La dénomination comme une assise de l’identité

Dénomination et taxinomie

Dans le dictionnaire Larousse 2010, la dénomination est définie comme « une désignation par un nom » (p114). C’est un terme homonyme qui renvoie aussi bien à une entité unique qu’à une classe d’objets. Dénommer un objet, c’est le distinguer des autres objets du monde. Dénommer une classe, c’est cesser de traiter l’objet comme quelque chose d’unique pour le situer dans une catégorie. A ce propos, Mervis et Rosh (1981.p.224) précisent : « une catégorie existe dès lors que deux ou plusieurs objets ou évènements qui peuvent être distingués sont traités de manière équivalente. Ce traitement équivalent peut prendre plusieurs formes, telle la dénomination commune d’objets ou celle d’évènements distincts. ». Ainsi conçue, la dénomination est un indicateur riche qui sert la taxinomie. Fondée sur les deux principes : similarité et divergence ; elle aboutit à regrouper ou à séparer les objets du monde.

Cette manière de structurer et de désigner un objet en analogie avec un autre déjà intégré dans une catégorie s’applique à tous les êtres vivants (du monde végétal, animal et les êtres humains). Ce principe constitue le fondement même de la lexicographie. Par exemple, dans le dictionnaire de la langue française « Le petit Larousse » (2010. P.196), nous trouvons la définition du mot « chien » comme « un mammifère domestique, caractérisé par un excellent odorat et une course rapide ».

Cette définition renseigne sur les différentes classes d’appartenance de cet animal: il appartient à la classe « des mammifères », dans une sous-classe « animal domestique » qui s’oppose à la sous-classe « animal sauvage » et se caractérise par les traits sémiques « excellent odorat » par opposition à « un odorat faible » et « une course rapide » par opposition à « une course lente ». Quant à la classification de l’être humain, elle est fondée sur le même principe avec une différence due à l’appartenance de l’individu à un groupe social.

L’état civil : système de redénomination taxinomique et artificiel Il a fallu donc attendre jusqu’à la fin du 19 ème siècle pour que le port du patronyme, qui se rapporte à une famille restreinte, devient obligatoire à tous les indigènes algériens, avec l’instauration de l’état civil le 23 mars 1882. Marquée par la logique coloniale qui ne prend pas en compte les paradigmes de l’anthroponymie locale ; cette loi constitue une vraie rupture avec le mode de nomination ancestral, traditionnel. Ainsi, d’un système onomastique agnatique fondé sur l’organisation sociale et l’enchainement chronologique de la filiation et complet avec ses cinq éléments (ism, alam, kunya, laqab, nisba) ; nous passons à un système patronymique officiel et purement arbitraire avec seulement deux éléments (le nom de famille, prénom). Il est vrai que ce système redénominatif taxinomique a rendu les opérations de recensement, de repérage et d’identification des personnes beaucoup plus aisées mais avec pour conséquence une vraie perte identitaire.

En effet, le citoyen algérien n’était pas vraiment libre dans le choix de son patronyme. Il était souvent guidé par le commissaire français qui lui propose une liste de noms fantaisistes, injurieux et même obscènes.

A ce propos, Lacheraf (1968. P. 169) affirme : « les officiers d’abord, puis les administrateurs de communes mixtes dans les territoires soumis à l’autorité militaire et civile ont été lâchés dans cette affaire comme dans une partie de plaisir pour mauvais sujets en goguette, forgeant des patronymes fantaisistes, en imposant d’autres de caractères infamant, faisant assaut d’une honteuse émulation dans l’insulte à la mémoire des ancêtres d’humbles ressortissants algériens astreints chez eux, à l’obligation de se faire inscrire à l’état civil. » Depuis le recouvrement de l’indépendance le 5 juillet 1962 ; plusieurs autochtones portant des noms humiliants ainsi que ceux qui ont été dépersonnalisées avec la mention SNP (sans nom patronymique) ; se sont précipités pour changer leur nom. Mais l’autre grave déficit identitaire est la francisation des noms.

La dénomination comme une assise de l’identité

La nomination est au coeur de l’organisation sociale. Aucune société n’omet de dénommer ses membres. Dès la naissance, les parents désignent leur enfant par un nom qui l’inscrit dans une lignée et par un prénom qui permet de le singulariser dans une lignée plus restreinte de la famille. Un surnom ou un sobriquet qui connote ses caractères peut lui être ajouté. Ainsi, le nom a plusieurs fonctions : il sert à désigner, à classer et à identifier le sujet. « Il est formé en détotalisant l’espèce par un prélèvement d’un aspect partiel »2. Cet aspect partiel, peut être une marque d’identification qui confirme par application d’une règle, l’appartenance de l’individu qu’on nomme à une classe réordonnée. C’est le cas du patronyme. Il se réfère donc à l’Alter que nous considérons comme un autre subjectivé. Ils peuvent aussi être descriptifs.

C’est le cas de certains prénoms qui mettent en valeur une spécificité physique du sujet tels que « Djamila » (Qui désigne une fille belle », « Lezrag » (attribué à un enfant brun), etc. ou des surnoms ou sobriquets évoquant un défaut ou une qualité du nommé se référant ainsi au même (l’identique) par exemple « Lagraa » (chauve), « Lekdjaa » (handicapé), etc. Si le nomen proprium attribué par un autre, reflète quelques dimensions de l’identité du sujet tels que (le groupe d’appartenance, statut social) pour le cas du patronyme et les références matérielles (image corporelle et possessions) pour le cas de certains prénoms et surnoms ; que dire alors du nom attribué à soi par soi-même ? Nous supposons que le nomen falsum est porteur de sens et reflète différentes facettes de la personnalité du sujet.

C’est ce que nous allons vérifier dans le deuxième chapitre. Pour cela, il est important de savoir quelles sont les autres dimensions de l’identité. Nous avons préféré reprendre le modèle proposé par R. L’Ecuyer qui se veut un modèle « intégré » dans le sens où il cherche à faire une synthèse des modèles précédents. Nous allons ensuite l’expliquer à travers des séquences prises du forum « Algérie bladi-dz » .

L’internet en Algérie

L’internet, cet outil de communication et de publication des informations a fait son entrée en Algérie en 1991 par le biais de l’Association algérienne Unix. Son usage a demeuré restreint et réservé uniquement aux chercheurs pendant six années. En 1998, le gouvernement a autorisé la création des fournisseurs d’accès privés dans le décret n°98-257. Deux ans après, un nouveau décret est venu pour annoncer les conditions d’exploitation de l’internet. A la fin de l’an 2000, l’ouverture des cybercafés a été autorisée par une simple déclaration auprès de la direction de la poste et des télécommunications. De nos jours, tous les établissements publics, les universités, les institutions publiques sont connectés à l’internet. Le marché de la toile est en plein essor en Algérie. En effet, pour rattraper le retard dans ce domaine, l’état déploie de grands efforts pour étendre la connexion dans les administrations publiques, les établissements scolaires, et les centres de formation professionnelle.

En 2009, les abonnés de la toile ont été estimés à 4.5 millions de personnes, soit 12.8% de l’ensemble de la population algérienne. Avec l’introduction de l’ADSL et sa généralisation en Algérie en 2007, l’internet a gagné les maisons. Selon IDEATIC et Med « l’internet est devenu une affaire de famille et l’ADSL prend place chez des centaines de milliers de familles algériennes. ».

Nous rappelons que notre choix porte sur les internautes algériens qui résident dans le territoire algérien. Pour pallier les difficultés de la délimitation de notre population parente ainsi que le problème de la représentativité de l’échantillon ; nous allons, d’une part, référer à l’étude Webdialn@, en matière de statistique. Il s’agit d’une recherche effectuée en 2009 par les deux grandes entreprises : IDEATIC & Med, auprès de 5944 interviewés algériens. Leur objectif est d’identifier les usages et les perceptions des internautes algériens. A travers un sondage indexé dans plusieurs sites web populaires algériens tels que : site NTIC, de presses, professionnels, etc. renforcés par un envoi de 7000 adresses mails ; les enquêteurs ont réussi à mettre à notre disposition des données statistiques portant sur l’usage de l’internet en Algérie qui constituent une base de référence fiable pour d’autres recherches dans le domaine de la communication.

D’autre part, pour atténuer le problème de la délimitation de la population algérienne qui se connecte, nous avons choisi les forums de discussion, lieux de diffusion de notre questionnaire. A travers un bref parcours historique de cet espace virtuel qu’est le forum, nous allons montrer que notre choix n’est pas anodin.

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre I : Le rôle taxinomique du nom propre
1.1/- Dénomination et taxinomie
1.2/- Procédure taxinomique de l’individu
1.3/- L’anthroponymie arabe : système dénominatif non économique
1.4/- L’état civil : système redénominatif taxinomique et artificiel
1.5/- La transcription : problème de dénaturation du nom
1.6/- La dénomination comme assise de l’identité.
1.7/- Définition du nom propre
1.7.1/- Critères formels
1.7.2/- Critères morpho-syntaxiques
1.7.3/- Critères sémantiques
1.8/- Définition du pseudonyme
Chapitre II : Méthodologie de recherche
2.1/- Choix d’une méthodologie de recherche
2.2/- L’internet en Algérie
2.3/- Présentation du forum
2.4/- Pré-enquête et élaboration du questionnaire
2.4.1/- L’entretien exploratoire pris dans sa fonction d’élaboration du questionnaire
2.4.2/- Présentation et mise en ligne du pré-test
2.4.3/- La mise en ligne de l’enquête définitive
Chapitre III : Analyse et interprétation des données
3.1/- Traitement des variables dépendantes
3.2/- Analyse et interprétation des données : question 1
3.3/- Analyse et interprétation des données : question 2
3.3.1/- Analyse et interprétation des variables dépendantes corrélées à la variable indépendante « sexe » : question 2
3.3.2/- Analyse et interprétation des variables dépendantes corrélées à la variable indépendante « classe d’âge » : question 2
3.3.3/- Analyse et interprétation des variables dépendantes corrélées à la variable indépendante « niveau d’étude » : question 2
3.4/- Traitement et analyse des données ; question 3
3.4.1/- traitement et analyse des données, structure 1 ; question 3
3.4.1.1/- traitement et analyse des données, structure 1, variable indépendante « sexe »
3.4.1.2/- traitement et analyse des données, structure 1, variable indépendante « classe d’âge»
3.4.1.3/- traitement et analyse des données, structure 1, variable indépendante « niveau d’étude
3.4.2/- Traitement et analyse des données, structure 2, question 3
3.4.2.1/- Traitement et analyse des données, structure 2, B1 corrélée à la variable indépendante « sexe »
3.4.2.2/- Traitement et analyse des données, structure 2, B1 corrélée à la variable indépendante « classe d’âge »
3.4.2.3/- Traitement et analyse des données, structure 2, B1 corrélée à la variable indépendante « niveau d’étude
3.4.3/- Traitement des données ; structure 2, B2 ; question 3
3.4.3.1/- traitement et analyse des données, structure 2 B2 corrélée à la variable indépendante « sexe »
3.4.3.2/- traitement et analyse des données, structure 2 B2 corrélée à la variable indépendante « classe d’âge »
3.4.3.3/- traitement et analyse des données, structure 2 B2 corrélée à la variable indépendante « niveau d’étude »
3.4.4/- traitement et analyse des données, structures 3, 4 et 5 ; question 3
3.4.4.1/- traitement et analyse des données, structures 3, 4 et5 corrélées à la variable indépendante « sexe »
3.4.4.2/- traitement et analyse des données, structures 3, 4et 5 corrélées à la variable indépendante « classe d’âge »
3.4.4.3/- Traitement et analyse des données, structures 3,4 et 5 corrélées à la variable indépendante « niveau d’étude
3.4.5/- Analyse de la catégorie intitulée « Autre »
3.4.6/- Synthèse des résultats ; question 3
3.5/- Analyse linguistique
3.5.1/- Classification des pseudonymes selon la langue de provenance
3.5.2/- Analyse graphique
3.5.2.1/- Troncation simple
3.5.2.2/- Troncation phonétique
3.5.2.3/- Troncation+substitution
3.5.2.4/- Troncation+dédoublement
3.5.2.5/- Le rajout
3.5.2.6/- Les allongement graphiques
3.5.2.7/- L’agglutination
3.5.2.8/- La graphie de la majuscule
3.5.2.9/- La substitution
3.5.2.10/- La verlanisation
3.5.2.11/- Les emprunts
3.5.3/- L’analyse morpho-syntaxique
3.5.3.1/- Les noms de formes simples
3.5.3.2/- Les noms de formes composés
3.6/- Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
Annexe A : Les supports d’enquêtes
Annexe B : Entretien avec les internautes par messages privés
Annexe C : La feuille de calcul des réponses des internautes au questionnaire
Annexe D : Quelques réponses des internautes au questionnaire

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