Historique de l’hygiène des mains
Depuis l’antiquité, l’homme est confronté aux virus, bactéries et parasites pathogènes. Des preuves d’infections bactériennes ont été retrouvées sur des momies péruviennes et égyptiennes grâce à la présence de spores bactériennes dans leurs sarcophages. Ces microorganismes ont favorisé le développement et la propagation de maladies causant des centaines de milliers de morts (Travkine, 2012). Le lien entre hygiène des mains et infection ne s’est cependant fait que très tardivement. En effet, c’est à Vienne en 1845, qu’Ignace Philippe Semmelweis, obstétricien hongrois, démontra que l’hygiène des mains des soignants réduit la mortalité maternelle liée à l’infection des suites de l’accouchement. Ce pionnier considéré aujourd’hui comme le père de l’hygiène hospitalière fera de la promotion de l’hygiène des mains son crédo dépensant toute son énergie à convaincre soignants et collègues de l’importance capitale de ce geste simple pour la sécurité des patients. Mais l’action de Semmelweis fut très mal perçue. Ses collègues refusèrent d’admettre que leurs mains constituaient le véhicule de la transmission des maladies. A leur décharge, il faut préciser qu’à l’époque la théorie des germes n’étaient pas connue. Semmelweis perdit son travail et son rang académique, ainsi que son droit à traiter les patients. Il quitta Vienne pour Budapest où il fit les mêmes observations, la même intervention associée à la même efficacité et perdit à nouveau son poste. Il fut finalement interné dans un asile pour malade mental où il finit ses jours (Pittet, 2009). Ce fut Pasteur qui posa les bases de l’hygiène moderne. Selon lui, le meilleur moyen de lutter contre les maladies infectieuses est de respecter les règles d’asepsie donc de prévenir la transmission des microbes. Cela passe évidemment par une rigoureuse hygiène des mains (Garnier, 2010). Ainsi le lavage des mains à l’eau et au savon prit de l’ampleur en milieu hospitalier. Il a fallu cependant attendre la fin des années 90 pour assister au remplacement de l’hygiène des mains à l’eau et au savon par la friction hydro-alcoolique. Cette modification de système assortie d’outils facilitateurs du changement de comportement des soignants est aujourd’hui une norme universelle (Pittet, 2009).
Normes des constituants actifs d’un gel hydro-alcoolique
Les gels hydro alcooliques entrent dans la catégorie des produits biocides de type 1 donc destinés à l’hygiène humaine (Kamilia, 2019). Un biocide est une préparation contenant une ou plusieurs substances actives présentés sous des formes dans lesquelles, elles sont livrées à l’utilisateur, et qui sont destinées à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre de toute autre manière, par une action chimique ou biologique (Directive biocides 98/8/CE). Les produits utilisés dans la formulation doivent répondre aux normes d’activité NF EN 1040 (bactéricide), NF EN 1275 (levuricide), NF EN 14476+1(en cas d’épidémie virale) (Garnier, 2010). Il y’a aussi les normes d’essai publiées et homologuées par l’association française de normalisation qui permettent de déterminer la conformité du produit. Le concept repose sur la règle des trois cinq : Utilisation de cinq souches différentes. Contact de chaque souche avec le produit pendant cinq minutes. Nombre de bactéries survivantes est alors évalué : au moins 99,9% des germes doivent être détruits (Travkine, 2012).
Bases ou agents neutralisant
En fonction du type de gel, la gélification peut être simple par hydratation comme pour les gommes, mais peut être complexe nécessitant une phase d’hydratation suivi de gélification par effet de neutralisation. La neutralisation du gélifiant par une base constitue la deuxième étape de la gélification. Il y’a les bases inorganiques telles que le NaOH, et le KOH et les bases organiques tel que le triéthylamine ou le triéthanolamine. Les bases organiques sont des amines donc dérivés de l’ammoniac (NH₃) , dont au moins un atome d’hydrogène a été remplacé par un groupe carboné. Ce sont des bases car elles sont en mesure d’accepter un ion H⁺, grâce à leurs doublets d’électrons disponibles. Les bases minérales sont des hydroxydes : l’hydroxyde de sodium (NaOH) et l’hydroxyde de potassium (KOH) sont des bases fortes. Elles se dissocient donc totalement et n’existent plus que sous forme d’ions dans un milieu aqueux. Dans le cas d’un système à base d’acide polyacrylique, les ions K+ et Na+ se lient aux ions carboxylates COO- et les OH- forment de l’ H2O avec les H des groupes carboxyliques (COOH). Cependant, les cations monovalents (K+, Na+) peuvent s’associer aux groupements acides ionisés se trouvant dans les couches picturales pour former des sels. Ces ions sont très solubles dans l’eau et donc mobiles. Ils pourraient migrer à la surface après séchage et, dans des conditions particulières, la blanchir (Rodriguez, 2017).
Gélification des carbomères en fonction du pH
Il est possible d’obtenir un gel en tirant profit d’un changement de solubilité en fonction du pH. Les solutions aqueuses de Carbopol® présentent une transition sol-gel (solution-gel) lorsque le pH est amené au-dessus de son pKa, soit environ 5.5. Au pH physiologique (7-7.1), le carbomère est sous forme gélifiée. La neutralisation s’effectue à l’aide d’une base inorganique hydrosoluble : NaOH, KOH, NH₄OH , ou d’amines hydrosolubles comme le triéthanolamine, le triéthylamine ou le tétahydroxylpropyléthylènediamine.Le gel obtenu est aqueux,stable transparent incolore et non collant au toucher (Soukrati, 2012).
Gélification des gommes
La gélification est un mécanisme physico-chimique qui aboutit à la formation d’un gel. Un gel est une substance colloïdale, de consistance visqueuse qui a tendance à gonfler en absorbant de l’eau. Au niveau moléculaire, la gélification peut être décrite simplement par l’association des macromolécules ou des fragments des macromolécules pour former un réseau tridimensionnel continu retenant entre ses mailles la phase liquide et capable de résister à certaines contraintes physiques (Sanderson, 1981; Glicksman, 1982). Selon Ress et al., (1982), la formation de ces réseaux suppose donc l’organisation progressive des macromolécules initialement distribuées au hasard dans la solution par l’intermédiaire «des zones de jonction » entre les macromolécules. La nature du gel obtenu sera fonction de la structure du polymère en solution. En fonction du mécanisme de gélification on distingue trois types de gélification :
– la gélification en double hélice se caractérise par des zones de jonctions qui se font par association des zones régulières spiralées pour former des doubles hélices. Cette structure est stabilisée par des liaisons hydrogènes facilement rompues par élévation de la température. Les gels correspondants sont thermoréversibles.
– La gélification de type « boîte à œufs » ou « eggs box model » : ici, les gels se forment par association des zones régulières plissées qui sont stabilisées par des ions divalents où chaque cation neutralise deux charges négatives sur deux chaînes macromoléculaires différentes. Suivant la quantité des ions Ca2+ et la longueur des zones régulières concernées, ces gels sont thermosensibles ou non.
– la gélification mixte : contrairement aux deux premiers modes de gélification qui se font par association entre les macromolécules du même type, le modèle de gélification mixte concerne les associations macromoléculaires de type différent et qui sont gélifiantes ou non si elles sont utilisées séparément. On rencontre des gommes non gélifiantes qui présentent des particularités de gélifier en mélanges avec d’autres hydrocolloïdes gélifiants ou non pour former par synergie des gels aux propriétés intéressantes (Lorient et al., 1988). Le cas des gommes Caroube et Xanthane est un exemple de gélification mixte (Saidou, 2013).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Généralités sur les gels hydroalcooliques et l’hygiène des mains
I. Hygiène des mains
I.1. Historique de l’hygiène des mains
I.2. Savon et les produits hydroalcoolique dans l’hygiène des mains
I.3. Hygiène des mains à l’hôpital
II-Gels hydroalcooliques
II.1.Définition
II.2.Normes des constituants actifs d’un gel hydroalcoolique
III.Composition des gels hydroalcooliques
III.1. Types d’alcool
III.2.Recommandations internationales en matière de concentration en alcool des gels
III.3.Gélifiants
III.3.1.Carbomères
III.3.2.Gommes
III.4.Eau dans les gels hydroalcooliques
III.5.Bases ou agents neutralisant
III.6. Emollients
III.7. Autres additifs
III.8.Fabrication des gels hydroalcooliques
IV. Mécanismes de gélification
IV.1. Etapes de la gélification
IV.2.Transition sol-gel
IV.2.1.Gélification des carbomères en fonction du pH
IV.2.2.Gélification des gommes
DEUXIEME PARTIE : Travail personnel
I. Objectifs
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs spécifiques
II. Méthodologie
II.1.Matériel
II.2.Méthode
III. Résultats
III.1. Représentativité des alcools
III.2. Pourcentage de produits ayant des alcools combinés
III.3.Pourcentage des gélifiants
III.4.Représentativité des excipients
III.5.Nombre d’excipients par gel
III.6.Volume de conditionnement des gels
IV. Discussion
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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