La coqueluche est une maladie respiratoire bactérienne. Sa transmission a lieu par voie aérienne et est aisée. Ses manifestations cliniques sont parfaitement documentées tout comme les possibles complications qu’elle entraîne. Elle peut se révéler être une maladie grave essentiellement lorsqu’elle touche certains types de population. Elle est bien connue, diagnostiquée et traitée depuis des décennies. En 2018, la coqueluche est une pathologie qui n’a pas été éradiquée et dont nous entendons encore parler régulièrement. Mais quel impact a t-elle en France et dans le monde ? Est-ce une maladie en voie de disparition ou au contraire en recrudescence ? La vaccination quant à elle, est une des découvertes scientifiques majeures de ces derniers siècles. Elle a pour but d’immuniser les populations contre diverses maladies tant d’un point de vue individuel que collectif. Grâce à la vaccination, la variole a disparue de la planète tandis que d’autres pathologies pourraient un jour l’être.
Généralités
Epidémiologie
Selon l’OMS , chaque année on recense presque 20 millions de cas de coqueluche dans le monde. Pour l’Institut Pasteur , on en dénombre au moins plus du double. Cependant, les deux institutions s’accordent pour affirmer que plus de 90% des cas surviennent dans les pays en voie de développement. Le nombre de décès est, quant à lui, estimé à 300 000 par an dont plus des ⅔ sont des enfants. En France, aucune donnée tous âges confondus n’existe. En revanche, pour les nourrissons, entre 200 et 600 cas de coqueluche sont identifiés en moyenne par an.
Agent pathogène
La coqueluche est une maladie infectieuse de l’arbre respiratoire inférieur causée par une bactérie du genre Bordetella. De ce genre, on note deux espèces importantes en pathologie humaine :
– Bordetella pertussis (également appelée bacille de Bordet et Gengou), principale responsable des cas de coqueluche ;
– Bordetella parapertussis, plus rare (environ 5% des cas).
Les bactéries du genre Bordetella sont des coccobacilles à Gram négatif possédant des cils externes. Ce sont des organismes aérobies stricts dont la température de croissance optimale est comprise entre 35 et 37 °C. Elles produisent des toxines extracellulaires : l’anatoxine coquelucheuse ou toxine pertussique (PTX), l’adénylate cyclase invasive (ACI) et la toxine cyto-trachéale (TCT). Ces toxines extracellulaires sont responsables de la pathogénicité de ces bactéries. La coqueluche est donc une toxi-infection.
Il s’agit d’un pathogène humain exclusif. Son réservoir (humain strict) est essentiellement constitué des adultes et adolescents présentant une infection atypique ou mal/non diagnostiquée.
Mode de transmission
La transmission de la coqueluche a lieu par voie aérienne. Elle se fait principalement par contact direct (taux d’attaque de 70-80% si contact proche) ou inhalation de gouttelettes respiratoires infectieuses en suspension dans l’air dites gouttelettes de Flügge. Cette maladie est extrêmement contagieuse.
La contamination se fait essentiellement durant la période catarrhale ou période d’invasion. La contagiosité diminue durant la période paroxystique des quintes et la période de déclin. Une antibiothérapie efficace permet d’éviter la transmission au bout de cinq jours. Cependant, en l’absence de traitement efficace, la contagiosité peut perdurer jusqu’à trois semaines ou plus. La période d’incubation varie dans la plupart du temps de 7 à 10 jours. Dans les cas extrêmes, elle peut durer jusqu’à 21 jours. La contamination par les mains ou par divers objets souillés a été un temps évoquée mais n’a jamais été démontrée.
Population touchée
La coqueluche peut toucher toutes les tranches d’âge, du nourrisson à la personne âgée. Les manifestations cliniques différeront selon la catégorie d’âge concernée. Cependant, les personnes non ou incomplètement vaccinées et notamment les nourrissons trop jeunes pour l’être, constituent une population à risque. Les personnes préalablement immunisées, vaccinées ou ayant déjà contracté la maladie pourront également être touchées. Mais les manifestations cliniques seront atténuées. Cependant, le profil des sujets habituellement atteints a changé du fait de l’introduction des vaccins en France.
Vers un changement des populations concernées
Avant l’introduction du premier vaccin contre la coqueluche à la fin des années 50, la transmission se faisait essentiellement d’enfants à enfants et plus de 90% d’entre eux étaient infectés avant l’âge de 10 ans. La maladie atteignait beaucoup d’enfants vers l’âge de 5 ans, âge de l’entrée à l’école. Les adolescents et les adultes étaient régulièrement en contact avec la bactérie et développaient des formes modérées ou asymptomatiques de la maladie. Ce qui, en quelques sortes, les « immunisait » de nouveau. A partir des années 90, la maladie est devenue plus rare chez les enfants vaccinés. Ce ne sont plus les enfants qui se contaminent entre eux. Cependant, elle persiste chez les nourrissons n’ayant pas reçu toutes les doses de vaccin. Quant aux adultes, la non confrontation à la maladie, couplée à l’immunité résiduelle conférée par une vaccination antérieure, en fait la principale source de transmission aux nourrissons pas encore en âge d’être vaccinés.
Description clinique
L’expression clinique de la coqueluche varie selon plusieurs facteurs, dont l’âge. Plus un sujet est jeune, plus il peut développer des formes graves de la maladie, voire létales. La coqueluche du nourrisson est la forme clinique la plus caractéristique. Nous avons choisi de la décrire en détail. Les autres formes cliniques de la pathologie sont moins typiques mais seront tout de même abordées.
Forme du nourrisson
Classiquement, 4 phases ou périodes d’apparition chronologique et se succédant sont décrites :
– L’incubation silencieuse ;
– La phase catarrhale ;
– La phase d’état ou phase paroxystique ;
– La convalescence.
Ces phases ont toutes des durées différentes.
Période d’invasion
A la fin de la période d’incubation qui, rappelons-le, varie en moyenne de 7 à 10 jours, s’en suit la période d’invasion dite aussi période catarrhale. Elle dure 1 à 2 semaines. Cliniquement, on note l’apparition de signes non spécifiques d’infection des voies aériennes supérieures à savoir : toux avec rhinorrhée, éternuement, légère injection conjonctivale et parfois de la fièvre mais de façon modérée (< 38,5°C). Au fur et à mesure, la toux évolue et devient spasmodique, émétisante (provoque des vomissements) et à prédominance nocturne. Pendant cette phase, le sujet est très contagieux.
Période paroxystique
La durée moyenne constatée de la période d’état appelée aussi phase paroxystique est de 4 à 6 semaines. Cliniquement, on voit progressivement la toux se structurer en quintes (ou paroxysmes ou quintes paroxystiques). Les quintes sont des accès violents et répétés de secousses expiratoires de toux, produites au cours d’une même expiration, interdisant l’inspiration, entraînant une congestion du visage voire une cyanose et se terminant par une reprise inspiratoire longue et sonore appelée « chant du coq ». Chez certains nourrissons le chant du coq peut être absent mais les quintes restent typiques par leur caractère spasmodique et violent. Le nombre moyen de paroxysmes varie entre 3 et 5, le maximum pouvant être une dizaine. A la fin d’une quinte, survient une expectoration de mucus transparent et épais et parfois même des vomissements. La fréquence de ces quintes est de 10 à 20 par jour, beaucoup plus dans les cas sévères. Elles prédominent la nuit. Entre ces quintes, le sujet est asymptomatique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 – LA COQUELUCHE : DEFINITION, CLINIQUE, TRAITEMENT
I. GENERALITES
A. EPIDEMIOLOGIE
B. AGENT PATHOGENE
C. PHYSIOPATHOLOGIE
D. MODE DE TRANSMISSION
E. POPULATION TOUCHEE
F. VERS UN CHANGEMENT DES POPULATIONS CONCERNEES
II. DESCRIPTION CLINIQUE
A. FORME DU NOURRISSON
1. Période d’invasion
2. Période paroxystique
3. Période de déclin et convalescence
B. AUTRES FORMES
C. COMPLICATIONS DE LA PATHOLOGIE
1. Respiratoires
2. Mécaniques
3. Infectieuses
4. Neurologiques
III. VARIABILITE DE LA COQUELUCHE
IV. DIAGNOSTIC
A. CLINIQUE
B. BIOLOGIQUE
1. Hémogramme
2. Bactériologie
3. Radiographie pulmonaire
C. DIFFERENTIEL
V. TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE
A. ANTIBIOTHERAPIE
B. AUTRES TRAITEMENTS
C. HOSPITALISATION
D. ISOLEMENT
VI. MESURES PREVENTIVES
A. ISOLEMENT
B. ANTIBIOPROPHYLAXIE
PARTIE 2 – DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES DE LA COQUELUCHE
I. INTRODUCTION
II. DANS LE MONDE
III. EN FRANCE
A. EPIDEMIOLOGIE DE LA COQUELUCHE CHEZ LE NOURRISSON
B. EPIDEMIOLOGIE DE LA COQUELUCHE CHEZ L’ADULTE
IV. RESEAU DE SURVEILLANCE EN FRANCE : RENACOQ
V. EXPLICATIONS
VI. CONCLUSION
PARTIE 3 – PREVENTION DE LA COQUELUCHE : LA VACCINATION
I. INTRODUCTION
II. VACCINATION : DEFINITION ET OBJECTIFS GENERAUX
A. HISTOIRE DE LA VACCINATION
B. BASES IMMUNOLOGIQUES DE LA VACCINATION
C. LA REPONSE IMMUNITAIRE
1. Les anticorps
2. Les réactions cellulaires
3. La notion de rappel
D. CLASSIFICATION DES VACCINS
1. Les vaccins vivants atténués
2. Les vaccins inactivés à germes entiers
3. Les vaccins sous-unitaires
4. Les vaccins à base d’anatoxine
E. LA FABRICATION DES VACCINS
1. Les principales étapes
2. La controverse des adjuvants
III. COMPRENDRE LES BENEFICES ET LES RISQUES DE LA VACCINATION
A. LES BENEFICES DE LA VACCINATION
B. LES RISQUES DE LA VACCINATION
PARTIE 4 – RECOMMANDATIONS VACCINALES
I. VACCINATION CONTRE LA COQUELUCHE – RECOMMANDATIONS GENERALES
II. VACCINATION DES NOURRISSONS NES PREMATURES
III. RECOMMANDATIONS PARTICULIERES
IV. RECOMMANDATIONS EN MILIEU PROFESSIONNEL
V. EVOLUTION DES RECOMMANDATIONS AU FIL DES ANNEES
VI. NOUVEAUTES 2018
VII. OBLIGATIONS VACCINALES EN EUROPE
VIII. VACCINS DISPONIBLES SUR LE MARCHE FRANÇAIS
IX. CONTRE-INDICATIONS A LA VACCINATION COQUELUCHEUSE
X. ADAPTATION DES RECOMMANDATIONS EN SITUATION DE PENURIE DE VACCINS
XI. COUVERTURE VACCINALE EN FRANCE
XII. COUVERTURE VACCINALE DANS LE MONDE
XIII. IMPACT DE LA COUVERTURE VACCINALE SUR LA COQUELUCHE
PARTIE 5 – LA PROMOTION DE LA VACCINATION
I. INTRODUCTION
II. PERCEPTION DE LA VACCINATION PAR LA POPULATION FRANÇAISE 66
A. LE BAROMETRE SANTE
B. PERCEPTION CHEZ LES PROFESSIONNELS DE SANTE
III. SOURCES D’INFORMATION EN MATIERE DE VACCINATION
A. LE BAROMETRE SANTE
B. LES SITES INTERNET
C. LES AUTRES SOURCES D’INFORMATION
D. ET POUR LES PHARMACIENS ?
E. DES CAMPAGNES CONTRE LA VACCINATION
1. Sur internet
2. Par les professionnels de santé
IV. ETAT DES LIEUX DE LA PROMOTION VACCINALE EN FRANCE
A. LES FORMES DITES « TRADITIONNELLES »
B. LES SITES INTERNET
V. ROLE DU PHARMACIEN D’OFFICINE DANS LA PROMOTION DE LA VACCINATION
A. LE PHARMACIEN, UN PROFESSIONNEL DE SANTE ACCESSIBLE
B. LA VERIFICATION DU STATUT VACCINAL
1. Le dossier pharmaceutique
2. Le carnet de vaccination électronique
C. L’ADMINISTRATION DES VACCINS
1. Qui vaccine en France ?
2. Dans les autres pays ?
3. Vers une extension du rôle des pharmaciens ?
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES