». En poussant plus loin, habiter est le fait d’occuper habituellement un lieu, c’est-à-dire que c’est le moment où les relations entre les actions réalisées par l’homme et les offres proposées par le lieu sont fortes ce qui entraîne une approbation et un investissement au sein de cet espace. Ainsi, cette notion s’inscrit à la fois dans l’espace et la durée. L’approche de l’habiter passe par l’étude de la pratique des lieux géographiques. En effet, l’objectif est de savoir ce que les hommes font avec le lieu afin de leur donner un sens chez l’homme. Cette étude passe par l’identification des lieux fréquentés, c’est-à dire le moment, la fréquence et le motif de déplacement, afin de déterminer les lieux connus et familiers des lieux étrangers. C’est dans ce cadre que l’ancrage prend tout son sens. En effet, la fréquentation et l’investissement du lieu passent par les questions liées à la mobilité, mais aussi à l’appartenance et l’attachement au territoire qui déterminent le degré d’investissement et les émotions affectées à la pratique des lieux.

L’appartenance au territoire : entretien de relations sociales et appartenance à un groupe social

   L’appartenance consiste à l’acceptation de faire partie d’un groupe social ayant les mêmes caractéristiques (même génération, mêmes goûts, même famille…). Cette notion correspond aussi à l’évaluation des relations qu’exercent l’individu avec les autres personnes du même village de résidence, c’est-à-dire ses voisins, et aussi avec les habitants du périurbain. Ainsi, la question de l’appartenance renvoie à celle de « la cohésion sociale qui relie les individus entre eux au travers d’une certaine homogénéité, d’un ensemble de références, normes, règles et pratiques collectives ». La pratique des lieux d’un individu s’effectue au sein d’une société qui agit dans un territoire. Ainsi, elle permet la rencontre d’autres personnes et l’entretien de relations sociales et par conséquent l’intégration de l’individu au sein de la société locale. De plus, la réalisation d’activités en groupe peut influer sur la pratique des lieux. Par exemple, les manifestations entre habitants de la commune périurbaine engendreraient une plus grande fréquentation de l’espace de résidence. Aussi, des activités de loisirs entre amis (bowling, restaurant…) entraînent la fréquentation de nouveaux lieux que l’individu ne serait pas forcément amené à fréquenter tout seul. Par conséquent, l’appartenance au territoire peut jouer un rôle sur la mobilité et sur son implication au territoire et donc avoir une influence sur son ancrage.

La réalisation d’entretiens et de relevés GPS

   Dans cette partie, nous nous intéresserons tout d’abord à la méthode adoptée et la mise en place de la grille d’analyse pour l’étude des entretiens et des relevés GPS réalisés durant une semaine auprès de 37 habitants du périurbain tourangeau par le groupe de recherche PériVia dans le cadre du contrat de recherche PUCA intitulée « la mobilité et le périurbain à l’impératif de la ville durable : ménager les territoires de vie des périurbains ». Ces entretiens, une fois les relevés GPS achevés, se déroulaient en trois parties. La première partie était consacrée au récit de la vie de l’individu, en insistant sur le parcours résidentiel, les lieux habités et fréquentés ainsi que les sentiments ressentis et souvenirs du passé de l’interrogé. Puis, la seconde partie s’intéressait aux commentaires et aux explications des cartes réalisées à partir des relevés GPS. Le but ici était de déterminer et de préciser les motifs de déplacements, les moyens de locomotion ainsi que les lieux fréquentés par l’individu et répartis en fonction des destinations, qu’elles soient en direction de la commune de résidence, de l’espace périurbain ou de l’ailleurs. Enfin, la troisième partie de l’entretien traitaient des questions sur la prise en compte du développement durable dans la vie quotidienne de l’interrogé. Les relevés GPS, effectués pendant une semaine, répertoriaient toutes les trois secondes la position de l’interrogé afin de savoir les lieux fréquentés, les trajets opérés et le moyen de locomotion utilisé par l’individu. Par la suite, ces relevés ont permis la réalisation d’un agenda et d’une carte répertoriant l’ensemble des données utiles. Ensuite, nous traiterons différents exemples d’application de la grille d’analyse pour six personnes habitant dans le périurbain tourangeau. Ces six personnes seront choisies en fonction de leur lieu de résidence, de leur lieu de travail, de leur âge, de leur catégorie socioprofessionnelle et surtout en fonction de leur mode d’habiter dans l’espace périurbain tourangeau. Ces exemples permettront enfin de déterminer leur ancrage et le rôle de l’espace périurbain pour chacun de ces interrogés.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
1. Le périurbain tourangeau : un espace aux frontières floues
1.1. Le périurbain : une définition complexe
1.1.1. Le périurbain comme un espace hétérogène qui se démarque de la ville
1.1.2. Le périurbain caractérisé comme l’espace de la mobilité
1.1.3. Le périurbain comme un espace marqué par un mode de vie particulier
1.2. Une tentative de délimitation du périurbain tourangeau
2. La relation entre le lieu habité et l’homme : l’ancrage d’un individu au territoire
2.1. Une caractérisation de l’habiter par un couplage des concepts qui déterminent l’ancrage
2.2. L’ancrage et ses différentes dimensions
2.2.1. L’appartenance au territoire : entretien de relations sociales et appartenance à un groupe social
2.2.2. L’attachement à un territoire
2.2.3. L’ancrage territorial et mobilité comme couple ambigu
2.2.3.1. Deux concepts de la mobilité
2.2.3.2. L’ancrage et la mobilité : dualité déterminant l’investissement de l’individu au territoire
2.2.4. L’ancrage : deux dimensions qui s’entrecroisent ou qui sont incompatibles ? Quel est l’implication de la mobilité dans l’ancrage ?
3. Vers une catégorisation des modes d’habiter
3.1. La réalisation d’entretiens et de relevés GPS
3.2. La mise en place de la grille d’analyse pour déterminer l’ancrage d’un individu au territoire périurbain
3.3. La diversité des modes d’habiter le périurbain
3.3.1. La diversité spatiale du périurbain
3.3.2. La diversité sociale du périurbain
3.4. Une catégorisation possible des modes d’habiter et sa conséquence sur l’ancrage
3.4.1. Les figures de souffrance
3.4.2. Les figures équilibrées
3.4.3. Les figures métapolitaines
3.5. L’application aux entretiens réalisés
3.5.1. La présentation du panel
3.5.2. Le choix des entretiens
3.5.3. Exemple de T1 : une personne surinvestissant le logement et sa commune de résidence
3.5.3.1. Détermination de la mobilité de T1
3.5.3.2. Détermination de son appartenance au territoire
3.5.3.3. Détermination de son attachement au territoire
3.5.3.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de T1
3.5.4. Exemple de J1 : une personne ayant une forte appartenance au territoire
3.5.4.1. Détermination de la mobilité de J1
3.5.4.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.4.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.4.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de J1
3.5.5. Exemple de L1 : une personne surinvestissant la commune de résidence et les pôles périphériques
3.5.5.1. Détermination de la mobilité de L1
3.5.5.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.5.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.5.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de L1
3.5.6. Exemple de P5 : une personne du périurbain lointain ayant une mobilité importante
3.5.6.1. Détermination de la mobilité de P5
3.5.6.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.6.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.6.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de P5
3.5.7. Exemple de F4 : une personne du périurbain proche ayant une mobilité importante
3.5.7.1. Détermination de la mobilité de F4
3.5.7.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.7.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.7.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de F4
3.5.8. Exemple de J6 : une personne multi-compétente illustrant la « ville du choix »
3.5.8.1. Détermination de la mobilité de J6
3.5.8.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.8.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.8.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de J6
3.6. La conclusion sur l’étude de l’ancrage
3.6.1. Une diversité dans les modes d’habiter
3.6.2. Conséquences sur la relation ancrage/mobilité ?
4. Vers la mise en durabilité de l’espace périurbain
4.1. Les différents aspects de la durabilité
4.2. Les critères pour un mode de vie durable
4.2.1. Une mise en durabilité dans le sens temporel par une forte ou faible mobilité ?
4.2.2. Une mise en durabilité dans le sens temporel par le bien vivre ensemble ou l’individualisme résidentielle ?
4.2.3. Un mode d’habiter durable par un fort attachement au territoire
4.3. La détermination de la durabilité des modes de vie des exemples traités
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *