La cosmétique dans la préhistoire
Les premières utilisations des cosmétiques sont presque aussi anciennes que l’Homme. Lors de la préhistoire, les hommes réalisaient de la peinture corporelle d’origine minérale, mélangée à des corps gras. Déjà, les hommes de Neandertal avaient l’habitude de recouvrir d’ocre rouge les ossements des morts . On peut donc imaginer qu’ils s’en servaient également de leur vivant [5,6].
La cosmétique dans l’antiquité
Sous l’Antiquité, à partir de l’invention de l’écriture jusqu’à la chute de l’empire romain en 476 après Jésus-Christ (J-C), les hommes continuèrent d’utiliser des cosmétiques. Ce sont des peuples entiers comme les Egyptiens, les Babyloniens, les Hébreux… qui se servaient des cosmétiques à des fins magiques, médicales et rituelles. Ils utilisaient aussi déjà beaucoup les cosmétiques comme les peintures pour le corps et le visage, les huiles, les parfums et les onguents (pour des funérailles, ou la momification) .
La cosmétique dans l’Egypte ancienne
La femme égyptienne se fardait les joues et les lèvres en rouge. De même, les sculptures antiques nous montrent des visages aux yeux soulignés de fard (figure 2). Les fards noirs étaient pour la plupart à base de plomb, parfois composés à partir d’oxydes de manganèse, de noir de carbone et de composés d’antimoine. Les égyptiens appliquaient également un fard vert (à base de malachite verte) sur les cils et les sourcils et sur la paupière inférieure. Sous l’Ancien Empire, ils l’appliquaient sous les yeux. Le turquoise, les argiles rouges, ou les violettes mélangées avec des oxydes de cuivre ou de fer, permettent d’obtenir de nouvelles nuances, très prisées. L’ajout de poudres blanches, telle la cérusite, permettait aux Egyptiens de créer une gamme de produits du gris clair au noir dont les textures étaient modifiées par l’addition de graisses [9]. La blancheur du teint s’obtenait alors par l’application d’une pommade à base d’albâtre et de lait d’ânesse. Tel fut également le cas dans la Rome antique. Des emplâtres de beauté à base de cervelles de tortue, de suie, de fente d’ibis délayés dans du lait d’ânesse pouvaient également être utilisés .
Les civilisations antiques du Moyen-Orient, elles, paraissaient s’intéresser surtout aux yeux, puisque les cosmétiques comme le khôl (fard pour les yeux, de couleur noir ou gris), leur servaient de protection contre les mouches et le soleil éblouissant. A cette époque, le maquillage comme les fards, les poudres pour éclaircir le teint, les poudres abrasives (qui polissent et nettoient) pour blanchir les dents, les huiles de bains et les rouges à lèvres étaient principalement consommés par les classes les plus aisées. Grâce aux caravanes qui transportaient des produits comme la soie ou les épices en Europe, les cosmétiques ont été introduits en Grèce et dans l’Empire Romain .
La cosmétique en Grèce antique
Les Grecques enduisaient les lèvres de miel et s’appliquaient des crèmes animales à base d’excréments de taureau et de brebis mélangés à du suif. La poudre d’ocre était également en usage dans la Crète ancienne [12]. La mode imposait un teint aussi blanc que possible. Aussi cherchait-on à effacer les tâches de rousseur et les autres tâches brunes du visage.
La cosmétique dans l’empire romain
Si les grecs ont inventé la beauté comme le pense Jean d’Ormesson, les romains se sont, quant à eux, passionnés pour les cosmétiques. Ovide dans « L’art d’aimer » et « Les cosmétiques » n’est pas avare de conseils. La propreté (du corps, des dents) et la blancheur éclatante sont recommandées. Le bain obéit à un rituel bien précis ; les parfums sont consommés sans modération et embaument aussi bien l’atmosphère que l’eau du bain. Il est de bon ton de ne pas « offenser l’odorat » de son voisin. La corne de cerf, la graisse de crocodile entrent dans la composition des préparations destinées à éclaircir le teint. Les œufs de mouches et de fourmis sont les ingrédients d’une poudre noire qui permet de maquiller les sourcils trop peu fournis. Les belles romaines dilatent leurs pupilles grâce à un collyre contenant de l’atropine provenant de la Belladone. On est, alors, fort peu regardant en termes de profil toxicologique des ingrédients utilisés. Les femmes romaines se peignaient les lèvres en vermillon et s’enduisaient le visage de poudre de craie ou de céruse. La pâleur est de rigueur [13]. Les joues étaient illuminées par des fards rouges. Horace raconte qu’à Rome, on en utilisait trois nuances : le minium, le carmin et une « certaine substance extraite du crocodile » [14]. Elles se servaient d’antimoine pour colorer leurs paupières. Elles teignaient leurs cheveux en noir ou les décoloraient en restant plusieurs heures dans les solariums. Elles cherchaient alors à imiter les blondes captives grecques. Au Ier siècle, Néron et sa femme Poppée éclaircissaient leur peau avec de la céruse et de la craie, soulignaient leurs yeux au khôl et rehaussaient leur teint et leurs lèvres avec du rouge. Quant au cérat de Galien, dont la formule originale contient de la cire d’abeille, de l’huile d’amande douce, du borate de sodium ainsi que de l’eau de rose, on le connaît encore aujourd’hui sous le nom de cold cream. Les Gaulois, quant à eux, utilisaient les cendres végétales comme savon et connaissaient déjà les poudres, les onguents, les pommades, les infusions, les huiles, les baumes, les lotions dans lesquels ils intégraient comme ingrédients l’iris, le mélilot, la myrrhe, le safran, le styrax, le miel et le vin. Ce serait même eux qui auraient inventé les pommades, dont les premières étaient à base de jus de pommes d’où leur nom [15]. La craie et la céruse servaient de fond de teint. Les lésions inesthétiques étaient alors camouflées.
La cosmétique au Moyen-âge (476 après Jésus-Christ début XVIème siècle)
Si les bains étaient prisés dans l’Antiquité grecque ou romaine, ils ont disparu avec le Moyen âge. On se contentait généralement de passer un peu d’eau sur le visage et de masquer la crasse en blanchissant la figure et en se parfumant à l’ambre, au musc, au jasmin, à la cannelle, à la rose ou à la lavande[12]. Les Croisades et les routes des épices font découvrir les parfums à l’Occident médiéval. Le premier traité à ce sujet, œuvre du chimiste français Arnaud de Villeneuve, n’a paru qu’aux environs de 1311. Mais l’« art de la distillation » daterait de plus de trois mille ans, et l’on pense que les Perses l’auraient découvert pour fabriquer l’eau de rose. En 1190 Philippe Auguste reconnaît la corporation des gantiersparfumeurs et accorde alors aux maîtres gantiers le privilège exclusif de vendre les cuirs et de « préparer les parfums, les crèmes et les onguents »… Du Moyen âge à la fin du XVIIe siècle, seuls les apothicaires préparaient et vendaient des eaux de senteur et des poudres parfumées. Pour représenter l’idéal féminin de l’époque, on se devait d’être plus exigeant. Il ne faut pas s’exposer au soleil. Le teint doit être de lait ; on l’obtient grâce à la céruse (pigment blanc très couvrant à base de plomb). Les joues doivent être roses. On épile jusqu’à l’extrême et le front doit être bombé ainsi que les lèvres qui sont teintées à l’aide d’une pommade au carmin de cochenille [16]. Le maquillage avait des obligations de caste ou de rang social : certains violines et albâtres ne pouvaient être portés que par les dames de la cour. Cependant, la céruse dont on enduisait le visage pour sa pâleur était toxique pour la peau et les masques toniques étaient portés toute la nuit. Un masque de farine et de blanc d’œuf pouvait masquer les imperfections de la peau du visage.
La cosmétique à la renaissance (XVIème siècle)
Durant le règne de Louis XIV, les gens consommaient beaucoup de parfums pour faire face au manque d’hygiène. Alors que la France devenait maîtresse dans le domaine du maquillage, les italiens, quant à eux, s’imposaient en tant que principaux producteurs et fournisseurs de produits de beauté. Cependant, les Hommes ne savaient pas encore que certains produits utilisés dans les cosmétiques, comme le plomb qui pouvait ruiner le teint, pouvaient déclencher la calvitie ou même entraîner la mort en cas d’utilisation prolongée. Durant la période de la Révolution Française, il y a eu un frein à la consommation de cosmétique jugée trop excessive .
La cosmétique au XIXème siècle
Le XIXème siècle voit les régimes se bousculer les uns les autres. Les esprits bouillonnent dans tous les domaines et les cosmétiques se mêlent à la vie de tous les jours. Le parfumeur Rimmel met au point une préparation pour le maquillage des yeux : le mascara est né.
La cosmétique au XXème siècle
Le XXème débute très doucement dans le domaine des cosmétiques. Les cosmétiques sont de plus en plus divers et variés et sont de plus en plus utilisés. Ils sont faits avec des produits de synthèse ou encore des dérivés pétroliers, ce qui a permis de baisser fortement leurs prix. Pendant cette période, les hommes sont de plus en plus nombreux à utiliser les produits cosmétiques .
La cosmétique au XXIème siècle
Le XXIème siècle est le siècle de la grande peur, marqué par des polémiques. Les parabens sont pointés du doigt, les filtres UV sont jugés oestrogéniques. Suite à ces menaces, la vague Bio déferle sur le marché des produits cosmétiques.
Evolution de la cosmétologie en Afrique
En Afrique, l’évolution de la cosmétologie est fortement liée d’une part à la tradition, et d’autre part à la colonisation. Comme tous les peuples du monde, les africains ont utilisé ce que la nature leur offrait comme base pour la pratique des produits cosmétiques. Les peuples de l’Omo vivant au pied du fleuve de l’Omo, à cheval entre l’Ethiopie, le Soudan et le Kenya, dans la grande vallée du Rift sont les génies de la peinture sur corps. Ils vivent dans une région volcanique, fournissant une immense palette de pigments, ocre rouge, kaolin blanc, ou encore vert cuivré, jaune lumineux, ou gris de cendre. Ils se décorent généralement afin de séduire, d’être beau. C’est un art libre, éphémère et gratuit, étant donné l’immense réserve de tous ces colorants et ingrédients naturels, qui leur servent pour se maquiller. Dès leur plus jeune âge, les membres de plusieurs de ces tribus se peignent le corps et les cheveux à base de tous ces produits naturels. Que ce soient les plantes ou les colorants naturels, tous peuvent permettre aux tribus de se peindre le corps. Ils accompagnent très souvent leur peinture avec des plantes, des bouts de bois, certaines feuilles afin de se décorer le corps et la tête. Au Sénégal, notamment chez les peulhs, l’utilisation des produits cosmétiques est ancestrale. En effet ces populations se maquillent le visage en utilisant des fards traditionnels à base de cendre. Les peulhs font également le « ŋari » qui est une pratique esthétique, qui met en valeur les attributs corporels. Les femmes peulh ont divers tatouages et scarifications noirs sur le visage. Elles se tatouent la gencive supérieure, les lèvres et le contour de la bouche (figure 5). Des scarifications sont réalisées au coin des yeux et sur les joues près de l’arête nasale. Le maquillage féminin consiste à tracer avec du khôl un trait noir sous les yeux et à noircir les scarifications (si elles le souhaitent). Le marquage corporel et le khôl obéissent à une même fonction, celle d’accentuer les contrastes entre les éléments clairs et sombres du visage. L’intensité de la couleur noire des tatouages de la bouche, des scarifications et du khôl fait ressortir la blancheur de l’émail des dents et de la sclérotique. Elle donne également l’illusion d’un teint de peau plus clair .
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : HISTOIRE DE LA COSMETOLOGIE
I. Introduction
I.1 La cosmétique dans la préhistoire
I.2 La cosmétique dans l’antiquité
I.2.1 La cosmétique dans l’Egypte ancienne
I.2.2 La cosmétique en Grèce antique
I.2.3 La cosmétique dans l’empire romain
I.3 La cosmétique au Moyen-âge (476 après Jésus-Christ–début XVIème siècle)
I.4 La cosmétique à la renaissance (XVIème siècle)
I.5 La cosmétique au XIXème siècle
I.6 La cosmétique au XXème siècle
I.7 La cosmétique au XXIème siècle
I.8 Evolution de la cosmétologie en Afrique
II. Les grands Noms de la cosmétologie
II.1. Yves Rocher
II.2. Eugène Schueller
II.3 Alfred Amour Garnier
II.4 Pierre François Pascal Guerlain
III. Autres personnalités associées à la cosmétologie
CHAPITRE 2 :REGLEMENTATION DES PRODUITS COSMETIQUES
I. Rappels historiques
II. Les Autorités réglementaires des produits cosmétiques
II.1 L’Agence européenne des médicaments
II.2 La Food and Drugs Administration
II.3. L’Autorité réglementaire Japonaise
II.4 L’institution de réglementation au niveau de l’UEMOA
II.5 L’harmonisation de la réglementation des produits cosmétiques
III. Notion de cosmétique « BIO »
III.1. Définition de la notion « BIO »
III.2 Les labels et les certifications
III.2.1 Les labels et les certifications en France
III.2.1.1 Nature & Progrès
III.2.1.2 L’association Cosmébio
III.2.1.3 Ecocert
III.2.1.4 Qualité France
III.2.2 Les labels et les certifications dans d’autres pays européens
III.2.2.1 En Allemagne
III.2.2.2 En Angleterre : la Soil Association
CHAPITRE 3 :L’INDUSTRIE COSMETIQUE
I. Les grands groupes industriels
I.1 L’Oréal
I.1.1. Les produits professionnels
I.1.2. Les produits grand public
I.1.3. Les produits de luxe
I.1.4. La cosmétique active
I.1.5 The Body Shop
I.2 Unilever
I.3 Procter & Gamble
I.4 Estée Lauder
I.5 Shiseido
II. Les entreprises cosmétiques sénégalaises
II.1. Dr Marie Dialo Laboratoires
II.2. Chouette Mama
II.3. Laboratoires Bioessence
II.4. Uniparco Sénégal
II.5. Biossane
II.6. Valdafrique Laboratoires Canonne
II.7 Baobab Fruit Company Sénégal
II.8. Nouvelle Parfumerie Gandour
II.9 SIVOP Sénégal
II.10 Sybel Cosmetics – SA
II.11. Wellnes
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE