Observation directe sur itinéraire échantillon
L’observation directe est effectuée pendant 6 jours et 6 nuits, le long des pistes ou des sentiers déjà existants ou qui sont aménagés. L’objectif est d’inventorier les espèces présentes dans les différents types d’habitats de part et d’autre de l’itinéraire. Ainsi, les itinéraires tiennent compte de l’hétérogénéité des milieux d’échantillonnage. C’est ainsi qu’une journée de reconnaissance a été effectuée avant l’établissement des transects. Il faut considérer par exemple, les vallées, les versants et les crêtes. Par ailleurs, les bordures des cours d’eaux constituent un habitat privilégié pour de nombreuses espèces de Batraciens (Guibé, 1958 ; Blanc, 1972). Les recherches ont lieu durant le jour et pendant la nuit. Pendant l’observation nocturne, une lampe frontale de 6 volts est utilisée. La réflexion de la lumière par l’iris permet de repérer les animaux nocturnes. Cette technique est aussi efficace pour les espèces diurnes qui dorment sur leur perchoir. Celles-ci se distinguent plus facilement de leur support (branches, lianes, feuilles ou tiges) par contraste de couleur ou par leur forme bien dessinée. L’écoute des cris d’appel de grenouille est aussi très importante. C’est une méthode indirecte mais très utile pour la détermination de certaines espèces. Le chant est un caractère spécifique qui permet d’identifier une espèce. Il permet également de localiser l’emplacement et l’habitat de l’espèce (Glaw & Vences, 1994).
Piégeage par le système de trou piège
Cette technique consiste à mettre en place une ligne de onze seaux en plastique (15 litres, profondeur 275 mm, diamètre supérieur interne 290 mm, diamètre inférieur interne 220 mm), enfoncés dans le sol jusqu’au bord supérieur. Les seaux sont placés en ligne et sont distants de 10 m les uns des autres. Une bande en plastique de 100 m est dressée verticalement sur une hauteur de 50 cm le long de la ligne. Elle passe par le centre de chaque seau. La base de la bande plastique (environ 5 cm) étalée horizontalement à la surface du sol est recouverte par de la litière et d’autres débris. Elle joue ainsi un rôle de barrière pour empêcher l’animal de passer d’un côté à l’autre de la ligne, servant ainsi à guider les animaux vers les seaux (figure 5). Le fond de chaque seau est percé de plusieurs petits trous pour faire écouler l’eau emmagasinée lors des orages. Trois lignes de trous pièges ont été mises en place dans chaque site. Une ligne doit être placée dans la vallée, une autre sur le versant et la dernière sur la crête pour que l’échantillonnage soit représentatif. Un nombre total de 21 lignes a été suivi au cours de cet inventaire. Les lignes étaient opérationnelles pendant six jours et six nuits dans chaque site. Le contrôle était effectué deux fois par jour, le matin de bonne heure avant 6 h et en fin d’après-midi après 16 h. Les animaux capturés ainsi que les débris accumulés dans chaque seau étaient enlevés. Les efforts de travail sont quasi identiques pour chaque site. Ceci est indispensable pour permettre une analyse comparative des données et faciliter l’estimation de l’abondance relative.
Courbe cumulative des espèces
La courbe cumulative des espèces a démontré que le plateau n’est pas généralement atteint après six jours de recensement (figure 7). La liste des espèces pourrait alors augmenter légèrement si la durée d’échantillonnage se prolonge un peu plus parce qu’un inventaire rapide comme la présente étude ne permettrait pas d’évaluer la composition des reptiles et des amphibiens du couloir forestier avec une seule descente sur le terrain et que le climat au moment du recensement pourrait affecter les résultats (exemple : la pluie). Le nombre d’espèces recensées pour chaque site semble avoir une relation étroite avec la structure de la végétation et la topographie du milieu (voir la description physique du milieu, page 11). En effet, le milieu moins diversifié est pauvre en espèces, par exemple, les sites d’Ambohimanga et Iaban’i Koto. Ainsi, l’une des raisons du non applatissement de la courbe pourait s’expliquer par la discretion des espèces fouisseuses ; celle-ci rend leur observation difficile et aussi à cause de la forte dégradation du milieu par l’effet anthropique.
Distribution selon les mœurs (nocturne et diurne)
Le rythme d’activité biologique des reptiles et des amphibiens est étroitement lié aux facteurs écologiques du milieu notamment les conditions climatiques (température et pluviométrie). Les espèces nocturnes sont plus actives après la tombée de la pluie vers la fin de l’après midi quand il fait chaud la nuit. Elles sont par contre très peu actives lorsque la pluie se poursuit toute la nuit et quand il fait froid. Pendant les périodes de la pleine lune, le rythme d’activité des espèces est également au ralenti. Les espèces d’amphibiens recensées dans le couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo pour cette étude sont plus actives la nuit, alors que les reptiles sont plutôt diurnes d’après les résultats. Les amphibiens ont besoin de plus d’humidité pour maintenir leur peau humide qui est important pour les échanges gazeux (Respiration cutanée) avec le milieu extérieur. La fraicheur de la nuit évite ainsi la dessiccation de la peau. Et pour les reptiles, ce sont des animaux poïkilothermes, c’est à dire la température du corps varie en fonction de la température externe. Ils ont besoin de la chaleur du milieu extérieur (lumière solaire) pour s’échauffer afin de régulariser leur température corporelle. Par ailleurs, ils n’ont plus de respiration cutanée et le corps est bien protégé par des écailles ou par des téguments épais.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les travaux effectués dans le couloir forestier Anjozorobe-Angavo ont permis de compléter les données existantes sur la diversité écologique et biologique des espèces herpétofauniques. Il abrite la plupart des espèces de la communauté herpétofaunique des régions du Haut Plateau Central. Durant l’inventaire, sept sites ont été visités entre le mois de novembre 2005 et le mois de février 2006. Un total de 74 espèces a été recensé pour tous les sites dont 38 amphibiens et 36 reptiles. Les études ont permis de mettre en évidence l’hétérogénéité du paysage écologique du couloir qui se traduit par une diversité des microhabitats, de la richesse spécifique et de l’abondance relative de chaque espèce. La distribution écologique des espèces dépend de plusieurs facteurs comme le climat, la structure de la végétation, la topographie et la pression anthropique. Le site avec plusieurs types d’habitats et de micro habitats possède beaucoup d’espèces ; Andasin’i Tovo (site 7) est le plus riche par rapport aux autres ; Il abrite 46 espèces dont 27 amphibiens et 19 reptiles. Ce site présente de nombreux types de végétation et différents milieux. En comparant avec les forêts avoisinantes se trouvant à la même gamme d’altitude, la richesse spécifique du couloir Anjozorobe-Angavo est très élevée. Sa diversité biologique considérable et son importance en biogéographie méritent un renforcement de sa protection et une considération. Le couloir joue un rôle important pour le passage, les échanges et le brassage génétique des espèces entre les forêts avoisinantes. Prenons le cas de Trachylepis boettgeri ; cette espèce est connue dans la forêt d’Analamazaotra (Glaw et Vences, 1994). Son observation dans le couloir (forêt d’Andasin’i Tovo : site 7) élargit son aire de distribution connue à plusieurs kilomètres au Nord. La conservation du couloir serait donc très importante pour le suivi à long terme de la biodiversité, en particulier, celle du Haut Plateau Central et étant donné qu’il constitue l’un des derniers vestiges des forêts naturelles du Haut Plateau Central. Concernant les espèces menacées, toutes les espèces d’amphibiens recensées dans le couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo figurent dans la liste rouge de l’IUCN (IUCN, 2007). Pourtant, tous les amphibiens recensés durant cette étude ne sont pas annexées dans liste CITES (CITES, 2007). Pour les reptiles, seule Zonosaurus madagascariensis est classée dans la catégorie des espèces à préoccupation mineure. Et enfin, les reptiles appartenant aux familles des Chamaeleonidae et des Gekkonidae figurent dans l’annexe II (CITES, 2007). A part Ptychadena mascareniensis, toutes les espèces herpétofauniques inventoriées dans le couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo et certaines d’entre elles sur le Haut Plateau Central sont endémiques de Madagascar. Pour la suite des études, beaucoup reste encore à faire. L’évaluation biologique ne pourrait s’effectuer durant une seule descente sur le terrain correspondant à un inventaire mais un suivi permanent des populations existantes devrait être entrepris. Ces études sont nécessaires pour savoir la distribution et l’état des populations afin de fournir des données suffisantes pour la protection des espèces en danger et commercialisées et aussi pour avoir une bonne connaissance sur les différents facteurs influant sur la distribution et la biologie des espèces. La présence de plusieurs espèces commercialisées dans le couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo et qui ne figurent pas dans le statut CITES 2007 (23 amphibiens et 7 reptiles) mérite d’avoir un contrôle rigoureux pour le maintien de la population existante.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. CADRE GENERAL DE L’ETUDE
I.1. Situation géographique
I.2. Climatologie
I.2.1. Température
I.2.2. Pluviométrie
I.2.3. Diagramme ombrothérmique
I.3. Hydrologie
I.4. Topographie
I.5. Géologie
I.6. Flore et végétation
I.7. Faune
II. SITES D’ETUDE
II.1. Situation géographique
II.2. Description physique du milieu
III. METHODOLOGIE
III.1. Travaux sur le terrain
III.1.1. Période d’étude
III.1.2. Méthodes de collecte et de recensement
a. Techniques de recensement
a-1. Observation directe sur itinéraire échantillon
a-2. Fouille systématique des lieux de refuge
a-3 Piégeage par le système de trou piège
b. Types d’information collectée
III.1.3. Techniques de préparation de spécimens
III.1.4. Conservation et Détermination des spécimens au laboratoire
a. Dosage d’alcool
b. Préparation des spécimens
III.2. Analyse des données
III.2.1. Abondance relative
III.2.2. Analyse de la distribution écologique
III.2.2.1. Statistique analytique
III.2.2.2 Analyse de l’affinité biogéographique
IV. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV.1. Diversité biologique
IV.1.1. Courbe cumulative des espèces
IV.1.2. Richesse spécifique, Statuts et Endémicité
IV.1.3. Abondance relative
IV.2. Analyses des préférences écologiques
IV.2.1. Distribution selon le type de milieu (crête, versant, vallée)
IV.2.2. Distribution selon le type de biotope
IV.2.3. Moeurs
IV.2.4. Similarité des sites
IV.3. Comparaison avec les forêts des Hauts Plateaux de même altitude
V. DISCUSSION
V.1. Diversité biologique
V.1.1. Courbe cumulative des espèces
VI.1.2. Richesse spécifique
VI.1.3. Abondance relative
V.2. Distribution écologique des espèces
V.2.1. Distribution selon le type de milieu (vallée, flanc et crête)
V.2.2. Distribution selon le type de biotope
V.2.3. Distribution selon les mœurs (nocturne et diurne)
V.3. Similarité des sites
V.4. Comparaison avec les forêts des Hauts Plateaux de même altitude
V.5. Importance du couloir forestier et aspect de conservation
VI. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE
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