La dimension singulière dans l’identité professionnelle
RECHERCHE D’IDENTITÉ, BESOIN DE COMPRENDRE: MOI, AU CENTRE DE MES QUESTIONS EXPÉRIENTIELLES
Quand on se parle à demi-mots, on ne se comprend qu’à moitié Dicton populaire Que de souvenirs… Les qualificatifs sont nombreux et paradoxaux. Comment les énumérer en restant objective et juste ? Souvent, je suis confuse, baignant dans des sentiments contradictoires, voire extrêmes, les uns des autres. Les souvenirs auxquels je m’attarde ici sont reliés en majeure partie à ma courte expérience de vie professionnelle. Courte, car le temps file à une vitesse fulgurante. Courte,car j’ai l’ impression de n’ avoir fait que passer. Courte, car je m’arrête ici aux 10 dernières années. Courte, parce que cette expérience m’a paru éternelle… À 34 ans, je me dis que le bilan et le portrait de cette trajectoire sont nécessaires afin d’établir mes assises. En fait, c’est plutôt pour mieux comprendre, saisir et bien élucider cette trajectoire. Je veux réfléchir, prendre un moment d’arrêt et m’abandonner dans ma propre expérience en y étant présente.
Je veux simplement nommer ce qui m’habite et en faire un récit, une vérité, ma vérité, celle que je porte. Je me plais de plus en plus à exercer cette ouverture sur moi-même, à prendre le risque de découvrir des zones que je n’ avais jamais vues ou même nommées. Ce qui émerge me surprend parfois. J’ose même dire que ça me fait du bien. La rencontre avec moi-même face à moi-même, face à l’autre et face à mon expérience professionnelle ne me laisse pas sans peurs, au contraire, j ‘y suis habitée. Ces peurs, de plus en plus conscientisées, que j’associe à la découverte de ma vulnérabilité, m’invitent à me découvrir davantage, à connaître mes zones de confort et d’inconfort, délimitant mes limites et apprivoisant qui je suis dans mon ensemble pour ainsi mieux m ‘ accueillir.
« Naissance de ma pratique d’intervenante en prévention des toxicomanies auprès des jeunes en milieu scolaire .La vie.. . c ‘est ce qui se passe… pendant qu ‘on se demande ce qu ‘on valaire dans la vie! » Auteur inconnu. J’ai 25 ans, nous sommes en 1993. Premier vrai travail dans mon domaine. Je me souviens du premier jour où je suis entrée, sac au dos, avec le mandat de faire de la prévention en toxicomanie dans 8 écoles secondaires de 1er cycle (élèves âgés entre Il et 13 ans). Parachutée, comme une quinzaine d’autres intervenantes dans les régions du BasSaint-LaurentiGaspésie/Iles de la Madeleine, j’avais un mandat de prévention, mandat mal défini, sans support apparent, ni aide, avec pour repères ma propre expérience de consommation (…!), ma formation collégiale en techniques de travail social (1989) et mon certificat universitaire en animation de petits groupes (1991), et la ferme volonté d’œuvrer dans ce domaine. Faisons un peu d’histoire, ramenons-nous à la fin des années 1980. La drogue était reconnue comme étant un fléau chez les jeunes, faisant des ravages avec son lot de conséquences. Il Y avait des volontés politiques de mieux comprendre le phénomène. On décida donc de se pencher sur la question, et d’investir au niveau de la recherche, dans le financement de programmes et dans l’octroi de ressources répondant aux besoins des jeunes et des adultes.
Mon regard sur l’environnement humain
Je me souviens des commentaires des enseignantes et enseignants qui se plaignaient de la consommation de drogues de leurs élèves ainsi que du fléau social qu’ils dénonçaient.Tous défendaient la nécessité d’agir dans le but de réduire les risques qu’engendre une consommation abusive de drogues chez les jeunes. Tous voulaient intervenir à partir d’ un modèle de base concerté, d’un protocole d’intervention répondant à la réalité de leur milieu. Ce qu’ils réclamaient le plus, c’était l’appui de la direction dans leur intervention. Même si la volonté d’intervenir et de s’outiller était présente, l’action demeurait un exercice difficile et complexe pour la majorité du personnel et ce, pour plusieurs raisons: échaudement dû à des mauvaises expériences, non-appui de la direction dans leur intervention, lien avec le jeune qui risquait de se briser, consommation «non-dérangeante» de l’élève; ce qui avait pour conséquence le désengagement de certains enseignants, au grand désarroi de leurs
confrères, consœurs, intervenantes et directions.
Heureusement, la majorité du personnel enseignant intervient avec ou sans le protocole, avec jugement, pour le bien-être du jeune.Je me SOUVIens aussi des parents… Le désespoir les amenait vers le servIce en toxicomanie, car ils avaient peur pour leur enfant. Même si le phénomène de la drogue et les jeunes concerne tout le monde, ce n’est qu’un petit nombre qui se sentent visés ou touchés. Malheureusement, comme la plupart des milieux scolaires rencontrés, les parents crient à l’aide quand ils sont confrontés à cette triste réalité. Plusieurs soirées d’information ont été offertes sur une période de 3 ans. On y retrouvait des parents, frères , sœurs, oncles, amis de jeunes qui s’intéressaient à ce phénomène complexe. Ils étaient désireux d’en savoir plus et voulaient acquérir des pistes d’intervention, des trucs, entendre d’autres parents… Heureusement, j’ai pu constater que l’assemblée était composée de gens touchés de près et de loin par ce phénomène.
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Table des matières
PRÉAMBULE
REMERCIEMENTS
RÉS UMÉ
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER: RECHERCHE D ‘ IDENTITÉ, BESOIN DE COMPRENDRE: MOI, AU CENTRE DE MES QUESTIONS EXPÉRIENTIELLES
1.1 Naissance de ma pratique d’intervenante en prévention des toxicomanies auprès des jeunes en milieu scolaire
1.2 Faits saillants sur le portrait jeunesse reliés à la toxicomanie
1.3 Mon expérience et mes observations de la problématique de la consommation de drogues chez les jeunes
1.3.1 La pratique dans mon milieu scolaire
1.3.2 Mon regard sur l’environnement humain
1.3.3 Le partenariat entre les ressources
l.4 Construction identitaire et identité professionnelle
1.5 La dimension singulière dans l’identité professionnelle
CHAPITRE II :CHOIX MÉTHODOLOGIQUES
2.1 Démarche de recherche
2.1.1 La recherche heuristique: au cœur de ma démarche
2.1.2 La recherche autobiographique
2.2 La collecte des données
2.2.1 Joumalderecherche
2.2.2 Récit de pratique
2.2.3 Lieu de parole dans le groupe de la maîtrise
2.3 Analyse des données
CHAPITRE III :DÉVELOPPEMENT DE MON EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE COMME INTERVENANTE EN TOXICOMANIE EN MILIEU SCOLAIRE
3.1 Phase 1 : L’initiation à la vie professionnelle : de la solitude au silence (1993-
1996)
3.1.1 Absence de lieu de parole
3.1.2 Absence d’ouverture
3.1.3 Ma petite vie personnelle tranquille
3.2 Phase 2 : la mouvance, le passage, de l’intérieur vers l’extérieur (1997-2000)
3.2.1 Apprivoisement au lieu de parole
3.2.2 Ouverture à mon intériorité
3.3 Phase 3 : La boucle, l’émancipation (2000-2003)
3.3.1 Lieu de parole
3.3.2Ouverture
3.3.3Reconnaissance
CHAPITRE IV LES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT D’UNE NOUVELLE PRATIQUE ET MA CONSTRUCTION IDENTITAIRE
4.1 Les enjeux d’une nouvelle pratique
4.2 La trame de fond dans ma construction identitaire
4.3 Processus de recherche et formation
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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