La définition de la mobilité sociale

La définition de la mobilité sociale

Avant de présenter la mobilité sociale comme phénomène social, il est nécessaire de comprendre les dimensions psychologiques de ce phénomène selon la psychologie sociale, notamment selon la théorie de la représentation sociale, telle que Moscovici l’a proposée en 1961. L’individu occupe une certaine position dans un groupe social particulier, et cette position peut être soutenue par ses appartenances sociales ; son comportement et son discours reflètent donc nécessairement la situation à laquelle il appartient [voir Viaud Jean. Contribution de la psychologie sociale à la compréhension de la mobilité sociale. Hermès, La revue, 2005, no 1, p. 167-172].

Pour étudier la mobilité sociale et les trajectoires sociales, il est nécessaire également de mettre en œuvre un modèle théorique et méthodologique permettant de déterminer les catégories préétablies et de donner une approche de la mobilité. La nature de ce genre d’étude, qui se base sur les méthodes descriptive et analytique, est de manière générale empirique, afin de connaître le degré et la direction de la mobilité sociale. A priori, ce type d’études se concentre sur l’évaluation des changements principaux entre la carrière professionnelle et la vie familiale des parents et celles de leurs enfants, inter- ou intra-générationnels, c’est-à-dire la comparaison entre les statuts sociaux entre deux générations ou plus ; cette comparaison est circonstanciée à travers des variables socioéconomiques pendant différentes périodes. Ainsi, à cet égard, Nicolas Thibault souligne que : « La méthode traditionnelle des tables de la mobilité s’appuie sur des données transversales. Étudier la mobilité sociale dans une société, c’est décrire et analyser les relations qui unissent la position des personnes ou familles dans la structure sociale à celle de leurs parents ou aïeux» .

Les définitions de la mobilité sociale se sont multipliées selon plusieurs théories, telles que la théorie de la mobilité sociale et les théories du gradient social. Chaque théorie a sans doute sa définition de ce phénomène social, toutes ces définitions indiquent des changements dans la situation des individus d’une position à l’autre, mais les changements se centrent également sur les groupes humains, ainsi que l’estime Pierre Weiss : la mobilité sociale est « le changement de catégorie à l’intérieur d’une classification fondée sur l’activité professionnelle et le niveau du genre de vie qui s’y rattache » .

Cette définition confirme le rôle de la catégorie dans la stratégie des changements sociaux, c’est-à-dire que les catégories sont comme un cadre qui engendre les changements structurels. Selon cette définition, la mobilité sociale se concentre sur la transformation collective. Mais la réalité est différente selon la théorie de la mobilité de Pitirim Sorokin, qui voit la mobilité comme un phénomène qui se fonde sur l’individu même, tandis qu’il y a un autre tendance qui voit que la mobilité sociale concerne l’individu ou le groupe social. Frédéric Lebaron défini la mobilité sociale comme suit : « La mobilité sociale désigne le passage, pour un individu ou un groupe, d’une position d’origine à une position d’arrivée» .

La différence entre la mobilité sociale et le changement social 

Cette présentation différencie le concept de la mobilité sociale de la mutation sociale locale de la société. Ainsi, la mobilité sociale se caractérise par l’individualisme, tandis que le changement social se ferait par le biais des plans de développement gouvernementaux. Le point de vue de Sorokin s’oppose à la vision qui décrit la mobilité sociale par la généralité, il pense que la mobilité sociale se concentre sur le déplacement de l’individu d’une position sociale à une autre, elle serait alors une situation individuelle concernant le seul individu. Il faudrait donc distinguer entre la mobilité sociale individuelle et le phénomène de changement social, ce dernier étant plus global à propos de processus de développement (ou de changement) global pour toute la construction sociale, grâce à des plans gouvernementaux notamment. Il met ainsi en évidence à la fois des changements dans la morphologie sociale, tels que les changements de taille de la population et de la nature des relations humaines prévalant entre les composantes de la société ; ces changements étaient parmi les préoccupations d’Émile Durkheim. À cet égard, Philippe Steiner déclare : « Le changement social est un enjeu presque toujours présent dans l’œuvre de Durkheim, peut être de très longue durée comme celui qui, répondant aux modifications des faits morphologiques (taille de la population, réseau de communication, urbanisation, densité des relations sociales) fait progressivement passer de la solidarité mécanique à la solidarité organique». (Pour plus d’information, voir Durkheim Émile, 1858-1917, « la division du travail social», 1893) Ainsi, on peut dire que le changement social est un phénomène social inhérent des sociétés depuis les temps anciens, que ce soit les sociétés pastorales ou agricoles, développées ou en développement, capitalistes ou socialistes, ainsi qu’il repose sur leurs motivations sociales exogènes et endogènes. [Voir Dominique Martin, relation de travail et changement social, 2014, p.220]. Par ailleurs le changement est une transition d’état à une autre, selon Alexis Trémoulinas «Le changement chez Durkheim est avant tout une phase historique de transition entre deux états stables de la société»  .

Le changement social qui se produit dans les sociétés d’aujourd’hui n’est pas sans instruction consciente, mais est intentionnel, notamment quand les changements administratifs sont en conformité avec les plans bien pensés pour présenter les méthodes et moyens afin de réaliser le développement global. La société est intrinsèquement variable, elle prend de la génération précédente des aspects culturels, elle s’adapte à la réalité sociale, aux nouveaux besoins. Chaque changement social (étendue, vitesse et direction), ses débuts ainsi que son objectif final, constituent un ensemble de variables dépend de la nature de la société. Cependant, la mobilité sociale est un phénomène individuel, où l’individu s’efforce à l’ascension sociale à travers le parcours familial ou grâce à ses capacités personnelles.

La mobilité sociale à travers les trajectoires éducatives longitudinales 

La mobilité sociale des individus par le biais du déplacement d’une position professionnelle à une autre se fait via des trajectoires socioprofessionnelles qui n’étaient pas connues des précédentes générations, elle peut être décrite sous la forme d’une bifurcation professionnelle. En effet, les points de la bifurcation (turning points) ne se produisent pas au hasard, mais en raison de l’organisation institutionnelle. Par exemple, les individus parviennent à d’autres statuts sociaux pendant la durée de la croissance socio-économique, ou ils accèdent aux nouveaux statuts sociaux quand ils épousent des personnes de classe sociale supérieure, ou grâce à de trajectoires éducatifs longitudinaux de l’école primaire à la phase de l’enseignement supérieur, ce genre de trajectoires éducatives (enseignement secondaire, enseignement supérieur et insertion professionnelle ) lesquels l’orientation scolaire ou professionnelle se produit à travers des offres de formation. [voir Education et formation disparités territoriales et régionales; rapport final, parcours de scolarisation, de formation, insertion professionnelle et mobilités géographiques; sous la responsabilité scientifique de Servet ERTUL, p. 13] .

Ce processus aboutit vraisemblablement à la hiérarchie professionnelle. Andrew Abbott confirme cette idée : « cette conception des turning points est associée à une conception structuraliste du processus social. Ce processus est organisé en trajectoires, dont la plupart sont programmées dans des institutions comme l’école, la profession, le mariage » . La mobilité sociale ascendante est certainement une propriété saillante des sociétés modernes qui se caractérisent par « le régime biographique », concept utilisé par Nicolas Robette dans sa contribution à ce sujet. [voir Nicolas Robette, Explorer et décrire les parcours de vie les typologies de trajectoires, Université Paris Descartes, Juin, 2014, p.10] .

La mobilité sociale est un sujet qui suscite l’intérêt des sociologues, ce sujet vise à étudier le déplacement de l’individu entre les classes sociales, alors que ce genre de mobilité concerne l’individu même à travers des parcours sociaux ou professionnels. Cette perspective correspond aux idées de Dominique Merllié et Jean Prévot, dans leur ouvrage La mobilité sociale, ils estiment que « l’idée de la mobilité sociale débouche sur celle des trajectoires effectuées par les individus sous l’action des [champs de force sociale], les sources de ses forces sont constituées comme en physique par les autres corps, par les autres individus» .

Il apparaît clairement selon ce point de vue que les individus sont affectés par des facteurs exogènes et d’autres endogènes au cours de leurs parcours de vie. Ceci montre que les individus obtiennent des positions professionnelles et sociales à travers l’instruction de la famille, les trajectoires scolaires ou universitaires. Ces deux institutions fournissent des opportunités à l’individu de se classer soi-même sur l’échelle sociale, c’est-à-dire que la mobilité sociale est considérée comme un déplacement de l’individu d’une situation sociale à une autre grâce aux institutions sociales, qui accordent aux individus des statuts sociaux assignés, et d’autres statuts acquis ; nous tenterons de déterminer ces derniers dans une section dédiée. Ces déplacements conduisent à des changements de statut social pour un même individu. Cette conceptualisation est en adéquation avec le point de vue de Pitirim Sorokin, reconnu pour ses études sur la mobilité sociale (Social Mobility, 1927-1941). Il observe que : « la mobilité sociale est une transformation de l’individu ou d’un groupe d’une classe à l’autre ou d’un niveau socio-économique prédéterminé à une autre classe ou à un autre niveau socio-économique, cette transition implique un changement de la profession ainsi que du revenu de l’individu, cette mobilité peut être vers le haut ou vers le bas ».

Certaines caractéristiques de la mobilité sociale impliquent la réussite des enfants à l’école qui leur permet de gravir l’échelle sociale et de réaliser de nouveaux statuts sociaux en cohérence avec leurs diplômes. La mobilité sociale en France se fait par exemple à travers la réussite scolaire, Martin Gilles dit à cet égard que « la mobilité sociale est davantage envisagée sous l’angle de la réussite scolaire favorisant la réussite sociale ».

Différents types de mobilité sociale 

La mobilité sociale, selon son concept sociologique, implique deux directions : mobilité sociale ascendante ou mobilité sociale descendante. Souvent, la mobilité sociale progresse d’un faible niveau à un niveau plus haut ; ceci est considéré comme souhaitable, tandis que la mobilité vers le bas est généralement indésirable. La mobilité sociale vise donc à améliorer les conditions économiques, sociales et culturelles des individus ou de leurs familles, les principaux types de mobilité sociale observables sont les suivants :

➤ La mobilité horizontale est considérée comme le changement de profession sans changement de statut dans la hiérarchie sociale, en particulier la mobilité géographique, comme le transfert d’un employé ou d’un enseignant d’une institution à une autre, avec les mêmes devoirs et droits découlant de son travail, sans être accompagné de changement des conditions économiques. Danielle Potocki-Malicet définit ainsi la mobilité horizontale : « c’est la mobilité fonctionnelle, la variation de parcours professionnels, c’est un changement d’emploi, de fonction ou de métier. Il peut se faire sur place ou sur un lieu différent, dans un poste dont le niveau de qualification est jugé équivalent au précédent poste occupé. Il n’est généralement pas accompagné de progression hiérarchique ni d’augmentation de salaire » . Ce type de mobilité n’a pas trouvé une attention sérieuse de la part des scientifiques, des chercheurs et des personnes intéressées par la mobilité sociale, elle est divisée en deux types de mobilité :
● La mobilité professionnelle est le changement de carrière dans la même profession sans aucun changement de statut social.
● La mobilité géographique est un déplacement géographique d’un endroit à un autre, ce changement sans aucune promotion dans le statut.
➤ La mobilité verticale suit une trajectoire ascendante ou descendante, d’un statut social à un autre au sein d’une hiérarchie sociale, pour un individu ou un groupe social, elle concerne la « mobilité sociale » au sens pratique, ce qui impacte positivement ou négativement le statut social. À cet égard, Abd Hamid Mahmoud Saïd déclare : « La mobilité est destinée principalement à déplacer une personne d’un milieu social à un autre, alors c’est selon cette direction que ce changement prend deux formes, la mobilité sociale ascendante et la mobilité sociale descendante sur l’échelle sociale» . Danielle Potocki-Malicet décrit également la mobilité verticale : « C’est celle des promotions traditionnelles, le salarié accède, là où il se trouve ou dans un lieu géographique différent, à une fonction située plus haut dans l’échelle hiérarchique, assortie d’un salaire supérieur» . Gharib Said déclare à ce propos « Le sens de la transformation individuelle, du groupe ou des valeurs d’une classe sociale particulière à une autre couche sociale pourrait se concentrer principalement dans l’ascension sociale ou la descente sociale, qui apparaît clairement dans les domaines de la mobilité économique, politique et professionnelle en particulier » . Nous expliquerons donc les types de mobilité, sociale et verticale.
● La mobilité est ascendante lorsque l’individu grimpe dans la hiérarchie sociale.
● La mobilité est descendante lorsque l’individu connaît un déclassement social.

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Table des matières

Introduction générale
Problématique de l’étude
L’hypothèse générale de l’étude
Méthodologie et structure de la thèse
Présentation de la thèse
Introduction
➤ CHAPITRE I : LA MOBILITE SOCIALE
Introduction
1.1- La perspective sociale dans l’étude de la mobilité sociale et des parcours sociaux
1.2- La définition de la mobilité sociale
1.3- Différents types de mobilité sociale
1.4- Les indicateurs de la mobilité sociale
Conclusion du chapitre
➤ CHAPITRE II : LA MOBILITE SOCIALE, LE GRADIENT PROFESSIONNEL ET LES CIRCONSTANCES MENANT A LEUR APPARITION
Introduction
2.1- La mobilité sociale, le gradient professionnel et les circonstances menant à leur apparition
2.2- Les institutions qui contribuent à la mobilité sociale
2.3- L’homogamie de classe conduit à l’inertie de l’héritage culturel et professionnel
2.4- Les trajectoires scolaires et l’ascension sociale
2.5- La famille
Conclusion du chapitre
➤ CHAPITRE III : LES FACTEURS DE MOBILITE SOCIALE ET LES OBSTACLES A LA MOBILITE SOCIALE
Introduction
3.1-Les facteurs subjectifs de la mobilité sociale
3.2 – Les obstacles à la mobilité sociale
3.3 – La mobilité sociale et la classe
3.4 – Le statut social
Conclusion du chapitre
➤ CHAPITRE IV : LA BIFURCATION ET RUPTURE PROFESSIONNELLE ET LES EVENEMENTS QUI Y MENENT
Introduction
4.1- La bifurcation professionnelle et les événements qui y mènent, la modernisation sociale
4.2- L’effet des trajectoires familiales et des changements communautaires historiques et géographiques à travers le récit de vie de l’individu
4.3 – Une pertinence des projets individuels dans la bifurcation professionnelle et insertion professionnelle
4.4 – Les dynamiques de la bifurcation professionnelle
4 .5 – L’enseignement supérieur est l’un des facteurs les plus importants de la bifurcation professionnelle
Conclusion du chapitre
➤ CHAPITRE V : LA MODERNISATION SOCIALE EN TANT QUE PROCESSUS CONTRIBUANT A LA MOBILITE SOCIALE
Introduction
5.1 – Le phénomène de la modernisation sociale, son rôle dans la croissance la construction professionnelle
5.2 – La continuité des études mène à la diversité des parcours professionnels
5.3 – L’effet des différentes disciplines d’enseignement sur l’intégration professionnelle
Conclusion du chapitre
Conclusion générale

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