La culture de la tomate en europe

La culture de la tomate en Europe 

La tomate, Lycopersicon esculentum Miller, est une plante annuelle de la famille des solanacées. Elle est cultivée sous presque toutes les latitudes, sur une superficie d’environ 3 millions d’hectares, soit environ un tiers des surfaces mondiales consacrées aux légumes (Laterrot & Philouze, 2003). Plus de 3200 variétés sont inscrites au catalogue européen, dont 450 dans le catalogue français (GNIS, 2009). La tomate est consommée en Europe depuis le XVIIIème siècle (Laterrot & Philouze, 2003), où elle est aujourd’hui le légume d’intérêt commercial le plus important. Dans cette première partie seront exposés : l’importance de la culture de la tomate en serres en Europe, les problèmes phytosanitaires qui lui sont associés et la part que représente le contrôle biologique dans la lutte contre les ravageurs et maladies de la tomate.

La tomate en serres en Europe 

La dénomination « culture en serres », comme dans la majorité des publications récentes (Zhang, 2003), prendra en compte dans la suite du document à la fois les cultures sous « abri plastique et verre », dont la hauteur permet de laisser passer un homme debout. Ce mode de culture représente aujourd’hui 2 400 000 ha toutes cultures confondues dans le monde, dont 45 000 ha sous « abri verre » (Pilkington et al., 2009). Les serres présentent des avantages non négligeables par rapport aux cultures de plein champ. Premièrement, elles permettent de pallier les difficultés liées à la température, la lumière et les conditions d’humidité, ce qui a pour avantage d’étendre considérablement la période de production. D’autres avantages moins significatifs sont l’exclusion (dans une certaine mesure) des ravageurs hors de la zone contrôlée et la plus grande proximité entre les producteurs et les lieux de commercialisation (Pilkington et al., 2009). A cela s’oppose le coût élevé de ces cultures ainsi que la difficulté à contrôler les ravageurs lorsque ceux-ci s’y introduisent (Van Lenteren, 2000). En France, 5ème producteur européen de tomates devant les Pays-Bas (Eurostat, 2008), il s’est cultivé en 2008 4122 ha de tomates, dont près de la moitié (1959 ha) en serres (Agreste, 2009). En Espagne, premier producteur européen de tomates en frais, plus de 20 000 ha ont été produits en serre en 2006, contre 36 024 ha en plein champ, ce qui représente environ 44 % de la production totale de ce pays (Ministerio de Medio Ambiante Rural y Marino, 2008). Le niveau de technologie dans les serres européennes est très variable, allant d’une culture automatisée en hors sol chauffée sous abri verre à une culture en sol sous abri froid. Cependant, aucun chiffre n’est disponible s’agissant de la part de chacun de ces modes de culture dans la production totale européenne.

Les problèmes phytosanitaires associés à la culture de la tomate en serres en Europe

La tomate est une culture particulièrement sujette aux attaques de ravageurs et de maladies (Kennedy, 2003). Les aleurodes, pucerons, mineuses, acariens, thrips, noctuelles et punaises constituent ses principaux ravageurs en serres (Trottin-Caudal et al., 1995). Ces dernières années, plusieurs ravageurs introduits en Europe ont provoqué des dégâts importants en serres de tomate, dont Tetranychus evansi Baker & Pritchard (Ferragut & Escudero, 1999 ; Migeon, 2007), dont il sera sujet dans ce document, mais également la mineuse Tuta absoluta Povolny, ravageur de quarantaine apparu en 2008 en Europe, qui a déjà envahi de nombreux pays européens et qui peut provoquer 100 % de pertes dans les serres touchées (Ferragut, comm. pers. ; Lacordaire, comm. pers.). Les principales maladies rencontrées en culture de tomate sont : la maladie des tâches noires, la pourriture grise, l’oïdium, la fusariose et certaines viroses, dont le TYLC (Tomato Yellow Leaf Curk virus), transmis par des aleurodes (Trottin-Caudal et al., 1995). Le nombre important de ravageurs et maladies associés à la tomate, ainsi que le risque constant de voir apparaître de nouveaux ravageurs, conduit à un intérêt certain de la part des producteurs pour le développement des moyens de lutte, qu’ils soient de nature chimique ou biologique.

La lutte biologique en pleine expansion 

Les cultures en serres sont majoritairement conduites en PBI (Protection Biologique Intégrée), incluant une large part de lutte biologique (Zhang, 2003) et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, le développement de résistances des bio-agresseurs aux produits phytosanitaires est plus rapide dans les milieux confinés que sont les serres, ce qui a conduit les producteurs à raisonner leurs applications de produits phytosanitaires (Pilkington et al., 2009). Par ailleurs, le confinement constitue une barrière pour les ennemis naturels qui se trouvent à l’extérieur. Enfin, l’évolution des mentalités (sensibilisation aux problèmes de santé et aux pollutions environnementales, notamment) et de la réglementation nationale et européenne (directive 91/ 414/ CEE, 1991 ; grenelle de l’environnement, 2007 ; Plan Ecophyto, 2018 ; Terre, 2020 ; Agrimonde, 2050) a conduit de nombreux pays à se diriger vers une agriculture moins consommatrice de produits phytosanitaires (van Lenteren, 2000). En Europe, où le Sixth Environmental Action Programme a été une action pionnière dans ce sens, la demande d’agents de lutte biologique ne cesse d’augmenter depuis quelques années (Pilkington et al., 2009). Malgré les nombreux plans de retraits ou de diminution de l’usage des substances actives, il est possible aujourd’hui de cultiver la plupart du temps en utilisant le contrôle biologique sous serre en Europe (van Lenteren, 2000). Avec le développement d’une industrie de production des auxiliaires plus performante, 150 espèces d’agents de lutte biologique sont aujourd’hui disponibles sur le marché (van Lenteren, 2007). Ils sont utilisés sur au moins 32 000 ha de cultures sous serre dans le monde (van Lenteren, 2006) et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Cette augmentation est particulièrement visible en Espagne par exemple, où lors de la campagne 2007/ 2008, 75 % des 8000 ha de poivrons sous serre cultivés dans la région d’Almeria ont été cultivés en utilisant la lutte biologique, principalement grâce à la commercialisation par Koppert BS d’un nouveau prédateur généraliste de la famille des Phytoseiidae, Amblyseius swirskii (Athias-Henriot) (van der Blom et al., 2008). Pour les productions de tomate sous serres, des solutions biologiques existent pour lutter contre la plupart des ravageurs. Cependant, des problèmes persistent, notamment pour le contrôle des acariens ravageurs tisserands.

Les tétranyques tisserands ravageurs de la tomate 

Les espèces d’acariens appelées communément tétranyques tisserands, et plus particulièrement celles du genre Tetranychus Dufour dont il sera question dans ce document, sont des arthropodes dont la position taxonomique est présentée dans le Tableau 1. Nous nous intéresserons dans ce document à deux espèces de tétranyques tisserands pour lesquelles le contrôle biologique en culture de tomate s’avère inefficace : Tetranychus urticae Koch et T. evansi Baker & Pritchard. Dans un premier temps, la morphologie, le développement, les modes de reproduction et de dispersion, ainsi que le type de dégâts occasionnés, communs aux deux espèces étudiées, seront présentés. Puis, pour chacune de ces deux espèces, des aspects concernant leur aire de répartition et leurs caractéristiques écologiques (traits d’histoire de vie et plantes hôtes) propres seront développés.

Caractéristiques communes aux tétranyques tisserands

Les tétranyques tisserands de la sous-famille des Tetranychinae présentent des similarités et des différences morphologiques, biologiques et écologiques qu’il convient de présenter afin de mieux appréhender les deux espèces de ravageurs.

Morphologie

Les tétranyques tisserands sont des arthropodes de petite taille (environ 400 µm), avec un corps couleur blanc-verdâtre à rouge foncé. Leur corps est divisé en deux régions principales : le gnathosoma (ou partie antérieure portant les pièces buccales) et l’idiosoma (ou partie postérieure du corps portant les quatre paires de pattes) (Figure 1) (Tsagkarakou, 1997). Le gnathosoma comporte des palpes sensoriels, et des chélicères s’étant soudées pour former un stylophore, rétractable et extrudable, au sein duquel sont insérés les stylets, et qui sert aux tétranyques à percer les cellules des plantes et à en extraire le contenu par succion (Lindquist, 1985). Les mâles se différencient des femelles par leur taille et leur forme : ils possèdent un abdomen étroit et sont plus petits que les femelles qui présentent un abdomen arrondi (Crooker, 1985).

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Table des matières

INTRODUCTION
REFERENCES
CHAPITRE I – LA CULTURE DE LA TOMATE EN EUROPE : PROBLÈMES PHYTOSANITAIRES DUS AUX ACARIENS TÉTRANYQUES TISSERANDS, SOLUTIONS DISPONIBLES ET PERSPECTIVES
1. LA CULTURE DE LA TOMATE EN EUROPE
1.1. LA TOMATE EN SERRES EN EUROPE
1.2. LES PROBLEMES PHYTOSANITAIRES ASSOCIES A LA CULTURE DE LA TOMATE EN SERRES EN EUROPE
1.3. LA LUTTE BIOLOGIQUE EN PLEINE EXPANSION
2. LES TÉTRANYQUES TISSERANDS RAVAGEURS DE LA TOMATE
2.1. CARACTERISTIQUES COMMUNES AUX TETRANYQUES TISSERANDS
2.1.1. Morphologie
2.1.2. Cycle de développement
2.1.3. Mode de reproduction
2.1.4. Tissage et mode de dispersion
2.1.5. Dégâts occasionnés
2.2. TETRANYCHUS URTICAE KOCH
2.2.1. Aire de répartition
2.2.2. Traits d’histoire de vie
2.2.3. Plantes hôtes
2.3. TETRANYCHUS EVANSI BAKER & PRITCHARD, L’ACARIEN ROUGE DE LA TOMATE
2.3.1. Aire de répartition
2.3.2. Traits d’histoire de vie
2.3.3. Plantes hôtes
3. LA LUTTE CONTRE LES TETRANYQUES TISSERANDS RAVAGEURS DE LA TOMATE
3.1. LA LUTTE CHIMIQUE
3.2. LES VARIETES RESISTANTES
3.3. LES INSECTES PREDATEURS
3.4. LES MALADIES : BACTERIES ET CHAMPIGNONS ENTOMOPATHOGENES
3.5. LES ACARIENS PREDATEURS
4. LE CANDIDAT POUR LA LUTTE CONTRE LES TETRANYQUES RAVAGEURS DE LA TOMATE: PHYTOSEIULUS LONGIPES EVANS
4.1. MORPHOLOGIE
4.2. CYCLE DE DEVELOPPEMENT
4.3. MODE DE REPRODUCTION
4.4. AIRE DE REPARTITION
4.5. TRAITS D’HISTOIRE DE VIE
4.6. PLANTES HOTES
4.7. CONCLUSION
REFERENCES
CHAPITRE II – QUATRE POPULATIONS, DEUX MODÈLES BIOLOGIQUES, UNE SEULE ESPÈCE ?
1. LA SYNONYMIE CHEZ LES PHYTOSEIIDAE
1.1. DEFINITION
1.2. METHOLOGIES DISPONIBLES
2. DEUX MODELES BIOLOGIQUES, UNE SEULE ESPECE ?
1.1. INTRODUCTION
ARTICLE A1
1.2. CONCLUSIONS
REFERENCES
CHAPITRE III – EFFETS DE LA PROIE ET DU SUBSTRAT VÉGÉTAL SUR LES DIFFÉRENTES POPULATIONS DE PHYTOSEIULUS LONGIPES – IMPLICATIONS ÉCOLOGIQUES ET POUR LA LUTTE BIOLOGIQUE
1. TRAITS D’HISTOIRE DE VIE
1.1. METHODES D’EVALUATION
1.2. LES TRAITS D’HISTOIRE DE VIE DE PHYTOSEIULUS LONGIPES : ETAT DE L’ART
1.2.1. Phytoseiulus longipes (SA)
1.2.2. Phytoseiulus longipes (B)
ARTICLE A2
1.2.3. Conclusions
1.3. EFFET DE LA PROIE ET DU SUBSTRAT VEGETAL SUR 3 POPULATIONS DE PHYTOSEIULUS LONGIPES85
ARTICLE A3
1.4. TRAITS D’HISTOIRE DE VIE DE PHYTOSEIULUS LONGIPES – CONCLUSIONS
2. ATTRACTION
2.1. METHODES D’EVALUATION
2.2. ATTRACTION DE PHYTOSEIULUS LONGIPES EN FONCTION DE L’ESPECE DE PROIE, DU TYPE DE PROIE ET DU SUBSTRAT VEGETAL
ARTICLE A4
2.3. ATTRACTION DE PHYTOSEIULUS LONGIPES POUR DIFFERENTES COMBINAISONS DE PLANTES HOTES, ESPECES DE PROIES ET STADES DE PROIES – CONCLUSIONS
3. LES COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES DE PHYTOSEIULUS LONGIPES – SYNTHESE
3.1. SYNTHESE ET DISCUSSION
3.2. CONCLUSIONS
REFERENCES
CHAPITRE IV – IMPACT DES FAIBLES HUMIDITÉS RELATIVES SUR CERTAINES ESPÈCES DE PHYTOSEIIDAE – CONSÉQUENCES POUR L’UTILISATION DE PHYTOSEIULUS LONGIPES COMME AGENT DE LUTTE BIOLOGIQUE ET RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR LA DÉCOUVERTE D’ESPÈCES TOLÉRANTES AUX CONDITIONS ARIDES
1. PHYTOSEIULUS LONGIPES TOLERE-T-IL MIEUX LES BASSES HUMIDITES RELATIVES QUE D’AUTRES PREDATEURS ?
1.1. METHODE D’EVALUATION
1.2. COMPARAISON DE LA TOLERANCE AUX FAIBLES HUMIDITES RELATIVES DE DEUX POPULATIONS DE PHYTOSEIULUS LONGIPES AVEC CELLE D’AUTRES ESPECES DE PHYTOSEIIDAE – CONSEQUENCES POUR LA LUTTE BIOLOGIQUE
ARTICLE A5
1.3. CONCLUSIONS
2. QUELS FACTEURS INFLUENCENT LA TOLERANCE A LA SECHERESSE DE CERTAINES ESPECES DE PHYTOSEIIDAE ? QUELLES CONSEQUENCES POUR LA RECHERCHE DE NOUVELLES ESPECES TOLERANTES ?
2.1. ETAT DES LIEUX DES CONNAISSANCES ET ANALYSES
ARTICLE A6
2.2. CONCLUSIONS
3. CONCLUSION
REFERENCES
CONCLUSION

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