La création de la ville et de la diversité de ses fonctions

Le facteur Historique, élément déterminant de la genèse de Mascara

L’Organisation spatiale, de Mascara comme celle de toutes les villes Algérienne dépend de plusieurs facteurs (site et situation) et d’éléments historiques. Certains chercheurs étudient ce facteur comme contexte culturel, autrement dit l’ordre culturel est l’origine de la ville.

Nous entendons par ordre culturel, toute action impliquant une transformation et une remise en cause d’un ordre naturel. Ce dernier représente les éléments et les phénomènes dont les sources sont la nature et dont l’état est brut et spontané. En d’autres termes, l’ordre culturel constitue toutes les révolutions faites par l’Homme vis-à-vis de la Nature ; c’est de cette dernière que provient la pluie par exemple mais c’est à l’Homme que revient l’utilisation d’un parapluie symbolisant un acte révolutionnaire et une non-acceptation de l’ordre naturel régnant.

La ville fait partie des manifestations culturelles majeures que l’Homme a su mettre en œuvre. Elle doit, par conséquent, se démarquer de l’acceptation d’un état initial des choses, cette démarcation puise ses sources dans les débuts de la civilisation, Bernard LEBLEU formule à ce propos : « La création des villes s’inscrit dans un mouvement de «spiritualisation» des sociétés : la culture, le raffinement des mœurs, des arts et des sciences devaient progressivement prendre l’ascendant sur «la force brute et la puissance matérielle» seuls principes, avant l’avènement de la civilisation grecque, capables d’assembler les hommes ».

Une toponymie reflétant l’origine de la création de la ville et la diversité de ses fonctions

L’histoire ne retient pas la date exacte de sa création, elle a été citée par les grands voyageurs historiens comme « El Idrissi ».
L’origine du nom de Mascara, dans la mesure où il ne serait pas une simple déformation d’une plus ancienne appellation, peut venir soit de « Oum el asker », la mère des soldats, soit de « M’asker », lieu où se rassemblent les soldats, il atteste donc, à sa façon, une réputation guerrière justifiée par tout ce que nous révèle la longue histoire de ce site.
Les historiens  pensent que la fondation de Mascara par les berbères remonte avant l’arrivée des romains en Algérie. Ancienne Victoria de la Mauritanie romaine, son institution officielle date en 700 après J.C par « Rached Ben Morchid El Korachi » qui l’a désigné Rachidia, au temps des Almoravides appelée « Chareb er Rih » (la lèvre du vent).

La ville a connu plusieurs règnes et fonctions au fil du temps. Elle fait tout a d’abord une forteresse romaine grâce à son site défensif, mais elle a toujours refusé une soumission absolue aux Romains et Byzantins et aussi aux rois du Maghreb arabe (Rostamides, Zianides…).
Au 12 ème siècle, Mascara reprend la fonction commerciale et agricole avec l’arrivée des almoravides qui ont fortifié des remparts, mais elle est transformée en ville vers le 16ème siècle. Les Ottomans ont consolidé ses portes légendaires. Elle a été aussi la capitale du beylik de l’Ouest. Pendant cette période elle avait un caractère commercial et de « makhzen » comme d’autres villes telles que : Mazouna, Médéa, Miliana.

La ville après l’indépendance : un vrai essor urbain après 1975

La période de l’indépendance et le départ des européens ont engendré des transformations liées à la croissance démographique et le mouvement migratoire, ils ont permis à la société rurale de s’approprier à la ville.
F.GACEM nous porte à ce propos : « l’urbanisation ainsi déclenchée ne parait pas bénéficier d’initiation nouvelles dans le domaine économique, ni de relations importantes dans les domaines considérés comme dynamique au niveau de la ville. » 1962 -1975 : jusqu’à la fin des années 1970, le périmètre urbain est resté limité à la première couronne puis l’urbanisation s’est développée linéairement conformément aux tracés et aux chemins de communications.
Avant 1975, la ville a peu évolue spatialement du fait de l’existence d’un parc de logement important libéré par le départ massif des européens d’une part et d’autre part, la ville de Mascara n’avait pas encore le statut de chef-lieu de wilaya, elle dépendait de la wilaya de Mostaganem. 1975- 1990 Durant cette période, Mascara comme toutes les villes Algériennes a connu une réorganisation ou remodelage de l’espace en fonction d’une stratégie centralisé du pouvoir et les masses de l’exode rurale.

La ville dans les années 1970 s’est développée à l’intérieur de la première couronne par le remplissage de zones limites entre quartier par des grappes résidentielles ou par la naissance de rues non structurées :
L’élargissement des lotissements (cas du faubourg Faidherbe devenu Sidi Moufok).
La création de nouveau lotissement : lotissement Benouda au nord-est de la ville dans la continuité du faubourg Martin.
Création des cités HLM : cité 100 logements à l’est du quartier Faidherbe.
Après 1975, débute une véritable urbanisation de la ville qui correspondait à sa promotion au statut de wilaya.
L’habitat commence à être pris en charge par les pouvoirs publics ainsi que la planification des projets urbains.

Mascara, une ville à la structure discontinue

La structure du tissu urbain est comme l’une des caractéristiques essentielles de l’organisation spatiales des villes contemporaines, elle exprime la localisation et les liaisons réciproques entre les différentes zones fonctionnelles : habitat, activités, équipements, transports et autres.
L’évolution de la structure du tissu urbain de la ville de Mascara est liée aux fonctions économiques et sociales de plus en plus complexes, à l’accroissement de la population, à l’extension et à la différenciation des espaces bâtis en raison des vocations qu’ils ont à remplir.
La ville a connu un développement urbain bicéphale ou la ville Européenne et la ville traditionnelle se sont côtoyées sans s’intégrer organiquement. L’ancienne ville s’est cantonnée autour d’une topographie relativement chahutée tandis que la ville coloniale s’est bâtie sur les replats.

D’après BENSELLA et le PDAU, Les formes de discontinuité et de ruptures ont toujours existé dans la ville (ancien noyau : centre-ville ; Ville Européenne : faubourg Faidherbe ; espace mixte et espace indigène : Bab Ali… etc. Toutefois, la ségrégation spatiale et sociale, phénomène bien connu à l’époque coloniale. Ce qui est nouveau dans la croissance urbaine de la ville, c’est l’ampleur que prennent ces formes de discontinuité et de rupture, ampleur qui ne peut s’expliquer que par la conjonction de plusieurs facteurs (l’absence de vision prospective, manque de savoir-faire et d’approche esthétique, perte progressive du référentiel culturel, etc.)

Une réappropriation du champ urbain à Mascara

L’évolution de l’urbanisation en Algérie a connu plusieurs étapes, dans les années 1930, la paupérisation répandue comme effet à la crise agricole et à la montée démographique a amorcé un exode important vers les villes et par voie de conséquence l’émergence des premiers bidonvilles, l’on note que l’intervention coloniale en Algérie s’est basée sur la création d’une ville Européenne prenait possession de la médina s’agglutinant à elle, la ceinturant captant ses principales activités pour enfin la juguler or cet urbanisme colonial de style militaire au départ, fait place ensuite à des préoccupations économiques et spéculatives. Il est fondé sur le principe d’accessibilité sur le souci d’assurer une transparence à sa nouvelle puissance. A l’indépendance, une forte population a été attirée vers les villes suite au départ massif des Européens engendrant un accroissement remarquable du taux d’urbanisation.

Entre 1966-1987, la population habitant les grandes villes s’est multiplié .Les premières migrations se sont sédentarisées dans les anciens centres pour s’acheminer ensuite vers les marges des villes donnant naissance à des périphéries urbaines submergées d’habitat auto-construit.

L’histoire moderne de l’Algérie nous informe sur les transformations que la société a subit depuis la colonisation jusqu’à nos jours. Selon Marc COTE « la conquête coloniale introduit dans le pays un modèle culturel bien différent de celui en place. Elle a eu comme conséquence la création sur le territoire d’une économie nouvelle et d’un espace nouveau » toujours selon Marc COTE, ce projet « a inscrit dans l’espace la logique territoriale de la colonisation imposée aux autochtones remodelant leurs liens au territoire ».

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Table des matières

Chapitre I. Mascara : de la casbah Ottomane à la ville intra-muros puis éclatée
Introduction
1. Le facteur Historique, élément déterminant de la genèse de Mascara
2. Une toponymie reflétant l’origine de la création de la ville et de la diversité de ses fonctions
3. Evolution rapide du tissu urbain de la ville de Mascara
3-1 La naissance de la ville liée à la présence turque
3-2 Un urbanisme colonial conditionné par des logiques variables 1830-1962
3-3 La ville après l’indépendance : un vrai essor urbain après 1975
4. Mascara, une ville à la structure discontinue
5.Un Schéma d’urbanisation diversifié
Conclusion du premier chapitre
Chapitre II. Mascara : la ville aux entités urbaines diverses
Introduction
1. La fabrique de la ville de Mascara 
1-1.La lecture historique et morphologique
1-2. Essai d’une lecture sémiotique
1-2-1. La ville coloniale répond à l’interprétation symbolique
1-2-2 Une périphérie sous forme de mosaïque
2. Une typologie de quartiers variée 
2.1-Une zone centrale populaire avec une diversité fonctionnelle
2.2- Une zone péricentrale ou domine les quartiers résidentiels ou mixes
2.3- Une zone excentrique et d’extension typiquement résidentielle entre habitat collectif et auto-construction
3. Une réappropriation du champ urbain à Mascara 
4. La population en augmentant a généré de nouveaux besoins 
4.1 Une population mascarienne aux origines multiples
4-2.Une forte évolution de la population mascarienne après l’indépendance marquée par sa jeunesse
5. Une évolution considérable du parc de logement 
Conclusion du deuxième chapitre
Chapitre III : Une transformation apparente à Bab ali, lente au centre ville
Introduction
1. Centre-ville et Bab Ali, une occupation du sol différente 
2. L’habitat à Bab Ali et le centre-ville, élément de comparaison 
3. Un fort taux d’occupation par logements 
4. Une part importante du parc logement non utilisée
5. Un bâti en dégradation avancé et la formation d’un parcellaire hétérogène
5-1. L’état de vétusté varié d’un secteur à un autre
5-2. Un taux de raccordement aux différents réseaux appréciable
6. Adaptabilité du logement au besoin de la famille 
6.1 Une transformation du bâti marquée à Bab Ali et faible au centre ville
Conclusion du troisième chapitre
Chapitre IV. Les transformations du bâti essentiellement par les catégories des commerçants et des ouvriers
Introduction
1. Un grand attachement des habitants à leurs quartiers 
2. Evolution de la population à travers les recensements 
2.1 Une croissance de la population durant la période 1966-1987
2.2 Une perte de la population durant la période 1966-1987
3. Une population jeune 
3.1. Composition par âge
3.2. Composition par sexe
4. Une situation matrimoniale dominée par la tranche des célibataires 
5. Les modifications morphologiques et d’usage du bâti
5-1. Les modifications de l’habitat faites par une catégorie jeune de la population
6. Le niveau d’instruction différencie le quartier de Bab ali du centre-ville 
7. Bab Ali et le centre-ville : Une activité commerciale et un attrait en développement
Conclusion du quatrième chapitre
Conclusion générale

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