La Création de la République Islamique en Iran

Le point de départ du conflit

   La nationalisation du pétrole iranien, sous la direction du Docteur Mohammad Mossadegh, est l’aboutissement d’un problème épineux posé depuis un demi-siècle. Tout commence en effet en 1901, année où une concession pour l’exploration et l’exploitation du pétrole iranien fut accordée, pour une durée de soixante ans, à un homme d’affaire Anglais William Knox d’Arcy. Le monopole de William Knox d’Acry sur les ressources énergétiques du pays lui a été octroyé par Mouzaffer-e Din Shah Roi des Qâdjârs d’alors. Il concernait l’ensemble du territoire Iranien à l’exception des régions du Nord. Après cet accord historique, les ingénieurs d’Acry avaient consacré des années de recherches sans rien voir, et William d’Acry voulait même résilier ce contrat, il commençait à se décourager. Mais c’est en 1908 que ses ingénieurs vont découvrir un gisement important de pétrole en Iran. Cette première découverte, d’après Babak Ershadi, constitue le point de départ d’une forte évolution politique, économique en Iran mais aussi dans le monde. C’est ce que confirme encore Arefeh Hédjazi qui dit : « Une histoire épique qui commença par la découverte des premiers puits de pétrole en Iran, se poursuivit avec la nationalisation du pétrole iranien et se termina par le coup d’Etat américano-britannique de 1953». Par ailleurs, à l’approche de la première guerre mondiale, le gouvernement britannique avait acheté une part importante à la compagnie William d’Arcy sur l’exploitation du pétrole en Iran. Il devient à partir de ce moment un acteur clé dans l’exploitation des ressources énergétiques dans la région du sud. Le nom de la compagnie devient alors l’Anglo-Persian Oïl Compagnie (APOC), avant de devenir quelques années plus tard l’Anglo-Iranien Oïl Compagnie (AIOC). Dès lors, l’A.I.O.C qui ne cesse de développer son activité en Iran devient un Etat dans l’Etat10. Aussi durant la première guerre mondiale, le pétrole iranien avait joué un rôle important pour fournir l’énergie et le combustible dont les forces de défenses britannique avaient besoin. Ainsi, à la fin de la première guerre mondiale, le pétrole devient alors un enjeu pour les puissances occidentales sous Réza Shah, fondateur de la dynastie pahlavie. Le règne de Réza Shah était marqué par une guerre d’influence entre les pays occidentaux en Iran. Justement celle-ci avait causé son départ. Cependant, malgré la poursuite de cette guerre d’influence durant tout au long de la guerre, la question du pétrole prend une autre tournure en Iran au lendemain de la seconde guerre mondiale. En effet, en 1947, le parlement iranien avait refusé d’accorder à l’Etat Soviétique des droits sur l’exploitation du pétrole du nord à cause d’une loi votée. Cette loi s’opposait à toute attribution des concessions de pétroles à des entreprises étrangères. Face à cette nouvelle loi, la remise en cause de la concession accordée à la puissance compagnie A.I.O.C devient inévitable. En outre, on peut dire que le point de départ de la nationalisation du pétrole commence juste après le partage illégal des revenus du pétrole. En effet, l’A.I.O.C avait beaucoup d’avantage sur l’or noir iranien que l’Iran. C’est pourquoi, la majeure partie des profits tirés de l’énergie n’était pas acheminée en Iran, mais plutôt dans la capitale anglaise Ce partage illégal des ressources énergétiques avait entrainé la montée du nationalisme iranien sous la direction du docteur Mohammed Mossadegh. Ce dernier était le chef de fil du front national pour la nationalisation du pétrole. Le front national était une large coalition composée de plusieurs partis : le Parti du peuple iranien ; le Parti iranien ; le Rassemblement du peuple iranien pour la liberté ; les Fedayines de l’Islam et le Rassemblement des moudjahidine de l’Islam. Dans ce dernier parti, dirigé par l’Ayatollah Abol-Qasem Khashani, se trouvait un homme religieux méconnu de la chaine politique d’alors et qui va devenir plus tard le symbole de la liberté nationale en 1979, appelé Ayatollah Khomeyni. L’opposition de ce mouvement avait obligé le régime en place à entreprendre de nouvelles négociations qui avaient abouti aux accords de juillet 1949.15 Mais, malgré tout cela, le front national continue de dérouler ses activités. Ainsi, à partir de 1950, le front national montrait son opposition à la renégociation de l’accord de 1933 signé entre le fondateur de la dynastie pahlavie et les autorités de l’A.I.O.C : il voulait la nationalisation de la société. Dans un climat de plus en plus compliqué, instable, caractérisé non seulement par une forte opposition de la population à la signature d’un nouvel accord pétrolier avec des compagnies étrangères, mais surtout par la lutte sans arrêt qui opposait le front national au régime moderniste, autoritaire et ses alliés occidentaux. Le front national était considéré par la majeure partie des iraniens comme un véritable mouvement de lutte pour la cause nationale. Le général Razmara, nommé chef du gouvernement le 26 juin 1950, s’était engagé à reconduire l’accord de 1933 tout en opposant, le 3- mai- 1951, au projet politique de ce mouvement. Il fut assassiné, quatre jours plus tard, à la grande mosquée du bazar de Téhéran. Cet événement tragique et regrettable avait provoqué des manifestations de grande joie chez les populations. Mossadegh, principal adversaire du défunt ministre, se voit propulser à la tête du pouvoir et sa première décision a été la nationalisation du pétrole.

Iran, après la nationalisation du pétrole

   Après la nationalisation du pétrole, l’Iran a traversé des moments très difficiles, voire chaotiques de 1951 à 1953. Durant cet intervalle, la situation politique et économique du pays était désastreuse : des caisses vides, une économie en perte de vitesse ; une opposition croissante de certaines couches de la population. On note aussi une mésentente grandissante entre le jeune monarque et Mossadegh. Durant cette courte période une lutte farouche s’est éclatée entre le jeune monarque et le docteur Mossadegh premier ministre d’alors pour la direction du ministre de la guerre. À cela, s’ajoute, la riposte, de l’empire britannique, par un blocus total, des ports du pays sans le mandat de l’O.N.U19 et le retrait de ses techniciens. Ainsi, le N.O.I.C, (National oïl Iranien Compagnie), qui avait pris le nom de l’A.I.O.C, verra sa production de pétrole diminuer, à cause de l’inexpérience des Iraniens en la matière. Le brut iranien était aussi boycotté à l’échelle mondiale. Causant une crise financière catastrophique. Puisque ce boycotte ’il avait privé au pays des revenus considérables tirés le plus souvent de la vente de cet or noir. Cette période noire avait provoqué ce que l’on appelle : la crise d’Abadan. Cependant, malgré cette récession de l’activité économique, la nationalisation du pétrole avait rendu le peuple iranien fier. Par ce qu’elle lui avait permis de contrôler pendant une durée de trois ans la ressource nationale la plus précieuse (celle-ci était contrôlée depuis le début du siècle par l’empire Britannique). D’après Hoda Zabolinezhad, la nationalisation du pétrole est, d’une part, une grande réussite pour le gouvernement nationaliste et, d’autre part, une défaite qui ne sera jamais oublié par le gouvernement anglais. En outre, cet acte historique était d’une grande importance pour le pays. En effet il signifiait, dans un premier temps, l’aboutissement d’une revendication historique et, dans un second temps et bien au-delà du cas iranien, il résonnait un écho sur le plan international et a été la source de nombreux événements comme la fameuse crise du canal de Suez en 1956. Par ailleurs, au lendemain de la nationalisation du pétrole, la crise Anglo-Iranien avait pris une dimension internationale surtout sur le plan juridique. En effet, les responsables de l’A.I.O.C, sous l’égide des hommes d’Etats Anglais, portent cette affaire devant la cour internationale de la Haye. Il demande à la cour d’édicter des mesures conservatoires pour les biens de l’A.I.O.C et d’imposer à l’Iran un recours à l’arbitrage. Le 5 juillet 1951, ces mesures ont été prescrites, mais le gouvernement de Téhéran refuse de s’y soumettre. Le gouvernement britannique se tourne alors vers le conseil de sécurité des Nations unies où la question a été au cœur des discussions lors de sa session, tenue le premier octobre de cette même année. Or cette institution stipule dans son chapitre 1 : article 2 et paragraphe 7 que rien n’autorise les nations unies à faire une intervention dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un Etat. Donc elles ne peuvent que solliciter le gouvernement de Mossadegh de suivre les directions de la cour internationale de justice. Mossadegh défend la cause iranienne à New York (siège de l’ONU). Il soutenait ces propos : « en Iran la population manque près que de tout et son niveau de vie est vraisemblablement l’un des plus bas du monde entier. » En outre, il pense que, le pétrole est la matière première la plus précieuse de l’Iran en conséquence elle devrait être source de travail et de nourriture pour les citoyens iraniens. Mais l’industrie pétrolière n’a pratiquement pas contribué au bien-être de ses habitants ni participé à l’industrialisation de son économie, et la majorité des techniciens de l’industrie sont des étrangers. L’Iran, fort d’un excellent dossier, s’est montré intraitable durant toute la période de la bataille juridique.25 Ce qui explique la défaite des anglais sur le plan juridique. Après la défaite de l’empire britannique, Mossadegh, en dépit de tous ces atouts, peine à concrétiser son projet. Il avait pourtant reçu beaucoup de propositions auprès de la Banque mondiale et des représentants de l’A.I.O.C. Mais, de peur d’être impopulaire, il les avait tout rejetées.

Les festivités de Persépolis dans le contexte international

   Le début des années 1970 correspond à une période florissante en Iran malgré l’échec spectaculaire de la révolution blanche. En effet, cette période fut particulièrement marquée par des succès inédits du gouvernement de Mohammed Réza dans des secteurs de l’économique, de l’armée et du politique extérieur. Dans le secteur de politique extérieur, des avancements notoires ont été notés durant cette courte période. Le Shah entretenait des relations de bon voisinage avec certains pays de la région à l’instar de l’Arabie-Saoudite, du Koweït et plus tard de l’Egypte. En outre, grâce au revenu du pétrole, le Shah affiche sa volonté de constituer une armée moderne et sophistiquée. Sous le concours du gouvernement américain ses ambitions se transforment à une réalité. Ainsi, une armée moderne et redoutable est constituée par le jeune monarque. Celle-ci était devenue le cinquième dans le monde et elle se faisait appeler le gendarme du golfe persique pendant ces moments-là. Face à ces progrès politiques et militaire, l’Iran devient pour la première fois de son histoire contemporaine un acteur politique et économique sur la scène régionale et internationale. Il devient ainsi, le gérant de la sécurité, de la paix et de la stabilité dans le golfe persique. En dépit de tous ces succès économiques, militaires et politiques, la situation à l’intérieur du pays restait encore à digérer à cause du blocage politique. La nouvelle classe moyenne qui s’active dans le milieu politique voit ses droits les plus fondamentaux aliénés. En plus, l’autoritarisme du jeune monarque et ses reformes à l’occident avaient commencé progressivement à affaiblir, anéantir et à détruire les bases culturelles de la société traditionnelle iranienne. Ainsi le roi fut isolé et son image commence à être ternie à l’occident à cause des fortes répressions exercées par son armée, la Savak. Soucieux de voir son image écornée au niveau international, il décide de continuer les politiques de glorification de l’Iran préislamique entamées par son père Réza Shah. C’est dans ce contexte international que les festivités de Persépolis furent organisées en octobre 1971. Cet événement historique constitue aux yeux du jeune monarque une occasion unique de rendre hommage au fondateur de l’empire perse. Il voulait également profiter de cet événement pour montrer les flamboyants développements socio-économique de l’Iran en rendant hommage à son père Réza shah. Cet évènement en réalité, pour certains auteurs, étaient en quelque sorte une exhibition de puissance et de stabilité pour le régime du Shah.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES PREMICES DE LA REVOLUTION ISLAMIQUE
CHAPITRE 1 : L’IRAN DES ANNEES 1951 DE LA NATIONALISATION DU PETROLE
A LA REVOLUTION ISLAMIQUE
1-La nationalisation du pétrole
A-Le point de départ du conflit
B- Iran, après la nationalisation du pétrole
C- Le reversement du gouvernement nationaliste
2- La révolution blanche
A-Le but du projet
B- l’immixtion des étrangères (des Etats-Unis)
C-La réforme agraire
C-1- Les conséquences de la réforme agraire sur le plans socio- politico
3- La célébration des 2500 ans de Persépolis
A- Les festivités de Persépolis dans le contexte international
B- Le déroulement des festivités de Persépolis
C- Les réactions
4- La révolution islamique 1979
A- Les facteurs de la révolution islamique
A-1- Le facteur politico- culturel
A-2- Le facteur économique et hégémonique
B- La particularité de la révolution islamique
C-La présence d’un leadership
CHAPITRE II : LA VIE ET L’ŒUVRE DE L’IMAM KHOMEYNI
1- Biographie de l’Imam Khomeyni
A) La naissance et l’éducation de l’Imam
B) La vie religieuse et politique de l’Imam Khomeyni
C) L’exil de l’Imam Khomeyni
2) La pensée de Khomeyni
A- sur le plan éducatif et culturel
B- Sur le plan socio-politique
C- Sur le plan économique
3) La personnalité multidimensionnelle de Khomeyni
A- Imam Khomeyni comme personnalité religieuse
B-Imam Khomeyni comme personnalité mystique
C- La personnalité historique et politique de Khomeyni
DEUXIÈME PARTIE : LA CRÉATION DE LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE
CHAPITRE 1 : LE GOUVERNEMENT ISLAMIQUE DANS LA PENSÉE DE L’IMAM KHOMEYNI
1-La nécessité d’instaurer un gouvernement islamique
A- la preuve historique
B- l’exécution des lois nécessite un appareil Etatique
C – l’unité des nations musulmanes
2-Les fondements d’un gouvernement islamique
A- La loi divine
B- Justice et foi en Dieu
C- le suffrage universel
3-La fonction du guide et la question du vilayat’é faqih
A Ŕles qualités requises
AŔ1 La maitrise des lois islamiques
A-2 la probité
B- la charge du guide
B-1 Système équitable de l’islam
B-2 Servir le peuple
C- la question de l’autorité du wilayat faqih
4-La conception de Khomeyni sur un gouvernement Islamique
A – Un gouvernement théocratique
B -Un gouvernement démocratique
C -Un gouvernement indépendant
CHAPITRE 2 : LA MISE EN PLACE DE L’ETAT ISLAMIQUE OU REPUBLIQUE ISLAMIQUE
1 -La destruction des structures du régime en place
A- Le gouvernement provisoire
B- Le referendum
C- Les débuts de la République islamique
2- La crise Irano Américaine (1979-1980)
A- L’élément principal de la crise
B- Les conséquences de la crise
B- 1 la démission du gouvernement de Mehdi Bazargan (04 novembre 1979)
B-2 La rupture des relations diplomatique et le gel des avoirs iranienne
C -L’humiliation des Etats-Unis et la libération des otages
3 -La guerre Iran Irak (1980-1988)
A- les facteurs de l’envahissement irakien
A-1-Le facteur frontalier
A-2 le facteur idéologique
A-3 le facteur hégémonique
B- La défense sacrée
C -Le prolongement de la guerre
C-1- un avantage pour le régime islamique
C- 2 un handicap pour le régime irakien
4 -L’Affaire des Versets Sataniques de Salman Rushdie et le Rappel à Dieu de l’Imam Khomeyni
A-Le Fatwa de l’Imam Khomeyni
B- les réactions après la fatwa
B-1 les partisans de la Fatwa
B-2 les opposants de la fatwa
C -Le rappel à Dieu de l’Imam Khomeyni
CONCLUSION
LEXIQUE
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE

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