La croissance urbaine est l’accroissement de la taille et de la population des villes impliquant des processus complexes : spatiale par la consommation d’espace accrue sur les marges de la ville par le développement de l’habitat, des zones d’activités et la création d’équipements et d’infrastructures. Démographique par l’association du bilan naturel et celui migratoire de provenance régionale, nationale ou l’étranger. La croissance urbaine ne s’est pas faite de la même manière dans le monde. Dans les pays développés, une première poussée surgit avec la révolution industrielle et ses conséquences sur le mode de transport. Ce phénomène combiné à une forte démographie, résultat des nouvelles inventions en médecine, les remparts de la ville éclatent et celle-ci avance dans la campagne. Dans la seconde moitié du 19ème siècle, l’apparition des banlieues liées à l’amélioration des moyens de transports (voiture personnel, métro, etc.) font que habiter en centre ville n’était plus une nécessité. Le retrait des hommes sera suivi par les équipements qui faute de place ou pour des raisons économiques se délocalisent vers la banlieue; la ville s’étale ainsi en tache d’huile. Londres en Europe et new-York en Amérique qui ont respectivement multipliés par 6 et par 25 leurs populations urbaines entre 1800 et 1900 illustrent l’urbanisation rapide de l’Europe. La deuxième poussée surgit dans la seconde moitié du 20ème siècle avec l’augmentation très rapide de la population urbaine. Si seulement 6 agglomérations dépassaient 5 millions d’habitants en 1900, ils sont une trentaine dans les années 90 et une soixantaine au début du millénaire. Si d’après CHASTELAND «le tiers de la population mondiale vit dans les villes de plus d’un millions d’habitants et 10% dans les mégalopoles de plus de 8 millions d’habitants en 1990» , à l’aube du 21ème siècle ces chiffres sont largement dépassés. Dans les pays du sud, même avec un retard, le processus d’urbanisation est encore plus rapide. L’explosion démographique de ces 50 dernières années, les difficultés survenues dans les campagnes et l’accès facile à la ville facilité par l’amélioration des moyens de transports font que la population urbaine s’accroît trois fois plus vite que celle des pays développés. Dans les années 60, les pays du nord était urbanisés à près de 80% tandis ceux du sud étaient composés à 80% de ruraux. A la fin du 20ème siècle, le taux d’urbain égal celui des ruraux dans les pays du sud.
URBANISATION DE MBOUR
Remontant au 18ème siècle, la ville de Mbour à l’instar de Touba, Richard-Toll a connu une urbanisation très rapide. Soutenu par certains facteurs, cette urbanisation se traduit d’une part par une évolution rapide de la ville entretenue par une croissance démographique très forte. D’autre part par un dynamisme des piliers du secteur économique notamment la pêche, le tourisme l’artisanat et le commerce.
L’EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE DE MBOUR
Croissance démographique d’une ville
L’une des principaux facteurs de la croissance urbaine est l’évolution de sa population. Cette évolution s’explique d’une part sa croissance naturelle qui a l’image de celle de la population sénégalaise est très forte (2.4%). Même avec une régression de 1988 et nos jours passant de 6.6 % à 5.7%, la fécondité reste quand même élevée au Sénégal. Elle est plus importante en milieu rural qu’en milieu urbain même si le taux de natalité reste plus important en ville à cause de la jeunesse de la population qui est le résultat d’un fort mouvement migratoire. Ces mouvements migratoires expliquent d’autre part la croissance urbaine. Le solde migratoire qui est la différence entre les entrées et les sorties de population dans une ville est en général positive en milieu urbain et négative en milieu rurale. Les difficultés survenues dans les campagnes et l’attractivité des villes à travers les services offertes ont contribué à un transfert important de population de la périphérie (intérieur du pays) vers le centre (l’ouest du pays et le littoral surtout) où se concentre l’essentiel de l’armature urbaine sénégalaise. Ce mouvement de population est surtout facilité par l’amélioration des moyens de communication. La ville de Mbour n’échappe pas à cette logique car elle a connu depuis sa création d’important mouvement migratoire au solde largement positive. Quelques éléments peuvent expliquer ce phénomène qui est en grande partie à l’origine de sa croissance démographique.
EVOLUTION SPATIAL DE MBOUR
De son implantation à nos jours Mbour n’a cessé de voire sa superficie augmentée. Cette évolution s’est opérée en quatre grandes étapes selon le rapport provisoire du contrat de ville de la commune de Mbour réalisé par la cabine CABEX SARL à la demande de l’ADM (l’Agence de Développement Municipale). Ces quartes grandes phases sont :
Avant la période coloniale
La première étape de cette évolution spatiale va de premières installations des populations à l’arrivée des Français en 1922. Durant cette période l’occupation du site se limitait essentiellement au littoral avec les implantations ou campements des premiers occupants. Ils furent d’abord les Sérères non islamisés qui délimitèrent par le feu des zones d’habitats et les champs de cultures. Ils seront suivit par les Socés venus de la Casamance et de la Guinée Bissau. Se sont eux qui bâtissent l’emplacement BUUR du nom de leur village d’origine. Ces Socés s’intégrèrent ensuite à la communauté initiale qui leur offris des terres. Les Lébous suivirent les Socés et s’adonnèrent à la pêche. Ils se fixèrent à gandiane, localité, qui avec ndedele, nenef et toundiane constituèrent les noms de premières installations disparus à nos jours. Cette étape est essentiellement caractérisée par un faible taux d’occupation de l’espace.
De 1922 à 1945
Ce période débute avec l’installation de l’administration coloniale. Cette administration bouleverse profondément la structure urbaine de Mbour par des opérations de déguerpissements consécutives. Suite à ces déguerpissements de nouveaux quartiers virent le jour. C’est ainsi qu’une partie des Sérères de l’escale se déplacèrent au sud des emplacements d’origine pour fonder les actuels quartiers de Mbour sérère 1 et 2 ; les Socés se dirigèrent à l’ouest pour donner naissance au quartier Santessou et Thiocé ouest. Pendant ce temps les Lébous créèrent au nord de l’escale TEFESS. Cette période a également vu la fondation du quartier Mbour toucouleur par les toucouleurs qui comme les Lébous étaient attirés par les potentialités économiques de la ville naissante.
De 1945 à 1976
Les installations se sont poursuivis durant cette période rendant le tissu urbain plus étoffé. Des quartiers comme Darou Salam fondé par un religieux originaire de Saint Louis et Mbourmaure ont vu le jour durant cette période. Les maures ont suivi l’exemple des Toucouleurs en fondant leur quartier. C’est également pendant cette période que la ville a connu une extension rapide et aréolaire à partir du noyau originel formé autour d’escale.
De 1976 à nos jours
L’extension s’est poursuivie durant cette étape. Elle s’est surtout effectuée au Nord et à l’Est de ville du faite de la mer qui limite toute possibilité d’extension à l’Ouest. Cette extension s’est faite à partir de la forte croissance spatiale qu’ont connue les quartiers centraux et péricentraux comme Thiocé Est et Ouest, Téfess et Onze Novembre. Suite à cette forte croissance, ces quartiers ont donné naissance à des sous quartiers comme Diameguene1 et Médine pour Thiocé Ouest ; Diameguène 2, Santhie et Oncad pour Thiocé Est ; Château d’Eau Nord, Château d’Eau Sud et Grand Mbour pour Onze Novembre. Pendant cette période la superficie de la ville a connu une évolution exponentielle passant de 5229ha en 1978 à 845,5ha en1989 pour atteindre 1725ha 1999. Si en 1994 ont dénombre 11654 parcelles à Mbour, leur nombre est passé à 22785 en 1999. Cette croissance spatiale qui s’est opérée en grande partie sur les terres de la communauté rurale de Malicounda suscite de réelle tension entre les deux entités administratives.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : URBANISATION DE MBOUR
CHAPITRE 1 : DEVELOPPEMENT DEMOGRAPHIQUE ETSPATIALE DE MBOUR
I. L’EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE DE MBOUR
II. EVOLUTION SPATIAL DE MBOUR
CHAPITRE 2 : LES FACTEURS DE LA CROISSANCE URBAINE DE MBOUR
I. LES FACTEURS HISTORIQUES
II. LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES
III. LES FACTEURS ECONOMIQUES
CHAPITRE 3 : DYNAMISME ECONOMIQUE DE MBOUR
I. LA PECHE
II. LE TOURISME
III. LE COMMERCE ET L’ARTISANAT
DEUXIEME PARTIE : LA POLARISATION DE MBOUR
CHAPITRE 1 : LES FACTEURS DE LA POLARISATION DE MBOUR
I. AU NIVEAU ADMINISTRATIF
II. AU NIVEAU INFRASTRUCTUREL
III. AU NIVEAU ECONOMIQUE
CHAPITRE 2 : MOBILITE ET RELATIONS VILLE-CAMPAGNE
I. IMPACT DE L’URBANISATION DANS LA MOBILITE VILLE CAMPAGNE
II. LA MOBILITE DANS LE DEPARTEMENT DE MBOUR
III. POLARISATION DE MBOUR
CHAPITRE 3 : LES ECHANGES COMMERCIAUX
I. IMPACT DE L’URBANISATION DANS LES ECHANGES COMMERCIAUX
II. APPROVISIONNEMENT DE MBOUR
III. APPROVISIONNEMENT DES COMMUNAUTES RURALES
TROISIEME PARTIE : LA QUESTION FONCIERE
CHAPITRE 1 : LES SPECULATIONS ET LITIGES FONCIERS
I. LES SPECULATIONS FONCIERES
II. LES LITIGES FONCIERS
CHAPITRE 2 : LES PROBLEMES DE LIMITES ADMINISTRATIFS
I. LE CAS MBOUR/MALICOUNDA
II. LE CAS JOAL/NGUENIENE
CHAPITRE 3 : L’INTERCOMMUNALITE
I. LA PROBLEMATIQUE DE L’INTERCOMMUNALITE
II. LES AUTRES FORMES DE COOPERATION
III. L’INTERCOMMUNALITÉ DANS LE DEPARTEMENT DE MBOUR
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLEAUX DES ILLUSTRATIONS
ANNEXES