De la durabilité énergétique
La durabilité dans le secteur énergétique
Que signifie une énergie durable ? Telle est la première interrogation qui vient tout naturellement à l’esprit lorsque ce sujet est abordé. La revue de littérature offre une panoplie d’aide à la compréhension de cette notion. Mais pour notre part, le choix s’est porté sur deux définitions dont le contenu s’avère aisé à saisir et à assimiler.
➤ La première définition est celle retenue par l’ADER qui résume que l’énergie durable est celle qui combine les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Le concept d’énergies renouvelables étant considéré comme acquis, il nous faut comprendre ce qu’il en est de l’efficacité énergétique.
Selon l’interprétation donnée par la Nouvelle Politique de l’Energie, l’efficacité énergétique est un thème transversal de réduction des pertes énergétiques dans le transport, la distribution et la consommation de l’électricité. Autrement dit, le concept d’efficacité est lié à l’utilisation rationnelle de l’énergie produite de sorte à éviter tout gaspillage, et ceci du site de production jusqu’au lieu de consommation. Le mariage entre les énergies renouvelables et le concept d’efficacité énergétique amène à conclure que l’énergie durable est celle qui impacte de manière positive sur les trois dimensions du développement durable que sont : l’environnement, l’économie et le social.
A titre de rappel, selon le rapport de Brundtland, le développement durable est la réponse aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. La promotion des énergies renouvelables, comme il a été souligné dans le précédent cadrage institutionnel, vise principalement à protéger l’environnement qui est menacé par l’action de l’Homme tout en lui assurant en même temps une source d’énergie propre au moindre coût.
Ce premier essai d’explication est renforcé par celui du Conseil Mondial de l’Energie (2000).
➤ La seconde définition est celle du Conseil mondial de l’Energie qui pose trois critères de durabilité de l’énergie à savoir :
i. L’acceptabilité
La notion d’acceptabilité est liée à deux facteurs. D’une part, il s’agit du respect de l’intégrité de l’environnement qui renforce alors le choix vers la promotion des énergies renouvelables. D’autre part, il est aussi question de l’aspect social lié à la production et à la consommation de l’énergie supposant le garanti de la sécurité des travailleurs et des usagers.
ii. L’accessibilité
Pour ce qui est de l’accessibilité, l’intérêt est ici porté sur le prix à fournir pour acquérir l’énergie. Une énergie qui soit durable se doit à cet effet d’être accessible par le grand nombre, de sorte qu’une équité puisse s’instaurer au sein de la population. Mais outre le rôle majeur attribué à l’aspect prix, la disponibilité physique des infrastructures de production peut également jouer dans l’accessibilité de l’énergie. Dans cette optique, c’est la volonté et les actions des autorités étatiques qui doivent être appréciées. Pour le cas de Madagascar, comme nous l’avons vu plus haut, il existe une volonté politique palpable à travers la mise en place de la NPE ainsi que des actions concrètes à travers les missions de l’ADER et à l’instar de la microcentrale hydroélectrique de Soavina qui fait l’objet de la présente étude.
iii. La disponibilité
Pour ce qui est de la disponibilité, le Conseil Mondial de l’énergie a surtout mis l’accent sur les questions de la sécurité de l’approvisionnement et de l’indépendance énergétique. Cette problématique est d’ailleurs retenue par la NPE à travers la prise de conscience de la dépendance aux produits pétroliers et posant ainsi comme alternative durable les énergies renouvelables.
En sommes, nous retiendrons que la durabilité énergétique suppose une source d’énergie qui est d’abord renouvelable permettant sa stabilité et sa disponibilité dans le temps. C’est aussi une énergie peu coûteuse facilitant l’accès de toutes les catégories de personnes.
Enfin, c’est une énergie propre et efficace rendant son utilisation acceptable sur le plan environnemental. Et l’étude que nous allons mener tentera d’en vérifier la concrétisation.
Etat des lieux du secteur électricité à Madagascar : un potentiel hydraulique sous-exploité et contraste urbain/rural
Madagascar est doté d’importants potentiels en source d’énergie hydroélectrique. Toutes les parties de l’île sont drainées par de nombreux fleuves et rivières. Selon un rapport de la Banque Mondiale sur la petite hydroélectricité à Madagascar, les 57% de la superficie totale du pays sont drainées par les principaux fleuves et rivières, soit à raison de 335 405 km2 de bassins versants. Les retenues d’eau les plus importantes sont au nombre de treize dont la capacité est estimée à 493 millions de m3 . Environ 78% de ces retenues d’eau sont destinées à l’hydroélectricité. Bien qu’une majorité importante des infrastructures existantes sont dirigées vers l’hydroélectricité, cela ne représente que seulement 2,5% des potentiels du pays. Autrement dit, sur les 7800 MW disponibles, environ 195 MW sont effectivement exploités. D’importantes actions restent donc à faire dans ce secteur. D’autant plus que la politique énergétique actuellement en vigueur préconise la promotion des énergies renouvelables dont l’hydroélectricité, notre étude s’inscrit dans cette démarche.
Le projet et son environnement
Contexte général
Le partenariat public privé connait un essor considérable à Madagascar et le secteur de l’hydroélectricité ne fait pas exception à cette règle. La microcentrale hydroélectrique de Soavina s’inscrit en effet dans ce contexte. La microcentrale hydroélectrique de Soavina a été mise en service en janvier 2015. Elle vise l’approvisionnement en électricité de quatre Fokontany à savoir, Ilaka Centre, Ikianja, Ankeniheny et Soavina. Il est à noter que ces quatre localités se trouvent sur l’axe de la route nationale N°7. Ce projet est le résultat d’un partenariat public privé (PPP) avec le financement parallèle de quatre acteurs principaux dont l’ADER, le GIZ Madagascar, la Commune d’Ilaka Centre et la société HIER :
– Maître d’ouvrage : Ministère de l’énergie
– Maître d’œuvre : Agence pour le Développement de l’Electrification Rurale Permissionnaire : Société HIER (Hydro Ingénierie Etudes et Réalisation) .
Présentation de la microcentrale et du Promoteur du projet
La microcentrale hydroélectrique en question est aménagée sur le site de Soavina au niveau de la rivière d’Isandra. Il est situé à 1600 mètres à l’Est de la route nationale N°7. L’infrastructure est formée par :
– un barrage de rétention avec un évacuateur et une prise d’eau ;
– un ouvrage d’amené et de prise d’eau à travers les conduites forcées ;
– une centrale proprement dite avec une vanne d’isolement, une turbine cross flow, un alternateur et un transformateur. La puissance installée est estimée à 60KW.
– une ligne de transport d’énergie étalée sur 7,5 km ;
– un poste de transformation composé d’un transformateur élévateur et de trois transformateurs abaisseurs ;
– une ligne de distribution en bois sur une longueur de 8,9km.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : Des cadrages préalables et méthodologie de l’étude
Chapitre 1 : Des cadrages préalables
1. Les cadres juridiques en vigueur à Madagascar
1.1. La Charte de l’environnement et le Décret MECIE
1.2. La loi N°98-032 du 20 janvier 1999 portant réforme du secteur de l’électricité à Madagascar
1.3. La loi N° 2008 – 038 du 18 décembre 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la Loi N° 98-032
1.4. Loi N°98-029 du 20 janvier 1999 portant Code de l’Eau
2. Politique et acteurs de la politique
2.1. La Nouvelle Politique de l’Energie 2015-2030
2.2. L’Agence pour le Développement de l’Electrification Rurale (ADER)
2.3. Office de Régulation de l’Electricité (ORE)
Chapitre 2. De la durabilité énergétique – méthodologie d’étude – présentation du projet et de la zone d’étude
1. De la durabilité énergétique
1.1. La durabilité dans le secteur énergétique
1.2. Etat des lieux du secteur électricité à Madagascar : un potentiel hydraulique sous-exploité et contraste urbain/rural
2. Méthodologie d’étude
2.1. Approche
2.2. Démarche
2.3. Méthode
2.4. Supports d’étude
3. Le projet et son environnement
3.1. Contexte général
3.2. Présentation de la microcentrale et du Promoteur du projet
3.3. Description de la zone d’implantation : Commune rurale d’Ilaka Centre
PARTIE II : Résultats de l’étude sur la durabilité du projet de microcentrale hydroélectrique de Soavina – Ilaka Centre
Chapitre 1 : Interactions entre le projet et son milieu d’implantation
1. Les indicateurs de durabilité retenus
2. De l’utilisation de l’eau
2.1. La disponibilité de l’eau
2.2. Préservation de la qualité de l’eau
2.3. Un site isolé des activités productrices
3. Etat du bassin versant
Chapitre 2 : Analyse de la durabilité à l’échelle économique du projet
1. De la rentabilité du projet
1.1. Une petite centrale à investissement lourd
1.2. La lenteur des abonnements
2. De l’accessibilité du projet
2.1. La part du revenu consacré à l’électricité
2.2. Le revenu consacré aux autres sources d’énergie
2.3. La perception du tarif
Chapitre 3 : Analyse des impacts socio-économiques du projet
1. Impacts de l’électrification sur la situation de l’emploi
2. Changements notables mais ciblés dans le domaine de l’éducation et les loisirs
2.1. Impacts sur les conditions d’étude
2.2. Impacts sur les loisirs
3. Impacts sur la santé et la sécurité
3.1. Persistance des combustibles traditionnels
3.2. Sécurité
PARTIE III : Recommandations et discussions
Chapitre 1 : Recommandations
1. Sur l’accessibilité de l’électrification rurale
1.1. Actions ciblées sur les redevances
1.2. Appui au Promoteur
2. L’électrification pour le développement socio-économique
2.1. Aide à la création d’emploi
2.2. Alternative à creuser : la microfinance et le renforcement technique
3. Mesures d’atténuation des impacts négatifs
Chapitre 2 : Discussion sur des élargissements à considérer dans la suite de la recherche
1. Le changement climatique
2. La question de la durabilité institutionnelle
Une faible marge de manœuvre des Communes rurales
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES