LA DECENNIE NEOLIBERALE : PRIVATISATIONS ET PAUVRETE URBAINE DE 1990 A 2000

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Lโ€™alternance de gouvernements constitutionnels et militaires (1955-1976)

Rรฉvolution Libรฉratrice ยป, a contraint Perรณn ร  lโ€™exil et a ouvert une longue pรฉriode dโ€™alternance au pouvoir entre gouvernements militaires et gouvernements constitutionnels. Cette pรฉriode sโ€™est achevรฉe avec le retour du leader charismatique du mouvement pรฉroniste en 1973, aprรจs dix-huit annรฉes dโ€™exil. Cette alternanc du pouvoir permet, aujourdโ€™hui, dโ€™expliquer la discontinuitรฉ des politiques alors mises en ล“uvre, notamment dans les domaines sociaux et urbains. Plus spรฉcifiquement en ce qui concerne la politique inhรฉrente aux bidonvilles, les dรฉcisions nโ€™ont cessรฉ dโ€™osciller entre deux pรดles : dโ€™une part, des plans centralisรฉs et autoritaires dโ€™รฉradication des quartiers et, dโ€™autre part, des programmes dโ€™amรฉlioration in situ, ouvrant la voie ร  des revendications portรฉes par des associations de quartier. Malgrรฉ tout, la tendance gรฉnรฉrale de laรฉriodep peut รชtre caractรฉrisรฉe par lโ€™avรจnement des rรจgles du marchรฉ en matiรจre dโ€™urbanisme et lโ€™ouverture ร  des financements internationaux pour les projets urbains, annonรงant et amorรงant, de facto, la fin de lโ€™interventionnisme pรฉroniste.
En ce qui concerne les lotissements populaires, principale forme urbanistique de la pรฉriphรฉrie, les vendeurs ont continuรฉ ร  bรฉnรฉficier de la grandepermissivitรฉ des pouvoirs publics. Cependant, cette pรฉriode marque un vรฉritable tournant, non seulement dans le rythme de croissance de ce type de quartier mais aussi dans les rรจgles rรฉgissant le secteur. Les inondations de 1957 ont jouรฉ un rรดle dรฉterminant dans ce mouvement. Elles ont peu ร  peu fait prendre conscience aux pouvoirs publics de la nรฉcessitรฉ de redรฉfinir les normes urbanistiques et des changements se sont progressivement opรฉrรฉs,malgrรฉ la pression forte exercรฉe par les propriรฉtaires terriens de lโ€™agglomรฉration : en 1960, sont adoptรฉes les premiรจres lois sur la cote minimale dโ€™inondation pour la vente de parcelles, en 1968, une loi imposant la desserte des parcelles en services urbains est adoptรฉe, puis rรฉvoquรฉe un mois plus tard sous la pression des vendeurs80.
Par ailleurs, le rรฉgime autoritaire du dรฉbut de la pรฉriode estimait que les bidonvilles, communรฉment appelรฉsvillas miseria, les ยซ villes de la misรจre ยป, commenรงaient ร  poser un problรจme dโ€™un point de vue urbanistique et social81. Dans cette perspective, les pouvoirs centraux se sont donnรฉ pour objectif de mettre de lโ€™ordre au plus vite dans les quartiers et de rรฉgulariser une situation qui devait rester provisoire. Fut alors crรฉรฉe en 1956, la Comisiรณn Nacional de la Vivienda (CNV) afin de coordonner lโ€™action de lโ€™Etat en matiรจre dโ€™urbanisme. Lโ€™une de ses missions fut dโ€™organiser lโ€™รฉradication des villas de emergencia, au moyen dโ€™un plan dโ€™urgence spรฉcifique. La CNV commenรงa alors les premiers recensements – trรจs imparfaits – pour organiser son action.

Le ยซ Proceso ยป de rรฉorganisation nationale : les dictatures militaires (1976-1983)

Le coup dโ€™รฉtat des militaires en 1976 a engagรฉ le pays dans une pรฉriode de terreur de huit longues annรฉes. Si les rรฉgimes militaires qui scandaient la vie politique du pays depuis les annรฉes 1930 avaient rรฉussi ร  incarner lโ€™ordre et lastabilitรฉ dans lโ€™esprit de la population, la dictature de cette pรฉriode a pris une tournure beaucoup plus rรฉpressive et violente . La volontรฉ affichรฉe รฉtait celle de ยซ nettoyer ยป et dโ€™ยซ ouvrir ยป le pays en mettant fin, de maniรจre radicale, aux protestations de toute sorte (mouvements pรฉronistes ou dโ€™extrรชme gauche) par lโ€™exil, la torture ou la disparition des personnes identifiรฉes par le pouvoir comme subversives ยป86. Le travail de fond des militaires consistait en un dรฉmantรจlement progressif et irrรฉversible de lโ€™Etat en Argentine, une prรฉparation de la sociรฉtรฉ et de lโ€™รฉconomie nationales au grand tournant nรฉo-libรฉral quโ€™ils allaient expรฉrimenter quelques annรฉes plus tard en plaรงant Carlos Menem aux rรชnes du pays.
En matiรจre urbaine, il sโ€™agissait de passer ยซ du chaos ร  lโ€™ordre ยป 87 en engageant, dโ€™une part, des rรฉformes de la lรฉgislation du secteur de lโ€™immobilier et, dโ€™autre part, des politiques dโ€™รฉradication des bidonvilles dans une optique de ยซ nettoyage ยป.
La loi nยฐ 8912 de 1977 qui ยซ rรฉgit le mise en ordre de la province de Buenos Aires et vise ร  rรฉguler lโ€™usage, la subdivision et lโ€™occupation du sol, de mรชme que lโ€™รฉquipement en infrastructures ยป88 a รฉtรฉ adoptรฉe dans un souci dโ€™ordonner le marchรฉ des lotissements populaires de la pรฉriphรฉrie et, de cette maniรจre, edcontrรดler les populations de ces quartiers. Ses effets ont รฉtรฉ paradoxaux : malgrรฉ un discourshygiรฉniste et de garantie de conditions dรฉcentes pour lโ€™habitat populaire, la principale consรฉquence de lโ€™application de cette loi fut une augmentation notable des prix de lโ€™immobilier, excluant de facto une grande partie de la population potentiellement concernรฉe par ce segmentdu marchรฉ. En dรฉfinitive, la politique de rรฉglementation urbanistique sous les dictatures militaires a รฉtรฉ ร  lโ€™origine dโ€™une marginalisation consรฉquente dโ€™une partie de la population de la pรฉriphรฉrie de Buenos Aires.

Le retour ร  la dรฉmocratie et lโ€™รฉmergence du discours nรฉo-libรฉral (1983-1989)

Lโ€™ ยซ รฉquilibre ยป qui avait รฉtรฉ trouvรฉ au cours duingtiรจmev siรจcle dans le Grand Buenos Aires entre une lรฉgislation peu exigeante, des salaires permettant de payer les lots immobiliers ร  crรฉdit et des bรฉnรฉfices รฉlevรฉs pour le secteur immobilier avait รฉtรฉ totalement dรฉtruit par la crise des annรฉes 1970 en Argentine, destruction qui sโ€™รฉtait vue aggravรฉe par la politique menรฉe par les gouvernementsde fait entre 1976 et 1983, situation irrรฉversible qui sโ€™imposa au gouvernement dโ€™Alfonsรญn aprรจs le retour ร  la dรฉmocratie95. La crise du logement se poursuivit donc dans les annรฉes 1980, ouvrant la voie ร  une multiplication des phรฉnomรจnes dโ€™ asentamientos, du fait du caractรจre nettement moins rรฉpressif dugouvernement ร  lโ€™รฉgard des situations dโ€™illรฉgalitรฉ.
Le retour ร  la dรฉmocratie a eu un triple effet sur les pratiques de logement des populations qui avaient รฉtรฉ marginalisรฉes pendant leProceso. Dโ€™une part, il a permis le dรฉveloppement massif dโ€™occupations spontanรฉes de terrains, initiatives visant ร  la rรฉgularisation dโ€™un statut de propriรฉtaire pour les occupants, avec son pendant paradoxal de ยซ violation de la propriรฉtรฉ privรฉe dans le but de lโ€™obtenir ยป96 . Dโ€™autre part, le retour ร  la dรฉmocratie, et avec lui la fin dโ€™une รจre de rรฉpression gรฉnรฉralisรฉe, a รฉgalementรฉ รฉtlโ€™occasion, pour de nombreuses personnes, dโ€™investir ร  nouveau les quartiers รฉradiquรฉs pendant les dictatures militaires : on note, ร  partir de 1983, une recrudescence significa tive des villas de emergencia dans la capitale97; enfin, par une sรฉrie de rรฉformes, il ouvre la voie ร  la mise en place de programmes alternatifs visant ร  rรฉsoudre la crise du logement, laissant plus de place ร  la participation des populations : constructions appuyรฉes par des coopรฉratives de logement, programmes dโ€™habitations progressives, obligation dโ€™utilisatio n des terrains oisifs (ouverture ร  la vente des squats aux occupants), programmes de rรฉgularisation domaniale, solutions clรฉs en mainface ร  lโ€™augmentation du nombre des villas 98.
En ce qui concerne la politique de logements sociaux, le rรฉfรฉrentiel urbanistique de la pรฉriode prรฉcรฉdente, legrand ensemble, est entrรฉ dans une รจre de dรฉgradation matรฉriellecontinue, associรฉe ร  un processus de densification de la population, phรฉnomรจnes qui se sont mutuellement alimentรฉs pour aboutir ร  une situation actuelle extrรชmement critique en termes sanitaires et sociaux.

Les premiers services urbains ร  Buenos Aires (1880-1940)

Le fait de concentrer cette recherche sur trois secteurs de services urbains (eau/assainissement, รฉlectricitรฉ, tรฉlรฉcommunications) nโ€™implique pas pour autant de sโ€™abstraire totalement des logiques et des รฉvolutions dโ€™autres secteurs qui ont pu sโ€™avรฉrer dรฉterminants pour lโ€™รฉvolution urbaine. En effet, sans approfondir davantage ici leurs effets, il est intรฉressant de noter le rรดle central jouรฉ par esl rรฉseaux de transport (tramway puis ferroviaire) dans le dรฉveloppement urbain de Buenos Aires. Si les rรฉseaux de services domiciliaires ont constituรฉ par la suite un enjeu pour les populations rรฉcemment installรฉes, les rรฉseaux de transport ont eu une incidence plus que structurante sur la configuration de lโ€™extension de mรชme que sur la conception de la ville par les acteurs politiques. Nous verrons par la suite que les choix opรฉrรฉs dans le secteur ed lโ€™eau pour lโ€™extension du rรฉseau ont รฉtรฉ entiรจrement guidรฉs par les effets attendus de la configuration du rรฉseau ferroviaire.
A Buenos Aires, les premiers services urbains sont apparus dรจs la fin du XIXรจme siรจcle : le premier rรฉseau dโ€™eau a รฉtรฉ construit en 1856 par lacompagnie privรฉe Ferrocarril Oeste pour ses ateliers et desservait, en outre, 3000 riverains100 ; en 1886, la premiรจre concession dโ€™รฉclairage public a รฉtรฉ accordรฉe ร  une entrepriseprivรฉe pour le parc Tres de Febrero ; en 1880, quatre ans seulement aprรจs son invention, le tรฉlรฉphone est apparu ร  Buenos Aires, ร  lโ€™initiative de la Sociรฉtรฉ suisse du Pan Tรฉlรฉphonede Locht pour un public rรฉduit dโ€™environ 20 clients102. Si les annรฉes 1880 ont marquรฉ le dรฉbut de lโ€™histoire des services urbains de Buenos Aires, ils ont connu par la suite des รฉvolutions, bien que comparables dans leur pรฉriodicitรฉ, empreintes des innovations techniques et des enjeux politiques propres ร  chaque secteur.

Lโ€™eau et lโ€™assainissement : la mise en place progressive dโ€™un vรฉritable service public103

Dans le domaine de lโ€™eau, avant 1870, les conditions dโ€™accรจs ร  la ressource nโ€™รฉtaient que trรจs prรฉcaires : le service assurรฉ par des porteurs dโ€™eau รฉtait dโ€™une qualitรฉ peu fiable, lโ€™eau distribuรฉe, issue du Rรญo de la Plata, nโ€™รฉtant pas raitรฉe ; quelques privilรฉgiรฉs bรฉnรฉficiaient de lโ€™accรจs ร  lโ€™eau des nappes phrรฉatiques par un puit ; le recours ร  lโ€™eau de pluie nโ€™รฉtait alors que trรจs marginal. Dรจs 1828, des projets de rรฉseaux alimentรฉs par lโ€™eau issue du Rรญo de la Plata avaient pourtant รฉtรฉ conรงus, mais il fallut attendr une succession dโ€™รฉpidรฉmies meurtriรจres (8000 morts du cholรฉra en 1867 et 20 000 morts de la fiรจvre jaune en 1871) pour que les autoritรฉs publiques ouvrent la voie ร  leur rรฉalisation. En 1868, la province de Buenos Aires autorisa la construction dโ€™une premiรจre adduction dโ€™eau 104, puis confia ร  lโ€™ingรฉnieur Batemane en 1871, suite ร  lโ€™รฉpidรฉmie de fiรจvre jaune et ร  de violentes rรฉactions populaires, le soin dโ€™รฉtendre le rรฉseau dโ€™eau et de concevoir, encomplรฉment, un rรฉseau dโ€™assainissement. Cependant, les travaux nโ€™ont pas progressรฉ aussi vite que lโ€™aurait souhaitรฉ la municipalitรฉ (ils ne commencรจrent quโ€™en 1874 et furent interrompus dรจs 1877 faute de budget). En effet, รฉtant encore sous lโ€™autoritรฉ de la Province, la ville avait du mal ร  faire entendre sa voix contre celle de la classe politique conservatrice, vivant principalement des revenus agricoles et, de ce fait, rรฉticente ร  financer les travaux en milieu urbain dont elle ne percevrait pas de bรฉnรฉfices directs.
Il a donc fallu attendre 1880, date de la fรฉdรฉralisation de la ville, pour que le gouvernement national prenne la situation en main et redรฉfinisse les prioritรฉs. Il a alors crรฉรฉ la Comisiรณn Nacional de Obras de Salubridad et imposรฉ une taxe de 5% sur les loyers pour financer les travaux. Lโ€™Etat fรฉdรฉral a hรฉritรฉ dโ€™une situation uspl que problรฉmatique : seulement 6085 maisons รฉtaient alors desservies en eau . Malgrรฉ les nouvelles dispositions adoptรฉes par lโ€™Etat fรฉdรฉral et face aux difficultรฉs de financement, les travaux, qui avaient repris en 1883, ont ร  nouveau รฉtรฉ interrompus en 1886. Lโ€™Etat a alors envisagรฉ la possibilitรฉ dโ€™avoir recours ร  une entreprise privรฉe et dโ€™organiser un systรจme deconcession permettant de finaliser le projet Batemane. Le contrat dโ€™affermage, qui prรฉvoyait lโ€™exรฉcution du plan Batemane en 3 ans, de mรชme que la gestion des services dโ€™eau, dโ€™assainissement et de drainage pour un tarif de 6,5 pesos oro106, a รฉtรฉ signรฉ en 1888 avec une sociรฉtรฉ anglaise amuel:S Hale and Cie puis transfรฉrรฉ lโ€™annรฉe dโ€™aprรจs ร  la Buenos Aires Water upplyS and Drainage Company Ltd avant dโ€™รชtre rรฉsiliรฉ dรจs 1891 principalement pour manquede rentabilitรฉ de lโ€™activitรฉ. Cet รฉchec a marquรฉ le tournant de la politique de lโ€™Etat en matiรจre de services urbains et a รฉtรฉ ร  lโ€™origine dโ€™une politique รฉtatique volontariste en matiรจre sanitaire, ce qui a dโ€™emblรฉe confรฉrรฉ au secteur de lโ€™eau et de lโ€™assainissement une place s inguliรจre au regard des autres secteurs : contrairement au systรจme de concession privรฉe adoptรฉ pour la construction et la gestion des infrastructures urbaines comme le mรฉtro, les lignesde chemin de fer, lโ€™รฉlectricitรฉ, le tรฉlรฉphone et dโ€™autres secteurs encore, le choix effectuรฉ dans le secteur de lโ€™eau a รฉtรฉ celui dโ€™une prise en charge de lโ€™Etat, au nom de la santรฉ publique. Puisquโ€™il se heurtait aux critรจres de rentabilitรฉ du secteur privรฉ de mรชme quโ€™aux capacitรฉs financiรจres rรฉduites de la municipalitรฉ, le secteur de lโ€™eau, ressource considรฉrรฉe comme bien social, ste passรฉ, ร  partir de ce moment, sous lโ€™autoritรฉ du gouvernement de la Nation. Il a progressivement affirmรฉ son rรดle au niveau national, malgrรฉ quelques entreprises privรฉes florissantes en province, et a dรฉcidรฉ, en 1912, la crรฉation dโ€™Obras Sanitarias de la Naciรณn (OSN), qui sโ€™est par la suite imposรฉe comme un vรฉritable pilier de la politique argentine. Comme el souligne T. Bodard107, la tendance argentine, prenant le contre-pied de nombreux exemples oรน la gestion de lโ€™eau รฉtait jugรฉe comme relevant par nature du niveau local, illustre, in fine, un fรฉdรฉralisme en trompe lโ€™ล“il oรน la Nation est la seule collectivitรฉ publique ร  disposer de moyens financiers suffisants pour mener une politique de service social. En effet, les enjeux sanitaires, les coรปts importants dโ€™infrastructure dโ€™eau dรฉpassant le budget municipal de mรชme que les critรจres de rentabilitรฉ du secteur privรฉ, ont progressivement poussรฉ lโ€™Etatfรฉdรฉral ร  affirmer son rรดle dans le secteur. En ce sens, Obras Sanitarias de la Naciรณn , crรฉรฉe en 1912, a รฉtรฉ conรงue comme le ยซ modรจle ยป de service public du fait de sa triple vocation : hygiรจne publique, redistribution des revenus et amรฉnagement du territoire . En 1919, la loi nยฐ10 998 confia ร  OSN ยซ lโ€™approvi sionnement en eau potable de toute population urbaine ร  partir de 3000 habitants ainsi que lโ€™assainissement complet de celles qui dรฉpass[aient] le nombre de 8000 habitants ยป, par convention entre OSN, les provinces et les municipalitรฉs.

Les premiers temps du secteur รฉlectrique: une gestion privรฉe questionnรฉe par le local112

Les premiers temps du secteur รฉlectrique ont รฉtรฉ marquรฉs par quelques initiatives privรฉes (construction de petites centrales รฉlectriques en ville) orientรฉes vers des usages plutรดt collectifs (รฉclairage dโ€™un parc, du port, alimentation en รฉlectricitรฉ pour lโ€™opรฉra, pour les lignes de tramways et quelques rares rรฉsidences). En 1898,la Compaรฑรญa Alemana Transatlรกntica de OSN se lanรงa dans une entreprise progressive de retrai t des compteurs qui avaient รฉtรฉ installรฉs par lโ€™opรฉrateu privรฉ.
Lโ€™entreprise porte le nom de Travaux Sanitaires de la Nation ; dรจs sa crรฉation en 1912, laconnexion au rรฉseau urbain prend un caractรจre obligatoire pour les usagers, etc.
Electricidad (CATE) a รฉtรฉ crรฉรฉe. Elle a installรฉusieurspl centrales dans le centre et rachetรฉ une compagnie de tramways. Au dรฉbut du siรจcle, la Compaรฑรญa Angloargentina (anglaise) a rachetรฉ une dizaine dโ€™entreprises de tramways ร  cheval pour les convertir en tramways รฉlectriques. Ces deux entreprises se sont rรฉparti el marchรฉ de la capitale pendant que la Compaรฑรญa de Electricidad de la Provincia de Buenos Aires (CEP) opรฉrait sur le reste de lโ€™aire mรฉtropolitaine .
La gestion des entreprises privรฉes a rapidement menรฉ ร  un vif dรฉbat sur une รฉventuelle municipalisation des services, qui nโ€™a finalement jamais eu lieu : en 1907, la premiรจre rรฉglementation municipale relative au service รฉlectrique a รฉtรฉ adoptรฉe sans pour autant quโ€™elle ne contraigne trop les entreprises dans leurs pratiques gestionnaires (tarifaires, entre autres). Cette date marque tout de mรชme la premiรจre concession de service รฉlectrique dans le pays : lโ€™entreprise CATE opรฉrant sur le territoire de la ville de Buenos Aires114. En 1912, une seconde concession municipale a รฉtรฉ accordรฉe ร  la Compaรฑรญa Italo Argentina de Electricidad (CIADE) afin dโ€™introduire de la concurrence entre opรฉrateurs, ce qui a finalement รฉchouรฉ du fait dโ€™un partage tacite du marchรฉ par les deux entreprises. En 1921, une ordonnance municipale a autorisรฉ le transfert de lโ€™entreprise CATE ร  la Compaรฑรญa Hispanoamericana de Electricidad (CHADE), qui opรฉrait dรฉjร  dans le Grand Buenos Aires et dans la ville de Rosario. En 1936, la concession de la Compaรฑia Argentina de Electricidad (CADE, ex CHADE) a รฉtรฉ renouvelรฉe pour 25 ans dans des circonstances douteuses115.
Cette succession de changements institutionnels constitue, malgrรฉ tout, une pรฉriode homogรจne, qualifiรฉe par P. Pirez de modรจle dรฉcentralisรฉ-privรฉ, oรน lโ€™รฉchelon pertinent dโ€™activitรฉ et de rรฉgulation รฉtait celui de la munipalitรฉc et oรน la logique du secteur รฉtait guidรฉe, dans un premier temps, exclusivement par les intรฉrรชts des compagnies privรฉes puis, aprรจs lโ€™institutionnalisation de la rรฉgulation municipale, par les intรฉrรชts partagรฉs entre entreprises et autoritรฉs locales (contrรดle des tarifs, de la qualitรฉ, gรฉnรฉralisation de la desserte, politique de transports).

Lโ€™รจre des nationalisations : puissance et dรฉclin des monopoles publics

Avec lโ€™arrivรฉe au gouvernement du pรฉronisme en 1943, les services urbains sont entrรฉs dans une nouvelle pรฉriode : devenant de vรฉritables piliers politiques, ils sont tous progressivement passรฉs aux mains de lโ€™Etat, les nationalisations รฉtant parties prenantes du modรจle sociรฉtal populiste proposรฉ par Perรณn. En effet, la prolifรฉration dโ€™entreprises รฉtatiques pendant cette pรฉriode, due ร  la nationalisation ou ร  la crรฉation dโ€™entreprises, sโ€™explique par les objectifs affichรฉs liรฉs au dรฉveloppement du pays, le gouvernement se positionnant en garant de lโ€™รฉquilibre entre objectifs sociaux et coรปt raisonnable. Selon certaines analyses120, les trois principales missions assignรฉes ร  ces entreprises sous les gouvernements pรฉronistes รฉtaient : la fourniture des matiรจres premiรจres essentielles ร  lโ€™industrie (comme lโ€™acier, le charbon, le pรฉtrole, le gaz, lโ€™รฉlectricitรฉโ€ฆ), la rรฉduction du chรดmage et la redistribution des revenus, missions exclusives ou complรฉmentaires selon les secteurs. Cependant, les rรฉsultats de cette analyse montrent รฉgalement que les entreprises รฉtatiques ont continuรฉ ร  รชtre utilisรฉes comme des outils de politiques macroรฉconomiques sous dโ€™autres types de gouvernements (militaires, en particulier), seuls changeaient les objectifs assignรฉs.

Les รฉvolutions du modรจle OSN : apogรฉe et dรฉclin

A cet รฉgard, OSN, qui รฉtait dรฉjร  en situation de monopole public et incarnait une politique volontariste dans le secteur, est progressivement devenue la vitrine de la politique sociale du gouvernement : salaires, conditions de travail, etc. Par ailleurs, comme nous lโ€™avons dรฉjร  รฉvoquรฉ, le dรฉbut des annรฉes 1940 marquait la signature du projet de district sanitaire bonaerense.
Les annรฉes 1940 ont marquรฉ lโ€™รฉlimination dรฉfinitivedu secteur privรฉ dans le domaine de lโ€™eau. Une sรฉrie de lois (loi nยฐ33425 en 1944 et loi nยฐ13577 en 1949) a obligรฉ les collectivitรฉs locales ร  abandonner toute concession privรฉe pour la gestion de lโ€™eau sur leur territoire.
Comme le prรฉcise T. Bodard, ยซ lโ€™รฉviction du secteur privรฉ [รฉtait] sans doute nรฉcessaire pour mener une vรฉritable politique sociale dans le secteur de lโ€™eau potable, mais lโ€™Etat [avait] probablement anticipรฉ une รฉvolution devenue inรฉvitable, tant la rentabilitรฉ des rรฉseaux dโ€™eau รฉtait devenue faible ยป . En effet, ร  partir de 1943, ces entreprises privรฉes sont passรฉes aux mains dโ€™OSN 122 mais il a fallu attendre 1947 pour que soit ratifiรฉ le dรฉcret entรฉrinant le projet de district sanitaire. Les obstacles ร  sa rรฉalisation รฉtaient de taille : outre les dispositions institutionnelles freinant le transfert des compรฉtences dโ€™un niveau local vers lโ€™Etat fรฉdรฉral, le coรปt important dโ€™une politique sanitaire et sociale volontariste et la non rentabilitรฉ croissante des rรฉseaux dโ€™eau furent autant dโ€™รฉlรฉments qui ontobligรฉ lโ€™Etat, dans les annรฉes 1950, ร  chercher dโ€™autres sources de financement que les ressources du Trรฉsor national pour pouvoir supporter le poids financier de lโ€™investissement nรฉcessaire ร  la construction du rรฉseau. Ainsi, 1947 marque ร  la fois lโ€™apogรฉe du modรจle OSN et le dรฉbut de sa crise.
Rappelons ร  cet รฉgard le gigantisme du projet124, qui visait ร  construire un rรฉseau qui permettrait de suivre le rythme dโ€™urbanisation de la capitale, en mettant en place, en particulier, la technique des rรญos subterrรกneos (riviรจres souterraines), canalisations gigantesques permettant dโ€™acheminer lโ€™eau en trรจs grande quantitรฉ et ร  trรจs forte pression vers les points les plus รฉloignรฉs de la pรฉriphรฉrie. Comme nous pouvons le constater dans les projections suivantes, la pรฉriurbanisation de Buenos Aires a dรฉpassรฉ de loin les pronostics sur lesquels reposaient les calculs financiers dโ€™OSN 125.

Les nationalisations des grands secteurs รฉconomiques

Comme dans le reste des pays dโ€™Amรฉrique Latine, la pรฉriode des annรฉes 1950 et 1960 a รฉtรฉ marquรฉe en Argentine par une sรฉrie de nationalisations des industries clรฉs de lโ€™รฉconomie. Cette dynamique avait รฉtรฉ engagรฉe dรจs 1938, aprรจs dรฉclaration de Marcelo de Alvear qui avait prรฉsentรฉ comme nรฉcessaire la nationalisationprogressive des services dโ€™intรฉrรชts gรฉnรฉraux (chemins de fer, tรฉlรฉcommunications, pรฉtrole, รฉlectricitรฉ, gaz) dรจs que lโ€™Etat argentin en aurait les moyens financiers. La rรฉforme constitutionnelle de 1949 a entรฉrinรฉ cette vision du rรดle de lโ€™Etat en stipulant, dans son art icle 40, que ยซ les services publics appartenaient naturellement ร  lโ€™Etat et que leur ex ploitation ne pouvait รชtre, en aucun cas, cรฉdรฉe ou mise en concession ยป. Par ailleurs, cet article prรฉvoyait une vente ou une expropriation des activitรฉs gรฉrรฉes par des entreprises privรฉes de services publics contre indemnisation dรจs quโ€™une loi stipulant la nationalisation entrerait en vigueur.

SEGBA dans le secteur รฉlectrique

Aprรจs la seconde guerre mondiale, le gouvernement commenรงa ร  faire pression sur les entreprises dโ€™รฉlectricitรฉ en les contraignant sur al fixation des tarifs. Il en rรฉsulta une contraction de lโ€™investissement, et de ce fait, une dรฉtรฉrioration visible de la qualitรฉ de service.
En effet, au cours des annรฉes 1950, la demande en รฉnergie รฉlectrique ayant augmentรฉ considรฉrablement du fait de la politique dโ€™industrialisation, le secteur est progressivement entrรฉ en crise : le manque dโ€™investissement, de mรชme que la faiblesse de la production ont commencรฉ ร  se faire ressentir, ce qui a poussรฉ le pouvoir exรฉcutif ร  envisager la nationalisation du service. La pรฉriode de gestion publique dans le secteur de lโ€™รฉnergie รฉlectrique a commencรฉ en 1947 avec la crรฉation de guaA y Energรญa Elรฉctrica (AYEE), premiรจre entreprise de service dรฉtenue ร  100% par lโ€™Etat Fรฉdรฉral argentin dans le secteur, opรฉrant dans le Grand Buenos Aires. Lโ€™annรฉe 1950 amarquรฉ lโ€™entrรฉe du pays dans lโ€™รจre du nuclรฉaire par la crรฉation de la Comisiรณn Nacional de Energรญa Atรณmica (CONEA) venant ouvrir la palette des modes de production, qui alternaient, jusque lร , entre thermique et hydraulique. En 1957, lโ€™Etat a nationalisรฉ lโ€™entreprise ANSEC, qui opรฉrait en province. Lโ€™annรฉe suivante, en 1958, il a achetรฉ les entreprises CADE et CEP et crรฉรฉ, sur cette base, lโ€™entreprise publique Servicios Elรฉctricos del Gran Buenos Aires (SEGBA), quโ€™il dรฉtenait alors ร  61% du capital puis ร  100% en 1961 131. L’Etat a assignรฉ ร  lโ€™entreprise la mission dโ€™assurer lโ€™ensemble des maillons dโ€™activitรฉ du secteur de lโ€™รฉnergie รฉlectrique (production, transformation, transmission, distribution et vente) sur lโ€™agglomรฉration -trรจs รฉtendue- de Buenos aires (capitale + 31 districts).

ENTel dans le domaine des tรฉlรฉcommunications

Dans le domaine des tรฉlรฉcommunications, la principale entreprise du secteur (la UT : 530 000 abonnรฉs) a รฉtรฉ rachetรฉe par lโ€™Etat en 1946, crรฉant,ร cette occasion, la Empresa Mixta Telefรณnica Argentina (EMTA). Son territoire de compรฉtence regroupait alors les provinces de Buenos Aires, de Santa Fรฉ, de Cรณrdoba, de San Luis, de La Pampa et une partie de Rรญo Negro.
Son personnel est alors passรฉ de 15 200 ร  32 600 employรฉs . Dix ans plus tard, la EMTA est devenue la Empresa Nacional de Telecomunicaciones (ENTel) et a vu son territoire de compรฉtence รฉtendu ร  lโ€™ensemble du territoire national ร  lโ€™exception de six provinces 136. Malgrรฉ quelques innovations techniques dans les pรฉriodes suivantes137, la gestion รฉtatique des tรฉlรฉcommunications sโ€™est avant tout caractรฉrisรฉe rpaune dรฉgradation progressive du service et de la performance au regard des avancรฉes quโ€™avait connues le secteur dans la pรฉriode prรฉcรฉdente. Les difficultรฉs de lโ€™entreprise ร  assurer une extension du service ont รฉtรฉ ร  lโ€™origine de la crรฉation dโ€™une multitude de petites coopรฉratives locales.
En 1968, ENTel a lancรฉ le plan Dietrich dont lโ€™objectif รฉtait lโ€™extension rapide du rรฉseau et la construction de 700 000 lignes. Des irrรฉgularitรฉs ansd le contrat passรฉ entre lโ€™entreprise et deux fournisseurs privรฉs ont menรฉ ร  son annulation pure et simple par les autoritรฉs pรฉronistes de retour au pouvoir en 1973 de mรชme quโ€™au gel des relations entre ENTel et ses fournisseurs jusquโ€™en 1976, dรฉbut des dictatures militaires en Argentine. Les militaires ont portรฉ une attention particuliรจre au secteur des tรฉlรฉcommunications, notamment en 1978, annรฉe du championnat mondial de football en Argentine, dont la transmission impliquait une nรฉcessaire amรฉlioration des รฉquipements de tรฉlรฉcommunications (tรฉlรฉphone, radio, tรฉlรฉvision). Cette mรชme annรฉe, lโ€™รฉlectronique at faison apparition139. Le dรฉbut des annรฉes 1980 a vu la mise en oeuvre de deux programmes importants : dโ€™une part, le rรฉseau ARPAC (systรจme de transfert de donnรฉes) importรฉ dโ€™Espagne et, dโ€™autre part, le premier systรจme de fibre optique du monde a รฉtรฉ installรฉ dans la capitale par NEC, entreprise japonaise, afin de mettre en place le Cinturรณn Digital de Buenos Aires (CIDIBA) qui devait permettre de rรฉsoudre les problรจmes de trafic sur les lignes. Par ailleurs, en 1985, lโ€™entreprise a lancรฉ le plan Megatel, destinรฉ ร  lโ€™installation dโ€™un million de lignes tรฉlรฉphoniques, comme partie du plan quinquennal dโ€™investissement dans le secteur. Les fonds pour son dรฉveloppement provenaient dโ€™un plan de trente quotes-parts ร  paye r par les usagers potentiels. Cependant, ce plan a rencontrรฉ plusieurs limites : en raison de problรจmes techniques, de la nรฉgligence et de la corruption existant dans lโ€™administration publique, un nombre important dโ€™usagers associรฉs au plan, ayant achevรฉ leurs paiements, nโ€™ont jamais รฉtรฉ connectรฉs aux lignes tรฉlรฉphoniques correspondantes. En 1987, il restait encore 444 215 lignes ร  installer 141.
Malgrรฉ les efforts effectuรฉs en matiรจre technologique, lโ€™Argentine sโ€™est laissรฉe dรฉpasser par le Brรฉsil dans les annรฉes 1970 et le secteur des tรฉlรฉcommunications nโ€™a pu enrayer une dynamique de dรฉgradation continue. Comme le note B. De Gouvello ร  juste titre, lโ€™organisation de lโ€™entreprise sโ€™est dรฉtรฉriorรฉe ua fil du temps : elle se transforma en un gรฉant qui, ayant la responsabilitรฉ juridique sur la quasi-totalitรฉ du territoire de la Rรฉpublique Argentine, maintenait la rรฉsolution de tous les problรจmes et le pouvoir de dรฉcision concentrรฉs en un seul lieu gรฉographique : la Capitale Fรฉdรฉraleยป142. Il convient de retenir, pour le secteur des tรฉlรฉcommunications, une trรจs nette diffรฉrencee ddรฉveloppement dโ€™infrastructure et de niveau de technologie entre la capitale et le reste du pays. En outre, comme le montrent S.Finquelievich et A.Vidal: ยซ en gรฉnรฉral, ร  BuenosAires, lโ€™accรจs au service tรฉlรฉphonique est plus facile pour ceux qui habitent ou transitent pas les secteurs urbains de meilleur niveau socio-รฉconomique ยป143.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I – LES HERITAGES : ANALYSE SOCIO-HISTORIQUE DE Lโ€™EVOLUTION DES SERVICES URBAINS ET DES QUARTIERS CARENCIADOS A BUENOS AIRES DE 1870 A 2004
CHAPITRE 1- QUARTIERS POPULAIRES ET SERVICES URBAINS A BUENOS AIRES DE 1870 A 1990
CHAPITRE 2 – LA DECENNIE NEOLIBERALE : PRIVATISATIONS ET PAUVRETE URBAINE DE 1990 A 2000
CHAPITRE 3 – LA CRISE DU MODELE NEOLIBERAL ARGENTIN : DECEMBRE 2001 ET SES SUITES
PARTIE II – LES PRATIQUES DES ENTREPRISES : STRATEGIES ET PROJETS POUR LES QUARTIERS CARENCIADOS DE BUENOS AIRES
CHAPITRE 4 – Lโ€™EAU ET Lโ€™ASSAINISSEMENT
CHAPITRE 5 – LA DISTRIBUTION Dโ€™ENERGIE ELECTRIQUE
CHAPITRE 6 – LES TELECOMMUNICATIONS
PARTIE III : LES RESSORTS DE Lโ€™ACTION : EVOLUTIONS DES INTERACTIONS ENTRE ACTEURS DU DEVELOPPEMENT : LA CONSTRUCTION PROGRESSIVE Dโ€™UNE COMPETENCE DE COOPERATION
CHAPITRE 7 – LES OPERATEURS A LA RECHERCHE Dโ€™UNE ยซ PROFESSIONNALISATIONยป EN INGENIERIE SOCIALE ?
CHAPITRE 8 – LA MOBILISATION DES COMPETENCES MUNICIPALES AU SERVICE DES OPERATEURS
CHAPITRE 9 – ยซ FAIRE ENSEMBLE ยป : LA CONSTRUCTION PROGRESSIVE Dโ€™UNE COMPETENCE DE COOPERATION
CONCLUSION GENERALE

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