La compétition coopérative par le jeu: quels effets sur la motivation des élèves et leurs perceptions de progrès?

Définition des termes clés de notre recherche-action

Définir les motivations

La motivation a pour étymologie le terme latin ‘movere’ qui signifie ‘mettre en mouvement’. C’est une force qui pousse à avancer, à s’engager dans une activité, une sorte de moteur de l’apprentissage. En outre, la motivation est souvent liée à l’émotion de plaisir comme l’a souligné le psychopédagogue Humbeeck (2020) dans l’émission de radio « Grand bien vous fasse ». Les deux chercheurs Viau et Bandura s’accordent à penser que la motivation est un concept dynamique, qui ‘a ses origines dans la perception qu’un élève a de lui-même, de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but.’ (Viau, 1997, p.7). Il existe deux sortes de motivation définies notamment par Roland Viau (1997). La motivation intrinsèque est liée au plaisir inhérent à une activité. Autrement dit, elle émane d’une curiosité intellectuelle propre à chacun. Elle naît d’un intérêt pour une activité ou une connaissance. Très souvent, elle n’attend pas de récompense. Elle s’oppose à la motivation extrinsèque, qui est portée par un élément extérieur souvent lié à l’appât d’une quelconque récompense – que ce soit une note, un résultat, un classement. En éducation, les chercheurs tendent à préférer la motivation intrinsèque qui serait plus louable, plus viable et plus durable.

Le jeu et la compétition

Le Robert définit le jeu comme ‘une activité physique ou mentale dont le but essentiel est le plaisir qu’elle procure.’ Ce terme de ‘plaisir’ serait donc commun à l’activité ludique et à la motivation intrinsèque. La compétition, quant à elle, est définie dans le Petit Robert comme « une recherche simultanée par plusieurs personnes d’un même avantage ou d’un même résultat ». Une compétition implique en effet un résultat, un score et pourquoi pas une récompense, à l’image des compétitions sportives. Il s’agit donc d’une motivation extrinsèque qui rentre en opposition avec le jeu…et pourtant la frontière est pour moi assez floue car jouer contre une autre équipe dans un jeu de société s’apparente à une compétition étant donné que le jeu requiert des gagnants et des perdants… Dans mon dispositif de compétition entre groupes, les récompenses peuvent être le classement, des applaudissements ou encore l’inscription du nom de l’équipe victorieuse au tableau. Cela se rapproche donc des motivations extrinsèques .

La compétition est souvent mise en opposition, de manière manichéenne, au dispositif de ‘coopération’ qui consiste à faire travailler des groupes d’élèves ensemble pour atteindre un même but. (Boudreault, 2017, p.1). Elle est souvent liée à des termes tels que ‘concurrence’, ‘adversaire’, ‘antagonisme’. J’aimerais néanmoins faire fusionner ces deux concepts grâce au recours à la ‘compétition coopérative’.

La compétition coopérative

Au même titre qu’en sport, des individus coopèrent au sein d’une équipe pour atteindre un but commun et se mesurer aux autres équipes ; ici, dans la classe, des dyades ou groupes d’élèves mènent une activité compétitive pour laquelle ils vont devoir se consulter, coopérer. C’est donc une situation de coopération à l’intérieur d’un groupe avec de la compétition entre les groupes. La compétition coopérative a recours à la coopération, au travail de groupes et aux interactions entre pairs .

La coopération, le travail de groupe et les interactions entre pairs

« L’apprentissage coopératif est un ‘travail en petit groupe, [réalisé] dans un but commun qui permet d’optimiser les apprentissages de chacun ». (Johnson et Johnson, 1990, cités par Reverdy, 2016). La taille des groupes est variée allant de dyades ce qui signifie ‘binôme’, au groupe coopératif entre deux et cinq élèves ; pour finir par le groupe classe. (Reverdy, 2016, p.7). Ce dernier ne sera pas évoqué dans ce dossier car ne pouvant pas faire l’objet d’une activité ludique de compétition. Le travail de groupe implique de nombreuses interactions entre pairs définies comme « Toute action conjointe, conflictuelle et/ou coopérative, mettant en présence deux ou plus de deux acteurs.» (Vion, 1992, p.17 cité dans Reverdy,2016, p.3). Ces Interactions entre pairs peuvent revêtir plusieurs formes : une dyade avec symétrie ou dissymétrie, un tutorat entre pairs ou une coopération entre pairs. La symétrie signifie que le niveau d’expertise et de connaissance est partagé dans la dyade, contrairement à une dyade dissymétrique. (Le Briquer, 2014). L’estime de soi des élèves se développe davantage dans les interactions à deux élèves que dans les groupes plus nombreux de quatre par exemple. (Bertucci et al, 2010 cités dans Reverdy, 2016). Cela peut être dû au peu de conflit social possible entre deux personnes (moindre qu’à plusieurs). La coopération est riche en interactions et favorise grandement la communication entre membres de l’équipe. Cette interaction dans le groupe est le propre de la communication langagière, elle est d’ailleurs encouragée dans le CECRL sous l’appellation de ‘Coopération à visée fonctionnelle qui concerne le travail collaboratif pour résoudre une tâche‘ (CECRL, Conseil de l’Europe, 2016, p.91). En plus de l’interaction, le travail en équipe favorise l’écoute mutuelle et la collaboration entre les élèves. L’équipe est une mini société où il faut échanger, négocier, communiquer, ce qui est ces temps de confinement nous manque cruellement…

La coopération en milieu scolaire

Un outil pédagogique plébiscité par les chercheurs
Les bienfaits de la coopération sont vantés par de nombreux chercheurs, notamment Gillies (2014 cité par Reverdy, 2016) qui qualifie l’apprentissage coopératif d’« une des plus grandes innovations éducatives de la période récente. » La coopération génère une plus grande prise de distance sur sa propre prise de décision – encore nommée la décentration – et une acceptation des prises de position des autres membres du groupe. (Buchs et al., 2008 cité dans Reverdy, 2016). Elle enseigne donc la socialisation. Dyson puis Lafont ont indiqué que la coopération au travers des différents rôles remplis et d’échanges verbaux en petits groupes, facilite l’apprentissage et les relations sociales. (Le Briquer, 2014). Le travail coopératif favoriserait l’entraide et les interactions entre pairs. Il engendre des discussions, des mises au point, des concertations qui enrichissent chacun des connaissances de l’autre.

Les inconvénients de la coopération en milieu scolaire
Ces relations sociales sont parfois biaisées entre apprenants et peuvent être supérieures à la quête de connaissance. En effet, si le groupe a une taille trop importante cela créée un effet de domination de certains par rapport aux autres (Reverdy, 2016, p.10). Des interactions d’opposition peuvent alors naître créant un climat délétère à l’apprentissage. Comme l’indique Catherine Reverdy, un risque possible de la coopération en milieu scolaire est que des membres du groupe découragent ou empêchent les efforts des autres membres.

La compétition en milieu scolaire

Un outil pédagogique décrié par les chercheurs

Les lectures didactiques que j’ai pu faire dénoncent le recours à la compétition. Les hyperboles sont souvent employées pour évoquer la compétition, ce qui, implicitement, montre une forme de lassitude de ce dispositif. Marc-Antoine Boudreault (2017) évoque une survalorisation de la compétition entre individus. Les chercheurs prônent le recours à la coopération plutôt qu’à la compétition (Loriers, 2010), pourtant l’idée plus nuancée de compétition coopérative n’est pas évoquée tant ces deux termes semblent diamétralement opposés. En outre, Sylvain Connac (2017) souligne le recours outrancier à la compétition dans notre société contemporaine. ‘Les grands médias manquent généralement de responsabilité : lorsqu’ils donnent une parole prépondérante aux plus forts et aux vainqueurs de la compétition sociale (…), lorsqu’ils montrent une pratique du sport qui ne finalise l’activité physique qu’à travers les médailles.’ (Connac, 2017, p.12). De manière implicite le chercheur critique la mise en compétition et le système de récompenses qui en découle. La liste des conséquences néfastes de la compétition à l’école est « l’augmentation du stress, surcharge de travail scolaire, climat de tension entre pairs. » (Boudreault, 2017) ce qui selon moi, peut s’éprouver en cas de compétition individuelle. Mons, Duru-Bellat & Savina (2012 cités dans Reverdy, 2016) soulignent eux aussi le caractère infiniment individualiste de la compétition. Ils rejettent massivement l’outil compétitif dans le travail de groupe « Dans le quotidien des salles de cours, […], on peut intérioriser des valeurs communautaires par des situations fréquentes d’apprentissage en groupe, un climat de partage, la disqualification de la compétition, l’insistance sur les connaissances communes et la culture nationale. » En d’autres termes, pour eux, mieux vaut écarter le concept de ‘compétition’ si l’on cherche à faire travailler en groupe. La compétition est souvent comparée à une confrontation d’égo (Le Briquer, 2014 p. 20). Elle créée un climat qui exacerbe la menace des compétences de l’autre, elle sous-entend une rivalité et la peur de perdre ou de se mesurer à l’autre ou à son orgueil. « Si l’autre est compétent, alors c’est que je ne le suis pas ou moins. » (Reverdy, 2016, p. 9). Elle peut même conduire à une réaction de fuite ce qui est un frein motivationnel.

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Table des matières

Introduction
Contexte et problématique
1 -Cadre Théorique
o 1-1 Définition des termes clés
1-1-1 Les motivations
1-1-2 Le jeu et la compétition
1-1-3 La compétition coopérative
1-1-4 La coopération, le travail de groupe et les interactions entre pairs
o 1-2 La coopération en milieu scolaire
1-2-1 Un outil pédagogique plébiscité par les chercheurs
1-2-2 Les inconvénients de la coopération en milieu scolaire
o 1-3- La compétition en milieu scolaire
1-3-1 Un outil pédagogique décrié par les chercheurs
1-3-2 Quelques attraits de la compétition en milieu scolaire
1-3-3 Qui a l’esprit compétitif ?
o 1-4- La compétition coopérative
1-4-1 Les balbutiements de la recherche
1-4-2 Quelques résultats de recherche
2- Expérimentation en cours d’anglais auprès d’une classe de seconde. Description du dispositif
o 2-1 Activités de compétition coopérative mises en place en classes de seconde
2-1-1 The ‘Dead Game.’
2-1-2 The ‘Group Game’
2-1-3 Kahoot en binômes
2-1-4 The ‘Workshop Challenge’
o 2-2 Les Groupes d’élèves mis en compétition
o 2-3 Une compétition coopérative pour quelles récompenses ?
o 2-4 Description du dispositif de recueil de données
3- Recueil de données et Analyse
o 3-1 Description du panel et analyse des données
o 3-2 Préférences du panel
3-2-1 Le panel se déclare-t-il motivé par la compétition en équipes ?
3-2-2 Classement des activités ludiques compétitives par ordre de préférence
3-2-3 Récompenses préférées du panel : motivation intrinsèque ou extrinsèque ?
o 3-3 Profil des plus compétiteurs
3-3-1 Une affaire de genre ?
3-3-2 Le SEP ‘Sentiment d’Efficacité Personnelle’ : introversion ou extraversion ?
3-3-3 Un compétiteur est-il sportif ?
o 3-4 Effets ressentis de l’activité ludique de compétition coopérative sur leurs émotions et leur progrès dans l’apprentissage de l’anglais
3-4-1 Les émotions ressenties
3-4-2 Les effets ressentis sur leurs apprentissages
o 3-5 Expression libre du panel sur les avantages et les inconvénients de la compétition par équipes en cours de langues
3-5-1 Les perceptions positives
3-5-2 Les perceptions négatives
3-5-3 Nombre des occurrences : une majorité de perceptions positives spontanées
o 3-6 Les limites de cette recherche-action
Conclusion
Bibliographie

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