La compétitivité, finalité d’une économie mondialisée
La compétitivité est au cœur de tous les débats actuels en économie, car intimement liée aux questions de PIB, d’excédant à l’exportation, ou encore de pouvoir d’achat qui reviennent régulièrement dans les débats politico-économiques, depuis les années 1990, tant ils sont au cœur des préoccupations de chacun. Avec la mondialisation de l’économie et l’internationalisation des échanges, les pays émergeant ont su se trouver une place grâce à la compétitivité indéniable de leurs produits manufacturiers en termes de prix. Mais malgré cela certains territoires des pays développés ont été capables de résister économiquement à ces bouleversements et même à réaliser des bénéfices là où d’autres territoires de ces mêmes pays s’appauvrissaient. Ainsi la notion de compétitivité territoriale a fait une apparition de plus en plus fréquente dans les discours politiques et économiques sans que sa réelle existence n’ait été démontrée, car depuis longtemps la science économique n’aborde le terme de compétitivité que sous un angle microéconomique et a-spatial. Il est nécessaire de comprendre cette approche afin de pouvoir en déduire si elle peut s’adapter à la notion de territoire et comment.
Concepts microéconomiques
Il est nécessaire, avant d’aborder les notions de compétitivité, de comprendre ce qu’est la concurrence entre entreprises à travers leurs buts. L’entreprise a ses objectifs propres et indépendants des volontés politiques et des ambitions territoriales en matière de développement (essentiellement économique). L’approche micro-économique porte un regard détaillé sur l’entreprise et ses stratégies d’adaptation au marché. Ce sont celles-ci qui conditionnent les choix d’implantation des entreprises sur tel ou tel territoire, c’est donc par cette approche qu’il sera possible d’expliquer si la notion de compétitivité peut décrire également le comportement des territoires et des entreprises face à ces derniers.
Les objectifs recherchés par les entreprises
Par nature, l’essence d’une entreprise est de réaliser le maximum de profit, de fait si l’on se place du point de vue d’une entreprise : être compétitif, c’est générer autant de profits que possible compte tenu de la situation du marché. L’entreprise conforte ainsi sa position sur son marché, l’objectif « ultime » dans un contexte fortement concurrentiel étant d’accéder à une position de quasi-monopole. Dans sa quête de bénéfices, l’entreprise dispose de deux façons d’accroître ses profits : en augmentant ses marges sur ses produits actuels ou en accroissant le volume de ses ventes (cf. figure 1). L’éventuelle position de monopôle lui permettrait d’imposait des prix élevés et d’atteindre un volume de vente maximal. Par ces profits, l’entreprise sera en mesure de financer de nouveaux investissements nécessaires à sa croissance. La croissance est un objectif à plus long terme pour l’entreprise que le profit immédiat, celle-ci lui permettra d’investir dans des moyens de production plus performants pour maintenir sa position face à la concurrence mais aussi de développer de nouveaux produits et d’élargir son marché.
L’entreprise cherchera toujours le juste milieu entre ses marges et le volume de ses ventes, sachant que l’accroissement des prix de vente représente un risque pour l’entreprise qui pourrait concéder des parts de marché à ses concurrents ; le consommateur cherchant toujours à acquérir le meilleur rapport qualité-prix parmi la gamme de produit qu’il vise. De fait une entreprise cherchera d’avantage à réduire ses coûts de production plutôt que de rogner sur ses marges. Cette réduction passe par plusieurs facteurs :
• Diminution ou élimination des coûts liés aux processus de production et de commercialisation (ex. coûts inhérents aux contraintes de production du « juste à temps »).
• Diminuer les coûts de financement des investissements (ex. avantages fiscaux).
• Diminuer les coûts relatifs à l’acquisition d’informations et d’innovations.
• Améliorer les facteurs de production (ex. qualification de la main d’œuvre, économies d’échelle [3]) [BIPE, 2006].
Tous ces facteurs se retrouvent à l’intérieur d’une agglomération [1] d’entreprises. Celle-ci a également l’avantage de fournir, par sa taille, une visibilité qui ouvre de nouveaux marchés notamment à l’exportation. De plus certains avantages ne sont accessibles que par la mutualisation des moyens car ce sont souvent des indivis, tels que la relation de confiance entre deux partenaires, ou parce qu’une entreprise seule ne peut les générer ; comme les économies d’échelle liées à l’utilisation de ressources communes. La plupart de ces facteurs d’ajustement (coûts, marges, volumes, diversification des marché) sont réglés à l’intérieur de l’entreprise, mais le risque concurrentiel lui dépend d’autres facteurs, tels que la transmission de l’information, qui s’opposent parfois à la logique du marché pur et parfait qui voudrait que celui-ci soit transparent et que ces facteurs soient parfaitement mobiles.
Notions de concurrence
Cette mise en évidence des objectifs économiques d’une entreprise laisse apparaître la question de la compétition entre entreprises pour la conquête du marché qui s’impose dès lors que l’on sait que celui-ci ne peut absorber l’ensemble de la production (demande limitée). Le marché a longtemps été considéré comme un jeu à somme nulle du fait que la demande est limitée, bien qu’une offre innovante puisse réveiller une demande latente, ce qui n’est pas totalement vrai puisque la population ayant accès à un marché croît d’autant plus que ce marché s’adapte à ses besoins. Cependant cette population atteindra quoiqu’il arrive une limite que l’ensemble des entreprises chercheront à repousser tout en essayant de conquérir les parts de marché de leurs concurrents, ceci par une diversification verticale et horizontale de leurs produits. La diversification verticale consiste à proposer aux consommateurs une gamme plus large de produits adaptés aux moyens financiers de chacun, tandis que la diversification horizontale consiste à varier la gamme de produits suivant les goûts des clients. Chaque entreprise sur un même marché cherchera à développer son offre selon ces deux axes, le choix du consommateur se portera donc sur le rapport compétitif entre tous les produits d’une même gamme .
Il existe deux façons pour une entreprise pour accroître sa compétitivité par rapport ses concurrents : la compétitivité prix et la compétitivité hors-prix (ou compétitivité structurelle). La compétitivité prix représente la capacité à produire un même produit à moindre coût ou pour un rapport qualité/prix supérieur à celui de ses concurrents. Il existe plusieurs moyens pour une entreprise d’être compétitif par les prix :
➤ Réduire ses coûts de production (délocalisation là où la main d’œuvre est moins chère, amélioration des ses facteurs de production, …).
➤ Réduire ses marges.
➤ Taux de change entre deux monnaies (lors d’une importation/exportation).
Une entreprise cherchant toujours à accroître ses marges, la question pour elle est d’évaluer correctement ses marges pour attirer un maximum de consommateurs pour un prix de vente maximum.
|
Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : De la nécessité de compétitivité à la notion de territorialité
1 La compétitivité, finalité d’une économie mondialisée
1.1 Concepts microéconomiques
1.1.1 Les objectifs recherchés par les entreprises
1.1.2 Notions de concurrence
1.1.3 Quelle définition donner à la compétitivité
1.2 La compétitivité territoriale : une approche spatialisée du concept de
compétitivité
1.2.1 Quelle légitimité donner à cette notion ?
1.2.2 Le territoire, support de cette nouvelle pensée
1.2.3 Définition de la compétitivité territoriale
2 Stratégies d’entreprises et compétitivité territoriale
2.1 Vers un modèle d’organisation de l’entreprise productive
2.1.1 L’organisation interne de l’entreprise : une structure divisée donc efficace
2.1.2 Les liens interentreprises : des logiques de sous-traitance vers une
première esquisse du réseau
2.1.3 Vers un avantage du réseau localisé : processus d’agglomération et de colocalisation
2.2 Une première organisation territorialisée des entreprises : le district
marshallien
2.3 La formalisation de l’espace compétitif : la théorie du cluster innovant
3 Réseaux et compétitivité territoriale
3.1 Le réseau : définition d’un ensemble d’interactions cohérent
3.1.1 Les réseaux techniques : une nécessité d’organisation et de productivité
3.1.2 Les réseaux sociaux : socles des réseaux techniques et économiques
3.1.3 Les réseaux économiques : nouvelle organisation de l’entreprise
3.2 Effets-réseaux et avantages compétitifs
3.2.1 Qu’entend-t-on par « effet-réseau » ?
3.2.2 La proximité génératrice d’effets-réseaux
3.2.3 La quête des effets-réseaux : Les économies d’échelle et le transfert
d’informations
Chapitre 2 : Vers une mesure statistique de la compétitivité territoriale
4 Quelle pertinence et quelles limites à l’approche statistique de la compétitivité
territoriale ?
4.1 Pourquoi cette approche statistique ?
4.2 Quelles difficultés cette approche pose-t-elle ?
5 Conception d’un outil statistique
5.1 Que cherche-t-on à mesurer ?
5.2 Quels indicateurs pertinents choisir ?
5.2.1 Les contraintes inamovibles
5.2.2 Les critères de mesure retenus
5.2.3 Mesurer la taille du réseau
5.2.4 Mesurer la croissance économique du réseau et la réduction des coûts
qu’il génère
5.2.5 Mesurer la capacité à attirer et à retenir l’emploi
5.2.6 Mesurer la diffusion des connaissances à travers les innovations
6 Application de l’outil statistique sur des réseaux existants
6.1 Définir le territoire d’étude : l’espace métropolitain Val de Loire – Maine, un
territoire d’ambition avant tout
6.1.1 Qu’est ce que l’espace métropolitain Val de Loire – Maine ? Où se situe-til ?
6.1.2 Réseaux de territoires et dynamiques de projets
6.1.3 La cohérence territoriale, limite à la métropolisation ?
6.2 Définir l’objet d’étude : la filière énergie et électronique et le pôle de
compétitivité S²E²
6.2.1 Une filière représentative du tissu industriel régional
6.2.2 Un pôle de compétitivité émergeant et grandissant
Chapitre 3 : Application à un cas d’étude : la filière énergie et électronique, un réseautage faible
7 Évolution de l’objet d’étude : vers une étude comparative des entreprises
appartenant à un réseau formalisé
8 Exploitation des résultats
8.1 Quelles limites aux résultats obtenus ?
8.2 Détails de l’exploitation des résultats
8.3 Échantillon des entreprises enquêtées
9 Les résultats indicateur par indicateur
9.1 Des performances économiques notables mais peu d’effets-réseaux
9.1.1 Une croissance très inégale qui ne reflète aucune dynamique à moyen
terme
9.1.2 Des coûts de production qui ne tirent par profit des économies d’échelle
9.1.3 Des exportations qui semblent profiter d’effets-réseaux
9.2 Une qualification de l’emploi qui ne profite d’aucune synergie
9.3 Conclusions sur les performances du pôle S²E² en tant que réseau
10 Conclusion sur l’outil d’analyse statistique
Glossaire
Conclusion
Télécharger le rapport complet