La culture de crédit

Tant au niveau international que national, la microfinance est reconnue comme un outil efficace pour se retirer de la pauvreté. Autrement, l’Organisation des Nations-Unies n’aurait pas décrété l’année 2005 « Année internationale du microcrédit » ; de même, Muhammad Yunus, le fondateur de Grameen Bank et considéré comme le père de la microfinance, n’aurait pas emporté le Prix Nobel de la Paix en 2006 ; et le gouvernement malgache n’ aurait pas mis en place la Stratégie Nationale de la Microfinance (SNMF) pour promouvoir ce dernier. Les services de la microfinance s’adressent particulièrement à la majorité des populations rurales, qui ne sont pas éligibles au secteur bancaire classique, de part la dimension économique de leurs activités jugée petite, et souvent informelle, leur incapacité à fournir de garanties suffisantes, et de part leur faible niveau d’éducation ne leur permettant pas l’accès aux procédures bancaires. Malgré ces évènements marquant le succès de la microfinance ainsi que les missions sociales importantes qui lui sont attribuées, nombreux mettent encore en doute cette image positive de la microfinance. Ceci explique entre autres la faible pénétration des services de la microfinance. Pour éclaircir ce sujet de façon objective, cette étude a été menée, notamment pour le cas des bénéficiaires de crédit au sein de l’OTIV ALaotra Mangoro où certains emprunteurs présentent un dynamisme particulier face au crédit.

La culture de crédit 

Conceptualisation 

Définition de la culture
Dans le cadre de ce travail, le terme « culture » sera utilisé comme dans l’anthropologie sociale. Malgré les nombreuses définitions du terme, celles qui sont adaptées avec le présent mémoire sont celle d’Edward Burnet TYLOR, définissant la culture comme étant « [un tout complexe qui englobe les connaissances, les croyances, l’art, la morale, la loi, la tradition et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société] » (TYLOR E., 1874, p.1) et celles de Geert HOFSTEDE stipulant que la culture est « [la programmation de la pensée qui permet de distinguer les membres d’un groupe ou d’une catégorie de personnes d’une autre] » (HOFSTEDE G. 2001, [orig. 1980], pp. 9-10). Le terme fera ainsi référence aux modes de penser, de sentir et d’agir, qui sont caractéristiques d’un groupe de personnes.

Définition du crédit
Le mot crédit vient du latin « credere » qui signifie « confiance ». Le sens attribué au terme « crédit » sera celui utilisé sur le marché financier. Il désigne des transactions en nature ou en espèce effectuées en contrepartie d’une promesse de remboursement, d’un engagement par signature tel qu’un aval, un cautionnement ou  une garantie dans un délai généralement convenu par avance. Bref, c’est un achat ou une location d’argent. Dans ce sens, le « crédit » renferme deux grands concepts: (i) une marque de confiance et (ii) une obligation ou dette. En effet, pour bénéficier du crédit, il faut être crédible, digne de confiance, et par ailleurs, il doit être restitué ultérieurement. Il est à noter que selon l’article 3 de la loi 2005-016 sur la microfinance, le crédit dans le cadre de la microfinance est un service financier de proximité offert à titre habituel à des personnes physiques ou morales, « nécessaire pour promouvoir ou soutenir des activités génératrices de revenus leur permettant d’améliorer leur niveau de vie, d’atteindre une meilleure intégration sociale et d’accéder à un développement humain durable ».

L’autonomie financière

Définition

L’autonomie financière signifie indépendance financière, c’est-à-dire la possibilité de ne plus recourir à des fonds externes (crédit) et d’utiliser ses propres fonds pour le fonctionnement de son entreprise. Rappelons que le recours à des fonds externes s’avère utile suite aux décalages temporels entre les achats et les ventes, ou entre l’installation d’une production et la première vente, donc entre les dépenses et les recettes dans le cycle d’exploitation, induisant ainsi un besoin de financement. C’est donc une question de disponibilité de liquidité au moment où les sorties d’argents sont nécessaires.

Indicateurs de l’autonomie financière 

Tableau de flux de trésorerie
Le flux de trésorerie ou Cash flow au sens anglo-saxon du terme, est obtenu par la différence entre les encaissements et les décaissements durant une période donnée. Le dressage d’un tableau de flux de trésorerie périodique (mensuel) permet alors d’identifier l’état de la trésorerie ou la disponibilité de liquidité tout au long du cycle d’exploitation. Cette notion n’est pas à confondre avec la capacité d’autofinancement (CAF) de l’emprunteur ou flux potentiel, et non réel, de la trésorerie, analysée lors de sa demande de crédit, qui permet d’évaluer seulement sa solvabilité et non son autonomie financière.

Crédit dégressif – épargne progressive
Pour une même exploitation dont la taille (en termes de superficie par exemple) est constante, l’atteinte progressive de l’autonomie financière se traduit par un crédit dégressif, et une épargne progressive.

Pour simplifier, la production est supposée fonction linéaire simple du temps et du financement (intrants). Quant au besoin de financement du cycle d’exploitation (BFCE), bien qu’il varie dans le temps, à chaque cycle, il n’est jamais inférieur à un certain « seuil ». Une production inférieure au BFCE implique un recours au fonds externes (crédit), tandis qu’une production supérieure couvrant le besoin permet de dégager un surplus (épargne) et rend possible l’autofinancement. Au temps T où la production atteint le besoin, l’autonomie financière commence. Bref, le crédit ne doit constituer qu’une étape pour arriver à l’autonomie financière.

Zone d’étude : Ambatondrazaka 

La Région d’Ambatondrazaka se situe entre 16°20 et 19°40 latitudes Sud et entre 47°85 et 48°90 longitudes Est. Elle est limitée par les Régions :
– Sofia au Nord ;
– Betsiboka au Nord Ouest ;
– Analamanga à L’Ouest ;
– Vakinankaratra au Sud Ouest ;
– Atsinanana au Sud, Sud Est, et à l’Est ; et
– Analanjorofo au Nord Est.
La Région comprend cinq districts :
– Ambatondrazaka ;
– Amparafaravola ;
– Andilamena ;
– Anosibe an’ala ; et
– Moramanga.

L’étude porte sur l’ensemble de la Région où le réseau OTIV intervient. Cependant, les caisses choisies se trouvant dans la Commune Urbaine d’Ambatondrazaka, à la fois chef lieu du District, elle serait plus concentrée sur le district d’Ambatondrazaka, notamment sur les axes : (i) Nord (Feramanga Avaratra, Ambandrika, Ambatosoratra); (ii) Sud (Ilafy) et (iii) Ouest (Ampitatsimo).

Pratique du crédit 

Crédits informels
Sont classés dans la catégorie de crédits informels, tout crédit provenant d’un acteur qui n’est pas autorisé à œuvrer dans ce domaine. Il peut être un particulier, un commerçant, un collecteur, ou même une société. Les conditions d’obtention de tels crédits étant souvent plus simples, car basées sur des relations personnelles (relation familiale, moralité sociale, …) sans exigence de garantie réelle, à part la récolte, ni de longues procédures administratives. Nombreux ménages en contractent pour lisser leurs besoins de trésorerie, surtout pour accomplir des devoirs sociaux (famadihana, …). Le plus souvent, les crédits ainsi contractés se remboursent en nature au moment de la récolte, et c’est le créancier qui collecte le recouvrement. Ce système de financement s’adapte bien au milieu culturel de l’emprunteur, sauf qu’avec le taux d’intérêt très élevé dissimulé dans le remboursement par la récolte, allant facilement à 100% mensuellement, nombreux paysans se sont surendettés via ce système.

Historique du financement rural
Comme dans toutes les régions de l’Ile, l’historique du financement rural est lié surtout à la politique de financement adoptée par l’Etat. La Région d’Ambatondrazaka a été particulièrement une zone d’investissement importante ciblée par la plupart des bailleurs de fonds (Banque Mondiale, AFD, BAD, Union Européenne, …). Depuis 1960, elle a connu plusieurs formes de financement, que ce soit des fonds provenant de l’Etat, ou d’autres organismes.

Part du financement public
Depuis l’indépendance, les tentatives de l’Etat à financer les ruraux qui constituent la majorité de la population sont légion. Il intervenait ainsi par l’intermédiaire des sociétés d’Etat (Sociétés de Crédit Agricole Mutuel (SCAM) en 1975), ou de Sociétés parapubliques, parfois via des banques nationales (Banque Nationale Malgache (BNM), BTM), ou des Programmes nationaux (projet de soutien au développement rural (PSDR), voire par des collectivités décentralisées (Fokontany, ou groupement de villages). L’approche était tantôt par groupement, tantôt individuelle. Actuellement encore, l’Etat intervient pour subvenir les agriculteurs, et les ruraux par le biais de la Direction Régionale de Développement Rural (DRDR).

Contribution du secteur privé
Depuis 1986, par la politique de libéralisation qui visait à responsabiliser les opérateurs économiques privés, le secteur bancaire était privatisé.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. CADRE GENERAL DE L’ETUDE
1.1. La culture de crédit
1.1.1. Conceptualisation
1.1.2. Les éléments de la culture de crédit
1.1.3. Triplet de la culture de crédit
1.1.4. Les sources de la culture de crédit
1.2. L’autonomie financière
1.2.1. Définition
1.2.2. Indicateurs de l’autonomie financière
1.3. Zone d’étude : Ambatondrazaka
1.4. Contexte de l’étude
1.4.1. Une Région majoritairement rurale et à vocation agricole
1.4.2. Pratique du crédit
1.4.3. Une région à faible pénétration des services financiers
1.5. La problématique et objectifs de l’étude
1.5.1. Problématique
1.5.2. Objectifs de l’étude
1.5.3. Hypothèses
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. L’OTIV Alaotra Mangoro
2.1.1. Historique et Envergure du réseau
2.1.2. Mission et objectif
2.1.3. Les produits de l’OTIV
2.1.4. Les caisses choisies
2.2. Les membres de l’OTIV Alaotra Mangoro
2.2.1. Critères de sélectivité des emprunteurs
2.2.2. Montant accordé aux bénéficiaires
2.3. Partenaires techniques de l’OTIV allouant des formations sur le crédit à leurs attributaires
2.3.1. Le projet BV Lac
2.3.2. Le programme PER
2.3.3. Le Crédit avec éducation FFIVE
2.4. Démarche méthodologique
2.4.1. Phase de recherches bibliographiques
2.4.2. La collecte des données
2.4.3. Le traitement des données
2.4.4. Conditions de réalisation du travail
3. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
3.1. Corrélation entre la fréquence de prêts et la culture de crédit
3.1.1. La fréquence de prêts
3.1.2. Evaluation de la culture de crédit des membres
3.1.3. Fréquence de prêts et niveau de culture de crédit
3.2. Impact de l’action des Organismes de développement sur la culture de crédit
3.2.1. Part de l’OTIV
3.2.2. Part des Organismes de développement
3.3. Typologie des exploitations et autonomie financière
3.3.1. Typologie des exploitants
3.3.2. Autonomie financière des exploitants
3.3.3. La culture de crédit et le genre
4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1. Quelles sont les conditions de réussite du crédit émanant de l’emprunteur ?
4.1.1. Utilisation efficace du crédit
4.1.2. Respect de l’échéance
4.1.3. Bonne appréhension des risques
4.2. Quelles stratégies pour améliorer le taux de réussite du crédit ?
4.2.1. Informer et former les membres
4.2.2. Améliorer la méthode d’intervention de l’OTIV
4.2.3. Améliorer le cadre global de l’intervention
CONCLUSION GENERALE
OUVRAGES CONSULTES
Liste des annexes
ANNEXES

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