La « cysticercose » est un problème de santé publique due à l’apparition de stade kystique (larves) de parasites taenias chez les humains et les animaux domestiques. Elle est due au cysticerque (Cysticercus cellulosae) du taenia de l’homme, Taenia solium (Donald et al., 1998).
GENERALITES SUR LA CYSTICERCOSE
HISTORIQUE
La ladrerie porcine ou cysticercose du porc est connue depuis la plus haute Antiquité. ARISTOPHANE en parle dans la comédie des «Chevalier » (Raveloson, 1978). Si la maladie était connue, sa nature parasitaire reste ignorée des anciens et des auteurs du moyen âge. Ce n’est qu’en 1842 que STEENSTRUP considéra les cysticerques comme des formes d’évolution d’helminthes qui lui restent inconnus (Raveloson, 1978). La cysticercose chez l’Homme n’a été connue que vers la seconde moitié du XVIe siècle et c’est l’alchimiste et médecin suisse Bombastus von Hohenhein qui a établi le rapport entre ladrerie porcine et cysticercose humaine (Andrianantenaina, 2003). Von SIEBOLD et DUJARDIN les rapportent à des taenias aberrants. De 1845 à 1855, HÜMBERT, KUCHENMEISTER, LEUCKART, HOLLENBACH, HALLER, prouvèrent que Cysticercus cellulosae et Taenia solium ne sont que deux formes évolutives d’un même ver (Raveloson, 1978). Le cycle parasitaire est établi entre 1850 et 1860 par VAN BENEDEN, DUJARDIN, VON GRAEFE, SIEBOL, LEUCKART et KUCHENMEISTER. Ce dernier démontre que le cysticerque était la forme larvaire du Taenia solium en faisant absorber à un condamné 75 cysticerques, qui furent retrouvés par la suite sous la forme de jeunes taenias (Rakotondrazaka, 1997). Bien connue des Malgaches, la ladrerie du porc ou Voavary a été signalée en 1901 par GRAND MOUGIN tandis que L. MONNIER et ANDRIANJAFY d’une part, et ANDRIANJAFY d’autre part publiaient dès 1910 les premiers cas humains de cysticercose, avec autopsie et étude microscopique à l’appui (Andriantsimahavandy, 1996). En 1942, NIETO tente de résoudre le problème de diagnostic de la maladie au moyen d’une réaction de fixation du complément dans le liquide céphalorachidien. La technique d’imagerie médicale est couramment utilisée : la tomodensitométrie (TDM) ou scanner depuis 1978 et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) depuis 1986. DIWAN et COKER-VANN adaptent la technique ELISA au diagnostic de la cysticercose (Andriantsimahavandy, 1996).
Au plan thérapeutique, la première tentative chirurgicale a lieu en 1901 par KRAMER. STIEPEN établit en 1949 le bilan d’une série de 49 cas de neurocysticercose opérée. Puis avec l’avènement du praziquantel, utilisé depuis 1980 dans la cysticercose humaine, la thérapeutique jusqu’alors bien que décavent, franchit une étape importante (Andriantsimahavandy, 1996).
REPARTITION GEOGRAPHIQUE
Elle est cosmopolite sauf dans les pays de religion juive ou musulmane (interdiction de la consommation de viande de porc). La cysticercose sévit en particulier dans les zones où la misère, les conditions d’hygiène précaires et la promiscuité favorisent le péril fécal et l’autocontamination (Brostein, 2005). Bien que la cysticercose soit l’une des cestodoses les plus importantes dans le monde entier, elle est endémique principalement dans les régions éloignées ou rurales des pays en développement où les populations locales consomment de la viande de porc non contrôlée (Yanagida, 2012). Environ 50 millions de personnes sont infectées d’après l’échelle mondiale (Sorvillo et al., 2011). La cysticercose est rencontrée en Amérique Latine, dans une grande partie de l’Asie (surtout l’Inde, la Chine et le Sud-Est asiatique), en Afrique sub-saharienne, et dans certaines contrées de l’Océanie. Dans les zones rurales de ces pays, la combinaison d’un climat chaud, de la pauvreté et de l’illettrisme constituent un contexte favorable pour la transmission de la maladie (Burkhardt, 2010). Par ailleurs, le nombre de cas de cysticercose chez les personnes ayant voyagé dans les pays d’endémie est de plus en plus élevé. Aux Etats-Unis, au cours des dernières décennies, la neurocysticercose est devenue un important problème de santé publique à cause de l’afflux croissant d’émigrés, en particulier en provenance du Mexique. Enfin, l’emploi répandu de personnel de maison provenant des régions d’endémie est un facteur majeur de transmission à des personnes n’ayant jamais voyagé ou ne consommant pas de viande de porc (Rakotoson et al., 2008).
A Madagascar, où le premier cas humain, confirmé par autopsie, a été rapporté en
1910, la cysticercose est un problème de santé publique. Madagascar est un pays à forte prévalence de cysticercose, mais les différentes régions sont atteintes de façon hétérogène (Rakotoson et al., 2008). La prévalence active de la cysticercose peut être estimée à 20%, indiquant une forte endémicité qui place Madagascar parmi les pays les plus touchés du monde. Elle est inférieure à 20% dans les régions côtières (Mahajanga et Toamasina) et plus élevée, jusqu’à 20%, dans les régions centrales de l’Ile (Ihosy, Ambositra, Mahasolo) (Andriantsimahavandy, 1996). La cysticercose peut toucher les sujets à tout âge y compris les nourrissons et les deux sexes. Elle est présente tant en milieu urbain qu’en milieu rural. De très rares cas de cysticercose sont encore rapportés à l’île de La Réunion. Les Antilles françaises sont indemnes de la maladie, alors qu’elle est présente dans les îles des Caraïbes anglophones (consommation de viandes locales) et à Haïti (Aubry, 2009).
PARASITOLOGIE
Classification
Taenia solium appartient à l’embranchement des PLATHELMINTHES, à la classe des CESTODES (parasites dépourvues de tube digestif et à corps segmenté), et à la sous-classe des EUCESTODES (possédant des organes de fixation ou scolex). Il fait partie de l’ordre des CYCLOPHYLLIDEA, et de la famille des TAENIIDAE. Les TAENIIDAE sont caractérisées par des parasites dont les crochets ont trois éléments constitutifs : le manche, la lame et la garde (Rajaofetra, 2003).
Descriptions du parasite
Taenia solium, encore appelés Taenia curbitana pallas, souvent improprement appelés vers solitaires, sont des Plathelminthes endoparasites de l’intestin de l’homme, dépourvus de système digestif à tous les stades de leur développement. Leur corps, en général aplati, rubané, présente un organe de fixation, le scolex, en arrière duquel une zone de croissance produit de façon continue des segments ou proglottis, formant ainsi une chaîne, le strobile. Chaque segment renferme un appareil reproducteur hermaphrodite dont la maturation se fait progressivement le long du strobile, d’avant en arrière (Baer, universalis). Les œufs de Taenia solium ou plus précisément les embryophores ont une forme arrondie et mesurent 50 à 60µ de diamètre. L’œuf est composé d’un embryon entouré par une coque chitineuse (oncosphère). L’embryon présente à sa surface 6 petits crochets lui donnant le nom d’embryon hexacanthe. Avant l’élucidation de la relation existant entre les taenias et leurs cysticerques, les stades larvaires étaient désignés par leur propre nom scientifique comme s’ils étaient des espèces à part entière. Ainsi, la larve de Taenia solium était dénommée Cysticercus cellulosae (Acha et al., 2005). La forme larvaire de Taenia solium ou Cysticercus cellulosae est une larve vésiculeuse, translucide, mesurant 5 à 10 mm de large et 6 à 20 mm de long. Elle est généralement ovoïde mais sa forme dépendra de pressions exercées par les tissus dans lesquels elle est localisée :
◆ Dans les muscles exerçant des pressions latérales, les cysticerques sont allongés,
◆ Dans les tissus sous-cutanés, ils sont lenticulaires,
◆ Dans le corps vitré et les ventricules cérébraux, du fait que les pressions s’exercent d’une façon égale en tout sens, ils sont sphériques,
Certains cysticerques ont une forme très irrégulière avec des prolongements ramifiés et peuvent être plus volumineux: ils sont dénommés Cysticercus racemosus par ZENKER ou Cysticercus multilocularis par KUCHENMESTER (Rajaofetra, 2003).
Il existe ainsi deux types de cysticerques :
❖ La forme celluleuse, Cysticercus cellulosae, qui est la plus fréquemment rencontrée et constitue la forme commune
❖ La forme racémeuse de ZENKER, Cysticercus racemosus, une forme non limitée, diffuse, ne contenant pas de scolex, donnant des aspects en grappes de raisin et se localisant préférentiellement dans les espaces sous-arachnoïdiens.
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Table des matières
INTRODUCTION
GENERALITES SUR LA CYSTICERCOSE
I. HISTORIQUE
II. REPARTITION GEOGRAPHIQUE
III. PARASITOLOGIE
III.1 Classification
III.2 Descriptions du parasite
III.3 Cycle de développement
III.4 Mode de contamination
III.5 Antigènes parasitaires
IV. METHODES DE DIAGNOSTIC
V. TRAITEMENT
VI. IMMUNITE ET CYSTICERCOSE
MATERIELS ET METHODES
I. POPULATION
II. CARACTERISTIQUES DES ECHANTILLONS UTILISES
II.1 Les sérums
II.2 Les LCR
II.3 Les échantillons d’étude
II.4 Les témoins
III. L’ANTIGENE
IV. LE TEST ELISA
IV.1 Description du test
IV.2 Principe du test ELISA
IV.3 Mise au point du test ELISA
IV.3.1 ELISA totaux
IV.3.2 ELISA spécifique
IV.3.2.1 Recherche des témoins positifs
IV.3.2.2Standardisation de la technique ELISA
IV.4 Etude des différentes classes : IgE, IgA, IgD
IV.4.1 Mesure de la performance du test ELISA
IV.4.1.1 Choix d’un seuil de positivité
IV.4.1.2 Sensibilité (Se)
IV.4.1.3 Spécificité (Spe)
IV.4.2 Mesures de la performance d’une stratégie diagnostique
IV.4.2.1 Valeur prédictive du résultat positif (VPP)
IV.4.2.2 Valeur prédictive du résultat négatif (VPN)
RESULTATS
I. MISE AU POINT DES TESTS ELISA
I.1 Tampon de saturation employé dans les tests ELISA
I.2 Dilutions des conjugués
I.3 Dilution des échantillons appropriés
I.3.1 IgE
I.3.2 IgA
I.3.3 IgD
I.4 Recherche des témoins positifs
II. RESULTATS DE L’ETUDE DES CLASSES D’Ig
II.1 Performance du test ELISA
II.1.1 Seuil de positivité
II.1.2 Sensibilité et spécificité
II.2 Performance d’une stratégie diagnostique
DISCUSSION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES