Le soutien politique réciproque et solidarite Chine-Afrique
La naissance de la politique africaine de la Chine remonte vers les années 1950. A ce moment, les pays libres sur le continent africain (Égypte, Éthiopie, Liberia et Libye) ne reconnaissaient pas la Chine et étaient soit sous l’influence de l’URSS ou des Etats Unis (Gazibo & Mbabia 2010 : 524). La Chine mit en place une politique diplomatique avec comme des objectifs principaux : nouer une amitié solide avec le plus grand nombre de pays africains pour asseoir son aura internationale (Gazibo & Mbabia 2010 : 524.) et combattre l’influence des deux puissances. Il lui a fallu des prétextes pour poser ses pions. La conférence afro-asiatique de Bandung, organisée du 18 au 24 avril 1955 en Indonésie, la nationalisation du canal de Suez décidée le 26 juillet 1956, les luttes d’indépendance, ont été les facilitateurs du début de la percée chinoise. Les Etats comme l’Algérie, la Guinée et surtout le Mali, ont toujours figuré parmi les Etats promoteurs de la révolution qui demandait le rétablissement de la Chine populaire dans ses droits légitimes à l’ONU (Gueye 1979 : 675). De son coté, depuis 1961, le gouvernement malien s’est battu pour que la Chine ait sa place au sein de l’instance internationale et considérait la mise à l’écart de la Chine comme une absurdité qu’il importait d’effacer au plus vite. Lors d’une des sessions de l’ONU, le représentant malien affirme que la « session doit être à cet égard une session de réparation. Je dis de réparation car, il est anormal et injuste qu’une organisation internationale comme la nôtre qui affirme dans sa charte être ouverte à toutes les nations pacifiques (…) ferme ses portes à une puissante nation qui à elle seule compte le quart de la population du globe (…) Nous devons sans tarder restituer à la République populaire de Chine la place qui lui revient de droit … » (Gueye 1979 : 102) . En La coopération Chine-Afrique de 1955 à 2018 : Géopolitique et relations par le bas plus, en 1962, le Mali fut co-auteur du projet de résolution qui appela à rétablir la Chine populaire à l’ONU au détriment de Formose La Chine a aussi témoigné sa solidarité à l’Egypte nassérienne au cours de ses différends avec la coalition franco-britannique consécutifs à la nationalisation du canal de Suez en 1951. Elle a également comme lors de la conférence de Belgrade en 1961, profité de toutes les tribunes pour dénoncer la colonisation de l’Afrique et appeler à sa décolonisation. La Chine était ainsi vue par beaucoup de pays africains, au moment de la Guerre Froide comme un allié incontestable pour lutter contre la colonisation, le néo-impérialisme et la domination occidentale. De la même manière, sur le plan politique, diplomatique et assistance militaire, la Chine était une alternative à l’Union Soviétique pour les mouvements de libération. C’est ainsi qu’elle apporta de l’aide logistique et financière aux mouvements de libération comme le Mouvement Populaire pour la Libération de l’Angola (MPLA), le Front de Libération du Mozambique (FRELIMO), la Zimbabwe African National Unity (ZANU). Pékin a aussi soutenu l’African National Congress (ANC) qui luttait contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud jusqu’en 1994. A la fin de la Guerre Froide en 1989, la Chine a contribué à la formation des leaders des mouvements de libérations africains, au développement des réseaux de transport (Gegoute 2013 : 51) et à aider à l’épanouissement et à l’entrainement militaire de nombreuses armées africaines (Gegoute 2013 : 51). En outre, au lendemain du soulèvement des étudiants et la violente répression du gouvernement chinois en 1989, la Chine était sous les critiques virulentes de l’opinion internationale et plus particulièrement occidentale. En Afrique, plusieurs dirigeants apportèrent leur soutien au gouvernement chinois. « Pour les leaders africains, de vives condamnations de la Chine auraient été en outre synonymes de la fin de l’aide chinoise à une période où l’Afrique était de son côté sous les feux des conditionnalités démocratiques imposées par les pays occidentaux et les institutions financières internationales » (Gazibo & Mbabia 2010 : 525). La Chine comprend dès lors l’importance de l’amitié avec le continent. Dans la même lancée, en 1996, les votes africains avaient empêché la condamnation de la violation des droits de l’homme perpétrée en Chine. Les fondements majeurs de la politique extérieure chinoise qui tournent autour de la noningérence, la coexistence pacifique et le respect de la souveraineté des Etats, sont appréciés sur le continent. La Chine s’engage à soutenir les Etats africains dans le «maintien de leur souveraineté, de leur indépendance nationale de lutte contre les ingérences extérieures ainsi La coopération Chine-Afrique de 1955 à 2018 : Géopolitique et relations par le bas que de respect du choix de leur système politique et de leur voie de développement » (Gazibo & Mbabia 2010 : 527)
Le pétrole et les ressources naturelles
La croissance économique forte de la Chine dans ces deux dernières décennies a propulsé sa demande en énergie. Son besoin énergétique est énorme. Ses importations ne cessent d’augmenter. En 1999, elles représentent 27%, 37% en 2002, 45% en 2005 (Lafargue 2005 : 46) et en 2009, 8 millions de baril/jour, soit une part de 9,6 %. (Diaby 2014 : 160). Le constat depuis 1990 est la raréfiction des réserves de l’Indonésie, un des fournisseurs de la Chine. Cette situation compris les dirigeants du pays, le oblige à diversifier leurs fournisseurs. Ceci à pour conséquences qu’à partir des années 1999, les compagnies chinoises sont entrées sur le marché africain pour l’exploration et l’exploitation de gisements pétroliers (Diaby 2014 : 160). Depuis 2003, elle est devenue le deuxième consommateur de l’or noir derrière les EU et d’ici à 2025, ses importations doivent atteindre 13 millions de barils par jour avant de dépasser celles des Etats Unis en 2030 (Taylor 2007, cité par Baah 2011 : 65.). Cette dépendance accrue en énergie pousse la Chine à faire de la quête d’une sécurisation énergétique sa principale stratégie de développement. L’Afrique est un terrain propice qui permet ainsi à la Chine de réduire sa dépendance énergétique parce qu’aujourd’hui elle est devenue le deuxième importateur du pétrole africain après les Etats Unis (Lafargue 2005 :47). En 2005, 25 % du pétrole importé par la Chine venait d’Afrique (soit 1,1 million de baril/jour), contre 19 % en 2000 (soit 338 000 baril/jour). En 2008, la Chine représentait 13 % des exportations africaines de pétrole, contre 5,5 % en 2000 (Diaby 2014 :161). La coopération Chine-Afrique de 1955 à 2018 : Géopolitique et relations par le bas Hormis l’Afrique du Sud, les principaux partenaires des Chinois (le Nigeria, le Soudan, l’Algérie, l’Angola et la Guinée Équatoriale) sont des pays producteurs du pétrole ou riches en matières premières. La carte de la présence de la Chine sur le continent peut faire penser qu’elle est réglementée par l’appétit énergétique du dragon asiatique. En effet, il apparait que la Chine semble témoigner un intérêt marginal pour les Etats pauvres en ressource naturelles (Rwanda, Bénin et Togo). Elle courtise de plus en plus des Etats comme l’Angola, le Soudan, le Nigéria, le Tchad, et la Guinée équatoriale, qui lui fournissent ¼ du pétrole qu’elle consomme(Girouard 2008 :4). Cette installation de la Chine en concurrence avec les autres puissances a fait évoluer la balance commerciale en faveur de l’Afrique. L’augmentation de la demande mondiale a contribué à l’augmentation des prix du pétrole et d’autres minerais, principales exportations africaines. Déjà entre 2004-2006 l’Afrique et la Chine enregistraient un excédent commercial de 2 milliards de dollars par an (Wang & Bio-Tchané 2008 ; Gazibo & Mbabia 2010 : 530). Outre le pétrole, la présence de la Chine dans plusieurs pays est liée à l’extraction, l’exploitation ou à l’exportation des ressources naturelles. Pékin étend sa politique énergétique sur l’ensemble des matières premières comme le cuivre, le cobalt, le zinc, le nickel, l’aluminium. Ainsi, la Chine combine l’extraction de ces minerais au développement des infrastructures. L’un des exemples est la construction de la voie ferrée, Tazara. En effet, au moment où le régime ségrégationniste bat son plein en Afrique du sud, les intérêts de la Zambie et de la Tanzanie, deux pays dont l’économie reste affectée par la situation en Afrique du sud, se croisent. Le premier dépourvu de littorals avait besoin de débouchés maritimes pour ses produits intérieurs et le second voulait développer ses mines de charbon dans la partie ouest du pays afin de dynamiser l’économie dans la région maritime. La Chine s’est donc engagée à la réalisation du projet. Cette volonté chinoise de développement des infrastructures pour l’extraction des minerais se poursuit toujours. L’appétit énergétique chinois explique la présence de ses multinationales en Zambie (cuivre et uranium), au Zimbabwe (charbon et platine), en RDC (cobalt), en Afrique du Sud (maganèse), au Niger (uranium), au Gabon, en Guinée équatoriale, au Cameroun, au Mozambique, et au Liberia (produits forestières) (Girouard 2008 : 4). En Zambie et RDC, des sociétés chinoises s’intéressent au cuivre et cobalt et exploitent du charbon en Mozambique. La présence économico-commerciale chinoise en Afrique est ainsi axée principalement sur «le commerce, les mines et hydrocarbures, les joint-ventures, l’investissement et l’aide au développement » (Gazibo & Mbabia 2010 : 530).
Le pragmatisme chinois
En concurrence avec le reste du monde en général et avec l’Occident en particulier, la réussite chinoise sur le continent africain est en partie due au pragmatisme politique de l’empire du milieu. Cette attitude du savoir-faire chinois est devenue un fait. En effet, l’irruption de Pékin sur le continent noir qui était de facto sous l’influence grandissante des anciens colons, n’a pas était facile. Après la guerre de Corée, les Chinois ont subis un blocus politique, économique, militaire et sécuritaire dressé au tour de la Chine par les Etats Unis et leurs alliés. La période de la stratégie pour la diplomatie du pays définie par Mao coïncide en Afrique aux luttes armées et parlementaires pour l’émancipation et l’indépendance es anciennes colonies. Cette piste exploitée par les dirigeants chinois pour établir des contacts étroits avec les nationalistes et indépendantistes était insuffisante. En effet, malgré les énormes problèmes de financement économiques, techniques auxquels ont été confrontés les nouveaux Etats indépendants, ces derniers ont beaucoup hésité avant d’accepter la main tendue de l’empire du milieu. Ils étaient confrontés au dilemme : D’une part, au moment de la Guerre Froide, au centre de toutes les collaborations bilatérales ou multilatérales, se trouvent des préoccupations idéologiques. Les Etats africains craignaient ainsi que pour bénéficier de transferts de fonds financiers chinois, la Chine ne leur impose des concepts du régime communiste comme condition sine qua non. D’autre part, ils pensent qu’en acceptant l’aide chinoise, ils perdraient celle des anciennes métropoles et des pays développés. Dans cette situation, les dirigeants chinois ont mis en place une série de principes favorables au continent. L’un des plus frappants est celui de l’inconditionnalité de l’aide chinoise. En outre, au moment de la prise de cette décision politique envers l’Afrique, l’économie nationale chinoise et les finances étaient déjà confrontées à de grosses difficultés. En dépit de ces dernières, la Chine s’est engagée dans des projets de construction de routes, d’aménagements hydroagricoles, d’hôpitaux et de stades en Afrique. Seydou Badian, ancien Ministre de l’Economie sous Modibo Keita disait : « nous devons dans le contexte général de nos rapports avec le camp socialiste, faire une place à part à la République Populaire de Chine. Ce pays, malgré les gigantesques taches qu’il a à accomplir chez lui, constitue aujourd’hui un grand espoir pour les peuples africains. Ce n’est pas seulement parce que l’aide chinoise n’est pas productrice d’intérêt, ni que les échéances de remboursement accordées par ce pays sont les plus éloignées ; c’est aussi et surtout que la Chine sait s’adapter et très rapidement aux conditions réelles qu’elle rencontre chez les autres. Ainsi son aide conçue comme celle des pays socialistes dans son principe s’en écarte devant les nécessités du lieu. » (Gueye 1979 : 339). En outre, à la différence des sommets franco-africains ou des rencontres périodiques du Commonwealth, la Chine a lancé un ballet diplomatique articulé autour de la visibilité plus grande de ses dirigeants sur le continent. Elle crée des espaces de dialogue politique, le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) en institutionnalisant des rencontres annuelles au plus haut sommet. Depuis qu’elle a identifié l’Afrique comme un partenaire économicostratégique, la Chine cherche à y développer non seulement une visibilité politique à la hauteur de ses ambitions mais aussi adaptée au contexte et besoin politiques, économiques et stratégiques. C’est ainsi qu’on peut comprendre les visites des dirigeants chinois dans les années 1980, dirigées vers des pays à haute potentialité diplomatique, et celles dirigées vers des pays à haute potentialité politico-économique. Il s’y ajoute un « activisme diplomatique » chinois difficile à concurrencer. Ce dernier consiste à mobiliser l’ensemble des appareils susceptibles de soigner l’image de Pékin. Par exemple, les autorités chinoises parviennent à envoyer chaque année en Afrique un nombre important de délégations, dirigées par un membre de la direction suprême du pays, le Comité permanent du Bureau politique (Cabestan 2013 :162). Actuellement, la cohérence de la nouvelle politique chinoise est perceptuelle à travers le fait qu’elle lie les besoins de développement interne d’une nation à sa capacité à sécuriser durablement les moyens nécessaires à sa croissance. La priorisation des projets dans le cadre de la coopération entre la Chine et les pays d’Afrique diffère d’un pays à l’autre. La Chine priorise des projets en fonction des besoins du pays tiers. Par exemple en Angola, la priorité est donnée à l‘infrastructure des communications, au Congo, l‘infrastructure routière et l‘ICT est mise en avant, en Mozambique, c’est la construction d’installations publiques qui prime, Ouganda, la construction des installations publiques et le système ICT est le maitre mot et en Tanzanie, l’infrastructure des communications et les installations publiques… Dans le domaine de l’exploitation du pétrole, Pékin et les compagnies pétrolières chinoises développent une stratégie à multiple facettes qui s’adapte à la situation politique de chaque pays. Les entreprises chinoises acceptent de s’implanter dans des zones de conflits comme l’Angola, le Soudan…, désertées par des grandes multinationales pétrolières occidentales qui estime qu’il y a de grave violation des droits de l’homme dans ces pays. Les Chinois en profitent avec leur politique de non-ingérence pour s’installer. Ce qui fait qu’ils disposent de grandes réserves pétrolières peu convoitées, n’offrant pas de rentabilité immédiate mais qui assurent un avenir prometteur. Dans certains milieux, en raison des politiques intérieurs, Pékin et la communauté internationale s’engagent dans un bras de fer. C’est le cas du Soudan. Ce pays fournit 7,5% des importations totales de la Chine. Pourtant c’est en pleine guerre civile que la China National Petroleum Corporation (CNPC) en jointventure avec deux entreprises Malaisiennes et canadiennes, s’est installée au sud du pays, dans le bassin de Muglad en investissant 1 milliard de dollars. Tous ceux-là montrent que le pragmatisme de la Chine qui a su offrir aux Africains une nouvelle donne et une coopération fructueuse en offrant « son savoir-faire, sa main-d’œuvre, des prêts à taux réduits et des avantages financiers pour construire chez ses fournisseurs de matières premières des infrastructures » (Lafarque 2005). Tout ceci s’inscrit dans une stratégie chinoise longtemps mise en place. Elle consiste à s’approprier des ressources non exploitées par les entreprises occidentales à cause de leur qualité, de leur éloignement ou encore des risques politiques qui y sont liés.
La nécessité des réformes
En ce qui concerne les bailleurs traditionnels, la montée de leur influence dépendra des leçons qu’ils tirent du pragmatisme chinois et des réponses qu’ils y apporteront. Dans le cadre des biens et des services destinés aux projets d’investissement, ils peuvent revoir leurs prix en baise pour mieux concurrencer la Chine qui offre des prix extrêmement compétitifs (Ndikumana et al 2011 : 6). Les Occidentaux sont tenus aussi de respecter les délais pour égaler les entreprises chinoises réputées dans ce domaine. L’Occident en général et l’Europe en particulier doit changer son regard envers l’Afrique. En effet l’Europe en tant que donateur reste cantonnée dans un regard monotone qui considère l’Afrique comme un simple partenaire commercial avec qui, il faut suivre les objectifs de coopération au développement. Il est nécessaire que les bailleurs traditionnels sortent de cette logique ancienne qui ne voit dans l’Afrique qu’un simple marché18. L’arrivée des pays émergents comme la Chine « oblige les pays occidentaux à se mobiliser, à signer d’avantage de partenariats s’ils souhaitent conserver leur place, répondre aux besoins des peuples du continent émergent (Ahmad 2011 : 3). Ceci montre que l’Occident doit multiplier les partenariats techniques et augmenter ses investissements en encourageant ses investisseurs à soutenir l’Afrique. Vu l’influence grandissante de la Chine qui est presque présente partout dans le monde, l’Afrique doit s’efforcer à entreprendre des réformes. En effet, en plus de l’Afrique, la Chine s’approvisionne en matières premières auprès de divers partenaires parmi lesquels, l’Australie et l’Amérique Latine, des régions qui disposent en plus d’un vaste marché de consommation, des matières premières en abondance et des produits agricoles. De ce fait, l’Afrique est concurrencée par « des régions tout aussi bien dotées qu’elle en ressources naturelles, mais qui bénéficient d’un environnement politique et d’affaires plus stable, et qui offrent donc un niveau de risque d’investissement moindre » (Ndikumana et Walkenhorst 2011 :3). Cette situation augmente la nécessité pour l’Afrique de renforcer sa compétitivité en remédiant à ses problèmes structurels. Elle peut tout aussi privilégier la bonne gouvernance, instaurer un environnement économique compétitif et une main-d’œuvre qualifiée. A travers cette amélioration de l’environnement des affaires, l’Afrique pourra non seulement résister à la concurrence des autres partenaires et celle de la Chine mais aussi « tirer parti des opportunités offertes par la Chine pour parvenir à un développement durable et pour faire reculer la pauvreté » (Ndikumana et Walkenhorst 2011 :8). Il s’y ajoute la participation des secteurs privés et de la société, qui devra compléter le leadership des gouvernements africains pour imposer à tous les investisseurs publics à réorienter leur politique publique en tenant compte de la situation et des institutions de chaque Etats africain(Ndikumana et Walkenhorst 2011 : 8). Pour ce qui concerne les ressources naturelles, les Africains doivent renforcer les capacités locales pour pouvoir négocier avec les partenaires, notamment Chinois des accords avantageux. D’ailleurs dans ce processus d’optimisation des effets positifs des investissements étrangers, certains pays comme la Tanzanie, le Sénégal et l’Angola, ont mis en place des politiques qui peuvent se révéler efficaces. Le premier encourage les projets qui obtiennent un financement extérieur à employer la main d’œuvre locale, le deuxième incite les investisseurs à monter des joint-ventures avec des entreprises locales, et enfin, le troisième impose l’utilisation des matériaux de constructions locaux (Ndikumana et Walkenhorst 2011 : 8). Il est clair que quand ces politiques seront associées aux mécanismes de l’instauration de la transparence des marchés publics ainsi que leur gestion efficace, on aboutira à la rentabilité des projets. Dans la même lancée, le gouvernement sud-africain après avoir constaté que la confection et le textile nationaux souffraient de la flambée des importations chinoises sur le marché local, avait décidé depuis 2006, de rétablir un système de quota sur plusieurs catégories de vêtements et de textiles provenant de la Chine. Ceci, afin de permettre la restriction de l’industrie nationale pour la préparer à la concurrence. L’Afrique doit également relever le défi de l’intégration pour mieux profiter des différents partenariats mais aussi de la concurrence sino-occidentale. Par exemple, au-delà des sommets Chine-Afrique, la démarche africaine envers la Chine est parcellaire, fragmentée et individualisée et leur coopération se mène de manière plus bilatérale que régionale. De ce fait, les Africains vont vers la Chine en ordre dispersée réduisant ainsi le poids du continent lors des négociations. Il faut traiter avec les Chinois de manière multilatérale et régionale. Une intégration réussie amènera la communauté internationale à négocier avec des structures sous régionales, régionale ou continentale comme l’UA dont l’une des preuves, est l’invitation régulière des dirigeants africains aux sommets du G8. De la même manière, l’Afrique peut tout aussi consolider ses liens avec les anciens partenaires, avec la Chine et les autres pays émergents aussi. Elle ne doit négliger ni l’un, ni l’autre car les besoins de l’Afrique sont si énormes qu’il devient nécessaire de coopérer avec les acteurs qui peuvent contribuer d’une manière ou d’une autre au développement du continent. Ouvrir la voix à toutes les puissances et les pays émergents lui permet de pallier à toutes les éventualités et de miser sur la complémentarité dans tous les domaines. A cette La coopération Chine-Afrique de 1955 à 2018 : Géopolitique et relations par le bas occasion, les investissements et le partenariat chinois sont non seulement une pression sur l’Occident et les bailleurs de fonds traditionnels à revoir leur politique africaine, mais aussi consolident l’importance du rôle politique, économique et stratégique de l’Afrique dans la géopolitique mondiale. Cependant, la Chine, il faut le rappeler, n’est pas venue spécifiquement pour développer l’Afrique. Elle poursuit ses intérêts économiques, diplomatiques et stratégiques. Elle ne peut pas dans le processus de l’avènement d’un monde multi-polarisé, minimiser ses liens avec les peuples européens et surtout ceux de ses voisins immédiats asiatiques. Pour des questions tactiques et stratégiques, elle ne gagne rien en banalisant son partenariat avec les Etats Unis qui ont des possibilités de perturber la réalisation de ses ambitions (Gaye, 2006). Elle peut, si jamais elle est confrontée aux problèmes internes ou satisfait ses ambitions, déserter le continent comme elle l’a déjà fait entre 1978 et le début des années 1990 (Gaye 2006 : 281). En effet, Les années 1980 sont marquées par un retrait de la présence chinoise en Afrique. Les financements de la grande majorité des projets productifs en cours sont arrêté, les experts chinois en mission en Afrique sont retournés et fermes agricoles rétrocédées aux gouvernements concernés. Pour autant, l’Afrique a intérêt à maintenir ses liens avec les partenaires traditionnels, consolider également toutes les nouvelles coopérations comme celle de la Chine, en leur proposant une concurrence saine, une coopération pragmatique et bilatérale orientée vers le développement durable du continent.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE :L’HISTORIQUE DE LA COOPERATION SINO-AFRICAINE DE 1955 A 2018
CHAPITRE I: UNE COOPERATION FONDEE SUR LES INTERETS POLITIQUES ET IDEOLOGIQUES
CHAPITRE II: LA NAISSANCE D’UNE COOPERATION ECONOMICO-COMMERCIALE
DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX GEOPOLITIQUES ET ECONOMIQUES DE LA CHINEAFRIQUE
CHAPITRE I : UNE BATAILLE ECONOMIQUE SINO-OCCIDENTALE
CHAPITRE II : LA CONCURRENCE POLITIQUE : LA NECESSITE DES REFORMES ET DE LA COOPERATION CHINE-AFRIQUE-OCCIDENT
TROISIEME PARTIE : LA GEOSTRATEGIE DE LA COOPERATION SINO-AFRICAINE
CHAPITRE I : LA PRESENCE ACCRUE DES ENTREPRISES ETRANGERES ET LEUR CONCURRENCE
CHAPITRE II : LA NECESSITE D’UNE COOPERATION DE MAINTIEN DE PAIX, DE SECURITE ET DE RESPECT DES VALEURS ENVIRONNEMENTALES ET HUMANITAIRES
QUATRIEME PARTIE :CHINE-SENEGAL : LA REVOLUTION MICROECONOMIQUE
CHAPITRE I: LA LIBERALISATION DU COMMERCE ET DE L’ECONOMIE
CHAPITRE II : VERS LA RELANCE D’UNE NOUVELLE DONNE DE COOPERATION AGRICOLE
CONCLUSION GENERALE
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