LA CRISE DE LA “ VACHE FOLLE ”

LA CRISE DE LA “ VACHE FOLLE ”

La crise de 2000

Point de départ, l’affaire Soviba

Carrefour La montée d’angoisse et d’indignation qu’avait engendrée la crise de la “ vache folle ” 1996, s’est apaisée au fil des années. A la veille de la crise 2000, le contexte semble plus calme, la “ vache folle ” fait régulièrement l’objet d’articles, en particulier sur l’avancée des recherches et l’allongement de la liste des MRS (matériel à risque spécifié). Mais, alors que la consommation de viande bovine semblait repartir, l’affaire Soviba Carrefour va relancer le processus engagé quelques années auparavant. Ainsi C. Fischler écrit à propos de la crise de 1996, “ les craintes, les anxiétés, les indignations ne sont pas levées. Elles sont au contraire enfouies, provisoirement refoulées. Elles continuent de s’accumuler dans les sous-sols de la conscience et de l’imaginaire comme une poche de gaz délétère. ”
Un article paru dans Le Monde, daté du 24 octobre résume les évènements (100) : “ Un négociant en bestiaux de l’Eure a été écroué dimanche 22 octobre, ainsi que son fils. Mis en examen pour “ tentatives de tromperie sur les qualités substantielles de la marchandise pouvant rendre cette marchandise dangereuse pour la santé de l’homme ”, ils sont soupçonnés d’avoir dissimulé l’état de santé d’un bovin atteint d’ESB présenté à un abattoir. Une partie du troupeau d’origine de cette bête avait été abattu, et sa viande avait été écoulée dans les magasins du groupe Carrefour. Devant la menace créée par l’événement, le groupe Carrefour a décidé d’appliquer “ le principe de précaution extrême ” en rappelant tous les abats et tous les steaks hachés produits par la société Soviba. Le distributeur s’inquiète du délai d’alerte anormalement long – entre la mise sur les rayons de la viande suspecte et l’ordre de retrait. L’affaire relance la polémique sur la possibilité d’une mise en place d’un dépistage systématique de la “ vache folle ” dans les abattoirs.”
Cette affaire relance plusieurs problèmes, notamment le fait qu’une vache malade puisse entrer dans la chaîne alimentaire. Par ailleurs la question de l’innocuité de la viande d’une vache dite folle fait la une de l’actualité.

L’amplification médiatique

 émission télévisée “ La vache folle, la grande peur ”

L’affaire Soviba-Carrefour est relayée, deux semaines plus tard, par une émission de télévision, qui va marquer les esprits (99). Cette émission est diffusée sur M6, le lundi 6 novembre en première partie de soirée, avec comme principales questions : “ faut-il avoir peur ? ”, “ qui sont les responsables ? ”, “ nous cache-t-on quelque chose ?”.
(i) Les invités Sur le plateau sont invités : un membre du gouvernement, J. Glavany, le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche ; des scientifiques, J. Brugère-Picoux, professeur de pathologie du bétail à l’ENVA (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort) et J.P. Brandel, neurologue et des représentants de la filière viande bovine, P. Perrin de confédération française de la boucherie et F. Montecot du syndicat national des industriels de la nutrition animale.
(ii) 2 Thèmes principaux Les deux thèmes développés sont la nouvelle variante de la maladie de CreutzfeldtJacob (nvMCJ) et les farines de viande et d’os (FVO).
Deux reportages sont consacrés aux victimes humaines, Arnaud 19 ans, le troisième cas supposé en France et les malades britanniques. Des mots forts sont utilisés “ grabataire, nourri par sonde, incontinent, pas de communication, empoisonnement, mensonge ” et des images chocs remplissent les écrans, photos des victimes en mentionnant leur prénom et leur âge, évolution de la maladie chez Pamela 22 ans. Les images frappantes diffusées lors de l’émission seront reprises par les journaux, en particulier pour insister sur la gravité de la maladie et sur ses conséquences. Ainsi on peut lire dans Ouest-France, le 8 novembre : “ Arnaud a 19 ans. Lundi soir, les caméras de M6 scrutent son corps effondré. Ses parents l’entourent. Images poignantes. ” (72)
L’autre sujet consacré aux farines animales sera repris par les médias dans un deuxième temps, au moment où la crise passera au stade de l’affaire avec la recherche de responsables. Les reportages dénoncent en particulier, images à l’appui, les conditions de stockage et de transport des FVO ainsi que l’existence de filières d’importation illégales en Belgique. Par ailleurs ils montrent le travail de différentes administrations comme la BNEVS (brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et sanitaires), la cellule “ vache folle ” de la gendarmerie et la DGCCRF (direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes).

Emission télévisée “ Mots croisés ” sur la vache folle D’autres émissions feront l’objet du même sujet, mais il faut noter que l’émission de M6 a beaucoup marqué les esprits, du fait des images choquantes et poignantes de ces individus frappés par la nvMCJ. En effet personne ne peut rester insensible à des images de malades en stade terminal, que ce soit de la nvMCJ ou d’une autre maladie. F2 diffuse une semaine plus tard une émission, où on retrouve les mêmes interrogations, “ tout le monde s’interroge ”, “ peur d’être contaminé ”, “ peur pour ses enfants ” (85).
Les invités viennent d’horizons différents, des politiques, des professionnels de la filière viande bovine, des scientifiques et des journalistes. Cette émission traite des mêmes sujets que M6, la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob et les farines animales. Mais elle essaye aussi dans un premier temps de clarifier les choses, de donner des informations aux consommateurs sur les MRS et elle insiste sur l’ensemble des mesures de lutte prises en France, en particulier le réseau d’épidémiosurveillance et le programme pilote de dépistage de l’ESB.

Suivi de la crise par la presse écrite
(i) Deux journaux, Le Monde et Ouest-France Afin d’étudier la médiatisation de la crise de “ la vache folle ” 2000, nous nous sommes intéressé plus particulièrement à deux journaux, un national, Le Monde et un plus régionnal, Ouest-France, très diffusé dans le Grand-Ouest. Ces deux journaux n’ont pas abordé le problème de la même façon, peut-être en partie parce que Ouest-France est plus proche du monde de l’élevage et de l’agriculture. La majorité des articles traitant de l’encéphalopathie spongiforme bovine ou de la crise dans ces deux journaux ont été recensés et cette revue de presse a été utilisée pour suivre le traitement de la crise par les médias. Ainsi comme le montre le tableau n°2, une première différence apparait dans le nombre d’éditions consacrant un ou plusieurs articles à la crise de “ la vache folle ”.

Table des matières

PLAN LISTE DES ABREVIATIONS LES PLUS SOUVENT CITEES
INTRODUCTION
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE
I. LA FILIERE VIANDE BOVINE FRANÇAISE
A. PRESENTATION GENERALE
1. Définitions
a) La chaîne alimentaire
b) Les filières alimentaires
2. Les différentes étapes de la filière viande bovine
a) La production
b) L’abattage
c) La transformation
d) La distribution
e) La consommation
3. Quelques chiffres sur la filière viande bovine française
B. L’ABATTOIR
1. Définition et place dans la filière viande bovine
a) Définition
b) Quelques chiffres
c) Les différentes étapes
2. Historique
a) Les grandes étapes
b) Les circuits de commercialisation de la viande (10)23 3. Les professionnels de l’abattoir
a) Les différents acteurs
b) La formation professionnelle
C. LES CONTRAINTES ET LES EXIGENCES EN ABATTOIR
1. Contraintes économiques
2. Exigences sanitaires
a) Un problème, la contamination superficielle des carcasses (29)
b) L’hygiène
c) L’inspection sanitaire
3. Exigences éthiques et morales
II. LA CRISE DE LA “ VACHE FOLLE ”
A. L’ENCEPHALOPATHIE SPONGIFORME BOVINE
1. Les ESST
2. L’ESB
3. L’ESB et la nouvelle forme de la MCJ
B. CHRONOLOGIE D’UNE CRISE
1. La crise de 1996
a) Le premier cas d’ESB et ses conséquences
b) Point de départ, l’annonce du 20 mars 1996
c) Les mesures règlementaires de lutte contre la maladie de la vache folle
d) La couverture médiatique
2. L’entre deux crises
a) Les aides apportées à la filière viande bovine
b) Les mesures réglementaires de lutte
c) La consommation de viande bovine
3. La crise de 2000
a) Point de départ, l’affaire Soviba – Carrefour
b) L’amplification médiatique
c) La crise devient politique
d) La crise dépasse les frontières de la France et de l’Europe
e) La crise prend une tournure juridique
C. LES REACTIONS DES CONSOMMATEURS EN 1996 ET EN 2000
1. La chute de la consommation de viande
2. Le comportement des Français face à la crise de “ la vache folle ”.
a) La réaction des consommateurs-citoyens en 1996 , entre dégoût et indignation
b) Résurgence plus forte des peurs alimentaires au cours de la crise 2000
3. Une crise de confiance profonde
a) Entre les consommateurs et les pouvoirs publics
b) Entre les consommateurs et les scientifiques
III. LA PERCEPTION DU RISQUE
A. DEFINITIONS
1. Le danger et le risque
a) Définitions
b) Confusion entre danger et risque
2. Définition de la perception du risque
B. LES RAPPORTS DE L’HOMME A L’ALIMENTATION
1. Des relations particulières
a) Définitions50 b) L’espace social alimentaire
c) L’acte d’incorporation
d) L’homme, la nature et l’agriculture
2. Les aliments, des OCNI
a) Le paradoxe de l’omnivore
b) Les OCNI.54 3. Une nouvelle conception de l’alimentation
C. FONCTIONNEMENT DE LA PERCEPTION DU RISQUE
1. Les facteurs d’indignation propres au risque
2. Les facteurs d’indignation propres au sujet
3. Les facteurs d’indignation propres à l’alimentation
D. APPLICATION A LA CRISE DE LA “ VACHE FOLLE ” 2000
1. De la perception du risque à la crise
2. La crise de “ la vache folle ” 2000
CONTRIBUTION PERSONNELLE
I. OBJECTIFS DE L’ENQUETE ET DU QUESTIONNAIRE
A. LES ENQUETES EN FRANCE
B. LES OBJECTIFS DE L’ENQUETE
C. OBJECTIFS DU QUESTIONNAIRE
1. Objectifs généraux
2. Objectifs détaillés
II. REALISATION DE L’ENQUETE
A. CONSTRUCTION DU QUESTIONNAIRE
B. COLLECTE DES INFORMATIONS ET TRAITEMENT DES DONNEES
1. Collecte des informations
2. Méthode d’analyse
C. RESULTATS DE L’ENQUETE SUR L’ECHANTILLON DE PROFESSIONNELS
1. Analyse des données
a) Récolte des données
b) Présentation des personnes interrogées
2. Interprétation des principaux résultats
a) Connaissances sur la maladie de “ la vache folle ”
b) Opinion sur la maladie de “ la vache folle ” et la filière viande
c) Les faits
d) Le comportement alimentaire
3. Validité et qualité des résultats
III. DISCUSSION
A. CONCLUSION DE L’ENQUETE SUR L’ECHANTILLON DE PROFESSIONNELS
1. Atteinte des objectifs
2. Conclusion
B. COMPARAISON DES RESULTATS
1. Enquêtes sur les Français et l’alimentation
a) Les enquêtes utilisées
b) Les Français et l’alimentation à la fin du vingtième siècle
2. Comparaison
a) Les connaissances sur l’ESB
b) Opinion
c) Faits
d) Comportement alimentaire
3. Conclusion
4. Perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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