Un concept socialement apprécié
De façon générale, dans le contexte culturel québécois, une majorité de gens se positionne favorablement à l’égard de la créativité et des manifestations de celle-ci. Les justifications employées afin d’expliquer une telle position réfèrent généralement à des modèles sociaux de créativité reconnus pour leurs idées et leurs réalisations ayant eu ou ayant encore une influence sur notre évolution, notre mode de vie et notre pensée. Pensons, notamment, à des scientifiques comme Marie Curie et Albert Einstein, à des artistes tels que Félix Leclerc et Paul Cézanne ou encore à des hommes politiques d’influence tels que Nelson Mandela et Gandhi. En revanche, certains disent que des catastrophes ont été initiées par des gens tous aussi créatifs que ceux mentionnés précédemment. Ils donnent des exemples tels que les films à caractère violent, la bombe atomique, le nazisme et même les manipulations génétiques. Bien que ce point de vue soit troublant, il semble que l’influence bénéfique pour la société des nombreuses réalisations créatives prenne le pas sur cette position alarmiste. Il est donc possible de considérer, en jetant un regard global sur cette situation, que l’opinion publique québécoise est favorable à la créativité, et ce, tant pour le développement de l’individu que pour celui de la société en général. Selon Weiner (2000), cette position peut même être généralisée à l’ensemble du monde occidental.
Outre l’opinion publique, de nombreux médias répercutent les idées et les réalisations des modèles sociaux de créativité. Différentes publications en kiosque ou dans les bibliothèques le confirment. Pensons, par exemple, au livre Creating minds d’Howard Gardner (1993) ou même à des magazines s’adressant à des clientèles cibles tels que Vogue. En naviguant sur l’Internet, on peut visiter des sites dédiés à la diffusion d’initiatives créatives. On retrouve, notamment, le site de Science Direct qui donne accès à de nombreux périodiques scientifiques ainsi que la section Arts et Culture de la Toile du Québec qui fait état des événements artistiques et culturels ayant lieu dans la province. Des productions télévisuelles font aussi la promotion de la créativité. Prenons comme exemples l’émission télévisée Découverte à Radio-Canada télévision ou encore l’émission télévisée PassepArt sur la chaîne TV5. Également, dans le domaine télévisuel, on a récemment assisté à l’apparition d’un nouveau type de production. Il s’agit de la « télé-réalité ». Parmi ces productions, plusieurs se basent sur le potentiel créatif de candidats sélectionnés lors d’auditions, dont les performances sont jugées par un jury composé d’experts ainsi que par les téléspectateurs. Pour n’en nommer que quelques-unes, on retrouve Star académie qui est la version québécoise de American Idol. Il y a aussi SA you think you can dance sur les ondes américaines ou encore Mixmania sur les ondes de Vrack tv. En regard de cet exposé de la situation, il est possible d’affirmer que la créativité est un concept dont on apprécie socialement l’influence bénéfique, et ce, tant au Québec que dans le monde occidental. De nombreuses personnes appartenant à diverses communautés ou groupes sociaux, travaillant dans différents domaines et ayant des intérêts multiples, lui accordent donc une importance considérable tant dans leur réalité quotidienne que pour le développement futur de leur société.
Un concept politiquement soutenu au Québec
La société québécoise étant organisée en un régime politique démocratique, il est essentiel que les intérêts et les préoccupations des citoyens soient considérés par les élus. Concernant le concept de créativité, il est possible de constater que le gouvernement du Québec va dans le même sens que sa population. C’est-à-dire qu’il se positionne favorablement relativement au concept de créativité en s’appliquant à encourager ses manifestations. Concrètement, les actions gouvernementales, en matière d’encouragement de la créativité, se traduisent majoritairement par des investissements financiers faits dans diverses sphères d’activités proposant des initiatives innovatrices.
Parmi les diverses sphères d’activités subventionnées, on retrouve les sciences et technologies. Dans le but de faciliter le partage des fonds qui lui sont accordés, le Gouvernement du Québec a créé une Politique québécoise de la science et de l’innovation. Cette politique, qui a pour mission d’assurer la prospérité présente et future de la société (Gouvernement du Québec, 2001), permet le financement de diverses organisations telles que le Fond québécois de la recherche sur la nature et les technologies. Ce dernier offre différentes formes de soutien financier aux chercheurs et aux étudiants qui travaillent à l’innovation dans le domaine des sciences et des technologies (Fond québécois de la recherche sur la nature et les technologies, 2005) et qui mettent leur créativité au service de la collectivité. Les arts et la culture font également partie des sphères d’activités subventionnées. Dans ce domaine, le gouvernement du Québec est représenté par le ministère de la Culture et des Communications5 qui se charge d’administrer les fonds accordés. Celui-ci propose différents programmes de subvention dans le but de favoriser l’affirmation, l’expression et la démocratisation de la culture québécoise (MCC, 2005). Le Soutien à la diffusion des arts de la scène en est un exemple (MCC, 2005).
Ce programme de subvention permet à divers artistes d’exprimer leur créativité tout en participant à la promotion de la culture au Québec (MCC, 2005). Mais qu’en est-il dans le domaine de l’éducation, puisqu’il est, lui aussi, sous la responsabilité du gouvernement québécois ? En fait, un bref survol des implications de ce dernier en ce qui concerne cette sphère d’activités indique qu’elle ne bénéficie pas uniquement d’un soutien financier concernant l’encouragement des manifestations de créativité. Une des principales implications du gouvernement québécois dans le domaine de l’éducation n’est pas d’ordre pécuniaire. Elle est plutôt liée au contenu du PFÉQ (MÉQ, 2001a) qui exprime des intentions manifestes quant au développement de la créativité chez les élèves. Une telle situation implique que le gouvernement ne laisse pas les bénéficiaires gérer eux-mêmes l’ensemble de leurs projets, mais qu’il prend position quant à ce concept et qu’il propose lui-même des pistes d’action. Une distinction qui invite à se questionner davantage sur de les intentions gouvernementales en matière de créativité dans le milieu de l’éducation.
Un concept éducatif de première ligne
Afin de saisir la nature et l’importance de ces implications gouvernementales, une investigation plus poussée de la sphère d’activité relative à l’éducation s’avère nécessaire. Tout d’abord, il est important de mentionner que le gouvernement du Québec est officiellement représenté par le MÉLS en matière d’éducation. Ce dernier a pour principales missions de : « … contribuer, par la promotion, le développement et le soutien de ces domaines, à l’élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel de la population québécoise et des personnes qui la composent; favoriser l’accès aux formes les plus élevées du savoir et de la culture à toute personne qui en a la volonté et l’aptitude; contribuer à l’harmonisation des orientations et des activités éducatives avec l’ensemble des politiques gouvernementales et avec les besoins économiques, sociaux et culturels de la société québécoise. » (MÉLS, 2006) On constate, en regard de ces missions, qu’en plus d’assurer la formation académique et professionnelle des jeunes Québécois, le MÉLS a certaines obligations sociales. Par exemple, il est de son devoir de permettre à tous les jeunes Québécois de devenir des citoyens responsables (MÉQ, 2001a), et ce, dans la mesure de leurs capacités et de leurs ambitions.
Cette situation confère au MÉLS une grande part de responsabilité à l’égard de l’organisation et de la gestion de l’ensemble des activités qui contribuent à la formation des élèves. Un ensemble qui regroupe des activités disciplinaires, parascolaires et même communautaires dont la portée a une incidence sur le développement des enfants. C’est ce que la culture anglo-saxonne définit comme étant le curriculum.
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : La problématique de la recherche
1.1 La créativité, une préoccupation de société
1.1.1 Un concept socialement accepté
1.1.2 Un concept politiquement soutenu au Québec
1.1.3 Un concept éducatif de première ligne
1.2 Les origines du concept de créativité
1.3 La créativité en éducation au Québec: le problème
1.4 La pertinence et les limites du projet
1.5 Question de recherche
1.6 Hypothèse de la recherche
1.7 Objectifs de la recherche
1.7.1 Objectif général
1.7.2 Sous-objectif
Chapitre 2 : Le cadre théorique de la recherche
2.1 La culture, une notion clé
2.1.1 Le concept de culture en éducation
2.2 La créativité, au coeur d’une problématique éducative
2.2.1 Première tendance: l’enrichissement culturel
2.2.2 Deuxième tendance: l’utilisation instrumentale
2.2.3 La zone grise
2.3 Le curriculum implicite, un concept à considérer
Chapitre 3 : Le cadre méthodologique de la recherche
3.1 La recherche qualitative
3.1.1 La recherche qualitative en éducation au Québec
3.1.2 Recherche qualitative et curriculum implicite
3.1.3 Les particularités de la recherche qualitative
3.1.4 La posture du chercheur
3.2 L’ analyse documentaire
3.2.1 Le choix de la méthode
3.2.2 Ses avantages et ses inconvénients
3.2.3 Le document à l’analyse
3.2.4 La pré-analyse
3.3 L’ analyse de contenu
3.3.1 La définition
3.3.2 Ses avantages et ses inconvénients
3.3.3 Le type
3.3.4 Les étapes
3.4 Les critères méthodologiques
3.4.1 La crédibilité
3.4.2 La transférabilité
3.4.3 La fiabilité
3.4.4 La confirmation
Chapitre 4 : Les résultats de la recherche
4.1 La description des résultats
4.1.1 Première perspective: Les unités de sens
4.1.2 Deuxième perspective: Les items
4.2 L’ analyse et l’interprétation des résultats
4.2.1 Les deux principales interprétations
4.2.2 L’hypothèse d’une incompatibilité
4.2.3 La possibilité d’un curriculum implicite
Conclusion
5.1 Résumé de la recherche
5.2 Quelques suggestions
Références bibliographiques
Annexes
Annexe 1 : Grille d’analyse initiale
Annexe 2 : Grille d’analyse finale
Annexe 3 : Journal de bord
Annexe 4 : Livre de codes
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