L’objectif premier de l’entreprise consiste avant tout à pérenniser dans son environnement. « Les entreprises craignent la neutralité : soucieuses d’affirmer leurs différences, érigées en avantage concurrentiel, elles tendent à construire et développer leur culture propre, forme nouvelle de citoyenneté », tels sont les mots de S.LAINE pour justifier la nécessité stratégique d’une identité pour les entreprises. Cette identité fait partie des sujets dont se préoccupent les dirigeants d’entreprise. En effet, la situation concurrentielle actuelle est animée par une vive tension, d’autant plus que la globalisation prend de l’ampleur partout dans le monde. L’internationalisation n’a fait qu’augmenter les intensités concurrentielles des entreprises du fait que le nombre de concurrents pour un secteur donné ne cesse d’augmenter à cause de la globalisation, de l’internationalisation et tous ses aspects. Aussi pour survivre, les entreprises ont adopté un nouveau mode de subsistance : se faire distinguer grâce à son identité.
Le mot « identité » peut comprendre plusieurs sens tels que le statut juridique, l’activité principale, la raison d’être d’une entreprise, mais également sa culture. Cette dernière suscite particulièrement notre attention. La notion de culture pour l’entreprise, reste toujours floue parce que les auteurs se dispersent sur le sujet. Deux propositions sont avancées par les auteurs concernant la culture d’entreprise. Certains auteurs affirment que l’entreprise a une culture c’est-à-dire un sous-système interne de l’ensemble de l’entreprise qui permet aux individus de s’adapter à son environnement. D’autres auteurs disent cependant que l’entreprise est une culture c’est-à-dire un système de connaissances que chacun de ses membres peut interpréter par le biais de mécanismes mentaux. Quoi qu’il en soit, la culture est liée à l’entreprise comme elle est liée à n’importe quel autre groupement humain composé d’individus ayant des caractères différents mais qui ont adopté des comportements communs et une mentalité commune pour pouvoir vivre ensemble. C’est l’ensemble de ces comportements et mentalités qui différencient un groupe social d’un autre tant au niveau de l’entreprise qu’au niveau de la Société ou de la nation.
La culture est donc un moyen pour l’entreprise de se distinguer dans son environnement concurrentiel. Cependant, deux réalités se contredisent. D’un côté, la culture se présente pour l’entreprise comme un atout, un plus, une force qui lui permet d’élaborer des stratégies efficaces. De l’autre côté, la culture est un obstacle ou une contrainte pour l’entreprise dans la formation de stratégies adéquates. La première réalité peut se justifier par le cas d’Apple. Apple se démarque de tous ses concurrents par la notoriété de la marque et le leadership de son fondateur Steve Jobs. Le cas d’Apple est la plus évidente en ce qui concerne la prise en compte de la force d’une culture d’entreprise dans la conception de la stratégie. La culture d’Apple se dévoile partout ; dans le design de ses produits, la méthode de lancement audiovisuel des nouveaux produits (orchestré par Steve Jobs lui-même), le mode derecrutement des nouveaux venus,…. La réussite de ce géant de l’informatique et de la nouvelle technologie repose essentiellement sur le fait qu’elle a su véhiculer une image propre à elle tant à travers l’extérieur c’est-à dire les clients, les fournisseurs, les concurrents, qu’à l’interne au niveau des employés ingénieurs et commerciaux grâce une identité culturelle sans égale. A contrario, il existe des entreprises qui n’arrivent pas à mettre en œuvre des stratégies efficaces pour percer le marché à cause de leur « forte culture » qui les empêche de s’adapter. C’est le cas d’Opinel évoqué par G.BRESSY et C.KONKUYT. Opinel, entreprise française subsistant depuis plus de cent ans se trouve confrontée à une contrainte lorsque dans les années quatre-vingt les dirigeants veulent tenter la stratégie de diversification, pour une entreprise, qui, depuis sa création est reconnue pour sa production de couteaux.
MATERIELS ET METHODES
Matériels et outils de recherche
Il existe plusieurs instruments pouvant conduire des travaux de recherche aux résultats espérés. Dans le domaine de la gestion, le recours aux techniques appliquées en sciences sociales semble être le plus approprié pour l’étude. Il s’agit d’outils théoriques et d’outils pragmatiques.
Les outils théoriques
Les outils théoriques concernent l’usage de la documentation écrite comme les ouvrages académiques, les théories apprises en cours et les ouvrages et texte en version numérique.
Les ouvrages académiques
Les ouvrages académiques constituent des outils essentiels pour pouvoir mener à bien une recherche. Ils forment un repère pour le chercheur pour cerner le domaine concerné par la recherche. Les ouvrages permettent d’appréhender le contexte d’une étude et de pouvoir en délimiter le problème.
En ce qui concerne la culture d’entreprise et la stratégie d’entreprise, les livres que nous avons consultés concernent avant tout la gestion et le management des entreprises. Ces ouvrages ont permis de recueillir des informations sur le mode de fonctionnement des entreprises en général et les théories sur les organisations. C’est le cas notamment de l’ouvrage de MINTZBERG « le management, voyage au centre des organisations », qui, non seulement a permis de mieux connaître les organisations, mais également de connaître comment l’auteur décrit-il ce qu’est la culture d’entreprise et ce qu’il entend par stratégie d’entreprise et son mode de formulation. Il relate également divers cas d’entreprise dont il a pu étudier dans le cadre de sa propre recherche.
Par ailleurs, il y a aussi la consultation des ouvrages axés spécialement sur la culture d’entreprise et la stratégie d’entreprise, et la relation entre ces deux thèmes. Les écrits parlant de la stratégie d’entreprise sont nombreux et riches mais ceux qui parlent plus en détail de culture d’entreprise sont assez rares, comme exemple, l’ouvrage coordonné par P.J.BERNARD et J.P.DAVIET . Cet ouvrage décrit le mariage de la culture d’entreprise avec l’innovation, les effets de ce mariage sont présentés par des exemples d’entreprises étudiées entre les années 40 et les années 90.
Définition de la culture d’entreprise
La culture d’entreprise peut être définie comme « l’ensemble des croyances et attentes partagées par les membres d’une entreprise, elle comprend les normes comportementales, les valeurs partagées, la philosophie de la firme qui permettent d’agir ensemble pour l’atteinte des objectifs généraux. Elle distingue une entreprise d’une autre » . En se référant à cette définition, le personnel de l’OTIV a conçu leur idée sur le concept de culture d’entreprise.
La compréhension du terme
D’après l’enquête menée, le terme de culture d’entreprise semble être compris par le personnel de l’Otiv Mahasoa. Bien que le terme peut contenir plusieurs sens, il n’y a pas de difficulté pour les enquêtés de donner leur avis.
L’existence de la culture d’entreprise
Au sein de l’OTIV, la question de l’existence d’une culture d’entreprise peut être posée puisque, même si dans le cadre juridique l’organisation est une coopérative et non une société commerciale, il existe des règles et des normes qui régissent l’entreprise. L’OTIV MAHASOA est également constitué par un ensemble de travailleurs dirigés par un comité de direction situé sous le conseil d’administration.
Les impacts de la culture sur la croissance de l’entreprise
La croissance peut avoir plusieurs sens pour les entreprises. Il peut s’agir d’extension des activités dans un nouveau domaine. L’entreprise peut également être considérée en pleine croissance lorsque son chiffre d’affaires augmente ou, dans un point de vue concurrentiel, sa part de marché croît par rapport à ses adversaires. La croissance d’une entreprise a plusieurs facteurs. La question est de savoir si, pour l’Otiv Mahasoa, la culture d’entreprise est facteur de croissance pour cette organisation. Les résultats obtenus montrent que la totalité des employés interrogés pensent que la culture d’entreprise amène l’entreprise vers la croissance. Pour justifier ce développement, les enquêtés affirment que l’existence de la solidarité entre le personnel améliore le fonctionnement du travail, parce qu’ils collaborent ensemble pour l’atteinte des objectifs. Par ailleurs, la croissance de l’entreprise s’observe par l’augmentation du nombre d’adhérents à la coopérative qui atteint actuellement 34 077 pour l’Otiv Mahasoa et 225 000 pour l’Union des réseaux Otiv pour cette année 2013.(source : responsable Otiv Mahasoa). Lors de notre enquête, un des responsables nous a informé que le montant du crédit de l’Otiv s’élevait à trente cinq milliards d’Ariary et pour l’épargne, elle s’estimait à quarante milliards d’Ariary.
Le sentiment d’appartenance
Un des rôles fondamentaux d’une culture est de créer au sein d’un individu, nouveau ou ancien membre d’un groupe, un sentiment d’appartenance au dit groupe. C’est en ce sens que la culture d’entreprise permet aux nouveaux et anciens employés de se sentir intégrés dans l’entreprise. Pour le cas d’Otiv Mahasoa, l’ensemble des personnes interrogées ont affirmé qu’elles se sentent intégrées au sein du groupe avec lequel elles travaillent quotidiennement. Dans le sens « d’intégrer », plusieurs d’entre eux disent que c’est le fait d’adhérer aux mêmes idées et valeurs que tout le monde. Les valeurs motivant le personnel à travailler pour l’atteinte des objectifs sont constituées par le respect de la hiérarchie, le respect de l’individu en tant que personne et selon sa place dans l’organisation, et l’obéissance.
L’image externe de l’entreprise
La culture d’entreprise est différente pour toute organisation. Pour Otiv Mahasoa, celle-ci est perçue par l’extérieur selon dix enquêtés sur quinze soit 66.67%. Leur justification est la présence d’uniforme et de couleur unique à l’entreprise. Il y a également le crédo de la firme qui est traduit ainsi : « pour améliorer vos conditions de vie ». Lorsque les employés parlent de l’extérieur il s’agit surtout des clients.
Implication de la culture d’entreprise dans la formulation stratégique
La formulation de la stratégie est souvent considérée comme le rôle des dirigeants ou managers dans l’entreprise. La stratégie est « le compromis entre ce que l’entreprise veut faire (valeurs, buts, aspirations, objectifs des dirigeants), ce qu’elle a les moyens de faire (compétences, ressources, forces et faiblesses), ce qu’elle devrait faire (opportunités et menaces de l’environnement technologique, économique et social), et ce qu’elle est autorisée à faire (obligations et pressions sociales) ». Cette définition de MARTINET (A.C.) nous amène à étudier quelle est la place de la culture d’entreprise dans la formulation stratégique. La présente section développera pour le cas de l’Otiv Mahasoa, les implications de la culture dans la formulation de la stratégie selon que les enquêtés soient des employés, des cadres ou des dirigeants d’entreprise.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : MATERIELS ET METHODES
SECTION 1 : matériels et outils de recherche
SECTION 2 : Méthodes de recherche et d’analyse
SECTION 3 : Limites et contraintes liées au contexte de l’étude
CHAPITRE 2 : RESULTATS
SECTION 1 : définition de la culture d’entreprise
SECTION 2 : intérêts de la culture d’entreprise
SECTION 3 : implication de la culture d’entreprise dans la formulation stratégique
CHAPITRE 3 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
SECTION 1 : discussion sur la place de la culture d’entreprise dans l’organisation
SECTION 2 : commentaire sur l’influence de la culture dans la formulation stratégique chez Otiv Mahasoa
SECTION 3 : recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES