La complexité des émotions à travers les différentes sciences

L’École est un lieu d’échange, de partage et de rencontre. C’est un lieu où les élèves vont acquérir les compétences indispensables à leur vie. Celles-ci sont constituées des compétences psychosociales et interpersonnelles, plus précisément, les compétences sociales, cognitives et émotionnelles. L’école va aider à les développer afin de cultiver, chez les élèves, la capacité à prendre des décisions éclairées et maintenir un état de bien-être mental. Cela va permettre d’adopter un comportement positif sur leur environnement et dans leurs relations avec les autres.

Rappelons que les missions principales de l’école sont d’instruire, de former et d’éduquer. C’est à l’école que les expériences sensorielles, motrices ou encore cognitives se font par les multiples activités proposées, mais également avec la découverte de leur environnement. En ce qui concerne les attentes générales vis à-vis de l’institution scolaire, elles sont principalement au niveau de la transmission des savoirs, mais nous devons également prendre en compte le développement de l’enfant afin de favoriser la socialisation dès le plus jeune âge. Cette socialisation, instaurée par l’école, permettra de transmettre un ensemble de normes et de valeurs qui seront intériorisées progressivement par l’ensemble des élèves. La loi de Refondation de l’École primaire , du 8 juillet 2013, met en avant une politique éducative pour une école bienveillante et inclusive. Elle prône l’amélioration du climat scolaire par la lutte contre toutes les discriminations et les formes de violence.

La complexité des émotions à travers les différentes sciences

La place des émotions d’après les recherches scientifiques 

A travers les neurosciences et la psychologie

D’où viennent les émotions ? Tout d’abord, Charles Darwin (1832) a voulu mettre en évidence que l’Être humain partageait les mêmes émotions que l’animal. Ce fut l’un des précurseurs sur les recherches concernant les émotions. Aujourd’hui, nous disposons par plusieurs études qui précisent de quelles structures du cerveau sont provoquées les émotions. Cependant, les recherches en biologie des émotions sont relativement récentes d’autant que les travaux sont majoritairement centrés sur le fonctionnement des émotions chez l’adulte et ne concernent que très peu l’enfant et le bébé. Les études montrent que nos émotions sont stockées, traitées et gérées dans notre cerveau et plus précisément dans notre système limbique qui est une zone du cerveau impliquée lors d’expériences émotionnelles. Les scientifiques parlent ensuite de « circuits émotionnels » puisque les émotions naissent de stimulations externes et internes. Le thalamus reçoit des informations du centre de traitement des sensations et les transmet au cortex préfrontal dans le but de les associer à un contexte pour définir si ce sont des informations de type émotions ou besoins. Dès la réception des informations, les messages vont être reliés à des souvenirs afin de faire émerger le processus émotionnel le plus adéquat. Lorsqu’il n’y a pas assez d’émotions (par manque de stimulations), ou bien lorsqu’il y en a trop, notre faculté à raisonner clairement et à utiliser notre cerveau de manière optimale, s’altère .

Paul Ekman, psychologue américain, est l’un des premiers chercheurs à avoir recensé tous les muscles du visage qui travaillent lors d’une émotion. Selon les psychologues, nous avons sept émotions primaires : la joie, la colère, la peur, le dégoût, la tristesse, la honte et la surprise. Ces émotions sont exprimées inconsciemment et sont universelles. Selon les études de Delphine Lefavrais et JeanPhilippe Faure, les émotions se construisent au fil des années, dès tout petit, grâce aux parents empathiques permettant de trouver un état d’équilibre dans la gestion des émotions. À la naissance, un bébé ne maîtrise pas ses émotions, c’est pourquoi il est dépendant de ses parents et observe leurs réactions afin d’associer, reconnaitre et exprimer les émotions. En grandissant, l’enfant développera et apprendra à réguler sa frustration, mais aussi à canaliser et à contenir des sensations plus intenses, ou plus nombreuses d’autant plus qu’il enrichira sa créativité afin d’ajuster la réalité à ses besoins. L’École est ici importante dans la prise en compte de son état émotionnel, l’enfant va apprendre, dès la maternelle, à maîtriser ses émotions.

Les compétences psychosociales

La construction de compétences relationnelles et émotionnelles constitue l’une des missions de l’école dans sa dimension de socialisation des élèves. Les compétences psychosociales sont, d’après la définition de l’OMS, « la capacité d’une personne à maintenir un état de bien-être subjectif lui permettant de répondre de façon positive et efficace aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. » (1993). Ces compétences sont au nombre de dix ; elles sont sociales, cognitives et émotionnelles. Pour ce mémoire, nous nous concentrerons sur les compétences sociales. Elles regroupent les compétences de communication (expression des émotions), de résistance et de négociation (gestion au sein d’un groupe), de coopération (et de collaboration) ainsi que l’empathie (écouter et comprendre les besoins d’autrui). Il est important de développer ces compétences psychosociales chez les enfants afin de renforcer les interactions et le bien-être. De plus, elles sont majoritairement développées au sein du milieu scolaire, à travers le parcours santé, puisqu’elles jouent un rôle essentiel dans l’adaptation sociale et la réussite éducative. Par ailleurs, la région des Pays de la Loire met en œuvre « un programme de renforcement des compétences psychosociales des 7-12 ans en milieu scolaire » . Ce programme consiste à développer chez les élèves, dix compétences. Ces compétences comprennent entre autres « la prise de conscience de soi, avoir de l’empathie pour les autres et la pensée créative ». Un site y est dédié afin d’aider les professionnels à mettre en œuvre ce programme dans le milieu scolaire : http://www.cartablecps.org/.

Les élèves doivent construire la conscience de leurs propres émotions pour par la suite reconnaître et comprendre des émotions des autres à travers la capacité d’empathie et la capacité de gérer ses émotions.

L’empathie

De nombreux chercheurs ont travaillé sur l’empathie, de la vie en société à la vie à l’école. Plusieurs définitions en sont ressorties. Prenons pour exemple celle de Jean Decety, neurobiologiste. Il définit l’empathie comme la capacité à ressentir une émotion appropriée en réponse à celle exprimée par autrui. En général, on dit que l’empathie consiste à se mettre à la place d’autrui, mais en réalité, on se représente ce qu’il pense sans en avoir la certitude, donc on s’en rapproche. Pour accéder à la compréhension des émotions de l’autre, il faut d’abord être capable de dissocier soi de l’autre et de réguler ses réponses émotionnelles. Ainsi les émotions sont souvent étudiées dès la maternelle pour permettre aux élèves de les discerner et de se les approprier. En appui avec la définition de Jean Decety, Omar Zanna a fait de longues recherches sur l’empathie à l’école. Il discerne deux types d’empathie. L’empathie cognitive et l’empathie émotionnelle. Pour lui, l’empathie cognitive c’est « de se représenter ce que se représente l’autre, de comprendre la manière dont il fonctionne. », c’est-à-dire comprendre le point de vue de l’autre en tenant compte des différences. Omar Zanna la discerne de l’empathie émotionnelle: « ce qui passe dans les relations face à face, entre les corps qui expriment des émotions » autrement dit, dès qu’il y a les corps nous allons réagir aux états émotionnels des autres. Par exemple, si une personne est triste, vous aurez tendance à être triste également. Le corps est le point central dans la relation aux autres. C’est à travers son corps que la création de liens va se faire. Dans le milieu scolaire, l’éducation à l’altérité permet le développement d’attitudes empathiques.

L’éducation à l’empathie se résume à mettre en place des actions pédagogiques afin de développer l’empathie à l’école pour favoriser l’engagement et la motivation des élèves. C’est un projet de plus en plus courant, car les scientifiques caractérisent notre époque comme connectée et où les relations se modifient. Il faut donc créer un bon climat scolaire pour que les élèves soient solidaires entre eux et cela passe par « la compréhension des sentiments et des points de vue des autres, d’un esprit d’équipe. » , c’est le fondement d’une bonne communication. C’est également un projet permettant le renforcement des apprentissages disciplinaires et la maîtrise des compétences définies dans les programmes. De ce fait, Omar Zanna a mis au point une expérimentation dans des écoles primaires de la Sarthe sur deux années scolaires (2012-2014). Dans ce programme, les interventions, se caractérisant par 12 à 24 séances, proposent aux élèves de vivre des situations permettant d’accéder à la reconnaissance de l’autre, de s’ouvrir à l’autre. Dans cette optique, les élèves vont développer, collectivement, des émotions partagées afin de solliciter l’empathie émotionnelle. Ces recherches ont montré que la pratique de l’empathie conduirait les élèves à accepter le regard jugeant des pairs, oser parler de ses émotions aux autres, parler des conflits et à réduire la proportion d’élèves victimes de harcèlement.

La place des émotions dans l’éducation

Le rôle de l’école dans le vivre ensemble

Renforcer l’empathie par l’éducation. Serge Tisseron, docteur en psychologie et auteur de L’empathie au cœur du jeu social, dit qu’il faut construire l’empathie par la multiplicité des points de vue, par l’école et par la famille afin de montrer que tout le monde ne réagit pas de la même manière. C’est au sein du domaine de l’éducation civique et morale que l’apprentissage du vivre ensemble prend tout son sens. Pourquoi travailler le vivre ensemble ? Les projets pédagogiques autour du vivre ensemble permettent de développer un meilleur climat de classe. « Un climat scolaire serein est une condition essentielle pour assurer de bonnes conditions de travail, le bien-être et l’épanouissement des élèves. » . Mieux vivre ensemble c’est également plus de respect et moins d’incivilités ou encore apprendre à se connaître et à connaître les autres sous un nouvel angle. Le vivre ensemble réunit plusieurs problématiques ; il y a l’empathie, la tolérance, la coopération, etc. L’empathie est au cœur de mon sujet de mémoire. C’est un concept clé dans le fondement des rapports humains chez les enfants, ainsi que chez les adultes. C’est une compétence à la fois sociale et relationnelle. Carl Rogers a été le premier psychothérapeute à mettre en lumière le rôle essentiel de la relation dans l’efficacité thérapeutique .

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Table des matières

1. Introduction
2. La complexité des émotions à travers les différentes sciences
2.1. La place des émotions d’après les recherches scientifiques
2.1.1. À travers les neurosciences et la psychologie
2.1.2. Les compétences psychosociales
2.1.3. L’empathie
2.2. La place des émotions dans l’éducation
2.2.1. Le rôle de l’école dans le vivre ensemble
2.2.2. Dans le cadre des apprentissages
2.2.3. Savoir différencier émotions et sentiments
2.3. Les arts
2.3.1. Partie historique
2.3.2. L’enseignement des arts aujourd’hui
3. La mise en place d’un projet au service du développement des compétences psychosociales
3.1. Cadre de recherche
3.1.1. Les hypothèses de recherche
3.1.2. L’échantillon étudié
3.1.3. Le projet d’école
3.2. La séquence
3.2.1. Le projet
3.2.2. Le déroulement de la séquence
3.2.3. Le rôle de l’enseignant
3.3. Les supports interdisciplinaires
3.3.1. Des jeux de rôles et de distance à la pensée réflexive
3.3.2. Les arts plastiques pour l’expression des émotions
4. Résultats de la recherche et interprétations
4.1. Recueil de données : ce qui a été observé
4.1.1. L’avant/après du jeu des mousquetaires
4.1.2. Les arts
4.1.3. Le questionnaire
4.2. Analyse des données
4.2.1. Le renforcement du groupe classe
4.2.2. Vers une ouverture aux autres
4.3. Discussion
4.3.1. Les limites méthodologiques
4.3.2. Les points d’ouverture et les approfondissements possibles
5. Conclusion
6. Bibliographie
7. Annexes

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