La question du remboursement sous le prisme de l’analyse politiste
La question du remboursement de TPA par l’Assurance Maladie dรฉpend on l’a plus ou moins dit de facteurs juridiques, รฉconomiques et institutionnels mais aussi de la volontรฉ des pouvoirs publics.
Il est noter des interactions entre les facteurs รฉvoquรฉs et la puissance publique ne serait-ce d’un point de vuejuridique en raison du fait que l’Etat se donne les moyens de faire application des lois et des rรจglements. D’ailleurs les DM s’insรจrent dans un dispositif rรฉglementaire comme dans le cas du processus d’admission au remboursement, oรน la CNEDIMTS รฉmet un avis sur critรจres dรฉfinis rรฉglementairement. De ce fait, il convient de souligner tout le poids de la puissance publique intervenant indirectement dans le processus de l’offre en technologie de santรฉ et plus particuliรจrement de l’offre en TPA. Plus largement et pour mieux apprรฉhender la question du remboursement de ces technologies, un regard doit รชtre portรฉ sur les ยซ politiques de reconnaissance ยป de la dรฉpendance. La reconnaissance de la dรฉpendance dans la sphรจre politique pouvant influer in fine sur d’รฉventuel processus de remboursement.
Un dรฉfinition multidimensionnelle de la dรฉpendance : un obstacle ร sa reconnaissance politique ?
Le terme de dรฉpendance se caractรฉrisant gรฉnรฉralement par le besoin pour un individu de recourir ร l’aide d’un tiers, est un terme polysรฉmique et multidimensionnel qui se rรฉfรจre ร la fois au domaine de l’addictologie et ร la fois au domaine mรฉdical, au domaine de la gรฉrontologie et ร celui du handicap. La dรฉpendance peut donc relever du champ mรฉdical mais aussi du champ social c’est pourquoi la notion fait l’objet de diffรฉrentes dรฉfinitions.
Diffรฉrentes dรฉfinitions ont donc รฉtรฉ donnรฉes et celle que l’on peut retenir est celle de la Commission de terminologie auprรจs du Secrรฉtariat d’Etat chargรฉ des personnes รขgรฉes mise en place en 1983 qui avait dรฉfinit le concept ร travers une double dรฉfinition ร la fois mรฉdicale et sociale.
La crรฉation de cette commission constituรฉe de dรฉmographes, mรฉdecins, sociologues, juristes, linguistes montre aussi le caractรจre multidisciplinaire de la notion de dรฉpendance et a fortiori toute l’รฉtendue du terme dรฉpendance.
D’un point de vue mรฉdical, la Commission dรฉfinit la notion comme toute situation d’une personne qui, en raison d’un dรฉficit anatomique ou d’un trouble physiologique, ne peut remplir des fonctions ou effectuer des gestes essentiels ร la vie quotidienne.
D’un point de vue sociale, la dรฉpendance est envisagรฉe comme tout รฉtat de subordination d’une personne ร une autre personne ou ร un groupe.
L’OMS quant ร elle, semble aller plus loin dans le degrรฉ de prรฉcision en insรฉrant dans sa dรฉfinition la variable de l’environnement qui peut รชtre soit immรฉdiat ร travers la famille, le voisinage soit indirect ร travers la notion d’habitat. L’OMS dรฉfinit la dรฉpendance comme l’impossibilitรฉ partielle ou totale pour une personne dโeffectuer les activitรฉs de la vie, quโelles soient physiques, psychologiques ou sociales, et de sโadapter ร son environnement.
D’ailleurs un lien peut รชtre fait avec certaines TPA ลuvrant pour le soutien ร domicile et dont la vocation est de recrรฉer le plus possible un environnement immรฉdiat entre la personne รขgรฉe et sa famille. Ainsi en est-il de dispositif de surveillance permettant aux aidants naturels de malade d’Alzheimer de s’absenter de longue heures tout en gardant un ลil sur la sรฉcuritรฉ de leur aรฎnรฉ.
La notion de dรฉpendance est aussi confrontรฉe ร d’autres notions distinctes telle que la notion de fragilitรฉ dont le champ tend ร se mรฉdicaliser et ร celle de vulnรฉrabilitรฉ et de prรฉcaritรฉ dont le champ relรจve davantage du social. Ces notions bien que diffรฉrentes l’une de l’autre sont essentielles ร confronter, en raison du fait qu’elles permettent de dรฉfinir au mieux l’expression des besoins des personnes รขgรฉes selon leur caractรฉristiques propres.
En somme, le concept de dรฉpendance appelรฉe autrefois vieillesse invalide ou semi-valide, et son processus de qualification relรจve de la sphรจre de compรฉtence des autoritรฉs publiques.
Tel est le cas de l’allocation personnalisรฉe d’autonomie (APA) gรฉrรฉe par le dรฉpartement ร travers ses รฉquipes mรฉdico-social.
Ainsi, le champ de la dรฉpendance distinct du champ du handicap, recouvre en France une population trรจs รขgรฉe. Bien que multidimensionnel, le concept cible alors une population dรฉterminรฉe par son รขge, orientant ainsi les pouvoirs publics dans leur politique de vieillesse. Tel est le cas des ยซ options politiques prises par la France dans les annรฉes soixante dix face au vieillissement de la population et aux difficultรฉs d’emploi. La France avait au nom de la sauvegarde de l’emploi, choisit d’indemniser la sortie anticipรฉe des seniors et donc multipliรฉ les prรฉretraites et les mesures d’รขge ยป.
Ne constituant dรจs lors aucun obstacle sรฉrieux ร sa reconnaissance par les pouvoirs publics, le concept de dรฉpendance allant au delร d’une simple identification des besoins de la personne รขgรฉe, va cibler l’origine de ses dรฉterminants. L’exemple le plus frappant de facteur gรฉnรฉrateur de dรฉpendance est celui liรฉ ร la progression des maladies chroniques entraรฎnant de lourds handicaps.
A titre d’exemple, 85 % des personnes รขgรฉes de plus de 75 ans ont une ou plusieurs maladies chroniques gรฉnรฉrant pour 50 % d’entre elles une diminution de leur activitรฉ gรฉnรฉrale. ยซ L’รขge รฉlevรฉ a donc une incidence sur la survenue de ces incapacitรฉs tout comme la prรฉsence de plusieurs maladies chroniques ยป.
Le concept de dรฉpendance repose dรจs lors sur une approche biomรฉdicale ou fonctionnelle tenant compte de l’individu et de son niveau de soins. Cette approche de la dรฉpendance ยซ mรฉdicalisant ยป la vieillesse est reconnue aujourd’hui par les pouvoirs publics et se retrouve dans de nombreuses initiatives nationales tel que le plan national du b ien vieillir รฉlaborรฉ pour la pรฉriode 2007-2009 qui va s’appuyer sur des notions dรฉfinies sur la base de recherche plutรดt mรฉdicales.
Tel est aussi le cas, de la notion de vieillissement rรฉussi introduisant le concept de fragilitรฉ qui est avant tout un concept gรฉriatrique.
De surcroรฎt et face ร cette approche biomรฉdicale qui peut paraรฎtre stigmatisante en raison de la fixation d’un รขge chronologique qu’elle donne ร la personne รขgรฉe, une approche plus conceptuelle et plus sociale de la dรฉpendance va se dรฉvelopper. Cette approche sociale de la dรฉpendance va plutรดt dรฉfinir le vieillissement comme un fait social relationnel entre la personne รขgรฉe et d’autres individus. Ce concept s’inscrit donc dans une logique d’interdรฉpendance entre les personnes รขgรฉes.
Elle vise par exemple ร minimiser le risque d’isolement social sur lequel certaines TPA tentent d’agir.
Une reconnaissance progressive de la dรฉpendance dans la sphรจre des politiques publiques
La reconnaissance de la dรฉpendance dans la sphรจre des politiques publiques a sans nul doute รฉtรฉ insufflรฉ par le rapport Laroque de 1962, considรฉrรฉ comme l’acte de naissance des politiques de vieillesse en France et visant au respect de l’autonomie par le maintien ร domicile.
Ainsi, le rapport Laroque devient l’instigateur d’une politique concernant vรฉritablement la place des personnes รขgรฉes dans la sociรฉtรฉ afin de les intรฉgrer socialement. D’un point de vu politique, le rapport Laroque est le rรฉsultat d’un ensemble d’รฉtudes se mettant en place au niveau national par lequel l’Etat central dรฉfinit les grandes orientations politiques qui doivent s’appliquer sur le territoire franรงais. Cette mise en ลuvre des orientations politiques va alors se faire prioritairement au niveau national par la mise en place d’une rรฉglementation et la dรฉfinition de moyens financiers. Tel est le cas, d’unprogramme d’action prioritaire qui va permettre de dรฉfinir des enveloppes budgรฉtaires ร destination d’acteurs divers qui vont s’en servir ร diffรฉrents endroits du territoire.
D’un point de vue idรฉologique, ce rapport est une vraie rรฉvolution promulguant des modรจles sociaux, et culturels dans la vieillesse qui s’inscrivent dans une dimension prรฉventive. Le rapport Laroque atteste donc de l’existence d’un nouveau groupe d’รขge. Toutefois, la premiรจre reconnaissance politique de la dรฉpendance ร proprement parl erest due au rapport Arreckx de 1979 reprรฉsentant la premiรจre passerelle entre la dรฉfinition mรฉdicale de la dรฉpendance et le monde politique. Il faudra nรฉanmoins attendre la fin des annรฉes quatre vingt pour que la Commission nationale d’รฉtudes sur les personnes รขgรฉes dรฉpendantes publitun rapport sur le financement de la dรฉpendance, enclenchant de fait un peu plus le processus de reconnaissance politique. Outre ce phรฉnomรจne de reconnaissance de la dรฉpendance dans la sphรจre publique, un vรฉritable phรฉnomรจne de consรฉcration a lieu de 1979 ร 1983 oรน une confrontation est opรฉrรฉe entre le rapport Arreckx et le rapport Vieillir Demain aussi appelรฉ Rapport Lyon. Rapport Lyon dans lequel la vieillesse est vu de maniรจre plus globale outrepassant ainsi la vision scientiste qui se dรฉgageait du rapport Arreckx. Un tournant est alors marquรฉ avec lโavรจnement de cette nouvelle conception que l’on se fait de la vieillesse conduisant ร la crรฉation en 1981 d’un secrรฉtariat d’Etat aux personnes รขgรฉes confiรฉ au socialiste Joseph Franceshi.
La reconnaissance de la dรฉpendance passe enfin par la mise en place successive de plans ร partir de septembre 2003 avec la prรฉparation du ยซ plan Vieillesse-Solidaritรฉs ยป . On rentre dรจs lors dans des modalitรฉs d’actions publiques relevant de l’expรฉrimentation. Une logique de politiques d’รฉvaluation basรฉe sur des rรฉfรฉrentiels et sur la qualitรฉ du service rendu ร la personne รขgรฉe se dรฉveloppe alors.
De nouveaux concepts voient alors le jour ร travers par exemple le programme national bien vieillir de 2003initiรฉ par Hubert Falco et introduisant de nouvelles notions telle que celle devieillissement rรฉussi et celle de vieillissement actif . Ces deux notions se fondent sur des bases de recherche plutรดt mรฉdicales. Pour ce qui est du vieillissement rรฉussi et nonobstant ses facteurs de fragilitรฉ, la notion ne rentre pas dans le champ de la dรฉpendance. L’idรฉe du concept se base alors sur les capacitรฉs adaptatives de la personne รขgรฉe. Quant ร la notion de vieillissement actif et on l’a plus ou moins รฉvoquรฉe, elle relรจve davantage de la recherche psycho-sociale relevant des obstacles sociaux ร la vieillesse tels que la perte du sentiment d’utilitรฉ sociale.
Par consรฉquent et bien que la notion de dรฉpendance soit implicitement reconnue malgrรฉ lโavรจnement de nouveaux concepts tel que le bien vieillir, les politiques de la vieillesse restent tournรฉes vers des notions vagues de vieillissement de la population franรงaise et plus singuliรจrement vers des concepts de vieillissement de l’individu. La problรฉmatique de la dรฉpendance semble alors รชtre abordรฉe diffรฉremment alors que l’inquiรฉtude de la personne รขgรฉe de vieillir en รฉtant dรฉpendante prรฉexiste. Ne doit-on alors pas rรฉflรฉchir sur le dรฉveloppement de politiques plus efficientes en terme deprise en soin sociale et sanitaire de la personne รขgรฉe, tout en maintenant la perspective de prรฉvention dรฉcoulant entre autre du Rapport Laroque et du programme national bien vieillir ?
En d’autres termes, cette problรฉmatique pose une fois de plus la rรฉflexion sur le fait que la vieillesse soit envisagรฉe comme une question de santรฉ ou comme une question sociale.
Cette idรฉe renvoie derechef ร la notion trรจs contemporaine de vieillissement actif relayรฉe par le programme national bien vieillir et le plan bien vieillir de 2007-2009. Plus qu’un concept professionnel envisageant un allongement de la carriรจre du salariรฉ รขgรฉ, le concept renvoie ร une idรฉe de bien-รชtre dans laquelle la personne รขgรฉe continue ร s’investir socialement et familialement.
En somme, la question de la dรฉpendance ainsi que toutes les questions qui en dรฉcoulent que ce soit s’agissant de la prise en soin sanitaire ou de la prise en charge sociale amรจnent ร des rรฉflexions politiques sur la nรฉcessitรฉ de financer des TPA ร destination des personnes รขgรฉes. TPA qui devront sans nul doute s’inscrire dans le champ du sanitaire et du social tout en permettant leur coordination.
Rรฉflexions politiques sur le remboursement de ces TPA
Pour ce qui est des rรฉflexions politiques pouvant justifier ou non le remboursement d’une TPA, la logique de prรฉvention a contrario de la logique curative centrรฉe sur la maladie peut รชtre รฉvoquรฉe.
En effet, le remboursement d’une TPA ayant par exemple comme vocation de prรฉvenir les chutes peut prรฉsenter un intรฉrรชt de santรฉ publique en ce qu’elle permettrait de rรฉduire une cause frรฉquente de dรฉcรจs chez la personne รขgรฉe. A savoir que la chute est la cause de 4000 ร 4500 dรฉcรจs par an en France selon les sources de l’INSEE . Cet enjeu de santรฉ publique a d’ailleurs รฉtait relayรฉ dans les livres des plans de santรฉ publique et notamment celui de 2011 relatif ร la prรฉvention et ร la sรฉcuritรฉ sanitaire. Ce livre des plans de santรฉ publique offrant un panorama de l’ensemble des plans nationaux de santรฉ prรฉvoit d’ailleurs de promouvoir les dispositifs d’alarme portable. En sus de cette action de promotion des pouvoirs publics menรฉe ร l’รฉchelon national, il existe aussi ร l’รฉchelon local, des initiatives en terme de prรฉvention des chutes comme celle menรฉe par l’association technopรดle Alpes, Santรฉ ร domicile et autonomie (TASDA)de Grenoble qui propose et renseigne l’usager sur des terminaux de tรฉlรฉassistance avec un dรฉtecteur automatique de chute.
Malgrรฉ cet engouement des pouvoirs publics pour la prรฉvention, le paradigme franรงais reste tournรฉe vers la logique du soin de la maladie et non vers celle de la prรฉvention de la maladie.
Or les TPA se rรฉfรจrent ร un paradigme fonctionnel basรฉ sur le fonctionnement du corps de l’individu et donc sur la consรฉquence de la maladie et non plus sur la maladie elle mรชme.
L’analyse des TPA au regard de la thรฉorie des 3 ยซ i ยป
A ce jour, la prise en charge financiรจre des TPA semble dรฉpendre d’une rรฉponse forte des pouvoirs
publics qui se matรฉrialisera sans nul doute par une rรฉforme. Cette rรฉforme portรฉe actuellement par la prรฉparation d’un projet de loi sur l’autonomierรฉsulte de trois grandes idรฉes que sont ;
– l’adaptation de la sociรฉtรฉ au vieillissement
– l’anticipation et la prรฉvention
– l’accompagnement de la perte d’autonomie
L’instauration par les pouvoirs publics d’une telle rรฉforme paraรฎt alors ambitieuse en raison de la reprรฉsentation globalequ’une telle triptyque apporterait au cadre cognitif et normatif que l’on a des politiques gรฉrontologiques. Selon les dires de l’actuel ministre dรฉlรฉguรฉe des personnes รขgรฉes et de l’autonomie, Michelle Delaunay, l’adaptation de la sociรฉtรฉ franรงaise au vieillissement devra alors dรฉpendre d’un ยซ processus d’adaptation et non plus d’une lรฉgislation ยป. Cette dรฉmarche dรฉmontre ainsi une volontรฉ de changement des reprรฉsentations collectives de la vieillesse pour maintenir une certaine รฉgalitรฉ des personnes รขgรฉes en termes dโhabitat, de mobilitรฉ, de sรฉcuritรฉ, de communication, dโactivitรฉ et de qualitรฉ de vie dont les TPA peuvent apporter une rรฉponse.
Ainsi et aux vues de cette rรฉforme, il conviendra d’analyser la diffusion des TPA au regard du concept de politique publique des 3 ยซ i ยป, dont les principaux thรฉoriciens sontBruno Palier, Yves Surel , Peter A. Hall et Hugh Heclo . Au travers de cette thรฉorie offrant une mรฉthode d’analyse analytique, nous verrons quels verrous peuvent รชtre posรฉs ร la diffusion des TPA au regard du jeu des intรฉrรชts, du poids des institutions et de la dimension intellectuelle des politiques publiques.
Le jeu des intรฉrรชts : pour quelles raisons les pouvoirs publics encourageraient-ils la diffusion des TPA ?
Le concept des 3 ยซ i ยป dรฉveloppรฉ par la littรฉrature contemporaine et notamment anglo-saxonne offre une mรฉthode d’analyse basรฉe sur trois ensemble d’รฉlรฉment que sont les ยซ intรฉrรชts ยป, les ยซ institutions ยป et les ยซ idรฉes ยป.
S’agissant du premier ยซ case ยป, celui de l’intรฉrรชt, il permet d’exposer le problรจme de recherche en confrontant les diffรฉrentes dynamiques des acteurs en prรฉsence comme les logiques d’action collective ou encore celles tendant ร opรฉrer des calculs coรปt / bรฉnรฉfice afin d’obtenir une parfaite vision des stratรฉgies ร mettre en place et des menaces ร รฉviter.
Pour ce qui est de la rรฉforme sus-รฉvoquรฉe et donc de l’adaptation de la sociรฉtรฉ au vieillissement, les TPA semblent se prรฉsenter en vรฉritable acteur en rรฉpondant ร une demande sociรฉtale croissante.
Demande sociรฉtale croissante rรฉsultant d’un rรฉel souhait de la personne รขgรฉe de maintenir une certaine inclusion dans son environnement socio-culturel qui n’est autre que son domicile.
L’intรฉrรชt pour les pouvoirs publics est donc multiple et en lien avec cette demande sociรฉtale croissante. Cet intรฉrรชt semble s’inscrire dans un contexte de pressions dรฉmographiques, de pressions des politiques publiques sanitaires, mรฉdico-sociales et sociales.
De plus, un repรฉrage des diffรฉrents acteurs localisรฉs dans les secteurs du sanitaire, du mรฉdico-social et du social, sera nรฉcessaire afin de rรฉpondre au mieux ร cette demande sociรฉtale en dรฉfinissant de maniรจre rigoureuse les contours de la gรฉrontechnologie qui ne cessent de s’รฉlargir en raison des nouveautรฉs technologiques qui รฉmergent. Les TPA deviennent multithรฉmatiques crรฉant de nombreuses possibilitรฉs en terme d’innovation. Tel est le cas par exemple, des box permettant des animations multi-sensorielle.
Enfin, l’intรฉrรชt de ces technologies peut รชtre financier et peut donc s’inscrire dans une logique de dรฉploiement d’une stratรฉgie rationnelle de rรฉduction ou de maintien des dรฉpenses de santรฉ par les acteurs. Le jeu des intรฉrรชts est alors double en s’adressant tant aux pouvoirs publics qu’aux destinataires de ces politiques publiques en lโoccurrence les personnes รขgรฉes dรฉpendantes ou non et leur aidant qui osons le dire reprรฉsente une ยซ clientรจle รฉlectorale ยป importante.
Le poids des institutions
Le poids que peut reprรฉsenter les institutions, comme l’Assurance Maladie peut empรชcher la diffusion des TPA. En effet, et on l’a dit, la diffusion en France des TPA devra passer nรฉcessairement par leur reconnaissance institutionnelle et donc par leur remboursement partiel ou total.
L’institution a donc un poids prรฉpondรฉrant et peut influer sur les trajectoires des systรจmes de protection sociale en subissant les changements de tel ou tel paradigme en terme de politiques sociales.Dรจs lors, le poids des institutions n’est-il pas la rรฉsultante du poids du paradigme dont il fait l’objet ?
Ainsi et pour ce qui est des TPA, le paradigme hippocratique qu’entretient l’Assurance Maladie est un poids ร la diffusion institutionnelle de ces technologies. Cet obstacle institutionnel qui peut รชtre vu au travers de l’Assurance Maladie peut nรฉanmoins รชtre contournรฉ si l’on tend vers une adaptation renforcรฉe de notre systรจme de santรฉ ร l’รฉmergence des TIC par exemple. Selon Robert Picard, les TIC constituent une composante fondamentale du systรจme de santรฉ en permettant notamment une meilleur connaissance du patient et une coopรฉration entre les acteurs de santรฉ. A condition toutefois, que soit rรฉalisรฉe une รฉvaluation des actions conduites et des axes stratรฉgiques dans lesquels s’inscrivent ces technologies pour l’autonomie.
Au poids des institutions s’ajoute aussi le poids des groupes d’intรฉrรชts. Ces groupes d’intรฉrรชts qu’ils
soient publics ou privรฉs, peuvent alors bloquer ou formater les รฉvolutions des politiques sociales en
faisant du ยซ lobbying ยปauprรจs du parlement ou du gouvernement. Dรจs lors, cela ne sera pas sans consรฉquence sur la prise en charge de ces technologies qui pourrait รชtre revue ร la baisse comme ร la hausse. Certains auteurs affirment mรชme que les groupes d’intรฉrรชt participent ร l’รฉlaboration, ร la mise en ลuvre et ร l’รฉvaluation des politiques publiques afin de rรฉsoudre certains ยซ dรฉficit dรฉmocratique ยป.
La dimension intellectuelle des politiques publiques ร destination des TPA
La dimension intellectuelle rรฉsulte on l’a plus ou moins dit de paradigmes, de rรฉfรฉrentiels et de croyances dont le systรจme de santรฉ franรงais est imprรฉgnรฉ. L’action publique en terme de politique gรฉrontologique peut alors s’expliquer par des approches cognitives mais aussi par des approches normatives ร travers l’adoption de rรฉformes certes importantes mais marquรฉes par des incertitudes dans les idรฉes, pouvant susciter des retenues. Ainsi en t-il de l’idรฉe d’un cinquiรจme risque proposรฉe sous la prรฉsidence de Nicolas Sarkozy et visant a crรฉer une cinquiรจme branche de la Sรฉcuritรฉ Sociale couvrant le risque de la vie liรฉ ร la dรฉpendance . Malgrรฉ la dimension intellectuelle forte et la pertinence d’une telle rรฉforme visant ร dรฉvelopper un nouveau champ de protection sociale, le projet a vite รฉtรฉ rattrapรฉ par la rรฉalitรฉ du coรปt et du mode de financement qu’une telle politique sociale susciterait.
Nonobstant l’attente d’une rรฉforme de la dรฉpendance, la dimension intellectuelle d’une action publique en faveur des TPA peut รชtre posรฉe en raison du fait qu’elle pose de multiples questionnements. Ces questionnements peuvent รชtre politiques dans la mesure oรน l’on s’interroge sur la place de la personne รขgรฉe dans la sociรฉtรฉ mais ils peuvent รชtre juridiques en s’interrogeant sur les droits de la personne รขgรฉe face ร ces technologies. L’approche intellectuelle est donc vaste et nous interroge globalement sur la sociรฉtรฉ de demain et son adaptation ร tous les รขges. Adaptation de la
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
Partie 1 : Les enjeux pour les politiques publiques
Iโ La question du remboursement des technologies pour l’autonomie par l’Assurance Maladie
A โ La question du remboursement sous le prisme de l’analyse juridique, institutionnelle et
รฉconomique
B โ La question du remboursement sous le prisme de l’analyse politiste
II โ La place de l’รฉchelon national et de l’รฉchelon local dans la rรฉgulation de
l’offre en technologie pour l’autonomie
A โ Le national et le marchรฉ
B โ Le local et le marchรฉ : l’exemple Isรจrois
Partie 2 : La diffusion des technologies pour l’autonomieentre obstacles et enjeux juridiques
I โ Faut-il nรฉcessairement dรฉfinir un cadre juridique ?
A โ Une mise en jeu des responsabilitรฉs encore complexe
B โ Risques d’atteintes aux libertรฉs publiques de la personne รขgรฉe
II โ Difficultรฉ d’รฉvaluation des technologies pour l’autonomie : Un obstacle ร leur reconnaissance ?
A โ Absence d’un processus de labellisation (en terme de certification)
B โ L’รฉvaluation comme facteur de rรฉussite รฉconomique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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