La dimension historique du harcèlement scolaire

La dimension historique du harcèlement scolaire

Le terme school-bullying est apparu dans la littérature anglaise au XIXème siècle. Etymologiquement, il signifie « coups répétés et violents donnés dans le flanc par les jeunes veaux pour jouer ». C’est Frederic LISTER BURK qui introduit ce terme dans le domaine de l’éducation. Dès 1960, Peter PAUL HEINEMANN parlait de « mobbing » désignant la foule dans ce qu’elle a de moins noble : la populace. C’est un comportement animal, un phénomène de groupe où l’intentionnalité n’est pas toujours avérée. En 1970, Dan Olweus, un psychologue Suédo-Norvégien travaillant la question du harcèlement scolaire, met en évidence le phénomène de violence entre élèves qu’il nomme « school – bullying ». Depuis, ces deux termes ont été traduits par « harcèlement scolaire ». La première enquête sur ce sujet se fera en 1980.

Par la suite, dans les années 90, les travaux se sont multipliés. Les Australiens ont généralisé une méthode créée en Suède dans les années 70 par le professeur Anatol PIKAS afin de lutter contre ce phénomène : la méthode Pikas. Elle est aussi appelée « méthode de la préoccupation partagée ». Elle sera, plus tard, ramenée et appliquée en France par Jean-Pierre BELLON. Aux Etats-Unis, s’est développé l’« anti bullying policy ». L’objectif est de développer une école éthique qui considère l’intimidation comme inacceptable et créer un environnement sain où tous les élèves peuvent apprendre et grandir sans craintes. Pour les atteindre, les établissements scolaires doivent mettre en oeuvre des règlements anti harcèlement stricts pour ne pas laisser passer les intimidations. Rosario ORTEGA RUIZ, une psychologue Espagnole, développe l’idée d’empathie et d’assertivité à travers des scenarii à mettre en place dans les établissements scolaires. Durant cette période, de nombreuses définitions de ce phénomène ont été données. En 1995, l’Organisation Mondiale de la Santé définit la violence comme « L’usage intentionnel de la force physique, du pouvoir sous forme de menace ou d’action contre soimême, autrui ou un groupe ou une communauté dont la conséquence réelle ou probable est une blessure, la mort, un traumatisme psychologique, un mauvais développement ou encore la précarité ». En 1998, HURRELMAN (psychologue Allemand) dit « La violence à l’école recouvre la totalité du spectre des activités et des actions qui entrainent la souffrance ou des dommages physiques voire psychiques chez des personnes qui sont actives dans ou autour de l’école, ou qui visent à endommager des objets à l’école ». Ce n’est qu’en 2002 que deux psychologues, Gilles BRANDIBAS et Benoit JEUNIER ont réalisé une enquête sur le harcèlement scolaire en France. La France a eu un retard conséquent à ce sujet, la reconnaissance du harcèlement scolaire a été difficile. Nicole Catherine explique cela en plusieurs points . Tout d’abord, mettre une définition et une  traduction sur le mot « school-bullying » a été compliqué bien que Eric DEBARBIEUX, pionnier à ce sujet, l’ait défini comme des « micros-violences». Jean-Pierre BELLON exprime son doute concernant le terme de harcèlement pour désigner la violence entre enfants. Pour lui, parler de harcèlement engendre un double risque : plaquer sur le monde des enfants et des adolescents ce que l’on sait sur le monde des adultes et laisser ouverte la question de « est-ce que c’est bien du harcèlement ?». De plus, il s’agit d’un phénomène délicat, comment différencier une simple tape amicale d’une violence volontaire et négative ? Les enseignants et le personnel éducatif avaient tendance à minimiser les faits et n’étaient pas objectifs dans leurs jugements (se fiant souvent aux stéréotypes). Et, les petites violences entre enfants ont longtemps été perçues comme nécessaires à l’apprentissage de la vie.

Depuis 2010, le gouvernement français commence à s’intéresser au harcèlement scolaire et cherche à mettre en oeuvre des moyens de lutter contre.

L’engagement de l’éducation nationale contre le harcèlement scolaire 

En 2002, une pétition est adressée au ministère de l’Education nationale pour demander que le concept de « non-violence » soit intégré aux programmes scolaires et qu’une formation, pour les élèves et les enseignants, en découle. Par la suite, en 2008, les notions de droit, de devoir et de tolérance vont entrer dans les programmes scolaires de l’école élémentaire. De plus, la circulaire de rentrée en 2009 oblige tout chef d’établissement à présenter un règlement intérieur en tenant compte et en sanctionnant les situations de discrimination et de harcèlement. A Paris, en 2011, s’ouvrent les Assises nationales sur le harcèlement à l’école dans lesquelles le ministère de l’Education nationale a annoncé des mesures pour prévenir le harcèlement scolaire telles que « connaître ce phénomène et le faire connaître ». Pour cela, il décide d’intégrer un logiciel de recensement des faits de violences scolaires (SIVIS), une enquête de victimes tous les deux ans et un guide pour les équipes pédagogiques. Autre mesure, mobiliser toute la communauté éducative pour prévenir le harcèlement et la renforcer par des campagnes d’informations nationales. Le ministère de l’Education nationale a demandé aux établissements scolaires et aux enseignants de se former et de traiter tous les cas de harcèlement dont ils sont témoins. La notion de « harcèlement scolaire » apparait dans les programmes scolaires de 2015. La loi de 2013, d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République donne une nouvelle mission à l’école : éduquer au numérique. Elle permet la création d’un service public de l’enseignement au numérique. Par conséquent, la formation quant à l’usage des réseaux sociaux va être traitée en classe. Depuis, une campagne de prévention et une journée nationale ont été lancées.

L’Education nationale propose de nombreux outils pour lutter contre ce fléau. Un certain nombre sont en accès libre sur le site national «Non au harcèlement» . Il est destiné  aux enseignants pour les aider à agir mais aussi aux élèves et à leurs parents. Il se compose en deux parties : «Que faire ?» avec des exemples de cas et des conseils en fonction des situations proposées et «Les ressources» proposant un large choix de supports sur lesquels s’appuyer. Eduscol propose des sites Internets dédiés au premier degré pour traiter de cette notion de harcèlement scolaire comme Prim à bord, pour l’école de la confiance, les Editions Calligram avec «Lili est harcelée à l’école», ou encore le harcèlement à l’école, des ressources pour la classe mis en place par un éditeur en  partenariat avec le ministère de l’Education nationale. Ces pages web permettent de créer des interactions professeur-élève et par conséquent, d’améliorer le climat de confiance. Mais elles ont d’autres objectifs comme libérer la parole, que les élèves prennent conscience de la gravité des actes et qu’ils connaissent les aides possibles dans des situations difficiles.

Un protocole de traitement des situations de harcèlement a aussi été créé pour les écoles et leur directeur dans l’objectif de prendre en charge les situations de harcèlement. Dans ce cadre, la préparation d’une séquence en classe en EMC (enseignement moral et civique) est possible voire conseillée. Comme l’évoque Nicole CATHELINE , il est aussi  suggéré de travailler les émotions et plus particulièrement celles liées au harcèlement : l’empathie et l’alexithymie .

Le cyber-harcèlement 

Selon Nicole CATHELINE , le cyber-harcèlement est lorsque « l’on se moque de  manière répétée d’une autre personne via les nouvelles technologies ou qu’on la harcèle par courrier électronique ou que l’on poste quelque chose en ligne à propos d’une autre personne que l’on n’aime pas ». Le cyber-harcèlement est un fléau qui s’est amplifié avec l’arrivée et le développement des nouvelles technologies de communication et plus particulièrement des réseaux sociaux. C’est une nouvelle forme de harcèlement qui vient compléter et surtout renforcer le harcèlement scolaire. Bien souvent, il vient prolonger celui vécu à l’école et amplifie de manière considérable ses effets. Mais l’inverse existe aussi puisqu’une agression en ligne peut être le point de départ d’un harcèlement à l’école. Le nombre de victimes harcelées via Internet est plus important que celui comptabilisé à l’école. Maintenant, les victimes sont importunées de jour comme de nuit et n’ont pas de répit . Marianne BOAERT explique d’ailleurs « La maison n’est plus un endroit sécurisé où  ils peuvent échapper à leurs ennuis. ».

L’arrivée du cyber-harcèlement a fortement augmenté le nombre de harcelés et de harceleurs. En effet, il est plus facile de faire du mal à une personne de manière anonyme ou derrière un ordinateur qu’en face. Les harcelés peuvent parfois eux-mêmes harceler des camarades de classe via les réseaux sociaux par souci de «vengeance ». Le problème du « multi-harceleur » est apparu puisque les insultes ainsi que les commentaires insolents et méchants sont prononcés par une multitude d’individus. Les agressions sont devenues, quant à elles, de plus en plus violentes. Ce qu’illustre parfaitement Marianne BOAER lorsqu’elle dit « l’anonymat et le faible risque d’être pris font que les enfants se sentent plus libres de dire et de faire des choses qu’ils ne diraient ou ne feraient jamais dans la vraie vie ».

Contrairement aux préjugés, le cyber-harcèlement ne se fait pas seulement sur les réseaux sociaux mais aussi sur les messageries électroniques. Dans le milieu scolaire, des enseignants sont confrontés à des messages d’insultes via les comptes électroniques des élèves créés dans le cadre pédagogique. Or, un professeur ne peut pas prendre en compte un mail de menace envoyé hors-temps scolaire et ne peut pas intervenir directement. Il va être contraint de trouver une stratégie légale afin de parler de cet acte grave. Pour cela, il peut s’appuyer sur un cours d’EMC pour travailler l’impact et la gravité des menaces envoyées lors d’une séquence ou une séance sur le cyber-harcèlement.

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Table des matières

INTRODUCTION
CADRE THEORIQUE
I – Le harcèlement scolaire
A. Une définition
1. … Pénale
2. Par les auteurs
B. La dimension historique du harcèlement scolaire
C. L’engagement de l’éducation nationale contre le harcèlement scolaire
D. Le cyber-harcèlement
II- Le climat scolaire
A. Définition
B. La dimension historique du climat scolaire
C. Le lien entre climat scolaire et harcèlement scolaire
D. Comment agir sur le climat scolaire ?
III- La littérature jeunesse
A. Intérêt de la littérature jeunesse
B. Le théâtre jeunesse
1. Définition
2. Le théâtre à l’école
3. La plus-value du théâtre pour les élèves
C. Outil de prévention du harcèlement scolaire
CADRE METHODOLOGIQUE
I. Le contexte de classe
II. Les premiers constats
A. Les constats apportés par l’observation
B. Les constats apportés par questionnaire
C. Mes constats suite aux entretiens
III. L’expérimentation en classe
IV. L’analyse de la pratique
A. L’équipe pédagogique au cœur de la dynamique d’école
B. Le groupe comme moteur d’intégration et de bien-être à l’école
C. Le théâtre comme outil privilégié pour apprendre à exprimer ses émotions
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
Annexe

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