LA DIDACTIQUE PROFESSIONNELLE POUR COMPRENDRE LA CO-ACTIVITE DU TRAVAIL ENSEIGNANT

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Savoir-agir et pratique

Ces derniรจres annรฉes, plusieurs chercheurs se sont donnรฉ pour but dโ€™analyser lโ€™activitรฉ ou la pratique des enseignants afin dโ€™identifier, ร  des fins dโ€™amรฉlioration de leur formation, comment ils agissent pour rรฉpondre ร  la situation complexe dโ€™enseignement/apprentissage. Avant de situer les savoir-agir langagiers, tel que nous les envisageons, ร  lโ€™aune de ces cadres, nous allons clarifier ce que recouvre lโ€™analyse de pratique/activitรฉ, deux termes parfois employรฉs de maniรจre indiffรฉrenciรฉe, mais ne renvoyant pas la mรชme notion.
Pour Altet (2002) ยซ On peut dรฉfinir la pratique enseignante comme la maniรจre de faire singuliรจre dโ€™une personne, sa faรงon rรฉelle, propre, dโ€™exรฉcuter une activitรฉ professionnelle : lโ€™enseignement ยป. (p.86) Cette chercheuse situe lโ€™analyse de pratique enseignante dans les modรจles interactionnistes et intรฉgrateurs en dรฉfinissant lโ€™enseignement comme ยซ un processus interactif, interpersonnel, intentionnel, qui utilise les interactions verbales et non verbales pour atteindre un objectif dโ€™apprentissage. ยป (Altet, 1994, p.125). La pratique renvoie ร  la ยซ maniรจre de faire ยป et les ยซ procรฉdรฉs pour faire ยป, qui de notre point de vue, relรจvent de savoir-agir car ils se traduisent par la mise en ล“uvre de savoirs et de compรฉtences dโ€™une personne en situation professionnelle. Pendant longtemps, lโ€™analyse de pratique enseignante sโ€™est inscrite dans le paradigme ยซ processus-produit ยป, oรน la recherche des critรจres dโ€™efficacitรฉ de lโ€™action enseignante prรฉdominait. Ce paradigme inspira de nombreux travaux, en particulier aux ร‰tats-Unis sur lโ€™idรฉe ยซ dโ€™effet maรฎtre ยป qui tentait de mettre en relation les pratiques pรฉdagogiques avec les rรฉsultats des รฉlรจves, mais dont les liens entre les causes et les effets ne furentpas vรฉritablement attestรฉs. Plus tard, le modรจle cognitiviste est venu remplacer cette approche behavioriste et combler en quelque sorte son dรฉficit thรฉorique en replaรงant lโ€™action du professeur dans une logique de planification, prรฉparation et de prise de dรฉcisions influant sur les pratiques. Cependant, cette approche ne prenait pas en compte le rรฉel de la classe et la rรฉalitรฉ de la situation, laquelle fut rรฉhabilitรฉe dans les modรจles รฉcologiques. Lโ€™approcheย  interactionniste et intรฉgrateur dโ€™Altet se pose en rupture avec ces modรจles et son travail est centrรฉ sur lโ€™analyse des processus interactifs enseignants/รฉlรจves, contextualisรฉs. Dans cette optique, elle dรฉfend une approche plurielle (Altet, 2002) visant ร  rendre compte de la pratique enseignante dans sa multi dimensionnalitรฉ : รฉpistรฉmique, didactique, psychologique et sociale, oรน chaque chercheur, dans son domaine, peut en apprรฉhender une dimension. Dans la lignรฉe des travaux de Tardif et Lessard (1999), lโ€™accent est mis sur les interactions, inscrites ร  la fois dansย  ย desย  rรจglesย  deย  fonctionnementย  deย  laย  classe,ย  desย  routines,ย  maisย  รฉgalementย  dansย  une adaptation permanente face ร  des situations toujours singuliรจres. Ce travail interactif est forgรฉ dโ€™ajustements, de nรฉgociations, ou de compromis permanents entre les acteurs. Cโ€™est ici le cล“ur de notre travail, mettre sous observation ces processus dโ€™ajustements interactifs, largement mรฉdiatisรฉs par le langage.
Aussi, si les savoir-agir peuvent รชtre repรฉrables, observables au sein de la pratique enseignante, tous ne relรจvent pas de la mรชme activitรฉ. Il existe au sein dโ€™une mรชme pratique, diffรฉrentes activitรฉs et notre recherche sโ€™attachera exclusivement ร  lโ€™activitรฉ langagiรจre de lโ€™enseignant. Dans ce mรชme esprit, Vinatier et Pastrรฉ2007)( distinguent lโ€™activitรฉ de la pratique et placent au centre la notion dโ€™organisateur, articulรฉe ร  celle de pratique ou dโ€™activitรฉ, voire du travail enseignant. Cโ€™est dans cette perspective que nous nous situons, en ce sens oรน nous nous intรฉressons aux organisateurs qui rendent opรฉrationnels les savoir-agir langagiers des enseignants, en ce quโ€™ils prรฉparent ยซ une action ou une suite dโ€™actions pour quโ€™elles se dรฉroulent dans les conditions les meilleures, les plus efficaces. ยป(Ibid., p.96). Les travaux en ergonomie cognitive que nous avons dรฉveloppรฉs au paragraphe 2.2.2 ont ouvert la voie ร  lโ€™analyse de lโ€™activitรฉ qui trouve une application particuliรจrement bien adaptรฉe ร  la complexitรฉ du mรฉtier dโ€™enseignant. Celle-ci implique des critรจres qui nous semblent tout ร  fait pertinents au regard de la nature hรฉtรฉrogรจne et conceptuelle des savoir-agir des enseignants : une analyse de la tรขche ร  effectuer, largement dรฉpassรฉe par lโ€™activitรฉ elle-mรชme, ce qui est particuliรจrement vrai dans le mรฉtier dโ€™enseignant pour lequel la dimension constructive qui guide son action est tout ร  fait fondamentale.
-le couplage activitรฉ/situation qui se dรฉtache de lโ€™analyse de la tรขche et sโ€™attache ร  une analyse intrinsรจque de lโ€™activitรฉ couplรฉe ร  la situation. Ces auteurs soulignent : ยซ Dans lโ€™activitรฉ enseignante, le couplage situation-activitรฉ prend des configurations quโ€™il est important dโ€™identifier et dโ€™analyser ยป. (ibid., p. 98)
Le couplage sujet agissant-situation nous semble particuliรจrement adaptรฉ ร  la complexitรฉ du mรฉtier et au cas spรฉcifique des enseignants dรฉbutants qui nous occupe. La situation fournit ร  la fois des ressources et des contraintes pour agir. Si lโ€™enseignant construit la situation, celle-ci influe sur son cours dโ€™actions. Mais pour un dรฉbutant, la situation relรจve trรจs souvent dโ€™un caractรจre inรฉdit, quโ€™il ne peut anticiper totalement et dont il ne peut avoir la totale expรฉrience. Il est ainsi confrontรฉ ร  des phรฉnomรจnes quโ€™ils lui sont difficiles de mettre en mots, de le rendre intelligible, de le reproduire. Le cadre thรฉorique de la conceptualisation dans lโ€™action (Pastrรฉ, Mayen & Vergnaud 2006) dans lequel nous nous inscrivons donne accรจs ร  la nรฉcessaire comprรฉhension du sens donnรฉ par les acteurs ร  leurs actions. Cโ€™est lโ€™attribution des significations qui est ici en question. Dans le cadre de notre travail, les organisateurs de lโ€™activitรฉ langagiรจre des enseignants sont recherchรฉs au sein de situations dโ€™enseignement-apprentissage, construites par lโ€™enseignant, mais placรฉes sous influence dโ€™une co-activitรฉ enseignant-รฉlรจves mรฉdiatisรฉe par le langage. Le discours, progressivement construit par les รฉchanges au sein de la classe, est fait de nรฉgociations, dโ€™ajustements, dโ€™une intrigue au sujet dโ€™objets de savoir (Pastrรฉ, 2007). Dans cette optique, nous pouvons situer les savoir-agir langagiers de lโ€™enseignant selon les trois niveaux repris par Pastrรฉ13 pour aider ร  comprendre une activitรฉ complexe :
un niveau ยซ micro ยป qui se rรฉfรจre aux automatismes ;
un niveau ยซ mรฉso ยป qui a trait aux ยซ gros schรจmes ยป de la gestion de classe ;
un niveau ยซ macro ยป qui inclut les conceptions et les valeurs.
Cโ€™est une premiรจre catรฉgorisation permettant de clarifier ร  quel niveau du discours nous nous situons. Cependant, devant la complexitรฉ dโ€™une situation dโ€™enseignement/apprentissage, soumise ร  une co-activitรฉ, face ร  des tensions diverses et une multitude dโ€™รฉchanges langagiers qui peuvent รชtre de nature diffรฉrente, il nous semble important de nous doter dโ€™un cadre dans un niveau donnรฉ, nous permettant dโ€™aller plus loin dans une catรฉgorisation. Il nous semble que le discours en interaction dans la classe se construit selon ces trois niveaux qui, sโ€™ils peuvent รชtre รฉtudiรฉs sรฉparรฉment, ne sont pas sans lien les uns avec les autres. Notre analyse se situe essentiellement aux niveaux micro et mรฉso du discours en ce quโ€™elle tente dโ€™accรฉder ร  une certaine finesse des savoirs langagiers des enseignants leur permettant dโ€™ajuster au mieux leur activitรฉ ร  celle des รฉlรจves pour les faire apprendre. Sโ€™il est possible de les identifier, de les caractรฉriser, nous pensons quโ€™il faut dโ€™abord les catรฉgoriser ร  lโ€™aune dโ€™un cadre dโ€™analyse de lโ€™activitรฉ enseignante intรฉgrant des spรฉcificitรฉs du discours en interaction dans la classe. Avant de fonder notre propre cadre de lecture de ce ces savoir-agir langagiers professionnels, nous allons dans ce qui suit, prรฉsenter diffรฉrents cadres de lecture de la pratique qui fondent la possibilitรฉ dโ€™une analyse plurielle de lโ€™activitรฉ enseignante.

Des cadres dโ€™analyse de la pratique enseignante

La pratique dโ€™un enseignant peut se regarder selon divers points de vue. Altet et Vinatier (2008) proposent de rendre compte de sa complexitรฉ ร  lโ€™aune de regards diffรฉrents en fonction dโ€™objets dโ€™รฉtude propres ร  plusieurs chercheurs. Cette approche permet dโ€™apprรฉhender une mรชme situation dโ€™enseignement/apprentissage dans ses dimensions didactique, รฉpistรฉmologique, psychopรฉdagogique, psychologique, sociologique ou linguistique. Loin de sโ€™opposer, ces diffรฉrentes dimensions se complรจtent et rendent compte des facettes multiples de lโ€™acte dโ€™enseigner.
On retrouve dans les travaux de Goigoux (2007), lโ€™idรฉe dโ€™une pratique qui sโ€™incarne dans un systรจme complexe de mises en tension. Il propose de construire un cadre intรฉgrateur de comprรฉhension de la pratique des enseignants au service des apprentissages de tous les รฉlรจves. Pour lui, lโ€™analyse de lโ€™activitรฉ de lโ€™enseignant sโ€™inscrit dans la rรฉsolution de tensions. Il invite dรฉpasser le clivage didactique/pรฉdagogie et ร  รฉviter deux รฉcueils symรฉtriques trop prรฉsents dans lโ€™analyse du travail enseignant : considรฉrer lโ€™activitรฉ des maรฎtres comme รฉtant exclusivementย  finalisรฉeย  parย  les apprentissages des รฉlรจves ; sโ€™intรฉresser ร  toutes les facettes de leur mรฉtier ร  lโ€™exception de ses enjeux didactiques.
Les enseignants doivent rรฉguler des tensions entre une grande diversitรฉ de principes dโ€™action et de principes de justice. Dans le cadre thรฉorique quโ€™il dรฉfend lโ€™activitรฉ de lโ€™enseignant dรฉpend pour lโ€™essentiel de trois รฉlรฉments : sa situation de travail, les รฉlรจves et lui-mรชme.Lโ€™activitรฉ de lโ€™enseignant est ainsi multi finalisรฉe, ce qui engendre des tensions entre des logiques parfois trรจs divergentes obligeant les enseignants ร  trouver des รฉquilibres, des compromis afin dโ€™assurer la cohรฉrence de leur pratique. ยซEn rรฉsumรฉ, nous considรฉronslโ€™activitรฉ dโ€™un enseignant comme la rรฉponse quโ€™il met en ล“uvre pour rรฉaliser la tรขche quโ€™il se donne. Celle-ci dรฉpend, selon nous, de ses propres caractรฉristiques, de celles de ses รฉlรจves et de celles de lโ€™institution scolaire ยป (p.59). Goigoux mentionne par ailleurs une derniรจre caractรฉristique de lโ€™activitรฉ de lโ€™enseignant : cโ€™est une activitรฉ mรฉdiatisรฉe par des instruments didactiques et par consรฉquent largement tributaire de ceux dont ils disposent.
Lโ€™approche systรฉmique et multi finalisรฉe de ce cadre dโ€™analyse reflรจte toute la complexitรฉ de lโ€™activitรฉ enseignante. De leur cรดtรฉ, Bucheton et Soulรฉ (2009) orientent leur travail vers la recherche dโ€™une facilitation de la comprรฉhension des gestes professionnels des enseignants leur permettant de sโ€™ajuster ร  la grande diversitรฉ des variables de toute situation. Leur modรจle dโ€™analyse, celui du multi-agenda, prend appui sur cinq prรฉoccupations centrales qui constituent, selon ces auteurs, la matrice de lโ€™activitรฉ enseignante et substrat de leurs gestes professionnels quโ€™ils dรฉfinissent ainsi: ยซ par geste professionnel nous dรฉsignons de maniรจre mรฉtaphorique lโ€™action de lโ€™enseignant, lโ€™actualisation de ses prรฉoccupations. Le choix du terme geste traduit lโ€™idรฉe que lโ€™action du maรฎtre est toujours adressรฉe et instruite dans des codes.ยป (p. 32). Ces prรฉoccupations, toutes en rรฉfรฉrence ร  lโ€™objet de savoir, sont enchรขssรฉes :
le pilotage, relatif ร  la cohรฉrence de la sรฉance dโ€™un bout ร  lโ€™autre de son dรฉroulรฉ ;
lโ€™atmosphรจre cโ€™est lโ€™espace intersubjectif qui consiste ร  crรฉer les espaces dialogiques entre les individus ;
le tissage se rรฉfรจre ร  lโ€™activitรฉ du maรฎtre ou des รฉlรจves pour mettre en relation le dehors et le dedans de la classe, la tรขche en cours avec celle qui prรฉcรจde ou qui suit, le dรฉbut avec la fin de la leรงon. Le tissage se situe du cรดtรฉ du sens, de la pertinence ;
lโ€™รฉtayage, en rรฉfรฉrence aux travaux de Bruner (1983), hiรฉrarchiquement supรฉrieur aux autres et organisateur principal de la co-activitรฉ maรฎtre-รฉlรจvesCโ€™est. faire dire et faire comprendre.

Les enseignants dรฉbutants: entre genre et style

Rappelons ici que notre travail sโ€™intรฉresse aux enseignants dรฉbutants nรฉo-titulaires, ร  lโ€™entrรฉe dans le mรฉtier. Plusieurs auteurs dรฉveloppent des problรฉmatiques liรฉes ร  cette pรฉriode dรฉlicate de la carriรจre. Parmi ces auteurs, Lanรฉelle et Pรฉrez-Roux (2010) identifient la complexitรฉ ร  laquelle lโ€™enseignant dรฉbutant doit faire face, pour se construire professionnellement, รชtre reconnu, dans des contextes souvent instables et difficiles: ยซ aprรจs une titularisation supposant une reconnaissance des compรฉtences ร  concevoir, conduire, รฉvaluer, rรฉguler les apprentissages des รฉlรจves, lโ€™entrรฉe dans le mรฉtier suppose une adaptation des contenus radicale et souvent coรปteuse, mais cette fois avec un accompagnement minimal ยป (p.2). La construction identitaire de lโ€™enseignant dรฉbutant passe par la reconnaissance dโ€™autrui. Le fait dโ€™รชtre perรงu comme un professionnel le rassure et lโ€™engage ร  se professionnaliser (Pรฉrez- Roux, 2012).
En classe, le dรฉbutant est confrontรฉ ร  la complexitรฉ de lโ€™acte dโ€™enseigner et doit mobiliser des compรฉtences dโ€™ordre multiples pour y faire face : technique et didactique, relationnel, pรฉdagogique et social, vouรฉes ร  รชtre mobilisรฉes dans les interactions en classe et dans la relation aux diffรฉrents acteurs du systรจme scolaire (Altet, 1996). Cependant, Piot (2008) relรจve que: ce nโ€™est quโ€™au bout de deux ร  trois ans dans des situations assez stables que lโ€™enseignant construit des routines dโ€™action. Ces routines permettent de mettre en ล“uvre des unitรฉs dโ€™action รฉlรฉmentaires tede les combiner pour orienter et rรฉguler lโ€™action en classe. ยป (p. 104).
Dans une perspective assez proche, Durand (1996) a hiรฉrarchisรฉ des prรฉoccupations des enseignants et montrรฉ que les enseignants dรฉbutants ont beaucoup de mal ร  sโ€™intรฉresser aux apprentissages des รฉlรจves dรจs lors quโ€™ils ne maรฎtrisent pas la classe. Mais cโ€™est aussi au cours de ces premiรจres annรฉes dโ€™enseignement que les jeunes enseignants, confrontรฉs ร  des contextes et des situations variรฉes vont enrichir et diversifier leurs habitus professionnels. (Perrenoud, 2003).
Cโ€™est aussi au cours de cette pรฉriode de connaissance progressive du monde enseignant, que le repรฉrage dโ€™un genre professionnel et la confrontation ร  diffรฉrents styles pourront รชtre gรฉnรฉrateurs de dรฉveloppement professionnel (Clot, 1999). Dans cette optique, il est possible dโ€™envisager la construction professionnelle dโ€™un enseignant entrant dans le mรฉtier, entre la perception quโ€™il a du genre professionnel et le style propre quโ€™il cherche ร  affirmer. Y. Clot et Faรฏta (2000), empruntent la notion de genre ร  Bakthine (1984) qui lโ€™utilise pour penser lโ€™activitรฉ langagiรจre. Ces auteurs installent le genre entre le prescrit et le rรฉel de lโ€™activitรฉ. Ils parlent dโ€™un prรฉtravaillรฉ ยป social, une mรฉmoire et le dรฉfinissent ainsi:ยซ ce qui leur est commun et qui les rรฉunit sous des conditions rรฉelles de vie; ce quโ€™ils savent devoir faire grรขce ร  une communautรฉ dโ€™รฉvaluations prรฉsupposรฉes, sans quโ€™il soit nรฉcessaire de respรฉcifier la tรขche chaque fois quโ€™elle se prรฉsente. Cโ€™est comme โ€œ un mot de passe โ€ connu seulement de ceux qui appartiennent au mรชme horizon social et professionnelยป. (Ibid., p.11). Cโ€™est un stock des mises en acte ยป, ยซ mise en mots ยป, de ยซ conceptualisations pragmatiques ยป prรชtes ร  servir. (ibid., p.13). Lโ€™existence du genre peut รชtre considรฉrรฉe comme une sorte de norme qui oriente finalement lโ€™action commune dโ€™une vie professionnelle et qui facilite lโ€™exercice du mรฉtier. En ce sens, le genre professionnel du mรฉtier dโ€™enseignant, ou du moins la reprรฉsentation quโ€™il sโ€™en fait peut constituer un repรจre pour lโ€™enseignant dรฉbutant. Le style quant ร  lui, permet de penser la dimension subjective du mรฉtier :ยซ chaque sujet interpose entre lui et le genre collectif quโ€™il mobilise ses propres retouches du genre. Le style peut donc รชtre dรฉfini comme une mรฉtamorphose du genre en cours dโ€™action ยป (ibid., p. 15). Le style est une variation du genre. Cโ€™est la maniรจre dont chaque acteur sโ€™empare du genre.
Le concept dโ€™action instrumentรฉe
Nous nous appuierons ici sur les travaux de Rabardel (1995) qui, dans la lignรฉe รฉpistรฉmologique de Vygotski, considรจre que toute activitรฉ humaine est instrumentรฉe et quโ€™elle peut lโ€™รชtre par la mรฉdiation dโ€™instruments techniques, ou psychologiques. La dรฉfinition quโ€™il propose de lโ€™instrument, fait apparaรฎtre clairement la part du cognitif dans lโ€™utilisation dโ€™un outil technique. Pour lui, lโ€™instrument ne peut รชtre rรฉduit ร  lโ€™idรฉe dโ€™artefact, celui-ci dรฉsignant toute chose ayant subi une transformation, mรชme minime par lโ€™homme. Il sโ€™agit dโ€™un ยซ objet matรฉriel fabriquรฉยป en vue de servir ร  une action. Cette appellation se veut suffisamment neutre pour quโ€™il nโ€™y ait pas de confusion avec la notion dโ€™outil ou dโ€™instrument. En effet, avant de devenir instrument, le dispositif physique ou lโ€™outil technique qui sert ร  lโ€™action, est donc un artefact ยป fabriquรฉ par lโ€™humain. Il sโ€™inscrit dans des activitรฉs finalisรฉes et se transforme en un instrument en situation, c’est-ร -dire, lorsque lโ€™homme lโ€™adapte ร  son activitรฉ. Lโ€™artefact a donc bien, dรจs le dรฉpart, un statut social, mais cโ€™est lโ€™instrument qui constitue le mรฉdiateur entre le sujet et lโ€™objet de son action. Cโ€™est ce que Rabardel nomme la ยซ Genรจse instrumentale ยป, qui correspond ร  l’appropriation de lโ€™artefact par le sujet pour en faire un instrument.
Lโ€™instrument est en fait composรฉ de lโ€™artefact dans toutes ses composantes et du schรจme qui accompagne la situation. Pour expliquer les processus ร  lโ€™ล“uvre dans lโ€™utilisation dโ€™un artefact en situation, Rabardel sโ€™appuie sur le concept de catachrรจse, qui dans le champ de la technologie dรฉsigne le dรฉtournement dโ€™un objet vers une fonction pour laquelle il nโ€™a pas รฉtรฉ conรงu ร  lโ€™origine. Par extension les catachrรจses peuvent รชtre considรฉrรฉes comme des indices tรฉmoignant du fait que les utilisateurs participent ร  la conception des usages des artefacts, notamment de la partie de lโ€™instrument que sont les schรจmes dโ€™utilisation. ยซ Lโ€™existence des catachrรจses tรฉmoigne de lโ€™institution par le sujet de moyens adaptรฉs en vue des fins quโ€™il poursuit, de lโ€™รฉlaboration dโ€™instruments destinรฉs ร  รชtre insรฉrรฉs dans son activitรฉ en fonction de ses objectifs ยป. (p.109) Lโ€™instrument est donc un moyen de lโ€™action transformatrice lorsque les fonctions attribuรฉes par le sujet sont orientรฉes vers la transformation de lโ€™objet. Dans ce cas, la mรฉdiation est de nature pragmatique et par le biais de variables ou dโ€™entrรฉes auxquelles il attribue de nouvelles fonctions, lโ€™utilisateur prend le contrรดle du systรจme et lโ€™instrumentalise selon ses besoins.
Mais cโ€™est aussi en agissant que lโ€™utilisateur prend connaissance de lโ€™objet et lui attribue, dans une mรฉdiation, cette fois, รฉpistรฉmique, des fonctions instrumentales orientรฉes vers cette connaissance.
Cโ€™est de ce rapport dialectique que naรฎt la ยซ genรจse instrumentale ยป qui signifie lโ€™existence dโ€™un processus plus ou moins long, et toujours en dรฉveloppement, composรฉ de deux mouvements : l’instrumentalisation, dรฉfinie commeยซ un processus dโ€™enrichissement des propriรฉtรฉs de lโ€™artefact par le sujet ยป Ce processus dรฉsigne donc le mouvement du sujet vers l’artefact et comprend la reconnaissance et la crรฉation de fonctions de l’artefact. Par le biais de ce processus, lโ€™utilisateur prend appui sur les caractรฉristiques intrinsรจques de lโ€™artefact et leur attribue, momentanรฉment ou durablement, un statut en fonction de lโ€™objectif quโ€™il poursuit au cours de la situation ;
lโ€™instrumentation, qui est liรฉe ร  la dรฉcouverte progressive des propriรฉtรฉs intrinsรจques de lโ€™artefact, laquelle sโ€™accompagne de lโ€™accommodation de schรจmes. Ce processus dรฉsigne cette fois un mouvement de lโ€™artefact vers le sujet dont la transformation des schรจmes associรฉs ร  lโ€™artefact, induit une signification nouvelle de lโ€™instrument.
Penser le langage comme un instrument
Poussantย  plusย  avantย  lesย  perspectivesย  ouvertesย  parย  Vygotski,ย  Rabardelย  (1999) propose une thรฉorie รฉlargie de lโ€™action instrumentรฉe oรน le langage peut รชtre ร  la fois instrumentย  psychologique et instrument technique. Sa thรฉorie ne se limite pas ร  un type dโ€™instrument en particulier, quโ€™il soit psychologique ou technique. Il propose au contraire de caractรฉriser leur proximitรฉ et leur diffรฉrence et de rendre compte de la maniรจre dont les instruments se constituent pour le sujet, dans sa relation aux artefacts inscrits dans lโ€™histoire et la culture dans laquelle il vit.
Il y a dans lโ€™artefact un caractรจre stable, immuable. Une clรฉ anglaise, demeure une clรฉ anglaise, conรงue dans un but prรฉcis, mรชme lorsque son utilisateur lโ€™emploi ร  des fins dรฉtournรฉes. Sโ€™agissant des instruments psychologiques, le signe apparaรฎt comme un artefact et la signification dโ€™un mot reste stable et ne change pas dโ€™un dictionnaire ร  lโ€™autre. Mais la distinction รฉtablie par Vygotski entre signification et sens, est ici trรจs importante. Elle met en รฉvidence le fait que signification ne contribue quโ€™en partie seulement au sens du mot, car celui-ci est trรจs variable en fonction de la situation. Cet artefact spรฉcifique quโ€™est le mot joue un rรดle primordial dans les mรฉdiations vis-ร -vis de soi et des autres. Il est ร  la fois outil de formation des concepts et instrument de rรฉalisation de la pensรฉe. On peut rapprocher cette idรฉe des actes de langages (Austin, 1970) oรน la dimension illocutoire confรจre ร  la parole lโ€™accomplissement dโ€™un acte, le langage ayant alors pour fonction de transformer des rรฉalitรฉs externes. Or, ร  quoi sert le langage de lโ€™enseignant sinon ร  transformer lโ€™รฉlรจve et le faire progresser ? Il est donc un des instruments majeurs de lโ€™activitรฉ de lโ€™enseignant, qui choisit ses mots, reformule, sโ€™adresse untel plutรดt quโ€™ร  un autre, explicite, commente son action, toujours dans un but prรฉcis dโ€™apprentissage. En classe, ces actes de langage naissent des interactions maรฎtre/รฉlรจves au sein, nous lโ€™avons vu prรฉcรฉdemment dโ€™un co-activitรฉ. A la suite des travaux de Piot (2011), nous croisons la didactique professionnelle avec la pragmatique du langage dont la thรฉorie linguistique interactionniste (Kerbrat-Orecchioni, 2011) rapproche les diffรฉrents courants.
Comprendre la thรฉorie linguistique interactionniste
Rechercher ce qui organise lโ€™activitรฉ au sein des interactions langagiรจres nรฉcessite de comprendre comment fonctionnent les interactions spรฉcifiquement portรฉes par le langage. Les travaux en linguistique sont nombreux et complexes pour qui nโ€™est pas linguiste.
Aussi, dans la lignรฉe de notre choix historico-culturel, nous avons voulu enrichir notre cadre principal : la didactique professionnelle, par la pragmatique du langage et plus particuliรจrement, par lโ€™apport de la thรฉorie interactionniste linguistique dรฉveloppรฉe dans les travaux de Kerbrat- Orecchioni (2011), dont lโ€™approche รฉclectique, loin dโ€™opposer les diffรฉrents paradigmes, les croise, afin que naissent de ces options thรฉoriques complรฉmentaires, les nรฉcessitรฉs permettant de comprendre et de dรฉcrire de faรงon satisfaisante le rรฉcit conversationnel. Avant de prรฉciser le cadre mรฉthodologique quโ€™elle propose, nous ferons un tour dโ€™horizon des thรฉories relatives ร  la pragmatique du langage et ร  lโ€™รฉpistรฉmologie dโ€™une thรฉorie linguistique interactionniste.
Ainsi, loin de prรฉtendre ร  lโ€™exhausivitรฉ, nous allons, dans la sous-partie qui suit, prรฉsenter quelques rรฉfรฉrents thรฉoriques de nature ร  nous รฉclairer sur le fonctionnement du discours et le jeu des interactions entre diffรฉrentsinteractants.
La pragmatique du langage
La pragmatique postule que le langage permet dโ€™exprimer ses pensรฉes, de transmettre des informations, mais รฉgalement dโ€™agir sur le monde. La pragmatique, dans son origine philosophique, prend naissance dans la thรฉorie des actes de langage (Austin, 1970, Searles, 1972). Cโ€™est une notion centrale de lโ€™analyse des interactions langagiรจres. Austin (1970), part du constat que de nombreuses phrases ne sont pas formulรฉes pour dรฉcrire la rรฉalitรฉ, mais pour la modifier. Elles cherchent ร  changer le monde. On parle alors dโ€™un รฉnoncรฉ performatif, par contraste ร  un รฉnoncรฉ constatif, lequel est soi vrai, soit faux. Il admet que toute phrase complรจte, en usage, correspond ร  lโ€™accomplissement dโ€™au moins un acte de langage, celui ci ayant une intention communicative : lโ€™acte locutionnaire est celui que lโ€™on accomplit par le simple fait de dire quelque chose, ce qui correspond au simple fait de parler ; lโ€™acte illocutionnaire est celui que lโ€™on accomplit en disant quelque chose, cโ€™est le fait dโ€™avoir lโ€™intention de provoquer une rรฉaction dโ€™autrui ; lโ€™acte perlocutionnaire est celui que lโ€™on accomplit par le fait de dire quelque chose, il sโ€™agit de la rรฉaction effectivement provoquรฉe chez autrui.
La force illocutoire est particuliรจrement intรฉressante dans lโ€™analyse des interactions verbales entre individus, chacun ayant pour but de provoquer une rรฉaction chez lโ€™autre. Cโ€™est le cas des interventions de lโ€™enseignant qui ont pour vocation de provoquer chez les รฉlรจves une activitรฉ cognitive, des rรฉponses, des questionnements, de lโ€™argumentation, de la rรฉflexion sur unย  lโ€™heure actuelle, les tentatives de formalisation de la thรฉorie des actes de langage sโ€™appuient principalement sur les travaux de Searles (1972), lequel, poursuivant les travaux dโ€™Austin, sโ€™est largement concentrรฉ sur la forceillocutoire, au sein dโ€™une thรฉorie de lโ€™action plus large. Selon lui, tout รฉnoncรฉ contient deux parties insรฉparables : une proposition ou contenu propositionnel, et une force illocutoire qui lui donne sa valeur dโ€™acte de langage. Les deux dimensions essentielles sont les intentions et les conventions. On peut alors voir les actes de langage et les phrases par lesquelles ils sont accomplis comme un moyen conventionnel pour exprimer et rรฉaliser des intentions. Sa contribution essentielle consiste ร  distinguer, dans une phrase, ce qui relรจve de lโ€™acte illocutionnaire lui-mรชme, quโ€™il nomme ยซ marqueur de force illocutionnaire ยป et ce qui relรจve du contenu de lโ€™acte et quโ€™il appelle ยซ marqueur de contenu propositionnel ยป. Searles ne croit pas beaucoup aux actes perlocutionnaires et sโ€™intรฉresse trรจs peu aux actes locutionnaires. Il dรฉveloppe sa propre taxinomie des diffรฉrents types dโ€™actes de langage, en sโ€™appuyant sur certains critรจres et dรฉgage cinq classes majeures dโ€™actes de langage :
les assertifs (assertion, affirmationโ€ฆ) ; les mots s’ajustent au monde ;
les directifs (ordre, demande, conseilโ€ฆ) ; le monde s’ajuste aux mots ;
les promissifs (promesse, offre, invitationโ€ฆ) ; le monde s’ajuste aux mots ;
les expressifs (fรฉlicitation, remerciementโ€ฆ) ; pas de direction d’ajustement ;
les dรฉclaratifs(dรฉclaration de guerre, nomination, baptรชmeโ€ฆ) ; direction d’ajustement double (mots – monde / monde – mots).
Nous rapprochons cette idรฉe de la parole de lโ€™enseignant comme instrument pour accomplir des gestes professionnels, en lien avec des intentions pรฉdagogiques et didactiques lui permettant de faire entrer les รฉlรจves dans une situation dโ€™apprentissage. Cette idรฉe nous amรจne ร  rapprocher la pragmatique de la dimension cognitive contenue dans toute activitรฉ, en nous appuyant sur les travaux de Reboul et Moeschler (1998).
La pragmatique cognitive
Comme le soulignent Reboul et Moeschler (1998), les thรฉories dโ€™Austin et Searles sont basรฉes sur le rejet de ยซlโ€™illusion descriptive ยป de lโ€™รฉcole gรฉnรฉrative (Chomsky,ย  1986) qui place le langage sur le plan de la description de la rรฉalitรฉ. Ils ont ouvert la voie dโ€™une pragmatique orientรฉe sur lโ€™influence et les consรฉquences du langage sur le contexte. Cependant, ces auteurs soulignent รฉgalement que la thรฉorie des actes de langage nโ€™est pas une thรฉorie cognitive. Il existe un autre point de vue de la pragmatique, celui dโ€™une pragmatique qui sโ€™occupe, ร  lโ€™inverse, de lโ€™influence du contexte sur le langage. Cette vision sโ€™inscrit dans le courant pragmatique cognitiviste qui voit dans le langage, dโ€™abord un moyen pour dรฉcrire la rรฉalitรฉ, insistant sur la sousdรฉtermination- langagiรจre et sur lโ€™importance de processus infรฉrentiels dans lโ€™interprรฉtation des รฉnoncรฉs.Dans lโ€™optique de cette nouvelle approche,
Reboul et Moscheler se rรฉfรจrent ร  la thรฉorie de la pertinence de Sperber& Wilson (1982). Celle-ci postule que le but central de la communication humaine est de reconnaรฎtre, grรขce ร  un effort coopรฉratif, l’intention communicative de l’interlocuteur, ce qui remet en cause un certain nombre des principes sous-jacents ร  la thรฉorie des actes de langage, et lโ€™intรฉrรชt des classifications proposรฉes par Austin et par Searle. Ils remarquent, ร  juste titre, que si la dรฉtermination dโ€™une forceย  locutionnaire prรฉcise est tout ร  la fois possible et nรฉcessaire, dans de nombreux autres cas, elle est trรจs difficile, pour ne pas dire impossible, et ne paraรฎt pas indispensable ร  lโ€™interprรฉtation dโ€™un รฉnoncรฉ. Leur suggestion est de rรฉduire drastiquement les classes dโ€™actes de langage ร  trois classes qui peuvent รชtre repรฉrรฉes linguistiquement, ร  savoir les actes de ยซ dire que ยป, de ยซ dire de ยป et de ยซ demander si ยป :
les actes de ยซ dire que ยป correspondent globalement aux phrases dรฉclaratives et notamment aux assertions, aux promesses, aux prรฉdictionsโ€ฆ ;
les actes de ยซ dire de ยป correspondent globalement aux phrases impรฉratives, aux ordres, aux conseilsโ€ฆ ;
les actes de ยซ demander si ยป correspondent aux phrases interrogatives et plus gรฉnรฉralement aux questions et aux demandes dโ€™information.
Cette thรฉorie de la pertinence est le choix thรฉorique dรฉfendu par Reboul Moescheler, comme thรฉorie pragmatique de rรฉfรฉrence. Elle a รฉtรฉ introduite par les travaux de Grice (1979),
philosophe, pour qui le langage rรฉpondrait ร  un principe dโ€™รฉconomie ne visant ร  dire que ce qui est pertinent. Il propose des maximes qui sont supposรฉes รชtre respectรฉes par les interlocuteurs, dont ยซ la maxime de relation ยป qui postule quโ€™on parle ร  propos, en relation avec ses propresย  รฉnoncรฉs prรฉcรฉdents et ceux des autres. Cette maxime est fondatrice de la thรฉorie de la pertinence. Il distingue รฉgalement deux formes de communication : le sens naturel et le sens non naturel. Un signe signifie de lui-mรชme lorsque sa seule production a du sens et faรงon non naturelle lorsquโ€™il est le rรฉsultat dโ€™une convention. En ce sens, Grice est un des premiers ร  dรฉvelopper la thรฉorie infรฉrentielle, au premier plan dโ€™une conception de la communication oรน lโ€™infรฉrence est incontournable et qui implique que le signe prend sens lorsque, combinรฉ avec le contexte, un interlocuteur peut infรฉrer le sens de ce dernier. Devant les multiples sens accessibles d’un รฉnoncรฉ, un locuteur va sรฉlectionner celui qui engendrera un maximum d’effets face ร  un minimum d’effort. Grice est donc le premier ร  donner ร  la pragmatique une orientation cognitive, en dรฉveloppant un concept trรจs important; celui dโ€™implicature. Il รฉtablit une diffรฉrence entre ce qui est dit (signification linguistique conventionnelle de la phrase) et ce qui est transmis (lโ€™interprรฉtation de lโ€™รฉnoncรฉ). Cโ€™est ร  cette diffรฉrence que correspond le concept dโ€™implicature, ce faisant, Grice introduit au sein des recherches sur le langage, la notion dโ€™implicite, au moment oรน la pragmatique interroge les relations entre la signification explicite dโ€™une phrase et lโ€™implicite dโ€™un รฉnoncรฉ. La notion dโ€™implicite, nous la retrouvons dans les travaux de Bakthine (1984) et dans ceux de Ducrot (1972) qui ont dรฉveloppรฉ les idรฉes de dialogisme et de polyphonie, que nous pensons nรฉcessaires ร  la comprรฉhension de ce qui se joue au sein dโ€™un discours.
Le dialogisme, de Bakthine ร  Ducrot
La thรฉorie dialogique de Bakhtine est puisรฉe dans des ล“uvres littรฉraires, en particulier celles de Dostoรฏevski, quโ€™il analyse pour rendre compte de lโ€™esthรฉtique romanesque.
Pour lui, le sens naรฎt des interactions verbales en situation de dialogue oรน les mots peuvent รชtre traversรฉs de sens divers. Le dialogisme introduit ainsi lโ€™idรฉe dโ€™une existence implicite de plusieurs voix dans les discours qui nโ€™รฉmergent que dans un processus dโ€™interaction entre une conscience individuelle et une autre. Parlant de lโ€™รฉnoncรฉ comme un maillon dans une chaรฎne, il dit : ยซ Un รฉnoncรฉ est tournรฉ non seulement vers son objet,mais aussi vers le discours dโ€™autrui portant sur cet objet. La plus lรฉgรจre allusion ร  lโ€™รฉnoncรฉ dโ€™autrui donne ร  la parole un tour dialogique que nul thรจme constituรฉ purement par lโ€™objet ne saurait lui donner ยป (p.302). Pour Bakthine, mรชme sโ€™il est dโ€™apparence dialogale, tout texte est dialogique et plusieurs voix sโ€™y entrecroisent, implicitement ou explicitement, manifestation de la prรฉsence dโ€™autrui dans le discours. Il distingue ainsi deux types de dialogisme qui construisent le dialogue : un dialogisme fait des รฉnoncรฉs rรฉalisรฉs ou virtuels quilโ€™on prรฉcรฉdรฉ, absorbant ainsi ยซ le discours dโ€™autrui ยป et intรฉgrant la culture du domaine dans lequel il intervient ; un dialogisme en tant que rรฉponse aux discours antรฉrieurs ou ceux ร  venir, qui touche ici davantage ร  la dimension interactionnelle.
Nous retiendrons ici que le locuteur construit son discours ร  partir du discours de lโ€™autre et la formule trรจs imagรฉe de Bakthine: ยซ les harmoniques dialogiques ยป lesquelles ยซ remplissent un รฉnoncรฉ et il faut en tenir compte si lโ€™on veut comprendre jusquโ€™au bout le style de lโ€™รฉnoncรฉ.ยป (ibid., p. 300).
En France, ร  peu prรจs ร  la mรชme รฉpoque, le linguiste Ducrot (1972) avanรงait des idรฉes comparables, en dรฉveloppant le concept de prรฉsupposition. Pour lui, les locuteurs doivent partager les mรชmes croyances pour que certaines expressions linguistiques soient utilisรฉes de maniรจre appropriรฉe. Il pose ainsi au centre des recherches linguistiques sรฉmantiques du discours, lโ€™implicite, que lโ€™on retrouve dans la notion de polyphonie, notion qui demeure une piรจce maรฎtresse de sa contribution.
Reprenant ainsi lโ€™idรฉe de dialogisme, le concept de polyphonie dรฉfendu par O. Ducrot est dรฉfinie par une activitรฉ รฉnonciative comme fruit de plusieurs voix, plusieurs points de vue, repose sur trois thรจses :
la distinction entre le sujet parlant et le locuteur ;
certains รฉnoncรฉs prรฉsentent plusieurs points de vue ;
le sens de lโ€™รฉnoncรฉ attribue au locuteur diffรฉrentes attitudes considรฉrรฉes comme des degrรฉs dโ€™adhรฉsion ou de non-adhรฉsion.
Il รฉtablit ainsi une distinction fondamentale entre le sujet parlant, celui qui sโ€™exprime dans la rรฉalitรฉ, le locuteur, responsable de lโ€™รฉnoncรฉ et lโ€™รฉnonciateur, porteur dโ€™un point de vue.
Dans le contexte de la classe, le discours est รฉminemment polyphonique dans la rencontre de points de vue divergents et mis en scรจne dans un discours entre lโ€™enseignant et ses รฉlรจves. Ce discours, pilotรฉ de maniรจre propre ร  chaque enseignant, naรฎt des diffรฉrentes interactions et neย  se limite pas ร  la seule succession des รฉnoncรฉs. Dans la lignรฉe des travaux de Ducrot, Rabatel (2004) analyse les postures รฉnonciatives en situation didactique. Cet auteur montre que le discours entre enseignant et รฉlรจves est fait de dรฉsรฉquilibres interactionnels et cognitifs, dans une co-construction de savoirs. Il met ainsi en relation lโ€™รฉtayage de lโ€™enseignant et le processus interactionnel, fait de situations consensuelles ou dissensuelles. Cโ€™est en partie dans ce processus que se manifestent les savoir-agir-langagiers des enseignants. Nous dรฉveloppons plus prรฉcisรฉment ce point un peu plus loin, au paragraphe 3.3.Mais avant dโ€™envisager le discours dans un contexte didactique, nous nous appuyons sur les travaux de Kerbrat-Orecchioni (2011) pour dโ€™abord en saisir le fonctionnement dans un contexte interactif.
Le fonctionnement du discours-en-interaction
Kerbrat-Orecchioni (2011) consacre ses recherches aux interactions verbales, objet quโ€™elle a choisi de dรฉsigner par ยซ discours-en-interaction ยป. Il sโ€™agit dโ€™en explorer le fonctionnement et elle choisit pour cela une approche dite ยซ รฉclectiqueยป quโ€™elle oppose aux chercheurs et chercheuses qui prรฉfรจrent, tout aussi lรฉgitimement revendiquerlโ€™appartenance ร  un courant dรฉterminรฉ. Aux polรฉmiques stรฉriles, elle prรฉfรจreยซConcilier ce qui est conciliable, et voir le pari que lโ€™on peut tirer du croisement de propositions provenant de paradigmes diffรฉrents.ยป (ibid., p.21). De tous les courants quโ€™elle convoque pour analyser le discours-en-interaction, il en est un quโ€™elle considรจre comme le plus important, cโ€™est lโ€™analyse conversationnelle dont nous donnons un aperรงu ci-dessous ร  partir des รฉcrits de Kerbrat-Orecchioni.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
1. ร€ lโ€™oฦŒigiลถe du questionnement : un parcours professionnel
2. Du ฦ‹uestioลถลถeลตeลถt pฦŒofessioลถลถel ร  lโ€™oฤjet de la ฦŒeฤheฦŒฤhe
3. Des options qui structurent notre รฉcrit
PREMIรˆRE PARTIE CADRE THร‰ORIQUE ET PROBLร‰MATIQUE
CHAPITRE 1 : CONTEXTE SOCIO-HISTORIQUE ET INSTITUTIONNEL
1.1. Professionnalisation, professionnalitรฉ et dรฉveloppement professionnel
1.2. La notion de compรฉtence au ฤล“uฦŒ de lโ€™ฤ volutioลถ de la pฦŒofessioลถลถalisation des enseignants
1.3 Compรฉtences et formation des enseignants
1.4 La ยซ mastรฉrisation ยป de la formation des enseignants
1.5. Lโ€™eลถtฦŒฤ e daลถs le ลตฤ tieฦŒ des enseignants
CHAPITRE 2 : LA DIDACTIQUE PROFESSIONNELLE POUR COMPRENDRE LA CO-ACTIVITE DU TRAVAIL ENSEIGNANT
2.1. La didaฤtiฦ‹ue pฦŒofessioลถลถelle et lโ€™eฦŒgoลถoลตie pouฦŒ aลถalว‡seฦŒ lโ€™aฤtivitฤ  de lโ€™eลถseigลถaลถt . 25
2.2. Le cadre de la didactique professionnelle
2.2.1. Lโ€™aลถฤฦŒage daลถs la psว‡ฤhologie du dฤ veloppeลตeลถt
2.2.2. Lโ€™eฦŒgoลถoลตie pouฦŒ peลถseฦŒ la ฤoลถฤeptualisatioลถ daลถs lโ€™aฤtivitฤ  de tฦŒavail
2.2.2.1. La thฤ oฦŒie de lโ€™aฤtivitฤ 
2.2.2.2. Activitฤ  et ฤoลถฤeptualisatioลถ daลถs lโ€™aฤtioลถ : dimension thรฉorique et dimension opรฉratoire
2.2.3. La ฤoลถฤeptualisatioลถ daลถs lโ€™aฤtioลถ : pierre angulaire de la didactique professionnelle
2.3. Lโ€™aฤtivitฤ  spฤ ฤifiฦ‹ue de lโ€™eลถseigลถaลถt
2.3.1. Le travail enseignant entre activitรฉ productive et activitรฉ constructive
2.3.2. Co-activitรฉ et place du savoir dans le travail enseignant
2.3.3. La pragmatisation du savoir enseigner
2.4. Savoir-agir, compรฉtences et pratique des enseignants
2.4.1. Savoir-agir et compรฉtences
2.4.2. Savoir-agir et pratique
2.5. Des ฤadฦŒes dโ€™aลถalว‡se de la pฦŒatiฦ‹ue eลถseigลถaลถte
2.6. Les enseignants dรฉbutants : entre genre et style
CHAPITRE 3 : LE LANGAGE, UN INSTRUMENT STRATร‰GIQUE POUR CONDUIRE Lโ€™ACTIVITร‰ DE Lโ€™ENSEIGNANT
3.1. Le langage comme instrument : ฤhoiว† dโ€™uลถe peฦŒspeฤtive histoฦŒiฤo-culturelle
3.1.1. Lโ€™apport de Vygotski et de Bruner
3.1.2. Le ฤoลถฤept dโ€™aฤtioลถ iลถstrumentรฉe
3.1.3. Penser le langage comme un instrument
3.2. Comprendre la thรฉorie linguistique interactionniste
3.2.1. La pragmatique du langage
3.2.1.1. La pragmatique cognitive
3.2.1.2. Le dialogisme, de Bakthine ร  Ducrot
3.2.2. Le fonctionnement du discours-en-interaction
3.2.2.1. La nรฉgociation conversationnelle
3.2.2.2. La notion de politesse
3.3. Des points de vue pour analyser le discours en situation didactique
3 3.1. La dimension interpersonnelle du discours-en-interaction dans la classe
3.4. PostuฦŒes dโ€™ฤ ลถoลถฤiatioลถ et ฤoลถteว†te didaฤtiฦ‹ue
PROBLร‰MATIQUE ET CADRE Dโ€™ANALYSE DES SAVOIR-AGIR LANGAGIERS PROFESSIONNELSย 
1. Un cadre de lecture de la pragmatisation du savoir enseigner ร  lโ€™aune des savoir-agirlangagiers professionnels
2. Savoir-agir langagiers professionnels, problรจmes professionnels et fonctions pรฉdagodidactiques
DEUXIEME PARTIE CADRE Mร‰THODOLOGIQUE
CHAPITRE 4 : LE RECUEIL DE DONNร‰ES
4.1. Du professionnel au chercheur : rรฉussir la transition culturelle
4.2. Le cadre mรฉthodologique du ยซ discours en interaction ยป
4.3. Les choix pour notre รฉtude de cas
4.3.1. Conditions et prรฉcautions du recueil de donnรฉes
4.3.2. Lโ€™ฤ tude diaฤhฦŒoลถiฦ‹ue
4.3.3. Le choix des mathรฉmatiques
CHAPITRE 5 : Lโ€™OUTIL DE TRAITEMENT DES DONNร‰ES
5.1. ElaฤoฦŒatioลถ de lโ€™outil
5.1.1. Un outil fondรฉ sur trois thรจmes
5.1.2. Le choix des indicateurs langagiers
5.1.3. Un outil qui articule les trois niveaux de rรฉgulation des savoir-agir-langagier- professionnels de lโ€™eลถseigลถaลถt
5.1.4. Les questions de recherche
5.2. Le traitement des donnรฉes
5.2.1. Choiว† dโ€™uลถe aลถalว‡se ฦ‹uaลถtitative et dโ€™uลถe aลถalว‡se ฦ‹ualitative ฤฦŒoisฤ es
5.2.2. Une analyse par thรจme
5.2.2.1. Traitement du thรจme 1 : le choix de lโ€™aลถalว‡se ฦ‹ualitative
5.2.2.2. Analyse des thรจmes 2 et 3 : articuler le quantitatif et le qualitatif
TROISIรˆME PARTIE Rร‰SULTATS ET DISCUSSION ร€ PARTIR DE TROIS ร‰TUDES DE CAS
CHAPITRE 6 : LE CAS D’ARMONY
6.1. Le ฤoลถteว†te dโ€™eลถtฦŒฤ e daลถs le ลตฤ tieฦŒ
6.1.1. Prรฉsentatioลถ de lโ€™eลถseigลถaลถte
6.1.2. Prรฉsentation du contexte des sรฉances
6.2. Aลถalว‡se du thฤŸลตe ฯญ : foฦŒลตuleฦŒ des iลถteลถtioลถs et des sฤฤ ลถaฦŒios dโ€™aฤtioลถ
6.2.1. Les scรฉnarios de la sรฉance NT1A
6.2.2. Les scรฉnarios de la sรฉance NT1B
6.2.3. Les scรฉnarios de la sรฉance NT2
6.3. Analyse du thรจme 2 : interagir pour impliquer tous les รฉlรจves dans une activitรฉ d’apprentissage
6.3.1. Analyse quantitative du thรจme 2
6.3.1.1. Prรฉsentation des donnรฉes
6.3.1.2. Elฤ ลตeลถts dโ€™aลถalว‡se : le poids des foลถฤtioลถs pฤ dago-didactiques des รฉnoncรฉs et perspectives pouฦŒ lโ€™aลถalว‡se qualitative du thรจme 2
6.3.2. Analyse qualitative du thรจme 2
6.3.2.1. Prรฉsentation des donnรฉes
6.3.2.2. Analyse diaฤhฦŒoลถiฦ‹ue : ฦŒฤ gulatioลถ de lโ€™aฤtivitฤ  paฦŒ le foลถฤtioลถลถeลตeลถt des savoiฦŒ-agir langagiers professionnels au sein des interactions
6.3.3. Caractรฉrisation des savoir-agir-langagiers-professionnels peฦŒลตettaลถt ร  AฦŒลตoลถว‡ dโ€™iลตpliฦ‹ueฦŒ tous les ฤ lฤŸves daลถs uลถe aฤtivitฤ  dโ€™appฦŒeลถtissage
6.4. Analyse du Thรจme 3 : interagir pour faire vivre aux รฉlรจves les mobilisations cognitives nรฉcessaires ร  l’apprentissage
6.4.1. Analyse quantitative du thรจme 3
6.4.1.1. Prรฉsentation des donnรฉes
6.4.1.2. Elฤ ลตeลถts dโ€™aลถalyse : le poids des fonctions pรฉdago-didactiques des รฉnoncรฉs et perspectives pouฦŒ lโ€™aลถalว‡se ฦ‹ualitative
6.4.2. Analyse qualitative du thรจme 3
6.4.2.1. Prรฉsentation des donnรฉes
6.4.2.2. Analyse diachronique des รฉpisodes : ฦŒฤ gulatioลถ de lโ€™aฤtivitฤ  paฦŒ le foลถฤtionnement des savoiragir langagiers professionnels au sein des interactions
6.4.3. Caractรฉrisation des savoir-agir langagiers professionnels permettant ร  Armony de faire vivre aux รฉlรจves les ลตoฤilisatioลถs ฤogลถitives ลถฤ ฤessaiฦŒes ร  lโ€™apprentissage
6.5. Prรฉsentation diachronique des points saillants du discours-en-iลถteฦŒaฤtioลถ dโ€™AฦŒลตoลถว‡ repรฉrables dans les SALP
CHAPITRE 7 : LE CAS D’ANNE
7 1. Le ฤoลถteว†te dโ€™eลถtฦŒฤ e daลถs le ลตฤ tieฦŒ
7 1.1. Prรฉseลถtatioลถ de lโ€™eลถseigลถaลถte
7.1.2. Prรฉsentation des sรฉances observรฉes
7.2. Analyse du thรจme 1 : formuler des intentions et des sฤฤ ลถaฦŒios dโ€™aฤtioลถ
7.2.1. Les scรฉnarios de la sรฉance NT1A
7.2.2. Les scรฉnarios de la sรฉance NT1B
7.2.3. Les scรฉnarios de la sรฉance NT2
7.3. Analyse du thรจme 2 : interagir pour impliquer tous les รฉlรจves dans une activitรฉ d’apprentissage
7.3.1. Analyse quantitative du thรจme 2
7.3.1.1. Prรฉsentation des donnรฉes
7.3.1.2. Elฤ ลตeลถts dโ€™aลถalว‡se : le poids des foลถฤtioลถs pฤ dago-didactiques des รฉnoncรฉs et perspectives pouฦŒ lโ€™aลถalว‡se ฦ‹ualitative du thฤŸลตe ฯฎ
7.3.2. Analyse qualitative du thรจme 2
7.3.2.1. Prรฉsentation des donnรฉes
7.3.2.2. Aลถalว‡se diaฤhฦŒoลถiฦ‹ue : ฦŒฤ gulatioลถ de lโ€™aฤtivitฤ  paฦŒ le foลถฤtioลถลถeลตeลถt des savoiฦŒ-agir langagiers professionnels au sein des interactions
7.3.3. Caractรฉrisation des savoir agir-langagiers pฦŒofessioลถลถels peฦŒลตettaลถt ร  Aลถลถe dโ€™iลตpliฦ‹ueฦŒ tous les ฤ lฤŸves daลถs uลถe aฤtivitฤ  dโ€™appฦŒeลถtissage
7.4. Analyse du thรจme 3 : interagir pour faire vivre aux รฉlรจves les mobilisations cognitives nรฉcessaires ร  l’apprentissage
7.4.1. Analyse quantitative du thรจme 3
7.4.1.1. Prรฉsentation des donnรฉes
7.4.1.2. Elฤ ลตeลถts dโ€™aลถalว‡se : le poids des foลถฤtions pรฉdago-didactiques des รฉnoncรฉs et perspectives pouฦŒ lโ€™aลถalว‡se ฦ‹ualitative
7.4.2. Analyse qualitative du thรจme 3
7.4.2.1. Prรฉsentation des donnรฉes
7.4.2.2. Analyse diachronique des รฉpisodes : ฦŒฤ gulatioลถ de lโ€™aฤtivitฤ  paฦŒ le foลถฤtioลถลถeลตeลถt des savoiฦŒ- agir-langagiers-professionnels au sein des interactions
7.4.3. Caractรฉrisation des savoir-agir-langagiers-professionnels permettant ร  Anne de faire vivre aux ฤ lฤŸves les ลตoฤilisatioลถs ฤogลถitives ลถฤ ฤessaiฦŒes ร  lโ€™appฦŒeลถtissage
7.5. Prรฉsentation diachronique des points saillants du discours-en-iลถteฦŒaฤtioลถ dโ€™Aลถลถe ฦŒepฤ ฦŒaฤles dans les SALP
CHAPITRE 8 : LE CAS DE MAUD
8.1. Le ฤoลถteว†te dโ€™eลถtฦŒฤ e daลถs le ลตฤ tieฦŒ
8.1.1. PฦŒฤ seลถtatioลถ de lโ€™eลถseigลถaลถte
8.1.2. Prรฉsentation du contexte des sรฉances
8.2. Aลถalว‡se du thฤŸลตe ฯญ : foฦŒลตuleฦŒ des iลถteลถtioลถs et des sฤฤ ลถaฦŒios dโ€™aฤtioลถ
8.2.1. Les scรฉnarios de la sรฉance NT1A
8.2.2. Les scรฉnarios de la sรฉance NT1B
8.2.3. Les scรฉnarios de la sรฉance NT2
8.3. Analyse du thรจme 2 : interagir pour impliquer tous les รฉlรจves dans une activitรฉ d’apprentissage
8.3.1. Analyse quantitative du thรจme 2
8.3.1.1. Prรฉsentation des donnรฉes
8.3.1.2. Elฤ ลตeลถts dโ€™aลถalว‡se : le poids des foลถฤtioลถs pฤ dago-didactiques des รฉnoncรฉs et perspectives pouฦŒ lโ€™aลถalว‡se ฦ‹ualitative du thฤŸลตe ฯฎ
8.3.2. Analyse qualitative du thรจme 2
8.3.2.1. Prรฉsentation des donnรฉes
8.3.2.2. Aลถalว‡se diaฤhฦŒoลถiฦ‹ue : ฦŒฤ gulatioลถ de lโ€™aฤtivitฤ  paฦŒ le foลถฤtioลถลถeลตeลถt des savoiฦŒ agirlangagiers-professionnels au sein des interactions
8.3.3. Caractรฉrisation des savoir-agir-langagiers-pฦŒofessioลถลถels peฦŒลตettaลถt ร  Maud dโ€™iลตpliฦ‹ueฦŒ tous les ฤ lฤŸves daลถs uลถe aฤtivitฤ  dโ€™appฦŒeลถtissage
8.4. Analyse du thรจme 3 : interagir pour faire vivre aux รฉlรจves les mobilisations cognitives nรฉcessaires ร  l’apprentissage
8.4.1. Analyse quantitative du thรจme 3
8.4.1.1. Prรฉsentation des donnรฉes
8.4.1.2. Elฤ ลตeลถts dโ€™aลถalว‡se : le poids des foลถฤtioลถs pฤ dago-didactiques des รฉnoncรฉs et perspectives pouฦŒ lโ€™aลถalว‡se qualitative
8.4.2. Analyse qualitative du thรจme 3
8.4.2.1. Prรฉsentation des donnรฉes
8.4.2.2. Analyse diachronique des รฉpisodes : ฦŒฤ gulatioลถ de lโ€™aฤtivitฤ  paฦŒ le foลถฤtioลถลถeลตeลถt des savoiฦŒ- agir-langagiers-professionnels au sein des interactions
8.4.3. Caractรฉrisation des savoir-agir-langagiers-professionnels permettant ร  Maud de faire vivre aux ฤ lฤŸves les ลตoฤilisatioลถs ฤogลถitives ลถฤ ฤessaiฦŒes ร  lโ€™apprentissage
8.5. Prรฉsentation diachronique des points saillants du discours-en-interaction de Maud repรฉrables dans les SALP
CHAPITRE 9 : COMPARAISON INTER-CAS
9.1. RetouฦŒ suฦŒ lโ€™aลถalว‡se quantitative
9.2. Les classes de savoir-agir-langagier-professionnels comme points de convergence
9.3. Comparaison des profils par classe de savoir-agir-langagiers-professionnels
9.3.1. Ajuster son discours
9.3.2. Piloter les รฉchanges
9.3.3. Formuler la consigne
9.3.4. Eว†pliฤiteฦŒ lโ€™appฦŒeลถtissage
9.3.5. Interroger les รฉlรจves
9.3.6. Questionner les erreurs
CHAPITRE 10 : DISCUSSION
10.1. Discussion au cas par cas
10.1.1. Disฤussioลถ ร  paฦŒtiฦŒ du ฤas dโ€™AฦŒลตoลถว‡
10.1.1.1. Armony : le profil ยซ Ingรฉnieure enrรดleuse et รฉclaireuse ยป
10.1.1.2. Les ลตaฦŒฦ‹ueuฦŒs de dฤ veloppeลตeลถt pฦŒofessioลถลถel dโ€™AฦŒลตoลถว‡
10.1.2. Discussion ร  partir du cas de Anne
10.1.2.1. Anne : le profil ยซ Technicienne prudente et guide ยป
10.1.2.2. Les marqueurs de dรฉveloppemeลถt pฦŒofessioลถลถel dโ€™Aลถลถe
10.1.3. Discussion ร  partir du cas de Maud
10.1.3.1. Maud le profil : ยซ Conceptrice complice et accompagnatrice ยป
10.1.3.2. Les marqueurs de dรฉveloppement de Maud
10.2. Discussion gรฉnรฉrale
10.2.1. Le savoir-agir-langagier-professionnel : eว†pฦŒessioลถ dโ€™uลถ stว‡le et ลตaฦŒฦ‹ueuฦŒ dโ€™uลถ geลถฦŒe
10.2.2. Le savoir-agir langagier professionnel : un outil au service de la formation des enseignants298
CONCLUSION
1. Le laลถgage de lโ€™eลถseigลถaลถt : entre trace de son activitรฉ et savoir identifiable
2. Du savoir-agir-langagier-professionnel au marqueur de professionnalitรฉ
3. Les limites de notre รฉtude
4. Des perspectives pour la recherche et pour la profession
BIBLIOGRAPHIE

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