Huile essentielle
D’après la Pharmacopée Européenne 10ème édition, l’huile essentielle est un : « Produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement à la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé mécanique approprié sans chauffage. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition ». (5) La pharmacopée Européenne y ajoute que : « Les huiles essentielles peuvent subir un traitement ultérieur approprié. Elles peuvent être commercialement dénommées comme étant déterpénée, désesquiterpénée, rectifiée ou exempte de « X » ». (5) Concrètement, cette modification pourra sembler néfaste du point de vue de certains tenants du naturel à tout prix, qui revendique l’emploi d’huiles essentielles « pures et intégrales » sans que la raison en soit efficacement étayée scientifiquement. De manière beaucoup plus concrète en revanche, dans l’hypothèse où une maman vient à la pharmacie pour son enfant enrhumé une huile essentielle de menthe lui serait contre-indiquée dans ce cas. Cependant, si l’huile essentielle est privée de « menthol », elle pourra être recommandée à la mère sans être dangereuse pour son enfant. En complément : « Une huile essentielle est considérée comme un médicament si elle est présentée comme ayant des propriétés pour soigner ou prévenir des maladies humaines ou lorsqu’elle a une action pharmacologique, immunologique ou métabolique » (6) Aujourd’hui les huiles essentielles sont retrouvées dans divers domaines, industrie agroalimentaire, cosmétique et pharmaceutique. Bien réglementés, les médicaments à base de plantes, dont les huiles essentielles doivent être conformes et suivre des critères définis par l’ordonnance n°2007-613 du 26 avril 2007 (Chapitre 1er, article 2) modifié par la loi n°2011- 302 du 22 mars 2011 – article 1. (7)
La partie de la plante
Les huiles essentielles peuvent se retrouver dans diverses parties de la plante, à titre d’exemples :
• Les fleurs pour l’oranger, la rose et la lavande ;
• Les feuilles pour la citronnelle, l’eucalyptus et le laurier noble ;
• Les écorces pour le cannelier ;
• Les bois comme le bois de rose, le camphrier et le santal ;
• Les racines pour le vétiver ;
• Les rhizomes concernant le curcuma et le gingembre ;
• Les fruits secs pour l’anis, la badiane et le persil ;
• Les graines pour la muscade.
Il est donc indispensable, avant de choisir le procédé d’extraction, d’étudier la plante. La composition chimique de l’HE, qu’elle soit quantitative ou qualitative, peut varier suivant sa localisation dans la plante (14) (15). De plus, certaines parties de la plante choisie sont plus fragiles (comme les fleurs), il est donc nécessaire d’étudier le choix le plus adapté pour en extraire leurs principes actifs.
L’hydrodistillation
L’hydrodistillation est sûrement la méthode la plus ancienne, connue depuis l’Antiquité, elle réapparaît et se perfectionne par l’arrivée des arabes entre le VIII et Xème siècle en Europe (16), mais le principe était déjà connu des Grecs et des Égyptiens depuis le IIIème siècle avant J-C. Elle est aujourd’hui moins utilisée en raison de nouveaux procédés plus rentables. Cette méthode est mise en place à partir d’un mélange eau et matières premières végétales (en suspension) dans une seule et même cuve (Figure 2). Les réglages imposent des températures et une pression constantes et précises, afin que l’extraction puisse se faire correctement (17). Le durée de l’opération dépend de la drogue végétale à extraire : pour la lavande (18) le procédé dure une trentaine de minutes, cependant pour le clou de girofle l’extraction nécessite environ 24H pour obtenir les principes actifs voulus. Plus des composés lourds doivent être extraits, plus le temps nécessaire est augmenté. Cette méthode vise à provoquer l’éclatement des cellules, et ainsi permettre la libération des molécules contenues dans les plantes, qui seront emportées par la vapeur d’eau. L’eau bouillante mise en contact avec les parties de la plante permet d’obtenir un mélange gazeux homogène qui deviendra biphasique à la condensation.
L’extraction au CO2 supercritique
Grâce à ses propriétés spécifiques, le CO2 (dioxyde de carbone) est le gaz le plus utilisé à l’état supercritique. Il sera intéressant de l’utiliser pour l’extraction des composés apolaires (comme les molécules hydrophobes des huiles essentielles), mais pourra aussi dissoudre certaines molécules faiblement polaires et volatiles retrouvées dans la matière végétale (comme les alcools, les esters, les aldéhydes et les cétones à titre d’exemples) (21). Les essences à obtenir sont entraînées dans un courant de gaz carbonique supercritique (combinant à la fois les avantages de l’état gazeux et l’état liquide). Les avantages sont nombreux, et particulièrement sa faible température (31°C), diminuant la thermodestruction éventuelle des composés, rendant son utilisation pertinente pour l’extraction des huiles essentielles à partir de la matière végétale. L’autre avantage, c’est l’absence du solvant (au sens usuel) et donc de ses « effets indésirables », qui pourrait engendrer des transformations sur les molécules présentent dans l’huile essentielle. C’est une méthode rapide et non toxique, rentable économiquement et permettant un gain de temps pour les industriels. En évitant notamment les manipulations post-extraction, comme la purification de l’extrait obtenu par des solvants mais aussi l’utilisation d’eau (22). Elle est propre et respectueuse de l’environnement. Cette extraction utilise le mode « Soxhlet », méthode simple permettant de répéter infiniment le cycle d’extraction avec du solvant frais jusqu’à l’épuisement complet du soluté dans la matière première (23). Le CO2 est porté à des conditions de température et de pression souhaitées. En sortie d’extracteur (Figure 6), l’extrait est détendu et se vaporise, ce qui provoque une séparation des solutés et du CO2, ce dernier sera soit éliminé soit recyclé. Cette méthode très moderne d’extraction des essences permet d’obtenir un produit de qualité pouvant être proche de l’huile essentielle et de l’essence d’origine (11). Elle commence à trouver un intérêt dans le domaine industriel, mais sa présence est encore faible sur le marché. Elle est introduite comme alternative à l’extraction par solvant. (22) Cette méthode possède malgré tout une limite pour l’utilisation thérapeutique. Elle est coûteuse et nécessite du matériel pointu.
Introduction sur les différentes familles
Les huiles essentielles sont constituées d’un mélange moléculaire complexe où chaque molécule possède des propriétés et indications variées. Il est important de connaître le nom des molécules afin d’aiguiller le consommateur vers un achat pertinent suite à une demande spontanée. La composition des huiles essentielles peut cependant changer en fonction de la plante mais aussi d’un large panel de facteursA comme :
ñ L’environnement
ñ Le lieu de récolte
ñ Le climat et l’exposition : Sec, humide, froid et chaud, soleil etc.
ñ La période : Différentes saisons suivant les zones.
ñ Le métabolisme secondaire : Le végétal contient des molécules plus spécifiques dû à l’adaptation à son environnement.
Les huiles essentielles seront dans un premier temps classées par familles biochimiques, comprenant le nom des différentes molécules, se référant à un principe actif bien défini (21). Elles pourront ensuite y être associées à une indication et une toxicité suivant leur classification. Le nom de la molécule étant mentionné sur chaque étiquette, chacun pourra s’y référer afin de faire correspondre une propriété bien établie à la prise en charge thérapeutique souhaitée. Les 14 familles biochimiques décrites ci-dessous sont les plus couramment retrouvées dans les huiles essentielles, certaines de ces familles sont liées et se différencient avec des réactions chimiques, leur donnant ainsi des propriétés particulières voire moins nocives.
Quelques précautions d’emploi générales sont à connaître avant d’utiliser les huiles essentielles
• Ne jamais appliquer d’huiles essentielles pures sur les muqueuses, le nez, les yeux, le conduit auditif etc.
• Ne jamais injecter d’huiles essentielles par voie intraveineuse ou intramusculaire.
• Ne pas les avaler pure : cela risquerait d’entraîner des brûlures sur les muqueuses oropharyngées, sauf si l’indication l’autorise.
• Après un massage ou une application cutanée, se laver consciencieusement les mains.
• Respecter rigoureusement les voies d’administration, les doses prescrites et les contre-indications propres à certaines huiles essentielles.
• Utiliser un appareil approprié pour diffuser les huiles essentielles.
• Pour les personnes à tendances allergiques, toujours effectuer un test d’allergie avant l’utilisation d’huiles essentielles.
• Ne pas utiliser de façon prolongée même à faible dose. Les huiles peuvent être prises pendant 3 semaines mais il est important d’arrêter et de respecter un temps de pause d’1 semaine avant de reprendre le traitement.
Dû à leur grande efficacité et leurs effets nocifs possibles, certaines limites sont à souligner concernant leur usage chronique, mais aussi le type de public concerné. Chaque année, les centres anti-poisons alertent les autorités sanitaires suite au nombre d’intoxications relevées (4). Au vu du risque encouru et de leur complexité, les HE sont soumises à des conditions de délivrance. Possédant une toxicité individuelle, elles feront d’autant plus l’objet de vigilance lors de la délivrance au comptoir, et ne seront préconisées qu’à un type de sujet. Les enfants restent la principale vigilance.
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Table des matières
1 INTRODUCTION
2 LES HUILES ESSENTIELLES : HISTOIRE, DEFINITION ET CRITERES DE QUALITES
2.1 HISTOIRE
2.2 LES « BASES » DE L’AROMATHERAPIE
Définitions
Les critères de « choix » des huiles essentielles (botanique et chémotype)
2.3 L’EXTRACTION DES HUILES ESSENTIELLES
La partie de la plante
2.4 LES DIFFERENTS PROCEDES UTILISES
L’hydrodistillation
La distillation par entraînement à la vapeur
L’expression
Les autres méthodes
2.5 ÉTUDES DE LA CONFORMITE
Chromatographie en phase gazeuse
Chromatographie sur couche mince
Autres examens
2.6 LE RENDEMENT
2.7 LES CRITERES DE QUALITE POUR UNE HUILE ESSENTIELLE UTILISEE EN THERAPEUTIQUE
3 LES GRANDES FAMILLES BIOCHIMIQUES ET LEUR INTRODUCTION EN AROMATHERAPIE
3.1 INTRODUCTION SUR LES DIFFERENTES FAMILLES
3.2 PRESENTATION DES GRANDES FAMILLES BIOCHIMIQUES (ORGANIGRAMMES)
4 LES GRANDS PRINCIPES ET UTILISATION DE L’AROMATHERAPIE
4.1 MECANISME D’ACTION
4.2 LES VOIES D’UTILISATION (APPLICATIONS ET POSOLOGIES)
Voie orale
Voie cutanée
Voie respiratoire
4.4 LES PRECAUTIONS D’EMPLOI, LIMITES D’UTILISATION ET CONTRE-INDICATIONS
4.5 LA TOXICITE DES MOLECULES CONTENUES DANS CERTAINES HUILES ESSENTIELLES
Neurotoxicité
Cardiotoxicité
Dermocausticité
Photosensibilisation
Néphrotoxicité
Hépatotoxicité
4.6 QUELQUES POINTS A OBSERVER (REGLEMENTATION)
Normes et labels
4.7 HUILES ESSENTIELLES APPARTENANT AU MONOPOLE PHARMACEUTIQUE
5 L’AROMATHERAPIE EN VOYAGE
5.1 LES REGLES A ADOPTER AVANT LE DEPART
Les renseignements médicaux (Du professionnel de santé au voyageur)
Les règles de prévention pour le voyageur
Appréhension du terrain, risques liés aux individus et au climat
5.2 COMPOSER SA TROUSSE A PHARMACIE D’AROMATHERAPIE
Liste générale de quelques huiles essentielles à choisir et emporter en voyage
L’aromathérapie appliquée aux pathologies communes
L’aromathérapie pour les pathologies dépendantes des activités en voyage
Quelques pathologies « tropicales » : HE à utiliser en préventif et en curatif
5.3 LES CONSEILS POUR CONFECTIONNER SA TROUSSE AROMATIQUE ET EMPORTER SES HUILES ESSENTIELLES
Acheter son huile essentielle en sélectionnant les critères de qualités
Savoir lire correctement une étiquette
Conditionnement des huiles essentielles
Huiles végétales et autres supports pour l’application des huiles essentielles
5.4 LES HUILES ESSENTIELLES A EMPORTER
Des idées de trousse pour voyager
Retour sur expérience
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES.
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