La douleur chronique

La douleur chronique

PROBLÉMATIQUE ET RECENSION DES ÉCRITS

La douleur chronique est un problème qui touche directement environ une personne sur cinq au Canada (Schopflocher et al., 2011). De façon indirecte, par contre, elle touche beaucoup plus de gens, puisque ses conséquences se répercutent sur l’entourage des personnes qui en souffrent, notamment la famille (Lyons et al., 2013). Il s’agit d’un problème de santé qui a également des conséquences importantes au niveau socio-économique, représentant pour la société des dépenses élevées en termes d’utilisation des services de santé par cette clientèle (Hogan et al., 2016) et entraînant un taux élevé d’absentéisme au travail (Côté et al., 2009; Gaskin et Richard, 2012; Lacasse et al., 2016; Ma et al., 2014).
Comme cela est démontré dans le présent chapitre, la complexité de la prise en charge de la douleur chronique est reliée à la complexité du problème en lui-même, aux connaissances en constante évolution dans ce domaine ainsi qu’à la formation insuffisante des professionnels de la santé dans ce secteur d’activité (IASP, 2018a). En outre, il est devenu important que les modèles d’intervention s’appuient sur une nouvelle perspective du problème et de son traitement et, par le fait même, que les formations soient adaptées en conséquence (Murinson et al., 2013).
Le présent chapitre vise donc à mettre en évidence la pertinence de ce projet de recherche qui consiste à analyser et à documenter le contenu et le déroulement d’une formation à l’intervention stratégique pour le traitement de la douleur chronique et leur influence sur les modèles d’action des professionnels de la physiothérapie. Ce chapitre se divise en quatre sections. Dans la première section seront abordés les défis actuels relatifs au traitement de la douleur chronique sur le plan clinique et sur celui de la formation des professionnels concernés.
Cette section se termine par un aperçu des formations existant dans ce domaine au Canada.
Dans la deuxième section, un portrait plus détaillé de la formation à l’intervention stratégique  sera présenté, puisque cette dernière est au cœur de cette recherche. Notamment, les fondements théoriques de cette démarche d’intervention ainsi que les particularités de la formation y seront résumés. La troisième section présente les écrits consultés sur la supervision clinique, en insistant sur la supervision clinique en direct qui est l’approche utilisée dans la formation à l’étude. Finalement, un résumé de la problématique accompagné de la présentation de la question et des objectifs de la recherche (quatrième section) complèteront ce chapitre.

Défis actuels dans le traitement de la douleur chronique

La douleur est un phénomène complexe et multidimensionnel qui peut se définir comme une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable résultant d’une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en de tels termes » (Merskey et Bogduk, 1994, p. 210). Soumis à un processus d’ontogenèse complexe et multidimensionnel qui demeure encore partiellement compris, la douleur chronique pour sa part peut se définir comme une douleur continue ou intermittente qui persiste un mois au-delà de la période normale de guérison (Sjogren et al.,2009). Cette définition présente cependant une limite importante. En effet « la période normale de guérison » est peu documentée et varie selon différents facteurs, dont l’âge, la nature de la blessure et la présence de maladies associées (Hayden et al., 2010). Pour cette raison, la définition la plus utilisée dans le domaine de la recherche est « une douleur qui persiste au-delà de trois mois » (Merskey et Bogduk, 1994). Sur le plan clinique, définir la douleur chronique de cette façon présente également certaines limites, puisque certaines problématiques peuvent être considérées chroniques en deçà de cette période ou encore après une période plus longue. Pour cette raison, le jugement et l’expérience clinique jumelés à une connaissance de la classification proposée par l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP) s’avèrent utiles pour déterminer la chronicité d’un problème relié à la douleur (Merskey et Bogduk, 1994). Cela dit, si la douleur chronique demeure difficile à définir en termes de temps, ce qui est bien connu et documenté, c’est que la prise en charge de ce problème de santé demeure sous-optimale (van Middelkoop et al., 2011). On sait notamment que l’utilisation de médicaments dans le traitement de la douleur chronique non cancéreuse, qui s’avère généralement utile à court terme, est souvent prolongée inutilement considérant leur manque d’efficacité à long terme ainsi que leurs effets secondaires négatifs et leurs conséquences potentielles importantes (Ashworth et al., 2013; Bigal et Lipton, 2009; Buckley, 2016; Katz et Mazer, 2009; Krashin et al., 2013; Martin, 2011). Au final, la douleur chronique représente un problème de santé qui entraîne des dépenses élevées en termes de services de santé (Institute of Medicine, dans Enrico, 2016; Gatchel et al., 2014; Hogan et al.,2016).

L’évolution des connaissances dans le domaine de la douleur chronique

Les résultats des recherches scientifiques en neurophysiologie permettent de mieux comprendre les limites du modèle biomédical dans le traitement de la douleur chronique et l’intérêt grandissant accordé au modèle biopsychosocial. Il est maintenant généralement reconnu que la prise en charge de la douleur chronique doit considérer l’interaction entre les
différentes dimensions biologique, psychologique et sociale de l’individu et être basée sur une approche interdisciplinaire (Gatchel et al., 2014).
Sur le plan de la dimension biologique (composantes neurophysiologiques), on peut catégoriser les types de douleur chronique non cancéreuse à l’intérieur de trois principales catégories, soit les douleurs de nature nociceptive (cause biomécanique ou anatomique sousjacente), les douleurs neuropathiques (ex. : compression d’une racine nerveuse) et la sensibilisation centrale (Central Sensitivity = CS). Cette dernière catégorie se caractérise par une amplification du signal au niveau du système nerveux central et inclut différents types de douleur chronique qui ne s’expliquent pas par une cause biomécanique ou anatomique seule (nociceptive ou neuropathique), notamment le syndrome de fibromyalgie, le syndrome du côlon irritable, le syndrome du plancher pelvien, le désordre temporomendibulaire et la migraine chronique (Adams et Turk, 2015; Cuesta-Vargas et al., 2018).

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE ET RECENSION DES ÉCRITS
1.1 Défis actuels dans le traitement de la douleur chronique
1.1.1 L’évolution des connaissances dans le domaine de la douleur chronique
1.1.2 Une causalité multidimensionnelle et circulaire
1.1.3 Quels défis pour la formation continue des professionnels de la physiothérapie ?
1.1.4 Aperçu de l’état de la situation concernant la formation en douleur chronique au Canada
1.2 Formation à l’intervention stratégique en douleur chronique
1.2.1 Bref historique
1.2.2 Fondements théoriques de l’intervention stratégique en douleur chronique
1.2.2.1 Perspective interactionnelle
1.2.2.2 Démarche stratégique
1.2.3 Principales caractéristiques de la formation
1.3 Écrits consultés sur la supervision clinique
1.3.1 L’utilisation de la supervision clinique dans les thérapies brèves systémiques
1.3.2 Supervision clinique en direct en physiothérapie
1.4 Synthèse de la problématique
CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL
2.1 Posture épistémologique de la chercheuse : une conception de l’apprentissage comme processus interactionnel de coconstruction
2.2 L’apprentissage expérientiel selon Schön
2.2.1 Les théories de l’action
2.2.2 L’apprentissage de simple boucle et l’apprentissage de double boucle
2.2.3 L’apprentissage dans l’action et l’apprentissage sur l’action
2.3 Les modèles d’action
2.4 Question et objectifs de recherche, et pertinence de l’étude
CHAPITRE 3 : DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
3.1 L’étude multicas
3.2 Déroulement
3.2.1 Participants, échantillonnage et processus de recrutement
3.2.2 L’application de la formation
3.2.3 Collecte et analyse des données
3.2.3.1 L’observation participante
3.2.3.2 L’enregistrement vidéo
3.2.3.3 L’entrevue semi-dirigée
3.2.4 Méthodes d’analyse des données
3.2.4.1 Analyse par questionnement analytique
3.2.4.2 L’analyse thématique
3.2.4.3 L’analyse à l’aide de récits phénoménologiques
3.2.4.4 L’analyse à l’aide de catégories conceptualisantes
3.2.4.5 La mise en place d’une théorisation
3.3 Considérations éthiques
3.3.1 Consentement libre et éclairé
3.3.2 Avantages pouvant découler de la participation à la recherche
3.3.3 Risques et inconvénients pouvant découler de la participation à la recherche et moyens prévus pour les minimiser
3.3.4 Engagement et mesures visant à assurer la confidentialité
3.3.5 Indemnité compensatoire pour les participants
3.3.6 Conflits d’intérêts et commercialisation des résultats
CHAPITRE 4 : MISE EN CONTEXTE DU DÉROULEMENT DE L’INTERVENTION STRATÉGIQUE EN DOULEUR CHRONIQUE
4.1 L’École interactionnelle
4.1.1 Évaluation fonctionnelle et bilan interactionnel
4.1.2 Déroulement global des rencontres
4.1.3 Dispositions relatives à la salle et matériel
4.1.4 Particularités de l’animation et responsabilités des intervenants impliqués 102
4.1.5 Déroulement d’une rencontre
4.1.6 Prescription de tâches
4.2 L’intervention stratégique en traitement individuel
4.2.1 Déroulement des rencontres
CHAPITRE 5 : RÉSULTATS RELATIFS AU CONTENU ET AU DÉROULEMENT DE LA FORMATION
5.1 Atelier de formation
5.2 Application clinique d’une intervention
5.2.1 Application d’une École interactionnelle (PRA1 et PRA2)
5.2.1.1 Évaluation fonctionnelle et interactionnelle
5.2.1.2 L’application de l’École interactionnelle
5.2.2 Application d’interventions individuelles (PRA3)
5.2.2.1 Préparation
5.2.2.2 Rencontres cliniques
5.2.2.3 Pause
5.3 Retour-formation
5.4 Rencontre préparatoire
5.5 Heures investies dans la formation par les praticiennes et les formateurs
5.6 Sommaire des principales composantes de la formation
CHAPITRE 6 : RÉSULTATS RELATIFS AU CHEMINEMENT DES PRATICIENNES : DES RÉCITS PHÉNOMÉNOLOGIQUES
6.1 Récit de cheminement de Patricia (PRA1)
6.1.1 Attentes et sentiments face à la formation
6.1.2 Modèles d’action de Patricia avant la formation
6.1.3 Modèles d’action de Patricia immédiatement après la formation
6.1.4 Modèles d’action de Patricia six mois après la formation
6.2 Récit de cheminement de Danielle (PRA2)
6.2.1 Attentes et sentiments face à la formation
6.2.2 Modèles d’action de Danielle avant la formation
6.2.3 Modèles d’action de Danielle immédiatement après la formation
6.2.4 Modèles d’action de Danielle six mois après la formation
6.3 Récit de cheminement de Mireille (PRA3)
6.3.1 Attentes et sentiments face à la formation
6.3.2 Modèles d’action de Mireille avant la formation
6.3.3 Modèles d’action de Mireille immédiatement après la formation
6.3.4 Modèles d’action de Mireille six mois après la formation
6.4 Le point de vue des formateurs sur les changements des praticiennes
6.5 Éléments saillants de la deuxième partie des résultats
CHAPITRE 7 : RÉSULTATS RELATIFS AUX SIX CATÉGORIES CONCEPTUALISANTES DESQUELLES A ÉMERGÉ UNE PROPOSITION
THÉORIQUE
7.1 Confrontation des habitudes
7.2 Auto expérimentation des exigences du traitement
7.3 Zone commune d’intervention
7.4 Encadrement sécurisant
7.5 Crédibilité de l’approche d’intervention
7.6 Facilitation de l’intégration en milieu clinique
7.6.1 Accès à des outils pratiques d’intervention
7.6.2 Pratique préalable des exercices et autres activités demandées aux clients 267
7.6.3 Disponibilité du support matériel pour appliquer la démarche
d’intervention en milieu clinique
7.6.4 Application de l’intervention en contexte réel dans le cadre de la
formation
7.7 Présentation schématique de la proposition théorique
CHAPITRE 8 : DISCUSSION
8.1 L’évolution des modèles d’action des praticiennes
8.1.1 Un changement qui découle d’un apprentissage de double boucle
8.1.2 Quelques réflexions pour expliquer les différences entre les praticiennes
relativement aux changements observés
8.2 Les trois dimensions semblant avoir favorisé le changement de modèles d’action
au cours de la formation
8.2.1 Dimension personnelle relative au changement
8.2.1.1 Intégration de la théorie et de la pratique
8.2.1.2 Enjeux et défis d’une supervision clinique en direct
8.2.2 Dimension clinique relative au changement
8.2.2.1 Un processus de formation qui semble favoriser l’intégration des
apprentissages en milieu clinique
8.2.2.2 Les enjeux et les défis relatifs au maintien des changements en
milieu clinique
8.2.3 Dimension relationnelle relative au changement
8.2.3.1 L’apprentissage dans un contexte d’alternance entre relation
complémentaire et relation égalitaire
8.2.3.2 L’influence de la relation dans le processus d’apprentissage
8.3 Principales forces et limites de l’étude
8.3.1 Principales forces de l’étude
8.3.2 Principales limites de l’étude
8.4 Pistes de recherches futures
CHAPITRE 9 : CONCLUSION
9.1 Retombées de la recherche sur le plan de la formation dans le domaine de la
douleur chronique
9.2 Retombées de la recherche sur le plan de la pratique clinique en douleur chronique
LISTE DES RÉFÉRENCES
ANNEXE A. Certificat du comité d’éthique de la recherche de l’UQAT
ANNEXE B. Certificat du comité d’éthique du CISSSAT
ANNEXE C. Formulaire d’information et de consentement – Formateurs
ANNEXE D. Formulaire d’information et de consentement – Praticiens
ANNEXE E. Formulaire d’information et de consentement – Patients
ANNEXE F. Formulaire d’information et de consentement – Chef de service

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