La crise de la COVID-19
Le début de la crise de la COVID-19
Entre octobre et décembre 2019, la Chine a vu apparaître des cas de pneumonie d’étiologie indéterminée dans la région de Wuhan. Le 7 janvier 2020, elle déclarait avoir mis en évidence une nouvelle souche de Coronavirus, désignée sous le nom de SARS-CoV-2. Ce n’est que le 11 février qu’elle fut nommée COVID19 par l’OMS. Les premiers cas en dehors de la Chine ont été diagnostiqués à partir de la mi-janvier 2020 au Japon, en Corée du Sud, en Thaïlande, au Viêt-Nam et aux États-Unis. Il s’agissait de voyageurs ayant séjourné à Wuhan. Rapidement, l’ensemble des pays du monde recensa des cas de COVID-19. Le 30 janvier 2020, la COVID-19 fut déclarée comme « une urgence de santé de publique de portée internationale » .
Le début de la crise en Europe
Les premiers cas européens ont été détectés sur le territoire français le 24 janvier 2020. Il s’agissait de voyageurs en provenance de Wuhan. Dans ce contexte, les autorités sanitaires et le gouvernement réalisèrent des points d’information quotidiens à destination des Français (2) et une campagne sur les gestes barrières fut mise en place selon les recommandations de l’OMS (3). Les Français qui se trouvaient à l’étranger, et notamment en voyage en Chine, furent rapatriés et mis en quarantaine pour une durée de 14 jours. Rapidement, la propagation du virus s’intensifia. L’Europe, qui après la Chine enregistrait le plus grand nombre de cas et de décès de la planète, devint l’épicentre de la pandémie.
L’Italie fut le premier pays européen à se heurter à une vague de patientsinfectés par la COVID19, ce qui entraîna une saturation rapide des hôpitaux. Les premières mesures de confinement furent instaurées dans le nord du pays dès la fin février 2020. Pour limiter la propagation, les manifestations culturelles et sportives ont été annulées. Les voyages et les déplacements ont été limités, et certains pays ont fermé leurs frontières.
Le 11 mars 2020, la COVID-19 fut déclarée pandémie par l’OMS. En seulement 3 mois, environ 120.000 personnes ont été contaminées dans 114 pays et plus de 4.000 décès furent recensés. Cette déclaration de l’OMS marqua un tournant dans la stratégie de lutte contre la COVID-19. Les pays furent appelés à redoubler d’effort pour dépister, isoler et traiter les patients atteints de la COVID-19, et recenser les cas contacts .
Les mesures mises en place en France
Le 12 mars 2020, le président Emmanuel Macron déclara la fermeture des établissements scolaires, limita les rassemblements, interdit les visites en EHPAD et encouragea le télétravail. Il annonça la mobilisation de l’ensemble du personnel soignant. Les personnes âgées de plus 70 ans, les personnes présentant des pathologies chroniques ou des troubles respiratoires et les personnes en situation de handicap furent invitées à rester à domicile (5). Le premier confinement fut instauré 1 semaine plus tard. Les rassemblements furent interdits et les lieux dits « non indispensables » contraints de fermer. La situation s’aggrava notamment dans le Grand Est, les Hauts-de-France, l’Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes (6). Le plan blanc fut déployé au niveau national. Les soins non-urgents furent déprogrammés (consultations, interventions) et les hôpitaux de jour fermés. Ces modifications ont permis de renforcer lepersonnel soignant dans les unités de soins intensifs et de réanimation. La mobilisation de l’ensemble des établissements de santé (privés et publics) et la création d’un hôpital militaire provisoire permirent l’ouverture de lits de réanimation supplémentaires. Ainsi, en avril 2020 dans le Grand Est, leur nombre augmenta de 70 %. Des patients furent transférés des régions Île-de-France et Grand Est vers les régions encore peu impactées par le virus ou vers les pays frontaliers comme l’Allemagne .
Devant cet afflux massif de patients, le personnel soignant a dû faire face à de nombreuses difficultés, pourvoyeuses de stress et d’anxiété (8). Les réaffectations ont contraint les professionnels de santé à une adaptation rapide à un nouvel environnement de soins, à la création de nouvelles équipes et à l’acquisition accélérée de nouvelles connaissances. Les questions relatives à l’éthique soulevèrent de nombreuses interrogations au sujet de la hiérarchisation du matériel et des soins délivrés aux patients.
Les équipements de protection individuelle
Les équipements de protection individuelle (EPI) étaient au centre de tous les débats. Dès le début du mois de mars 2020, des ruptures de stock sont apparues à l’échelle mondiale. Devant un sous-équipement du personnel soignant de première ligne, mettant en danger leur propre santé et celle des patients, l’OMS appela les pays et les fabricants d’EPI à augmenter leur production de 40 % (9). Le gouvernement français réquisitionna les stocks de masques pour les professionnels de santé et le prix des gels hydroalcooliques fut bloqué afin d’éviter les abus (10). Initialement, le ministère de la santé recommanda une protection maximale pour le personnel soignant (11). Il encouragea l’utilisation de masques respiratoires de type FFP2, de gants à usage unique, de lunettes de protection, de surblouses et de charlottes. Ensuite, ces recommandations ont évolué : le masque FFP2 ne fut plus utilisé que dans les situations de geste invasif ou d’aérosol, et les gants furent réservés aux situations de contact avec des liquides biologiques ou une peau lésée. La durée maximale d’utilisation des masques augmenta. Les stocks de masques FFP2, commandés lors de l’épidémie de grippe A (H1N1) et souvent périmés, furent utilisés. Ces consignes évoluèrent au fur et à mesure des découvertes sur le SARS-CoV-2, des expériences des pays voisins, mais aussi dans un contexte de rationnement du matériel. Toutes ces modifications étaient source d’incertitude pour le personnel soignant .
Médiatisation de la médecine
Cette crise de la COVID-19 fut exceptionnelle par sa médiatisation. « Nous ne luttons pas seulement contre une pandémie ; nous combattons une infodémie », déclara Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS (13). Le terme « infodémie » se caractérise par « Une surabondance d’informations – y compris des informations inexactes ou obsolètes – partagées par voie numérique, d’une personne à une autre et au moyen d’autres médias et canaux. » (14). Chaque jour, les médias relayaient le nombre de décès, le nombre de personnes en réanimation et la situation dans les autres pays. Lors du premier confinement, environ 80 % des sujets des journaux télévisés concernaient la crise de la COVID-19, et les reportages sur la COVID-19 représentaient 50 % des programmes de télévision (15). La recherche médicale évolua en même temps que la communication. Des hypothèses furent massivement diffusées avant même d’être confirmées. Lors de cette pandémie, les sources d’informations étaient multiples, tout comme les interventions dans les médias. Des informations souvent contradictoires étaient répandues rapidement et dans le monde entier. Les réseaux sociaux accéléraient la propagation de ces informations, qu’elles soient ou non vérifiées (16). Malgré ce climat d’incertitude, la population se mobilisa autour du personnel soignant. Tous les soirs à 20h pendant le confinement, celle-ci applaudissait aux fenêtres pour exprimer sa gratitude. Des entreprises ou des particuliers ont réalisé des dons, matériels et financiers, auprès des établissements ou structures de soins. La COVID-19, pandémie inédite par son ampleur, son intensité et son mode évolutif, a bouleversé la population générale et le système de santé, alors même que le stress, l’anxiété et la dépression impactaient déjà les professionnels de santé .
La question du stress en médecine générale
Stress et santé au travail
La compréhension du stress et son évolution
Hans Selye, médecin québécois exerçant à Montréal et né en 1907, fut l’un des premiers chercheurs à s’intéresser au stress (1956). Il définissait le stress comme étant « L’ensemble des moyens physiologiques et psychologiques mis en œuvre par une personne pour s’adapter à un événement donné. ». Il ajoutait que « Le changement brutal survenant dans les habitudes d’une personne, jusque-là bien équilibrée, est susceptible de déclencher un bouleversement dans sa structure psychique et même somatique. » . Hans Selye distinguait 2 choses : la réponse à un stress aigu et la réponse, plus globale, à des facteurs de stress appliqués de manière chronique. Il appelait cette dernière « Syndrome général d’adaptation », où la réponse totale d’une personne au stress était divisée en 3 phases :
1. La réaction d’alarme : l’individu est pris au dépourvu, ses ressources hormonales sont mobilisées ;
2. Le stade de résistance : l’individu tente de maintenir l’homéostasie en résistant au changement, il s’agit d’une période de compensation avec recharge des moyens de défense ;
3. Le stade d’épuisement : l’individu est victime d’épuisement à force d’essayer de contrer le facteur de stress, ses ressources biologiques et psychologiques ne sont pas suffisantes.
Ce modèle avait ses limites. Il ne prenait pas en compte les variations interindividuelles. L’individu était décrit comme passif, sans intégrer de composantes psychologiques ni d’évaluation subjective des composantes environnementales. Plus tard, les recherches se sont orientées vers une conception plus interactionniste du stress (Lazarus et Folkman, 1984). Le stress devint le résultat d’une relation dynamique entre l’individu et les exigences de l’environnement. La perception que l’individu avait de cette relation et les ressources individuelles et sociales pour faire face à ces demandes furent prises en compte dans cette nouvelle définition .
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Table des matières
I. INTRODUCTION
A. La crise de la COVID-19
1. Le début de la crise de la COVID-19
2. Le début de la crise en Europe
3. Les mesures mises en place en France
4. Les équipements de protection individuelle
5. Médiatisation de la médecine
B. La question du stress en médecine générale
1. Stress et santé au travail
a) La compréhension du stress et son évolution
b) Le stress dans le domaine du travail
c) Le trouble de stress post-traumatique
d) Stress au travail et burnout
2. Le stress chez le médecin généraliste
3. Cas particulier de l’interne de médecine générale
C. Les conséquences de la pandémie sur l’exercice de la médecine générale
1. Communication entre les médecins et gestion du flux d’informations
2. Rôle des médecins généralistes dans la gestion de la crise
3. Le fonctionnement du cabinet
4. Stage ambulatoire des internes de médecine générale
5. Peur de transmettre le virus
D. L’étude PROTEC-COV
1. Rappel du contexte
2. La naissance du projet : les médecins hospitaliers
3. L’extension du projet : les médecins généralistes libéraux
4. Les objectifs de l’étude
a) Objectif principal
b) Objectifs secondaires
5. Un travail en binôme
II. MATÉRIELS ET MÉTHODES
A. Type d’étude
B. Population de l’étude
C. Réalisation du questionnaire
D. Analyse statistique
E. Recueil des références bibliographiques
F. Démarches réglementaires
III. RÉSULTATS
A. Population d’analyse
B. Caractéristiques de l’échantillon
C. Analyse descriptive
1. Les conditions de travail
2. La relation avec le patient
3. Questions de santé
4. Échelle EVA et score PCLS
IV. DISCUSSION
A. Principaux résultats de l’étude
B. Représentativité de l’échantillon
C. Comparaison avec la littérature
1. Les conditions de travail
2. La relation avec le patient
3. Questions de santé
4. Focus sur une étude belge
D. Forces et limites de l’étude
1. Forces de l’étude
2. Limites de l’étude
E. Perspectives
V. CONCLUSION
VI. ANNEXE
VII. TABLE DES ILLUSTRATIONS
VIII. INDEX DES TABLEAUX
IX. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES