LA CRISE DE L’EURO, UN CAS D’UN LARGE INTERET THEORIQUE

DIFFICULTÉ DE SAISIR LA RÉALITÉ, LE MULTIPLE ET LE UN

                   L’enseignement de Eric Mandrara, qui intègre certaine philosophie, qu’il appelle philosophie de l’ordre, commence par nous montrer que la réalité est difficile à saisir. La connaissance économique est piégée par la multiplicité, ensuite par la confusion de la micro et de la macroéconomie. Il faut à la fois constater le multiple, ne pas l’ignorer, et le dépasser, c’est-à-dire atteindre le un. Qu’est-ce qui est multiple ? D’après la propédeutique de notre cours d’économie politique : les apparences, les réalités (vraies), les idées. C’est quoi le un ? Par rapport aux apparences, le un est la réalité. Vis-à-vis des réalités mêmes, qui sont multiples, le un c’est leur ordre. Vis-à-vis des idées contradictoires, le un c’est la vérité. Le un n’est pas un ensemble, une juxtaposition, le un est un principe unificateur, et l’effort principal d’une science revient à découvrir « dans la foule infinie de détails… les principes simples de la matière, l’élément conceptuel qui les pousse et les dirige. » Application : La science physique confirme cette vérité reconnue par tous les grands philosophes et formulée ici par Hegel. Dans ce domaine, le « principe simple » qui fournit le plus d’explications est la gravitation, la dynamique des champs. Le un ne s’assimile pas à une simple affirmation d’un ensemble uni, d’un ciel ou d’un corps économique, mais au discernement d’une réalité qui soit la plus déterminante des autres réalités, qui soit la pierre angulaire de la dynamique de l’ensemble. Dans le domaine social, le un, la réalité angulaire la plus déterminante, est donc la division du travail. Adam Smith était très conscient de cette obligation scientifique à unifier, et à comprendre que le un est un principe unificateur. Il écrivait ceci, antérieurement à Hegel : « Dans les premiers siècles de la vie sociale… les hommes se souciaient peu de découvrir ces chaînes cachées d’évènements qui unissent ensemble les apparences naturelles dont la liaison ne frappe pas au premier abord… [Après les périodes de superstition, prit place la philosophie], cette science qui se propose de mettre à découvert les liaisons secrètes qui unissent les apparences si variées de la nature. »4 C’est dans cette disposition que la science économique à sa naissance a très tôt découvert les principes les plus déterminants de sa matière.

NOTION DE FACTEUR DYNAMIQUE

                Il ressort de la lecture d’Adam Smith et de nos cours que cette société marchande, de division du travail, connaîtra en permanence le problème de difficulté à l’emploi. L’économie politique devient principalement une science de l’emploi, constatons le titre de l’œuvre de Keynes. Mais il s’agit d’emploi dans les conditions marchandes. Nous comprenons d’après Adam Smith qu’il faut quelque chose pour pouvoir employer, et il répond immédiatement : il faut des valeurs préalablement accumulées, soit le capital. Le choix de Eric Mandrara consiste à dire qu’au lieu d’adopter immédiatement cette réponse il faut conceptualiser seulement d’abord qu’il faut quelque chose, quelque chose que l’on pourrait appeler d’une manière générale de « facteur dynamique ». Cette expression de « facteur dynamique » est présente dans la Théorie générale de Keynes. Ici elle est utilisée avec un sens légèrement différent.

LA RÉVOLUTION FIDUCIAIRE ET LES PLUS GRANDES INVENTIONS

                      L’historiographie a l’habitude de parler de révolutions politiques, révolution industrielle, révolution scientifique, révolution technologique, mais pas de révolution fiduciaire ni d’inventions financières gravitant autour de celle-ci. Si l’on pose bien la chaîne des valeurs ou la hiérarchie dans les nécessités des choses, il ne doit laisser aucun doute que la révolution fiduciaire soit la plus grande et que les institutions formées dans son déroulement constituent les inventions les plus importantes de l’ère moderne. Ce sont elles d’abord qui ont permis de mobiliser, favoriser les industries ensuite, les inventions techniques. La révolution fiduciaire a fait passer l’humanité à une autre monnaie, et que cette autre monnaie lui permet de procéder à des créations monétaires sans commune mesure avec ce qui existait auparavant. Le système fiduciaire est un système complexe de création monétaire ; à l’encontre de la théorie classique, il doit être entendu qu’il n’est pas à titre principal un système de circulation de capitaux, que ne pourrait pas avoir par exemple une économie socialiste en reconversion, qui manquerait soi disant de base capitalistique. Les inventions fiduciaires – appelons les ainsi – sont apparues au sein d’un processus continu d’innovations. Il faut considérer les effets combinés du système bancaire à étages, de la monnaie de règlement final élastique20 (monnaie fiduciaire), des bourses, des sociétés par actions. Le système bancaire stratifié (avec une banque centrale) permet l’existence de la monnaie élastique. Sur la base de ces deux institutions, les banques primaires font aisément des crédits, leurs prêts sont plus faciles encore pour les sociétés par actions, parce que contrairement avec les entreprises personnelles, elles peuvent ici transformer à loisir leurs créances non remboursées en actions de participation et les récupérer en bourse, elle-même élément important du dispositif. Les inventions ont pour substances la combinaison comme telle de ces éléments, les techniques de leur mise en œuvre, de leur fonctionnement, la mise au point d’instruments, de modes d’emploi variés, les adaptations successives dans tous les échelons du système. Les changements ont dû se dérouler concrètement par des innovations par petites touches sur des instituions apparemment vieilles mais que l’on replace dans de nouvelles combinaisons, avec une nouvelle signification. Les sociétés ou compagnies étaient rares auparavant, et le pouvoir politique les réglementait fortement, étant donné le danger qu’elles représentent pour lui, en tant que regroupement de puissance économique. Par la maturation du système, on a été poussé à relâcher : bientôt les sociétés ne sont plus créées sur autorisation de lois ou ordonnances, mais par des licences réglementaires, et plus tard sur simple déclaration des fondateurs. Les inventions fiduciaires ne peuvent pas être datées d’une manière précise, car prises séparément, les banques, les circulations de papier, la bourse, les sociétés ou compagnies existaient depuis longtemps. Mais leur combinaison, leur mise en synergie, la nouvelle structure bancaire et finalement le nouveau visage et la nouvelle signification de ces institutions sont des réalités totalement nouvelles. Ce système, dans sa nouveauté, s’est forgé durant le déroulement de la révolution en question, il n’existait pas auparavant.

INTERVENTION DE LA BCE

                    La BCE est intervenue auprès des banquiers et des assureurs en les aidants à assainir leurs comptes. Elle a prêté aux établissements bancaires pour plus de 1000 milliards d’euros de liquidités au taux de 1%.30 Face à la crise, la BCE a joué un rôle essentiel. Elle a réduit ses taux d’intérêt de 4,25% à 0,75% afin de relancer l’activité. Elle a également racheté aux investisseurs qui les avaient souscrites des obligations de pays en difficulté. Près de 190 milliards d’euros ont été engagés de la sorte. 31 Dans la même optique, la BCE et les autres banques centrales de la zone euro renoncent également aux plus-values sur les obligations grecques qu’elles détiennent. Enfin, la BCE s’autorise à acheter de la dette publique sur le marché. Le 10 mai, la BCE décide de permettre aux banques centrales de la zone d’acheter de la dette publique et de la dette privée sur les marchés secondaires. Ce qui est contraire aux principes de l’Union monétaire européenne cités dans les articles du traité de Maastricht concernant la BCE vues dans la section précédente. Elle peut le faire sans limite.32 En décembre 2010, la BCE qui a acheté pour 72 milliards d’obligations d’État demande un doublement de son capital. Le 16 décembre le Conseil des gouverneurs décide d’augmenter le capital qui s’élevait à 5,76 milliards d’euros de 5 milliards d’euros pour le porter à 10,76 milliards en plusieurs étapes s’étalant jusqu’à la fin de l’année 2012. 33 Pour faire face à la volatilité des «taux de change, des taux d’intérêts et des risques de crédit», la BCE laissera le seuil minimal des collatéraux au grade d’investissement BBB- audelà de la fin 2010. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet précisa au parlement européen que « le conseil des gouverneurs de la BCE a l’intention de laisser le seuil minimal des collatéraux au grade d’investissement BBB- au-delà de la fin 2010 ». En octobre 2011, le sommet de la zone euro a débouché sur un ensemble de mesures dont l’effacement de 50% de la dette grecque envers ses créanciers privés. Les banques et fonds d’investissements privés qui détiennent de la dette grecque ont accepté de renoncer volontairement à 50% de leurs créances sur la dette du pays d’ici 2020 : A partir de janvier 2012, ils échangeront leurs obligations de dette grecques contre d’autres dont la valeur sera diminuée de moitié.34 En 2013, la BCE a abaissé son taux directeur à son taux historique le plus bas de 0,5%. La tendance de la zone euro face à la crise financière est plutôt mercantiliste. La BCE est intervenue de plusieurs manières en appliquant différents instruments de la politique monétaire. Elle a acheté de la dette publique des pays en difficulté et a permis aux banques centrales des pays de la zone euro de faire de même afin de calmer le marché. Elle a baissé à plusieurs reprises ses taux d’intérêts. Elle a aidé des banques et assureurs à assainir leurs comptes. Elle a aussi convaincu les créanciers privés dont les banques privés à annuler 50% de leurs créances grecques avec l’aide de la commission européenne. Ces interventions au niveau du secteur privé est contraire à la tendance classique des textes de l’Union Européenne.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I- THÉORIE ET PRATIQUE ÉCONOMIQUES, AU NIVEAU GÉNÉRAL
SECTION 1- RÉALITÉ ET CHOIX DE REPRÉSENTATION DE BASE
1- DIFFICULTÉ DE SAISIR LA RÉALITÉ, LE MULTIPLE ET LE UN
2- CHOIX D’ADAM SMITH, LA DIVISION DU TRAVAIL ET LA DYNAMIQUE MARCHANDE
3 – NOTION DE FACTEUR DYNAMIQUE
4 – CHOIX THÉORIQUE DE BASE, CAPITAL OU MONNAIE ?
5 – THÉORIE CLASSIQUE
SECTION 2 – LES FAITS ET LES PRATIQUES
1 – CONSTANTE DE BASE DANS UNE ÉCONOMIE MARCHANDE QUI SE DÉVELOPPE
2. HISTOIRE
3 – LES RÉALITÉS QUI ÉCHAPPENT À LA CONNAISSANCE CLASSIQUE
4- LA RÉVOLUTION FIDUCIAIRE ET LES PLUS GRANDES INVENTIONS
5- D’OÙ VIENT LA PUISSANCE DES ÉCONOMIES DE RÉFÉRENCE ?
CHAPITRE II- THÉORIE ET PRATIQUE AU DÉPART DE LA CRÉATION DE L’EURO 
SECTION 1 – LES MOTIVATIONS MERCANTILISTES AU DÉPART
1- RAPPEL DE L’ARTICLE
2- ANALYSE DE L’ARTICLE
SECTION 2 – LES DISPOSITIONS EFFECTIVES RESTRICTIVES
1- EXTRAITS DU TRAITÉ DE MAASTRICHT
2- PACTE DE STABILITÉ ET DE CROISSANCE
3- LE POUVOIR DONNÉ A LA BCE
CHAPITRE III – THÉORIES ET PRATIQUES AUTOUR DE LA CRISE DE LA ZONE EURO
SECTION 1- CAUSE CIRCONSTANCIELLE DE LA CRISE DE LA ZONE EURO
SECTION 2- LES ACTIONS RÉELLES MENÉES PAR LES PAYS DE LA ZONE EURO
SECTION 3 – INTERVENTION DE LA BCE
SECTION 4 – LES AIDES FINANCIÈRES AUX PAYS EN DIFFICULTÉ
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

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