Soutenance mémoire
La problématique foncière et la décentralisation en général dans la gestion des ressources naturelles en particulier a de tout temps constitué une préoccupation majeure pour l’Etat du Sénégal. Ce faisant, des mesures institutionnelles que politiques et juridiques (Création d’un Ministère chargé de la Décentralisation et des Collectivités locales, Loi sur le Domaine National, Code des Collectivités Locales, Loi portant transfert des compétences aux régions et communes, Code Forestier, Code de l’Environnement entre autres…) sont autant de concrétisation de la volonté politique des autorités du Sénégal de favoriser un plus grand accès et de manière équitable des populations à l’Avoir, au Pouvoir et au Savoir.
En effet, au Sénégal, l’agriculture absorbe près de 70 % de la main-d’œuvre et l’écrasante majorité des ménages ruraux se consacre à ce secteur d’où ils tirent l’essentiel de leurs revenus. Malgré toutes ces potentialités, le secteur agricole reste confronté à d’énormes difficultés qui l’empêchent d’être performante et compétitive. Et pourtant le pays dispose de régions agro écologiques avec d’énormes potentialités. Une bonne exploitation de ces ressources, permettrait d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Parmi ces régions agro écologiques, nous pouvons citer celle du Ferlo au nord du pays, à cheval entre les régions de Louga, Matam, Tambacounda, Diourbel et Saint Louis.
La zone du Ferlo, à proprement parler, apparait comme une région exclusivement vouée à l’élevage. Ce témoignage du Capitaine VALLIER en 1905 confirme la vocation pastorale de la zone et des Peuls : « Le Peul, pasteur par toutes les fibres de son être depuis tant de générations, aime passionnément le pays désert (…) où il possède de magnifiques troupeaux ».
Cadre de référence et méthodologie
Problématique
L’économie des pays pauvres et de l’Afrique en particulier est dominée par l’agriculture. Ce secteur occupe plus de la moitié de la population active et représente plus de 34% du PIB et 40% des exportations de marchandises des pays d’Afrique subsaharienne. Le Foncier constitue ainsi un axe important dans cette lutte contre la pauvreté. Ces questions foncières sont liées entre autres à la décentralisation, à la sécurisation des groupes marginalisés, à la lutte contre la pauvreté et aux pratiques nouvelles ou approfondies dans la gestion foncière des ressources naturelles qui constituent l’actualité foncière la plus récurrente.
Ainsi, l’agriculture avec les nombreuses activités qui gravitent autour d’elle est l’un des meilleurs secteurs à même de contribuer à la réalisation de ces objectifs. Au Sénégal, le secteur agricole joue un rôle prépondérant dans la vie socioéconomique. Le sous-secteur de l’élevage avec une contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) qui s’élève à 7,5% et une contribution à hauteur de 35% au Pib agricole, l’élevage occupe environ trois cent cinquante familles, soit plus de trois millions d’individus qui en dépendent.
Il joue un rôle important pour la sécurité alimentaire des ménages, le développement des productions végétales (traction animale, fumier) et constitue un moyen d’épargne et une source de trésorerie pour beaucoup d’exploitants. Malgré toute cette importance socio-économique, les investissements consacrés au soussecteur de l’élevage demeurent encore très faibles. Dans la région nord du Sénégal (Louga, Matam, Diourbel, Tambacounda et Saint Louis) se trouve l’une des plus importantes zones agro-écologique du pays où élevage et agriculture constituent les principales activités économiques. Cette zone appelée Ferlo a connu dans son histoire deux grands moments qui ont fondamentalement modifié son paysage et son économie. En effet, le Ferlo jadis zone d’éleveurs nomades, voit à la suite des «années 50» avec l’apparition des premiers forages hydrauliques des populations se sédentariser et du coup s’adonner également à l’agriculture pluviale Ainsi, en 1963, l’Etat du Sénégal, dans le cadre de son plan de développement du monde rural a créé le Ranch de Dolly qui avait pour mission principale de développer le secteur de l’élevage tout en y sauvegardant la faune et la flore existence dans la zone. Cependant, c’est à partir de 1968 qu’une partie du ranch est aménagée et la gestion du domaine fut d’abord assurée par la Société pour l’Exploitation Ressources Animalières du Sénégal (SERAS).
A la fin de la convention entre l’Etat du Sénégal et ladite société en 1976, la gestion a été assurée de façon intermédiaire par la Direction de l’Elevage jusqu’en 1979 date à laquelle le Gouvernement du Sénégal a signé une nouvelle convention avec la Société pour le Développement de l’Elevage dans la Zone Sylvopastorale (SODESP) qui a fait du ranch un domaine de réélevage des veaux mâles. Cette société va assurer la gestion du domaine de 1979 jusqu’en juillet1999 date de la clôture du projet par sa liquidation par le Sénat de la République du Sénégal.
L’équation centrale à laquelle il s’agit de résoudre, est de comprendre les difficultés liées à la gestion du foncier et ressources naturelles (pâturages, de l’eau etc..), au manque de capacités en techniques de formation et de transformation des produits liés à l’activité d’élevage ainsi que le manque d’infrastructures appropriées au Ferlo en général et dans le Ranch de Dolly en particulier.
Méthodologie et recherche documentaire
Méthodologie
Des visites effectuées sur le terrain (zone de Dolly) ont permis la réalisation de plusieurs enquêtes et interviews. L’approche systémique est fondée sur l’enquête, le sens de l’écoute, le recul historique et l’analyse hydraulique et hydrologique, le peuplement de la région ainsi que les mouvements de transhumances. Elle porte donc autant sur l’étude des interactions que sur les éléments eux-mêmes. Elle se déroule en plusieurs étapes qui sont presque dépendantes. Les principaux moyens de transport pour aller sur le terrain furent des charrettes et véhicules. La région a été parcourue par charrette durant nos premiers voyages parce que les véhicules allant sur Dolly ne sont pas réguliers du fait de l’enclavement de la zone. Il fallait se rabattre sur Dahra Djolof le dimanche ou Linguère le vendredi pour rallier facilement Dolly ; sinon quand on passe par Touba on pourrait rejoindre Gassane lors de son Louma le lundi.
Ensuite, pour ne pas se limiter au parcours, des visites ponctuelles ont été effectuées en plus d’une dizaine d’entretiens avec des habitants. Ce qui a permis la réalisation d’une étude exhaustive et profonde de la zone, mais aussi de définir les unités relativement homogènes en vue de réaliser un zonage. Il s’agit, au niveau de chaque partie de l’écosystème, de voir comment celui-ci est mis en valeur. Au cours de cette phase, l’observation et l’interrogation des personnes ressources ont été utilisées pour comprendre les pratiques, les noms des zones particulières, des espèces herbacées, arbustives et arborées.
A cette étape un certain nombre de questions et d’hypothèses ont été soulevées. Elles portent sur les raisons de la création du ranch de Dolly, de son impact sur la transhumance des pasteurs peuls du Ferlo, des conséquences du délabrement de ses infrastructures et les recommandations pour sa redynamisation.
La recherche documentaire
La recherche bibliographique a été la première étape de notre travail dès l’identification de notre thème de recherche. Cette phase de notre mémoire nous a conduit dans plusieurs centres de documentation et bibliothèques. C’est ainsi que plusieurs œuvres, mémoires, revues, articles et publications portant l’esprit de création du ranch ainsi que son impact pour l’économie nationale ont été consultées. Elle a démarré avant le départ pour le terrain et a permis d’avoir un premier contact avec la zone d’étude. En effet, elle a permis de situer notre zone d’étude sur le plan géographique, d’avoir une idée assez claire sur les différentes activités qui y sont menées, et sur certains aspects sociologiques du Ferlo. La recherche était basée sur des documents sur le Ferlo, particulièrement sur les modes d’occupation et de gestion des terres au Ferlo, les difficultés du secteur de l’élevage qui n’est pas considéré comme une forme de mise en valeur des terres du fait des mouvements de transhumances des populations entre le Walo (vallée du fleuve) vers le haut-pays (Jeeri), les modes de gestions des ouvrages hydrauliques bref, les interactions entre ces différents éléments de la région. Ces recherches nous ont conduites à la bibliothèque de l’UCAD (BU), à l’IFAN, au Centre Culturel Allemand (Goethe Institut), aux Ministères de l’Elevage et des Productions Animales (MEPA), Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural (MAER), Ministère de la décentralisation et des collectivités locales, au service de l’Hydraulique, au Service des Eaux et Forêts de Linguère, à la Sous-Préfecture de Barkédji. En somme, plusieurs entretiens ont été réalisés. A cette étape, un certain nombre de questions et d’hypothèses ont été soulevées. Elles portent sur les raisons de la création du Ranch de Dolly, les raisons de son accaparement par des agrobusiness, son impact sur la transhumance des pasteurs peuls du Ferlo mais aussi sur les difficultés d’épanouissement du secteur de l’élevage ainsi que ses acteurs.
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Table des matières
Introduction
A. PREMIERE PARTIE
Chapitre I : Cadre de référence et méthodologie
I. Problématique et justification du sujet
1. Problématique
2. Justification
II. La méthodologie et sources utilisées
1. Méthodologie utilisée
2. La recherche documentaire
III. Cadre théorique et conceptuel
IV. Revue critique de la littérature
B. DEUXIEME PARTIE
Chapitre II: Cadre de l’étude
I. Présentation historique du Ranch de Dolly
II. Cadre physique de Dolly
1. Le milieu physique et les ressources hydrauliques
2. Le climat et la température
3. La pluviométrie et les sols
4. Les infrastructures du ranch
III. Cadre Humain
1. Le milieu humain
2. Sédentarisation de la population pastorale
3. Gestion et occupation de l’espace
4. La dynamique organisationnelle
IV. La dynamique agropastorale ou évolution des systèmes agropastoraux
C. TROISIEME PARTIE
Chapitre IV: Les enjeux du Ranch de Dolly
I. Statut obsolète et enjeux pour la préservation du ranch
a. Statut obsolète du Ranch
b. Enjeux pour la préservation du ranch
Chapitre V : Impacts de la mise en place des forages dans le ranch
a. sur le plan politique et économique
b. sur le plan socioculturel
c. sur le écologique et environnemental
Chapitre VI : Les grandes dates importantes au Ferlo
I. Evolution du Ferlo
a. 1920-1960 : Avant le classement du ranch
b. 1963-1964 : De la création du ranch au vote de la 1ere Loi Foncière au Sénégal
c. 1968-1999 : Du classement du Ranch à sa liquidation par le Sénat
d. 2013 : Réhabilitation des infrastructures du Ranch par l’Etat du Sénégal
II. Perspectives
Conclusion
Références bibliographiques
