Le compte de la ressource en eau écosystémique
La circulation de l’eau entre les océans, l’atmosphère et les continents est appelée le cycle de l’eau (Barhoumi et al. , 2004). Le soleil réchauffe les eaux des océans et des continents; celles-ci s’évaporent dans l’air. Les courants d’air ascendants entraînent la vapeur dans l’atmosphère, où les températures plus basses provoquent la condensation de la vapeur en nuages (figure 1). Les courants d’air entraînent les nuages autour de la Terre, les particules de nuage se heurtent, s’amoncellent et retombent en tant que précipitation (figure1). Une grande partie des précipitations retournent aux océans ou s’infiltrent dans le sol. L’eau s’écoule aussi en surface. Certains écoulements retournent à la rivière et donc vers les océans. L’écoulement de surface et le suintement souterrain s’accumulent en tant qu’eau douce dans les lacs et les rivières. Mais tous les ruissellements ne s’écoulent pas vers les rivières. Une grande partie s’infiltre dans le sol. Une partie de cette eau reste près de la surface du sol et peut retourner vers les masses d’eau de surface comme résurgence d’eau souterraine. Certaines nappes souterraines trouvent une ouverture dans le sol et émergent comme des sources d’eau douce. L’eau souterraine peu profonde est absorbée par les racines des plantes et rejetée dans l’atmosphère via la transpiration des feuilles (figure 1). On utilise l’eau dans la vie quotidienne pour boire, pour faire la cuisine, pour se laver, pour les activités humaines tels que l’agriculture, l’industrie, le transport, l’énergie, etc. Les prélèvements trop importants de l’eau ont des conséquences sur les ressources en eau et les écosystèmes. L’un des objectifs des comptes de la ressource écosystémique en eau est de mesurer la dégradation des écosystèmes que pourront provoquer l’épuisement et la pollution de ces ressources en eau. Dans le compte de la ressource écosystémique en eau, on calcule l’excédent net d’eau accessible dans l’écosystème (ENEAE). C’est la quantité d’eau intérieure utilisable ou exploitable d’une manière durable. L’excédent net d’eau accessible dans l’écosystème est le solde comptable le plus important résumant les changements de stocks et les flux. Il peut être comparé aux prélèvements d’eau douce pour calculer l’impact de l’intensité d’utilisation des ressources en eau. En comparant les ressources d’eau accessibles avec leur utilisation, on obtient un indicateur de soutenabilité qui reflète les impacts de l’intensité d’utilisation de l’eau sur l’écosystème.
Environnements écologique et biologique
Les conditions naturelles de la région contribuent à une diversification des formations végétales. La région de Boeny est caractérisée par la présence de forêts tropicales denses sèches caducifoliées. Les mangroves sont concentrées dans les parties abritées des côtes. La région contient aussi des aires protégées : trois parcs nationaux (Tsingy de Namoroka, Ankarafantsika, Baie de Baly) et le site du complexe Mahavavy-Kinkony (ONE, 2015). Mais ils sont menacés par les diverses activités humaines. La déforestation et les feux de brousses sont parmi les pratiques les plus dévastatrices affectant ces habitats naturels dotés d’une grande richesse en espèces faunistiques et floristiques dont la plupart sont endémiques et souvent menacées d’extinction (ONE, 2006).
Compte d’occupation du sol
Ville : Le gain en superficie des zones urbaines et des surfaces artificielles est dû à l’augmentation de la population. La migration est la cause de cette croissance qui est, par ailleurs, une source de déforestation.
Savane : La savane couvre presque la moitié de la région Boeny (figures 12 et 13). Sa superficie est de 19966 km2 en 2015 (tableau XII). La savane a augmenté de 2884 km2 de 2010 à 2015 (tableau XII). Cette croissance affecte les autres couvertures des terres.
La savane est menacée par le feu de brousse car la pratique culturale dans la région consiste à brûler une partie de la savane pour avoir des pâturages pour les bétails surtout dans les deux districts de Soalala et d’Ambato-Boeny (figure 14). Souvent les gens ne contrôlent pas les feux qui se propagent dans les zones adjacentes et envahissent parfois les zones forestières (Ahmed, 2012).
Forêts : La superficie de la forêt dense sèche a diminué de 1404 km2 entre 2010 et 2015 (tableau XII). Une partie de cette superficie perdue s’est transformée en savane : 788 km2 sur 1404 km2 (tableau XI). On a constaté que la formation et la consommation de forêt ne sont pas proportionnelles (tableau XI). Cela est dû principalement à la déforestation (environ 1,19%) et les feux de brousse (ONE, 2015). En plus, les zones de culture se développent dans les zones forestières à cause de l’augmentation de la population qui cherche un espace plus grand pour l’agriculture.
Mangroves : Les mangroves constituent un endroit privilégié de prélèvement de bois de construction pour tous les villages situés à proximité de ces écosystèmes (Raveloaritiana, 2015). Les paysans apprécient les bois de palétuviers pour la construction des cases, pour leur imputrescibilité et leur résistance aux termites (Ramamonjihasina, 2013). Les phénomènes naturels fréquents touchant ces ressources sont le recul des plages, l’obstruction de certaines embouchures, l’ensablement et l’immersion prolongée de certaines zones (Rakotondraompiana et al., 2015). Ces facteurs sont à l’origine de la dégradation des mangroves et de la réduction de la superficie des mangroves : diminution de 78 km2 d’après le tableau XII.
Raphiales : Pour les raphiales, on observe 142 km² de perte en cinq ans (tableau XII). La superficie perdue est transformée en zones de culture ou en prairie naturelle. D’une part, les raphières se trouvent dans des zones humides et les bas-fonds où sont des zones favorables pour l’agriculture comme la riziculture. D’autre part, la population exploite les zones de raphière et ne respecte pas le calendrier des campagnes (PRD région Boeny, 2005). Ensuite, les feuilles de raphia sont utilisés pour la construction des cases d’habitation, surtout les jeunes pieds (Raharifidinarivo, 2010).
Cultures : La région possède des conditions naturelles favorables à l’agriculture. La région Boenycomprend des réseaux hydrographiques, de nombreux points d’eaux et des sols ferrugineux (tanety, baiboho). Mais la faible capacité de maintenance et d’entretien des réseaux hydro-agricoles provoquent la diminution des superficies rizicoles. En plus, l’érosion des sols touche les zones agricoles et engendre la perte de la superficielle des zones de culture parce qu’elle réduit la fertilité de la terre et baisse le rendement agricole (Tiandrazana, 2011). Et l’agriculteur l’abandonne et cherche une autre zone de culture.
Compte de la ressource en eau écosystémique
La région a un climat tropical sec et possède un réseau hydrographique dense et de nombreux lacs. Les effets des changements climatiques engendrent l’élévation de la température moyenne (figure 3), le retard de la venue des pluies (figure 4), la diminution de la quantité de précipitation de 1358,2 millions de m3 (tableaux XIX et XXV), le raccourcissement de la saison de la pluie (figure 3) (Rakotonirina, 2015). Ces phénomènes affectent l’évapotranspiration car la valeur de l’évapotranspiration atteint 1331,1 mm en 2015 pour seulement 1298,4 mm en 2010 (figure 4). Les tableaux XX et XXVI montrent que l’eau exploitable ou l’eau accessible a augmenté 12380,9 millions de m3 en 2015 (∆V = Volume final – Volume initial). Cela est dû à l’augmentation de l’apport naturel provenant du territoire en amont de 7209,1 millions m3 (tableaux XIX et XXV). Les débits des fleuves Betsiboka et MahavavySud s’accroissent en 2015 (voir annexe 5). Le besoin en eau de la région augmente avec la croissance de la population. Elle est prouvée par l’évolution du prélèvement par les ménages d’une croissance de 1,7 millions m3 en 2015 (tableaux XXI et XXVII). Et d’après notre enquête, chaque ménage a besoin d’environ 12 m3 d’eau en moyenne par mois dans la plupart des communes rurales. Mais le besoin en eau varie selon l’activité et la classe sociale de la population surtout dans le district de Mahajanga I où il peut atteindre 53 m3 d’eau environ par mois et par ménage (Jirama Boeny). Les valeurs de l’indice de soutenabilité de l’utilisation de l’eau, en 2010 et 2015, sont supérieures à 1 c’est-à-dire qu’il n’y a pas encore de risques d’épuisement du stock de l’utilisation d’eau dans la région Boeny (tableaux XXI et XXVII). La valeur de l’indice de soutenabilité de l’utilisation de l’eau varie comme suit, et selon le type d’actif d’eau, entre 2010 et 2015:
Pour les lacs et réservoirs : on constate une diminution de la valeur de cet indice de 71,5 en 2015. Cela signifie que la quantité d’eau utilisée a augmenté.
Pour les fleuves et rivières : on a une augmentation de 16 de la valeur de cet indice. Ceci explique que l’excédent net d’eau accessible s’accroit en 2015.
Pour les eaux souterraines : on a observé une diminution de 5,7 de la valeur de cet indice c’est-à-dire le prélèvement d’eau a augmenté en 2015
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DES COMPTES BIOPHYSIQUES
I.1. Présentation générale de l’étude
I .2. Le compte d’occupation du sol
I.3. Le compte de la ressource en eau écosystémique
CHAPITRE II: LA ZONE D’ETUDE ET LES METHODES UTILISEES
II.1. LA ZONE D’ETUDE
II.1.1. Situation géographique
II.1.2. Environnement physique
a) Géologie et morphologie
b) Climat
c) Hydrographie
II.1.3. Environnements écologique et biologique
II.1.4. Situation économique de la région
a) Pêche et aquaculture
b) Elevage
c) Agriculture
d) Tourisme
e) Energie et Mines
f) Artisanat.
g) Investissements privés
II.1.5. Infrastructure routière
II.1.6. Administration et population
II.2. DONNEES UTILISEES
II.2.1. Compte d’occupation du sol
II.2.2. Parcelles d’apprentissage et de contrôle
II.2.3. Sources des données
II.3. METHODOLOGIE
II.3.1. Prétraitements
a) Correction radiométrique
b) Correction géométrique
c) Correction atmosphérique
II.3.2. Néo-canaux
II.3.3. Classification d’image
II.3.4 Modélisation des débits moyens mensuels
a) Description du modèle utilisé
b) Calibration et validation
c) Calcul de la pluie moyenne du bassin versant
d) Cas des bassins versants peu ou non-jaugés
II.3.5. Processus de la comptabilité de l’eau écosystemique
a) Bilan de base de la ressource en eau écosystemique
b) Compte de la ressource en eau écosystémique accessible
c) L’indice de l’utilisation totale de l’eau
d) L’indice d’intensité soutenable de l’utilisation
CHAPITRE III : RESULTATS
III.1. Compte d’occupation du sol
III.2. Compte de la ressource en eau écosystémique
CHAPITRE IV : INTERPRETATION ET DISCUSSION
IV.1. Le traitement des données
IV.2. Compte d’occupation du sol
IV.3. Compte de la ressource en eau écosystémique
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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