Définitions des concepts
Multiculturalisme
La définition générale proposée du multiculturalisme se base sur les écrits de Duchastel (2005) et Savidan (2009). Selon Savidan (2009), le multiculturalisme est « conception de l’intégration » où l’Etat doit reconnaitre «la multiplicité des groupes ethnoculturels qui composent de manière significative sa population » et de représenter cette diversité culturelle « sur la base de principes clairement identifiables ». Pour Duchastel (2005), le multiculturalisme désigne « la diversité qui caractérise nos sociétés » tout en étant « une stratégie de pouvoir visant à intégrer les différences inhérentes à une société complexe ». Ces deux définitions caractérisent donc le multiculturalisme comme l’affirmation d’une multiplicité de cultures et la prise en compte, d’un point de vue politique, de cette diversité culturelle par un système de reconnaissance et de participation au sein d’une société complexe et globalisée.
Dans la définition du terme « multiculturalisme », Kymlicka (1995, inDuchastel, 2005) distingue trois formes de multiculturalisme. La première forme s’exprime par la coexistence de plusieurs nations dans un même Etat et au droit à l’autonomie gouvernementale. La forme suivante cible les minorités visibles en provenance de l’immigration et le droit à la non discrimination et à l’action positive pour ceux-ci. La dernière forme du multiculturalisme traite du droit de non-discrimination et de représentation spéciale pour les groupes catégoriels fondés sur la religion, le genre, le handicap, etc.
Sensibilisation environnementale
De nombreuses définitions du mot « sensibilisation » expriment l’idée que la sensibilisation est plus qu’une information et qu’elle implique une action. La sensibilisation passe par l’identification d’un problème et la proposition d’une solution.
La définition du concept de « sensibilisation environnementale » s’inspire des définitions de Parenteau (1997) et de Desachy (2001). Selon Desachy (2001), sensibiliser vise à «informer le public sur les effets de l’action de l’homme» sur l’environnement et à «promouvoir la participation active et responsable des citoyens». Pour Parenteau (1997),la sensibilisation est une communication orientée vers le changement de comportements individuels.
Ainsi, la définition appliquée pour cette étude se résume comme suit : la sensibilisation environnementale est un outil d’information et d’implication des citoyens qui implique un changement des comportements individuels. Les modifications apportées aux définitions de Parenteau et de Desachy s’expliquent par la volonté de démontrer tout au long de ce travail le possible lien de causalité entre l’efficacité des outils de sensibilisation et le niveau d’implication citoyenne qu’ils mobilisent. À cet égard, la définition choisie est plus pertinente lorsqu’elle inclut directement l’implication citoyenne que lorsqu’elle s’arrête au changement de comportement.
Liens entre les concepts
La Canada est le premier pays a mettre en place une politique officielle de multiculturalisme. Datant de 1971, elle permet aux citoyens de préserver leur identité culturelle tout en éprouvant un sentiment d’appartenance. Ainsi, le multiculturalisme encourage les citoyens canadiens à s’intégrer à leur société en participant activement à la vie sociale, culturelle, économique et politique.
La sensibilisation environnementale va favoriser l’intégration des citoyens à une échelle locale, comme celle du quartier, tout en participant à contribuer au respect de l’environnement par diverses actions.
Théorie de l’en-commun
La théorie de l’en-commun est une théorie soutenue par Achille Mbembé. L’explication de cette théorie repose essentiellement sur l’un de ces écrits, La république désœuvrée: la France à l’ère post-coloniale(2005). Cette théorie se définit par une affirmation des identités particulières et une recréation du lien social, en mettant en avant l’idée de partage et de la coappartenance.
Ainsi, Mbembé (2005) propose une alternative à l’idée d’intégration et à l’universalisme qui ne reconnait pas les singularités de chacun au sein d’un groupe. L’universalisme peut se traduire comme l’affirmation que tous les groupes humains ont une nature commune. La théorie de l’en-commun se rapproche du cosmopolitisme qui est le fait d’appartenir à l’ensemble de l’humanité et reflète un mélange de plusieurs identités.
D’après le théoricien, « Le sentiment d’appartenance à la société du genre humain ne passe pas nécessairement par l’abstraction des différences individuantes » (Mbembé, 2005).
Dans une démocratie multiculturelle fondée sur une éthique de la rencontre et du partage des identités particulières, les citoyens partagent entre eux leurs singularités, qui les différencient aussi les uns des autres.
Liens entre les théories : Les espaces de l’en-commun
La notion de l’en-commun appliquée à l’urbain a déjà été mentionnée dans de précédentes études. En 1958, Hannah Arendt (1994, inPaquot, 2009), philosophe allemande qui a étudié les relations entre les domaines privés et publics, parlait déjà de l’en-commun en lui donnant le sens d’un «espace public inter-humain ». Sennett (1979, in Paquot, 2009) définissait la ville comme étant « le lieu privilégié de cet en-commun, car elle se présente comme « un milieu humain dans lequel des inconnus se rencontrent » » (Paquot, 2009).
L’en-commun a pour but de recréer du lien social et d’affirmer les identités particulières. Il pose la question des relations dans l’espace public avec le partage de celui-ci par différentes minorités. Ainsi, les espaces de l’en-commun sont des espaces publics, de partage et de rencontres, où les citoyens s’assument au sein de ces espaces d’interactions sociales et de liberté.
Au sein du quartier de Parc-Extension, les espaces publics tels que la Place de la gare Jean-Talon ou les différents parcs, les quatre ruelles vertes, les deux jardins collectifs et la terrasse du centre communautaire William Hingston sont des espaces de l’en-commun.
L’évolution de la notion d’intégration des immigrants
A Montréal
L’individu vit dans un territoire cosmopolite puisqu’il peut fréquenter différents endroits et multiplier les appartenances en se protégeant des « excès des stimulations de la ville » (Germain, Poirier, 2007). Ces « stimulations » sont notamment les interactions sociales entre les individus qui se caractérisent à la fois par des actions de rapprochement et d’éloignement (Simmel, 1908, in Germain, Poirier, 2007). Aujourd’hui, les conditions de rapprochement et d’éloignement n’existent plus avec la possibilité de communiquer et de parcourir de longue distance rapidement avec autrui dans la vie quotidienne. Alors qu’auparavant, ces distances existaient entre les immigrants et la « société d’accueil» en se demandant si les nouveaux arrivants allaient s’intégrer. « On ne voulait pas comprendre qu’ils puissent avoir besoin de la proximité des leurs pour mieux s’intégrer ensuite » (Germain, Poirier, 2007).
Au regard d’un contexte qui a évolué avec les nouvelles technologies du transport et de la communication, les deux auteurs se posent la question suivante : « Le poids et les lieux de l’immigration ne sont-ils pas aujourd’hui bien différents de ce qu’ils étaient il y a trente ans ? » (Germain, Poirier, 2007). Elles se demandent également si les préoccupations et les obsessions à l’égard des immigrants ont changé.
Pour répondre à cette problématique, elles intègrent le concept de « fluidité des territoires » pour tenter de décrire la forme qui résulte des différentes vagues d’immigrations.
Un fluide est par définition quelque chose qui, à la fois, coule facilement et qui est difficile à saisir, à appréhender.
C’est à partir de la fin du XX ème siècle que Montréal commence réellement à distinguer ses différents quartiers ethniques avec le quartier chinois au sud de l’île et l’arrivée de nouveaux immigrants non britanniques : les italiens s’installent dans la Petite Italie, les grecs dans Parc-Extension et les portugais dans le Mile-End. On voit ainsi apparaitre dans ces quartiers des« marqueurs ethniques » où « les réalités commerciales, institutionnelles et politiques de tous ces groupes ethniques vont populariser la notion de « quartier ethnique » » (Germain, Poirier, 2007). Par la suite des impératifs économiques et démographiques, les politiques canadiennes et québécoises ouvrent l’immigration aux personnes venant des pays du Sud. Cette nouvelle vague d’immigrants intensifie la diversité culturelle des quartiers et permet un passage des quartiers ethniques à des quartiers multiethniques.
L’immigration continue à se diversifier au sein des quartiers de manière très rapide.
Les marqueurs ethniques, concentration de commerces et lieux de culte divers, se multiplient et ont une architecture qui se distingue du reste du paysage urbain. Cette explosion des lieux de cultes associés aux minorités a été sujet de nombreuses controverses où les auteurs insistent sur le rôle non négligeable des médias dans la prise de position de certains citoyens.
Alors qu’elles expliquent que certains lieux de cultes ne s’accompagne pas toujours du développement résidentiel de leur communauté à proximité mais jouent plutôt un rôle « d’infrastructure régionale» (Germain, Poirier, 2007).
De même, La Ville de Montréal montre de moins en moins ces orientations multiculturelles avec notamment la concentration des festivals ethniques sur un seul site, le parc Jean Drapeau, alors qu’ils se déroulaient auparavant dans les différents quartiers de la ville. Le parc est aussi une île offrant un territoire délimité, circonscrit à ces activités multiculturelles. Est-ce pour donner « une place à l’Autre, d’instaurer une universalité des territoires ou encore réaffirmer l’identité montréalaise» en ôtant le caractère culturel de certains quartiers ? (Germain, Poirier, 2007).
Germain et Poirier (2007) montrent que les territoires de l’immigration sont devenus plus fluides, « ils s’interpénètrent sans pour autant fusionner », qu’ils se sont multipliés avec des marqueurs territoriaux plus ou moins significatifs. Quant au poids de l’immigration aujourd’hui, il est a nuancer puisqu’il est souvent influencé par les médias et s’inscrit dans un monde globalisé. Ainsi, une nouvelle question se pose : Est-ce que la fluidité des territoires de l’ethnicité, d’un point de vue géographique, peut se mêler à d’autres facteurs pour induire « un espace d’inconfort chez les montréalais qui ne se perçoivent pas comme étant d’origine immigrante » ? (Germain, Poirier, 2007).
A Parc-Extension
Comme mentionné précédemment, Parc-Extension est un quartier où se sont installés les grecs à leur arrivée durant les années 1950-1960. Par la suite, comme dans les différents quartiers ethniques de Montréal, celle-ci a connu une dernière vague d’immigration avec l’arrivée notamment des populations sud-asiatiques dans le quartier (Germain, Poirier, 2007).
Poirier (2006) se questionne sur l’évolution de ce quartier et se demande «En quoi ces observations peuvent-elles contribuer à la réflexion sur les quartiers et la diversité ? » (Poirier, 2006) en s’appuyant sur les concepts de «quartier fondateur » et de « quartier d’intégration».
Le quartier fondateur représente le territoire où l’on s’installe dès notre première arrivée, c’est un lieu de passage que l’on est amené à quitter mais que l’on fréquente pour se ressourcer. Il fait le lien entre le pays d’origine et le pays d’arrivée (Rémy, 1990, inPoirier, 2006). L’intérêt de ce quartier est qu’il marque un point de départ et inscrit le territoire dans un processus spatial et temporel. Parc-Extension est un quartier fondateur pour la communauté grecque montréalaise.
Le quartier d’intégration complète le quartier fondateur. Il met l’accent sur les dynamiques au sein du quartier. L’intégration dans un quartier repose sur «une organisation sociale des résidents permettant la régulation des problèmes de cohabitation » (Simon, 1992, in Poirier, 2006) en passant par le développement d’un tissu associatif, des commerces et des équipements urbains pour répondre aux besoins des résidents. Ce concept a pour intérêt de combiner le lieu d’arrivée et la zone d’établissement.
Parc-Extension est un quartier d’intégration car il intègre les trois dimensions de celui-ci : la diversité de la population, le marquage ethnique et les dynamiques associatives.
En effet, la population à majorité grecque s’est diversifiée à la fin des années 1970 avec l’arrivée d’immigrants d’Asie du Sud. En 2001, ils représentent 37% de la population du quartier. La stabilisation du solde migratoire se fait ressentir car la population est relativement pauvre et n’a pas les moyens de déménager et elle se reflète dans la fréquentation multiculturelle des espaces publics du quartier.
Lacune analytique
Bien que le concept de sensibilisation environnementale soit relativement connu et largement utilisé par les municipalités du Québec, il existe cependant peu d’ouvrages scientifiques portant sur cette thématique dans le contexte québécois et abordant la dimension culturelle. Evidemment, il existe une riche littérature sur la gestion urbaine et environnementale qui concerne d’autres territoires, d’une part et de nombreux ouvrages traitant de la politique multiculturelle du Canada, d’autre part, permettant de mieux appréhender le territoire montréalais et la question de l’immigration. L’objectif de cette revue de littérature étant de souligner le lien entre la sensibilisation environnementale et le caractère multiculturel du Québec et principalement de Montréal, la littérature concernant celui-ci n’est pas très abondante.
La littérature au sujet du rôle des espaces publics dans la participation habitante évoque peu la dualité entre l’objet et l’outil. En général, les ouvrages traitent de la participation pour la conception de ces espaces publics ou des espaces publics en tant qu’objet de la participation. C’est pour cela que la revue de littérature s’appuie sur un travail similaire à l’étude.
Méthodologie de la recherche
Hypothèses
Au regard du contexte multiculturel, nous pouvons émettre les hypothèses suivantes : « Les espaces publics ou dits de « l’en-commun » permettent de rejoindre une part de la population importante et représentative du quartier. » ; puis, « Ils ne sont pas seulement considérés comme support de la participation habitante. » ; enfin, « Ils sont les seuls endroits où la participation peut être efficace. ».
Ces hypothèses sont à considérer dans le cadre d’un quartier multiculturel. Ainsi, les hypothèses soumises ici ne seront peut-être pas vérifiées dans un autre contexte.
Présentation de l’espace d’étude
Le quartier de Parc-Extension
Le quartier de Parc-Extension est situé au nord de la ville de Montréal. Il fait partie de l’arrondissement Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension. D’une superficie d’1,2 km², les rues nord sud sont résidentielles et les rues est-ouest sont des rues commerçantes. Le quartier est également longé par des sites industriels et des voies ferrées aux limites est et sud (Dansereau, 1995, in Poirier, 2006). Jusqu’à la fin des années 1990, le quartier était physiquement enclavé et un fort sentiment d’insécurité s’exprimait chez les résidents (Poirier, 2006).
A l’inverse de nombreux quartiers accueillants de nouveaux arrivants Parc-Extension n’est pas un quartier de passage. La communauté grecque est arrivée à partir des années 1950. Même s’il y a moins de nouveaux immigrants grecs ces derniers années, ceux-ci viennent toujours s’installer dans le quartier. Dans les années 1970, Parc-Extension est devenu un lieu de transit principalement pour les immigrants originaires d’Haïti, d’Amérique centrale, d’Asie du Sud. Depuis les années 2000, on compte soixante-quinze communautés ethnoculturelles à Parc-Extension (Poirier, 2006).
Aujourd’hui, le quartier de Parc-Extension est le quartier le plus densément peuplé de la ville. En effet, la densité de population du quartier est d’environ 25000 habitants/km² alors que celle de la métropole est de 5 592 habitants/km² (Poirier, 2006). La population du quartier est de 34 235 habitants et elle est relativement jeune : les jeunes âgés de moins de 15 ans représentent 19% de la population du quartier (pourcentage plus élevé que la moyenne montréalaise) : on compte sur le territoire six écoles primaires et une école secondaire. La part de la population immigrante représente 56% de la population totale du quartier (16,5% en moyenne à Montréal) dont 19% d’immigrants grecs et 16,5% d’immigrants originaires de l’Inde (Statistique Canada, 2011).
La sensibilisation environnementale dans un quartier multiculturel : quelles solutions pour faciliter le dialogue entre l’organisme communautaire et les communautés culturelles?
Lorsque moins de 45% de la population de Parc-Extension sait parler français où anglais (Statistique Canada, 2011), la barrière de la langue est une des premières difficultés rencontrées pour une participation efficace. La compréhension, au sens plus large, influence également la qualité de la sensibilisation environnementale. En effet, certains n’assimilent pas forcément le lien entre les changements climatiques et l’utilisation trop importante de l’automobile ou encore les bienfaits des arbres en ville. Ainsi, la difficulté d’assimilation de « l’importance de l’environnement dans leur quotidien» est une priorité dans cette mobilisation, elle inclut également le niveau d’éducation des citoyenset une incapacité à se projeter à long terme, caractéristique des pays du sud : « en ce qui concerne leur impact sur l’environnement, cela ne rentre pas dans leurs priorités. Ils sont beaucoup plus encrés dans le moment présent » . Les différences culturelles rendent aussi plus difficile l’acquisition des pratiques éco-citoyennes. Les deux exemples cités dans l’écrit de Villemagne (2002) expriment bien cette situation. Un intervenant communautaire d’un quartier multiculturel de Montréal explique que les pratiques de rejets des déchets et du recyclage sont perçues différemment selon les cultures : « La dame d’origine orientale ouvre la fenêtre et jette son sac de vidanges . Pour elle, il y a quelqu’un qui va venir ouvrir son sac, prendre ce qui l’intéresse, ce dont il a besoin ». Dans le second cas, lors d’un porte-à-porte de sensibilisation au recyclage, les intervenants qui n’étaient pas accompagnés d’un interprète se sont fait suivre par un locataire voulant leur rendre les sacs de recyclage offerts par la Ville. Les difficultés mentionnées doivent donc être prises en compte pour que les actions d’un organisme communautaire comme Vrac Environnement soient pertinentes et que les intervenants soient bien outillés pour « établir une relation de compréhension et d’échange […], au-delà même de l’aspect langagier» (Villemagne, 2002).
Néanmoins, les immigrants peuvent être aussi facilement mobilisés s’ils sont déjà impliqués dans leur pays d’origine ou s’ils veulent tout simplement s’intégrer à leur quartier.
La contribution des espaces de l’en-commun dans la sensibilisation environnementale
En effet, les espaces de l’en-commun jouent un rôle important dans la mobilisation des citoyens car ce sont des lieux de rencontres : rencontre de l’autre et des autres communautés culturelles. Ces espaces publics multiculturels sont les lieux de l’ «apprentissage de cette altérité » (Ghorra-Gobin, 1997). Ils symbolisent « l’espace privilégié de la construction de l’altérité et donc de l’identité de l’individu» (Ghorra-Gobin, 1997). Ainsi, ces espaces sont des lieux symboliques pour le quartier car ils représentent la diversité culturelle et sont aussi des repères dans l’espace urbain. En s’appuyant sur la théorie de Mbembé, cette partie s’intéresse aux rôles que peuvent jouer les espaces de l’en-commun dans une sensibilisation environnementale effective : ces espaces sont-ils un support ou un outil au service de cette participation ?
Les espaces de l’en-commun, support de la sensibilisation environnementale
Afin de définir correctement le terme de support ou d’objet appliqué aux espaces de l’encommun, cette définition se base sur celles issues du Larousse. Les sens retenus pour « support » sont : « Pièce, élément qui soutient un objet posé dessus » et « Tout élément matériel, tout média, tout moyen commercial susceptible de véhiculer un message, une information, etc. ». En ce qui concerne le mot « objet » les définitions intéressantes sont : « Chose solide considérée comme un tout, fabriquée par l’homme et destinée à un certain usage » et « Ce sur quoi porte une activité, un sentiment, etc. ». Dans le cadre de cette étude, l’espace de l’en-commun en tant que support ou objet peut se définir comme un lieu où se déroule une activité permettant de transmettre une information environnementale dans le but de favoriser les pratiques éco-citoyennes.
L’espace de l’en-commun est considéré comme un objet spatial, limité au statut de support de la sensibilisation environnementale. Cet espace de partage fait converger toutes les « thématiques du développement durable : une approche environnementale, sociale, politique, économique, culturelle … » (Manola, 2013). Il est synonyme d’un espace de «sociabilité, de mixité, d’investissement collectif, d’échange et de partage» (Manola, 2013).
Ainsi, l’espace de l’en-commun en tant que support de la sensibilisation environnementale est le territoire où se déroulent des activités à caractère environnemental et où les interactions sociales ont une place importante dans cette prise de conscience des problèmes environnementaux par les citoyens. Il s’agit d’un lieu qui suscite l’intérêt et la curiosité de la population par les événements qui s’y déroulent.
L’espace public urbain est certes le lieu de l’anonymat par excellence mais, en tant qu’espace de l’en-commun, il est aussi le support de création du lieu social. L’espace de l’encommun se caractérisant comme un lieu d’interactions sociales accessible à tous, il devient le socle de la participation et permet donc une implication habitante efficace. De plus, il est le support de l’apprentissage des bonnes pratiques sociales et environnementales favorisant le bien-être et le bien vivre-ensemble entre les résidents. Cela s’exprime notamment par la requalification des espaces publics, l’incitation à l’utilisation des modes doux ou tout simplement le respect de l’environnement. D’ailleurs, à une échelle locale, l’espace de l’encommun est un objet qui est proche et fréquenté par la population d’où la pertinence de ce lieu en tant que socle de la participation. A titre d’illustration, un kiosque organisé dans un espace de l’en-commun fréquenté par des citoyens suscite la curiosité d’autres citoyens: de plus en plus de monde s’intéresse au kiosque tenu et est sensibilisé aux pratiques éco-citoyennes par le biais de cet outil de participation. Le rôle de support est essentiel car il constitue la base, le fondement de cette sensibilisation environnementale.
Les espaces de l’en-commun en tant qu’outil: une approche plus sensible mais complexe
D’autre part, une «approche » se définit comme une « action, manière d’aborder un sujet, un problème ». Un « outil » se traduit comme un « objet fabriqué, utilisé manuellement ou sur une machine pour réaliser une opération déterminée » ou encore tel un « élément d’une activité qui n’est qu’un moyen, un instrument ». Ainsi, l’espace de l’en-commun en tant qu’approche ou outil peut être une manière, un instrument permettant d’aborder les problématiques environnementales et de réaliser une opération de sensibilisation environnementale.
L’espace de l’en-commun comme outil prend en considération « les préoccupations écologiques, sociales, économiques, politiques, esthétiques, tout en prenant en compte le vécu et les désirs des habitants ainsi que les avis et positions des autres parties prenantes du territoire, notamment des concepteurs » (Manola, 2013). De plus, il peut être l’outil de la sensibilisation environnementale, puis de l’implication, « voire d’une gouvernance, comme moyen d’initier le dialogue, l’échange, le partage des savoirs» entre différents acteurs (Manola, 2013).
Etude de cas de cinq espaces de l’en-commun utilisés pour la sensibilisation environnementale auprès des citoyens de Parc-Extension
Les espaces de l’en-commun de Parc-Extension sont des lieux très importants car ils sont les symboles du quartier. Ils reflètent son histoire et sa diversité culturelle. Cela s’exprime notamment par la requalification de ces espaces pour revaloriser l’image péjorative d’un quartier non intégré au reste de la ville et marqué par différentes vagues d’immigrations. Ce reflet est aussi visible par la dénomination de ces espaces comme le Parc Athéna en référence à la déesse grecque et à la communauté grecque présente sur le territoire.
Les espaces de l’en-commun du quartier sont variés : il peut s’agir de places, de parcs, de parvis, de rues mais aussi de ruelles vertes et de jardins collectifs du quartier. L’étude de cas va porter sur cinq de ces espaces. A travers leurs fonctions en tant qu’espace public et des activités qu’ils accueillent, ces exemples vont permettre de définir en quoi ils peuvent être objet et/ou outil de la sensibilisation environnementale.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE THEORIQUE
1. Problématique
2. Définitions des concepts
3. Champs théoriques de l’étude
4. Revue de littérature
5. Lacune analytique
6. Méthodologie de la recherche
PARTIE ANALYTIQUE
1. La sensibilisation environnementale dans un quartier multiculturel : Quelles solutions pour faciliter le dialogue entre l’organisme communautaire et les communautés culturelles ?
2. La contribution des espaces de l’en-commun dans la sensibilisation environnementale
3. Etude de cas de trois espaces de l’en-commun utilisés pour la sensibilisation environnementale auprès des citoyens de Parc-Extension
4. Les lieux de l’en-commun : nouveaux lieux de sensibilisation ?
CONCLUSION GENERALE
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