La dimension physique de l’homme

La dimension physique de l’homme

L’homme comme un être de besoins

Dans le cadre de la conception rousseauiste de l’homme, nature et homme sont deux concepts et deux réalités qui s’interpellent. Cette interpellation se justifie par le fait que l’homme est d’bord un être naturel. La naturalité constitue ainsi une détermination ontologique de l’humanité. La réalité de cette détermination est la dimension physique conçue et définie comme dimension biologique. Par sa nature biologique, l’homme est un être vivant qui s’exprime immédiatement par les besoins vitaux. Vie et besoin sont ainsi identiques. Le besoin est une forme d’exigence vitale inscrite au sein de la subjectivité corporelle et vivante. Cette exigence est ressentie comme expérience interne d’un manque à satisfaire ou à combler. Le besoin révèle le mouvement d’alternance entre l’expérience d’un manque et celle d’une satisfaction par la médiation de l’appropriation. D’une manière plus précise, ressenti et vécu dans un endroit du corps vivant, un besoin se réveille par la douleur. Celle-ci est le paramètre qui indique l’expérience d’un manque ou d’un vide. Il est dans la logique de cette douleur d’inciter le corps à s’approprier l’objet dont il a besoin. Cette appropriation permet au corps de vivre la satisfaction. C’est la raison pour laquelle Rousseau écrit :

« En dépouillant cet être, ainsi constitué, de tous les dons surnaturels qu’il a pu recevoir, et de toutes les facultés artificielles qu’il n’a pu acquérir que par de longs progrès, en le considérant en un mot, tel qu’il a dû sortir des mains de la nature, je vois un animal moins fort que les uns, moins agile que les autres, mais à tout prendre, organisé le plus avantageusement de tous. Je le vois se rassasiant sous un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni son repos, et voilà ses besoins satisfaits. » .

Par sa naturalité vivante, le besoin vital de l’homme se réduit à la faim, à la soif et au repos. Simples, ces besoins sont immédiatement satisfaits par la nature. L’immédiateté constitue une détermination ontologique de l’homme naturel. La réalité de cette relation immédiate avec la nature est le fait que la terre ,

« Abandonné à sa fertilité naturelle, est couverte des forêts immenses que la cognée ne mutila jamais, offre à chaque pas des  magasins et des retraites aux animaux de toute espèce. » .

Cette immédiateté atteste l’adéquation entre l’exigence des besoins et leur satisfaction par la nature. La nature répond, par la médiation de ses produits à toutes les demandes des besoins humains. Or, aussitôt satisfaite cette demande disparaît. C’est une disparition qui n’est pas éternelle et durable dans la mesure où le besoin fait partie intégrante de l’essence de tout être vivant. La vie est un besoin perpétuel ; elle est le mouvement d’alternance entre le manque à satisfaire et la satisfaction. A la base de ce mouvement vital se trouve la dépendance totale de tout être vivant par rapport à la nature. Cette dépendance ontologique fonde l’indépendance existentielle de l’homme par rapport à l’autre homme. Cette indépendance existentielle s’expérimente par le fait que pour pouvoir satisfaire ses besoins vitaux, l’homme naturel n’a pas besoin non seulement de recourir vers son semble, mais aussi de son secours. Pour Rousseau, la véritable liberté s’élève sur la base de l’indépendance et de l’autosuffisance. L’homme naturel est un être autonome qui se suffit absolument à lui-même. D’une manière plus précise, la conservation de soi par soi de l’homme à travers la conservation de son être physique dépend uniquement de la nature et non de l’autre :

« Le premier sentiment de l’homme fut celui de son existence, son premier soin celui de sa conservation. Les productions de la terre lui fournissaient tous les secours nécessaires, l’instinct le porta à en faire usage. La faim, d’autre appétits lui faisant éprouver tour à tour divers manières d’exister, il y en eut une qui l’invita à perpétuer son espèce ; et ce penchant aveugle, dépourvu de tout sentiment du cœur, ne produisait qu’un acte purement animal. Le besoin satisfait, les deux sexes ne se reconnaissaient plus, et l’enfant même n’était plus rien à la mère sitôt qu’il pouvait se passer d’elle. » .

Cette indépendance de soi par rapport à l’autre s’explique par le fait que la sociabilité n’est pas une détermination ontologique de l’homme naturel. Par sa naturalité, l’homme ne peut pas se séparer de la nature. Cette liaison de soi avec la nature se fait dans l’expérience de la solitude existentielle. Celle-ci constitue la preuve ontologique de l’insociabilité de l’homme. Dans l’état de nature, l’homme qui n’est pas unique vit seul. Cette vie solitaire se manifeste par l’absence de la communication avec ses semblables, par la méconnaissance de l’autre par soi et de soi par l’autre. C’est la raison pour laquelle, l’homme, à l’état de nature, ne vit qu’en lui-même, par lui-même et pour lui-même. C’est cette considération que Rousseau a envue lorsqu’il écrit :

« Concluons qu’errant dans les forêts sans industrie, sans parole, sans domicile, sans guerre, et sans liaisons, sans nul besoin de ses semblables, comme sans nul désir de leur nuire peut-être même jamais en connaître aucun individuellement, l’homme sauvage sujet à peu de passion, et se suffisant à lui-même, n’avait que les sentiments et les lumières propres à cet état, qu’il ne sentait que ses vrais besoins, ne regardait que ce qu’il croyait avoir intérêt de voir. » .

Cette autosuffisance de soi par soi de l’homme naturel est liée aux sentiments qu’il a de ses vrais besoins. Ceux-ci sont les besoins purement naturels. Ce sont des besoins qui sont dictés par l’intérêt de l’homme dans sa relation avec la nature. Ce ne sont pas des besoins, des intérêts dictés par un autre homme. C’est la satisfaction de ces besoins, conformément à ses intérêts qui assurent la conservation de soi par soi de l’homme. L’instinct de conservation est une exigence fondamentale commune à l’animalité et à l’humanité. Dans les opérations vitales existentielles de la conservation de soi par soi, il y a une différence entre celles de l’animalité et celles de l’humanité. Cette différence se manifeste à travers la différence fondamentale entre la nature instinctive humaine et celle de l’animal. C’est l’affirmation de cette différence que Rousseau évoque lorsqu’il écrit :

« Les hommes dispersés par eux observent, imitent leur industrie, et s’élèvent ainsi jusqu’à l’instinct des bêtes, avec cet avantage que chaque espèce n’a que le sien propre, et que l’homme n’en ayant peut-être aucun qui lui appartienne, se les approprie tous, se nourrit également de la plupart des aliments divers que les autres animaux partagent, et trouve par conséquent sa subsistance plus aisément que ne peut faire aucun d’eux. » .

A la différence de l’animal qui est un être particulier-dans la mesure où sa nature instinctive est limitée à la loi de son espèce- l’homme est un être universel dans la mesure où son instinct n’est pas limité à l’exigence de son espèce. Cette universalité de l’humanité se justifie par la capacité non seulement d’imiter les animaux, mais surtout par sa capacité de se partager les aliments avec eux. A cela s’ajoute la capacité de s’approprier une multiplicité de produits naturels. On peut dire que cette universalité est une liberté dans la mesure où, à la différence de l’animal, l’homme a la possibilité de choisir ses nourritures parmi les produits de la nature. Cette universalité se justifie également par le fait que l’homme est un animal omnivore ayant la possibilité de prendre tous les produits de la nature comme objet de sa nourriture. C’est la manière que la subsistance et la conservation de soi par soi de l’homme sont plus faciles à assurer que par rapport à la subsistance de la conservation de soi par soi de l’animal. En un mot, l’avantage que l’homme a par rapport à l’animal c’est justement sa capacité d’adaptation universelle.

La signification, qu’on peut extraire à partir de la réflexion philosophique du rapport de l’homme et de la nature, rapport fondé sur les besoins et leur satisfaction, est l’harmonie entre l’homme naturel et la nature. L’homme, selon Rousseau, est un être vivant en équilibre heureux avec la nature. Le mode de vie de l’homme naturel dans sa situation existentielle équilibré s’élève sur la base d’une existence dépourvue d’effort, d’aisance, de la facilité et de l’immédiateté. En somme, l’homme naturel, -dont les besoins se réduisent au boire, au manger, au repos, à la reproduction, c’est-à-dire à la conservation physique de soi et de l’espèce humaine, ne peut pas ne pas vivre que dans une relation harmonieuse, heureuse, adéquate avec la nature. A cette relation harmonieuse entre l’homme et la nature, qui explique la dimension physique de l’humanité, s’ajoute également son unité non seulement de lui avec cette nature, mais surtout son unité avec lui-même par la médiation de son corps. Le corps est donc un instrument universel.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA NATURE ET L’HOMME
Chapitre I : La dimension physique de l’homme
I. 1. 1 : L’homme comme un être de besoins
I. 1. 2. Le corps comme un instrument universel
I. 1. 3. Le corps et la santé
Chapitre II : La dimension métaphysique de l’homme
I. 2. 1. L’homme et la liberté
I. 2. 2. L’homme et perfectibilité
I. 2. 3 Pensée et langage comme manifestation de la perfectibilité
Chapitre III : La dimension morale de l’homme
I. 3. 1 : L’homme et l’amour de soi
I. 3. 2 : L’homme et la pitié
Chapitre IV : De la naturalité à l’historicité
I. 4. 1 : Temporalité naturelle et temporalité historique
I. 4. 2. Les quatre moments historiques de l’évolution de l’humanité
DEUXIEME PARTIE : L’HOMME ET LA SOCIETE
Chapitre I : La première phase de la socialisation de l’homme
II.1. 1 : De l’état de nature à la formation des premières sociétés
II. 1. 2. De l’association libre à l’âge des cabanes
II. 1. 3. De l’âge des cabanes à la communauté sauvage
Chapitre II : La deuxième phase de socialisation de l’homme
II. 2.2 : De la décadence du second état de nature à la naissance de la propriété privée
II. 2. 2. De la naissance de la propriété privée aux premières règles de la justice
II.2.3 De l’expansion de la propriété privée au développement des inégalités
Chapitre III : L’homme et le droit
II. 3. 1 : L’expérience politique du pacte d’association
II. 3. : L’expérience politique du pacte de gouvernement
II. 3 .3 : De la corruption du gouvernement à la servitude
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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